Singulier destin que celui de « Public Enemies », l’édition américaine du livre de Michel Houllebecq et Bernard-Henri Lévy publié en 2008, en France, par Flammarion et Grasset. Le livre connut alors, on s’en souvient, un succès mitigé. Aux Etats-Unis, en revanche, où il est sorti mercredi dernier et où Bernard-Henri Lévy en assure, ces jours-ci, la promotion, il semble qu’il soit parti pour faire un tabac.
Nous mettons en ligne la critique, excellente, signée par Sam Munson dans le Wall Street Journal de ce vendredi matin. Les deux critiques, moins favorables mais importantes, signées, dans le New-York Times, par Dwight Garner (page culturelle quotidienne) et Ian Buruma (supplément Livres du week end). Nous donnons également le lien avec les quatre grandes émissions de télévision dont le coauteur de Public Enemies a été l’nvité principal depuis mercredi: le Charlie Rose Show; l’interview par Eliot Spitzer sur CNN; sur CNN aussi, l’émission de Fareed Zakaria; et, enfin, le Colbert Report qui est la plus populaire mais aussi la plus difficile de ces émissions et dont on verra que le directeur de la Règle du Jeu s’en est tiré avec une sympathique et ironique maestria.
Le lecteur curieux se référera également au dernier numero de Vanity Fair, aux quotidiens en ligne Daily Beast et Huffington Post. Il ira constater le buzz créé, sur tous les réseaux sociaux américains, par le lien établi par Bhl, dans ses interventions, entre la tuerie de Tucson en Arizona et le mésusage des mots et de l’art du débat dont se rendent coupables les ultraconservateurs type Sarah Palin.
Le résultat, en tout cas, est là. Quelques heures après sa mise en place le livre entrait dans le « Top 50 » des meilleures ventes de la librairie en ligne Amazon. Il oscille, depuis, entre la 15eme et la 35eme place – ce qui le met, en réalité, et pour l’instant, en tête des ventes de littérature générale aux USA. L’éditeur du livre, Random House, déclare à l’agent des deux auteurs, François Samuelson, avoir épuisé son premier tirage et avoir dû procéder, dans l’urgence, à un second tirage qui sera certainement suivi, au début de la semaine qui commence, d’un troisième. Que le public américain s’enflamme ainsi pour un livre de pure littérature signé par deux Français et où il est question de Goethe, de leurs pères respectifs, des rapports entre l’écrivain et la société, de Louis Aragon ou de Louis-Ferdinand Céline, n’est-ce pas éminemment réjouissant?