Dites donc les amis Bleus Blancs Rouges, c’est super cool de n’avoir pas fait campagne. À peine, du bout des lèvres. Le minimum syndical. D’abord, c’est reposant. Pas de marathon, pas de méga-meeting, pas ou peu de province, pas de surenchères. À la place, des diners en famille, une réconciliation de façade à Montretout, avec le Pater nonagénaire, le Menhir, notre mère, les petits enfants. Cool, très cool. Même chose avec la petite cousine, la Marion, cette emmerdeuse. Pas de prise de bec, presque des sourires, silence radio pour le reste.

Zemmour ? Vous croyez qu’il m’a gêné le petit Z ? Pas du tout, ou si peu. Il a ajouté, au contraire, il a ratissé chez les Républicains, a siphonné les Fillonnistes, s’est acoquiné avec Ciotti qui, lui, a savonné la pauvre Pécresse, Miss Nulle. En plus, il n’est pas au second tour, et tout de lui me reviendra, comme au bercail. Il a ajouté, vous dis-je. Et puis surtout, il m’a débarrassée des outrances que j’aurais été obligé tout de même de proférer de-ci de-là : genre le grand remplacement, l’islam qui n’est pas une religion mais une idéologie terroriste, les banlieues-racaille, ces hors-droits de la République, ces repères à dealers arabo-africains qui pourrissent la France, ces immigrés à remigrer chez eux : il a fait le sale boulot à ma place, il m’a dédiabolisée encore mieux que moi-même. C’est vraiment un brave garçon en fin de compte. Il a fait le chahut, il a fait le chalut, et moi je fais le salut.

Le plus fort, le plus jouissif, est que, partageant presque tout avec lui, et n’ayant, grâce à lui, plus le souci de le faire mien et de le laisser paraître, le plus fort, c’est que ça invisibilise presque totalement mon programme, un fourre-tout, je dois dire, très très très costaud, dont je n’ai pas retranché un iota, une seule virgule.

Sur tout. Sur les immigrés d’abord, bien sûr, sur l’abolition du droit du sol et de l’acquisition par la naissance de la nationalité française, sur les droits sociaux aux seuls Français de bonne souche. Sans parler de l’Europe contre les nations, de la Russie de mon ami et banquier Poutine qui est en ce moment vraiment à la peine, de la peine de mort sur laquelle il faudra bien revenir, de l’avortement, des LGBT, du mariage pour tous et toutes ces ignominies anti-françaises.

En plus j’ai trouvé une super combine pour faire passer tout ça si je suis élue. Il faudra en effet passer outre au Préambule de la Constitution française sur l’égalité en droit de tous, indépendamment de la naissance, de l’origine, de la religion, ainsi que sur les Droits de l’Homme qui vont de pair. Pour ça, un truc qui va faire crac-boum-hue : le référendum d’initiative populaire. Là, le Conseil Constitutionnel, qui peut s’opposer à une loi parlementaire pour inconstitutionnalité, ne peut s’opposer à la volonté souveraine du peuple. Trop bien, le recours au Peuple. Imparable.

Bref, tout roule, moins je parle, plus je m’efface et plus je monte. Pas un débat, sauf au final, dans quelques jours, avec l’Autre ; pas un meeting avec hurlements, crânes rasés dans la salle, non : le tapis rouge du silence. À moi, quarante plus tard, la Force tranquille.

Et en plus, le Macron que j’accuse de ne pas faire campagne, de se dérober devant les Français. Je ne vais que mieux te retrouver, mon petit bonhomme, au second tour. J’aurai bien dormi la veille, et tu vas voir, cette fois, l’avoine que je vais te mettre.

Encore un petit merci, fort discret, au petit Z.

Si je suis élue je te refilerai en remerciement, devine quoi ? : le Ministère de la remigration.

Mais, pour l’heure, chut !