Aux dernières nouvelles, Omar Mateen, l’auteur de la tuerie au Pulse, la boîte gay d’Orlando, aurait été du genre homo refoulé. Plusieurs témoins indiquent qu’il avait passé plusieurs soirées dans cet endroit, se soûlant et se montrant très agressif. On a en outre découvert qu’il se connectait souvent sur un réseau social gay. De plus, un ancien collègue de travail a assuré qu’Omar Mateen lui aurait fait des avances. Bon, mais qu’est-ce que ça change sur le fond ? On sait bien qu’il n’y a pires homophobes que les homosexuels refoulés, et que l’on découvre souvent une vie homosexuelle clandestine chez des politiciens connus pour leur condamnation publique violente des droits accordés aux gays et lesbiennes. Inutile de plonger dans les profondeurs du freudisme pour rappeler que, en gros, l’homophobie traduit l’angoisse de la part homosexuelle en soi-même. La fureur criminelle d’Omar Mateen s’avère donc peut-être le résultat d’une homosexualité qu’il n’assumait pas et qui l’a conduit à vouloir faire disparaître ces gays qui le renvoyaient à cette dimension haïe en lui. Admettons.
Mais pour passer à l’acte, muni d’armes puissantes, il lui a fallu ce fantasme auto-héroïsant : devenir un exécutant de la volonté de Dieu, plus précisément de ce dieu vu à travers le prisme fanatique de Daech, un dieu qui ne tolère pas les pédés et les gouines et qui demande à ses fidèles de les rayer de la surface de la Terre. Les haineux persuadés de servir Dieu en massacrant leurs prochains, ce n’est certes pas nouveau sous le soleil. Mais c’est heureusement devenu rare dans le monde occidental. La sauvagerie à justification religieuse y a progressivement reculé sous l’effet civilisateur du mouvement de fond initié dans les années soixante. Nos sociétés se sont lentement « débrutalisées » à l’égard des femmes, des homosexuels, des minorités ethniques et religieuses. Omar Mateen, quant à lui, rejetait violemment, comme tous ses congénères djihadistes, cette acceptation de la différence, cette relation apaisée aux autres non identiques à soi, pour lesquelles il a fallu si longtemps combattre. On peut penser qu’il s’est soulagé de ses penchants gays en se sublimant en magnifique nettoyeur de « sodomites ».
Bien que né sur le sol américain, il s’est choisi les références fournies sur un immense plateau international par les agents de la multinationale du crime islamiste, qui de Daech en Boko Haram, délivre son label et sa bénédiction à tous les frustrés, à tous les abrutis incapables de se voir en l’autre et de reconnaître l’autre en soi. Omar Mateen n’aurait sans doute été qu’un gay refoulé parmi d’autres si la monstrueuse régression qu’est l’islamisme radical ne lui avait offert de transformer ses sombres peurs en gloire meurtrière. Cet assassin terroriste est l’un des symboles de la guerre engagée par l’islamo-fascisme contre les acquis des sociétés démocratiques, à savoir notamment l’extension des droits en faveur de celles et ceux qui auparavant ont vécu des siècles de discrimination et de persécutions.
L’arrestation à Moscou de deux hommes qui voulaient déployer une banderole de solidarité avec les victimes d’Orlando est le signe que l’obscurantisme religieux islamiste possède son symétrique, au nom du Dieu de la Russie éternelle, aux confins orientaux de l’Europe, où se partage une même homophobie. On entend ici et là des hommes (et femmes) politiques français, le plus souvent des admirateurs de Poutine, qui estiment qu’il faut éradiquer tout ce qui provient de Mai 68 car là résiderait l’origine de tous nos maux. Omar Mateen ne les aurait certainement pas contredits. Quand bien même ses sources idéologiques étaient différentes.
GPA et LEBENSBORN, cela vous rappelle quelque chose? Lire Camion Noir et le lien entre l’homosexualisation de la société et le nazisme.
Nul ne niera que la caution divine est la caution suprême ; les guerres de religion (à visées assez troubles vu la libido dominandi très politique les fondant en très grande partie) l’attestèrent de reste. Pareil sésame eût à soi seul, suffi à ouvrir audit terroriste la porte du Pulse pour y perpétrer son auto-dédouanant carnage. Mais il lui fallut en outre – l’on ne saurait être trop prévoyant –, la garantie d’œuvrer pour le « califat » proclamé par le groupe État islamique ; d’où la préalable revendication du djihadiste d’opérer son « nettoyage » à ce dernier titre. Que l’on qualifie un crime en fonction des victimes (terrorisme anti-homosexuels, entend-on dire ici ou là aux États-Unis, et en France) ne saurait absolument autoriser à passer sous silence la non moins nécessaire qualification d’attentat islamiste. Le faire ne serait-il pas s’exonérer (et à quelle fin ?) de désigner ce massacre sous ses deux facettes, aussi horribles l’une que l’autre ?
Mateen était visiblement un homo pratiquant. Maintenant il n’assumait peut-être pas mais il n’était pas refoulé sinon son homosexualité serait restée exclusivement inconsciente. Vous voulez à tout prix faire des contorsions avec la vérité pour imposer la thèse simpliste et manichéenne du djihadiste.