«Un ministre, ça ferme sa gueule. Et si ça veut l’ouvrir, ça démissionne !» Depuis longtemps déjà, on connaissait la célèbre maxime chevenementiste. La voici remise au goût du jour par Nicolas Hulot au sortir de l’été, tandis que le gouvernement Philippe I reprenait tout juste le chemin des ministères. Le ministre de la transition écologique et solidaire, plus belle prise du Président en exercice et caution de gauche, s’en va. Mieux : il claque la porte avec fracas ! Le coup est rude. Il appelle désormais presque automatiquement un remaniement d’ampleur. Qui suivra ? Nyssen, Flessel ou quelque autre fusible condamné au silence par un pouvoir qui chapeaute tout du château ? Les spéculations vont bon train.
Une observation préliminaire. En dépit de l’opposition acharnée des Républicains de Wauquiez, des Insoumis de Mélenchon, du RN lepéniste et du PS de Faure, la contestation la plus audible, celle qui inflige les coups les plus sévères au pouvoir en place, provient de son cœur même. C’est rare. Que dire, comment réagir dès lors ? Face au choc, la jeune garde marcheuse semblait KO debout. Incapable de répondre sur le fond, elle se contentait d’une maigre riposte sur la forme seulement. Hulot aurait manqué de «courtoisie». La planète implose mais il faudrait se perdre en courbettes ? L’aveu d’inexpérience est ici cruel. Il serait temps, pour les lieutenants du Président, de cesser de s’offusquer de tout, tout le temps et de se mettre (enfin) à faire de la politique…
Ce mardi matin, au micro de France Inter, le ministre sur le départ préférait, lui, adopter un langage de vérité : «Je prends la décision de quitter le gouvernement. Je ne veux plus me mentir. C’est une accumulation de déceptions. Je n’y crois plus en l’état. Je n’y crois plus… Pas dans ce mode de fonctionnement». L’énoncé est clair, la décision limpide. Visiblement abasourdi par la déflagration à venir, le duo Salamé-Demorand digère l’information en direct, la mâchoire décrochée et les yeux écarquillés. On se rappellera longtemps du «Vous êtes sérieux ?» lancé par une Léa Salamé incrédule à son invité venu vider un sac, rempli non d’aigreur, mais plutôt d’impuissance et de lassitude. Même stupéfaction de la part de Thomas Legrand, éditorialiste de la station. Ce dernier raconte : «Ce matin, quand Nicolas Hulot est arrivé, on a pris un café avec lui et il était en colère. On avait bien compris qu’il voulait pousser un coup de gueule, il nous l’a dit. Quand on (Thomas Legrand et Léa Salamé, ndlr) lui a fait remarquer qu’Edouard Philippe n’avait pas prononcé une seule fois le mot écologie dans son interview au JDD, il a simplement dit : “Parlez-m’en et vous verrez ce que je vais vous dire !”».
Comme si Hulot s’était persuadé, en cours d’interview, de l’impossibilité de sa mission, il a décidé de partir. Le moment est alors rare, saisissant, car il semble marqué par l’instinct. Une décision prise sur le vif, sans préparation, alors que tout pousserait, normalement, à s’entourer de conseillers et autres spécialistes de l’image. L’acte est à la hauteur du personnage. C’est en glorieux outsider qu’Hulot était arrivé en politique. C’est en romantique poitrinaire qu’il quitte aujourd’hui ce monde où les lobbies empêchent et les ministres cherchent à durer plus qu’à véritablement réformer. «J’ai pris cette décision tout seul. Personne n’était au courant, y compris ma propre épouse. C’est la décision la plus intime, la plus cruelle mais que je devais prendre», a également confié Nicolas Hulot, visiblement éprouvé.
Voilà donc la fin d’un épisode qui trouvait son issue dans le déport maintes fois annoncé de son héros tempétueux. Au cours de l’année écoulée, l’ex-homme de télé avait fait part de ses états d’âme, de ses difficultés, de ses doutes. Un romantique en politique vous dit-on. Une âme qui vit dans un monde de froideur et de dissimulation. Chaque fois qu’une décision contraire à son entreprise verte était prise, Hulot menaçait de démissionner. De tout quitter… C’est finalement lorsqu’on s’y attendait le moins que l’activiste parachuté en Macronie a utilisé sa dernière cartouche… La faute au discret mais néanmoins puissant groupe de pression des chasseurs. Un lobby que le Président de la République chouchoute depuis sa campagne prolongeant de fait un curieux anachronisme, autant pour son pouvoir d’influence, son ancrage dans les territoires que pour sa presse.
«Le premier ministre, le président de la République ont été pendant ces quatorze mois à mon égard d’une affection, d’une loyauté et d’une fidélité à toute épreuve», a confié le ministre. Pour autant, le gouvernement n’a pas su donner la priorité aux enjeux environnementaux, a-t-il plaidé, estimant n’avoir pu obtenir que des «petits pas».
Hulot part donc parce que Macron, autoproclamé moderne et progressiste ne bouge pas, ou si peu, sur la protection de la nature. Hulot part parce que l’opinion fait mine de le soutenir mais ne change rien à ses habitudes pollueuses. Hulot déserte car, au fond, il sait qu’il ne pourra sauver les hommes de leur propres tourments. Ne déclarait-il pas, sur BFMTV : «Les multinationales ne sont puissantes que parce que nous sommes faibles. Est-ce qu’un jour nous comprendrons que Monsanto-Bayer n’a pas d’autre objectif que de mettre en coupe réglée les ressources alimentaires de la planète ? D’un côté, on empoisonne et, de l’autre, on soigne : à un moment donné, on doit se révolter !»
Voilà donc la révolte mise en œuvre. Hulot a renversé la table. En guise d’adieu, le politicien non professionnel a été habile. Toutes ses explications sur les raisons de son départ contribuent désormais à scier la branche de son successeur. Ce matin, Pascal Canfin – que l’on annonce favori pour une place de ministre – est-il toujours aussi certain de reprendre le poste ? Rien est moins sûr…
Il est toujours imprudent de sécher la leçon d’un Monsieur Hulot. Probablement trop monachiste pour trouver sa place au sommet d’une nation monarchiste, le défenseur de l’équilibre naturel a pourtant mis le doigt dans une faille narcissique qui menace de nous lézarder de fond en comble. Le rapport entre forces de création et forces de destruction doit impérativement pencher du côté salutaire. Afin qu’une République écologique assume enfin les responsabilités omniscientes qui lui incombent, son ministre sera aussi frontal que put l’être, à l’âge d’or de la défaite fasciste, le secrétaire d’État américain dépêché en zones explosives. Cela impliquera de sa part une capacité à s’extirper du sphincter des dogmes, à se défroquer au sens religieux du terme, à scier les derniers barreaux du vieil ayatollisme vert-brun pour décocher la première graine d’un inexorable réformisme terrestre. La résistance des Lumières passe pour une armée d’ombres auprès des inconsciences cramées qui tournent sur elles-mêmes comme à la rôtissoire d’un poussiéreux héliothéisme. Avant de songer à détotémiser les deux impasses que seraient, d’une part, Infanticide-nature et, d’autre part, Apocalypse Noé, renversons les tabous titanides inhérents aux compulsions misanthropes et autodéificatrices. La nature est autrement plus ingénieuse et moins butée qu’une idole. Aimons-la et, pour cela, cessons d’en quémander le fouet!
Un État hébreu pour combien d’États arabes? Une terre de judaïsme pour combien de terres d’islam? Un peuple juif pour combien de peuples arabo-musulmans? Et c’est encore trop!
Israël nécessita, plus souvent qu’à son tour depuis quatre mille ans environ, le statut d’espèce protégée.
Et si nous faisions de la protection de la biodiversité la grande cause de ce siècle!
La Déclaration d’indépendance d’Israël inclut de manière implicite les frontières du royaume de David. La colonie fossile qui en viola l’intégrité n’eut jamais vocation à voler de ses propres ailes. Concéder un État aux otages d’un empire démantelé est un renoncement, je crois, suffisamment intense pour que l’on s’en réjouisse de part et d’autre, un acte de détachement, de surcroît, consenti par une majorité juive potentiellement réactivable. Nous imaginons sans mal les parasomnies que provoque la désorientation idéologique par laquelle se traduit, chez des sujets islamo-croisés, le retour de Jérusalem à Jérusalem. Qu’ils songent alors au droit de préemption que les Juifs invoqueraient sur les berceaux de tout monothéisme si l’un de leurs supplantateurs, héroïque fantaisiste, se piquait de les vampiriser au-delà du supportable.
Je n’arrive pas à m’expliquer ce que nos ministres des Étranges affaires cherchent à obtenir lorsqu’invariablement ils s’accrochent à la position célinienne de la France sur le conflit franco-allemand : un règlement juste et durable du conflit, à savoir l’établissement de deux États, vivant côte à côte en paix et en sécurité, dans des frontières reconnues, et ayant l’un et l’autre Paris comme capitale.
Quelqu’un peut-il confirmer qu’Abel Ferrara a bien glissé, sous le peignoir de DSK, le scénar de son nouveau film sur l’affaire Depardieu?
Il n’y a pas moins illibéral que la Start-up nation. La propension d’Israël à grimper à l’arbre de la connaissance fait plus que jamais rayonner l’État juif sur les déserts et les jungles, les mégapoles et les vallons plombés qui eurent la bonne idée d’aller tremper leurs lèvres dans ses sources, et si nous nous garderons bien, ne serait-ce que par respect pour les cerveaux palpitants et les mains rigoureuses qui sont à la manœuvre, d’en attribuer tous les mérites au seul gouvernement, je doute qu’une gouvernance instaurée sous un quelconque régime plus ou moins démocratique, voire carrément antidémocratique de la planète actuelle, tienne rigueur au Premier ministre le plus internationalement haï — je n’ai pas dit «universellement» — de revendiquer sa part de responsabilité dans les retombées spectaculaires de ce qu’il faut bien appeler un rebond de géant pour l’humanité, dont la répartition entre États progressistes libéraux et États nationalistes illibéraux, si elle ne va pas de soi, devra un jour ou l’autre aboutir à une hausse mondiale du niveau de la Terre. En nous y projetant, nous trouverions paradoxal que, se voyant abandonné par ses frères en idéologie, son sens du devoir et du droit oblige le chef du gouvernement juif à contracter des alliances de circonstance aussi perverses qu’aberrantes avec un axe nationaliste européen auquel on aurait laissé entrevoir, dans l’embrasure du baiser de la mort que Macron s’appliquerait à donner au régime assassin des mollahs, une opportunité inespérée de grappiller quelques gouttes de pluie d’or avant une autre période de vaches maigres.