La lettre de Vincent Lindon
« J’ai reçu un mail de La Règle du jeu qui disait, entre autres, « Bien que vous ne puissiez être présent, nous pensons que les mots même les plus simples peuvent combattre les idéologies les plus terribles ». Eh bien non, plus aujourd’hui!
C’est bien ça le drame du monde, trop d’information tue l’information, trop d’injustice réduit notre capacité à nous révolter, et la multitude de toutes ces atrocités me font penser à un bateau qui se remplirait 2 fois, 5 fois, 10 fois plus vite qu’on ne l’écope.
Vous pouvez être fiers les artistes, écrivains, philosophes, peintres, musiciens, qui, tous les jours, poussez votre cri de colère, de fureur, pour lutter contre toutes ces abominations, comme, entre autres, la censure et le musellement de Jafar Panahi. Mais on devrait vivre dans un monde où un pays, où l’État serait assez courageux, sans concession, sans arrangement avec lui-même, pour ne pas que ce soit nous, les artistes, qui nous chargions de tout cela.
Diriger un pays c’est aussi le faire parler pour nous et ce n’est pas tout le temps à nous de parler pour lui. Et à chaque fois qu’on vous demandera et qu’on me demandera de le faire, nous répondrons toujours présent. Je ne peux m’empêcher de penser sans arrêt à cette phrase de Churchill, à Chamberlain, « Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur, et vous aurez la guerre ».
Je remercie La Règle du jeu de nous permettre de gagner du temps et de choisir directement de faire la guerre. »