Dimanche prochain, les électeurs de PACA devront choisir entre deux candidats : Christian Estrosi et Marion Maréchal Le Pen. A d’autres époques, et dans d’autres contextes politiques, ce choix clair et simple entre un candidat républicain, de droite, et l’étoile montante du parti de l’extrémisme n’aurait posé aucun cas de conscience. Mais, depuis le terrifiant résultat du premier tour, nous rencontrons beaucoup de nos amis de gauche, en Paca, des socialistes désabusés, des abstentionnistes révoltés, des citoyens perdus, qui ne se résolvent pas à trancher, et préfèrent, de guerre lasse, prévoir de rester chez eux, ou voter blanc. Comme le résumait un témoin cité par Le Monde, « Voter Estrosi, je ne peux pas ». A ceux-ci, et nous en rencontrons beaucoup ces derniers jours, nous voudrions dire quelques mots.
1- On dit que voter pour l’un ou l’autre, c’était, comme on le disait à propos d’une autre élection, blanc bonnet ou bonnet blanc. Combattons ce sophisme absurde. Vous avez d’une part le Maire de Nice, ville connaissant un essor culturel incroyable, pourvue par sa municipalité d’infrastructures modernes, d’une gestion qui, fut-elle orientée, n’a jamais choqué les consciences ; d’autre part, une jeune femme de 25 ans, n’ayant jamais exercé aucune responsabilité, au programme rétrograde, escortée d’une bande de fanatiques arrivistes, de sénateurs repus, d’identitaires exotiques, d’opportunistes bavards. Vous avez d’une part un grand parti de droite, et oui, de droite, c’est ainsi, qui a géré par le passé des grandes régions, à la tête pendant cinq ans de l’Alsace, de la Guyane, sans que le droit des femmes, la respiration des artistes, le libre jeu de la démocratie, la tolérance, la prospérité économique, et la bonne réputation des territoires ne soient jamais remis en cause, à Strasbourg ou à Cayenne. Et d’autre part, un parti à la tête de municipalités diverses dans notre région, où les provocations médiatiques, la mesquinerie bas-de-plafond, le népotisme et la réforme idéologique à marche forcée sont mises en place. Christian Estrosi est un Maire dont on pense ce que l’on veut, mais qui n’a jamais eu pour projet de séparer, fragmenter, plonger sa ville trente ans en arrière, en matière de droits des femmes et des créateurs, d’économie, de démocratie.
2- La personnalité de Christian Estrosi ? On le traite allègrement d’extrémiste. Les électeurs de gauche, les futurs abstentionnistes s’émeuvent de son passé politique, arguent d’un « Je pourrais voter pour la droite, mais pas Estrosi ». Mais enfin, si, pour voter à droite, il fallait attendre un candidat qui soit de gauche, on attendra longtemps, et le FN gagnera. Tous ceux qui projettent de s’abstenir ont voté Chirac face à Le Pen en 2002. Est-ce qu’on tergiversait, à l’époque ? Est-ce qu’on ressortait les phrases de « Facho Chirac » comme on disait dans les années 1980, est-ce qu’on ressortait, face à Le Pen, le « bruit et l’odeur » ? Est-ce qu’on s’inquiétait de ses affaires judiciaires, de telles ou telles déclarations surgies du passé ? Non, on votait Chirac, comme on devrait, sans hésiter voter Estrosi, qui, lui, n’a jamais été pris en flagrant délit de racisme, ni soupçonné dans des affaires de frais de bouche.
3- Les électeurs de gauche et les futurs abstentionnistes se disent aussi que, perdu pour perdu, il vaut mieux laisser le FN gagner, et qu’on reconstruira ensuite. C’est oublier que le FN, avec l’habileté des ambitieux, met en place une gestion clientéliste et se fait tout petit, c’est oublier qu’il progresse, en 2015, dans toutes les villes où il a été élu en 2014. Leur donner les clés de la région, c’est se condamner pour cinq ans, certainement, mais probablement pour dix, ou quinze ans. Entre temps on aura eu une décennie d’autarcie, d’opprobre, d’art tenu en laisse, de chauvinisme culturel, de folklore absurde, et rien pour les jeunes, la création, les entreprises, l’ouverture.
4- Nous avons, en PACA, encore moins le droit à l’irresponsabilité que les autres. Ce raisonnement du « tant pis, le FN », nous l’avons entendu à Toulon, en 1995. Nous avons connu la gestion de Vitrolles, le népotisme, le culte du terroir et la chasse aux fantômes. Nous avons connu l’incompétence habillée d’idéologie, et les livres retirés des bibliothèques. Ont-ils amélioré l’emploi, combattu l’insécurité, assuré un meilleur avenir ? Trois fois non. Nous sommes la région la plus visitée, un territoire où les fonds régionaux d’art contemporain, les musées, les centres d’art contribuent à son attractivité pour des créateurs de tous les pays. Nous sommes une région où nous sommes, peu ou prou, tous des fils d’expatriés, Corses, Pieds-Noirs, Italiens, Espagnols, Maghrébins. Nous avons la vocation de rayonnement, ce goût de la vie et de l’aventure, ce respect et cette fraternité méridionaux. Nous sommes en Méditerranée, et sur des terres bénies des dieux et chéries des artistes. Nous n’avons pas pour destin d’être les rats de laboratoire du frontisme et de subir des croisades anti-avortement. Abstentionnistes, vous avez le droit de vous révolter, mais vous ne pourrez agir dans une démocratie véritable que sous une gestion républicaine. Electeurs de gauche, un mandat Estrosi vous mécontentera peut-être, vous donnera certainement l’envie de proposer et militer. Mais l’opprobre nationale, le rabougrissement régional, et le goût de cendres quotidien, c’est avec Le Pen que vous l’aurez.
Le pétainiste qui fleurissait la tombe de l’homme du 18 juin n’est jamais en reste. Le voilà qui se chomskyfie, qui impute sa défaite à l’Establishment dans sa version ultime, cette coalition systémique des libéraux de gauche et de droite œuvrant contre le bon peuple, celui des bons Français s’entend. Dans la foulée, l’immondialiste Le Pen oppose le monde à la patrie. En quel honneur? Le monde l’aurait-il investie du pouvoir de parler en son nom?
#Chassons le FN, mais vraiment : Il ne faut pas confisquer à la France une opposition conservatrice d’essence républicaine face à la majorité progressiste que nous ambitionnons de lui faire réélire.
Ce soir seulement, nous saurons si le Grand Est français a voté socialiste ou bien s’il a cédé à un divisionnisme bas de gamme qu’aurait désavoué le lumineux Georges Seurat.
Bonjour M ROSSI
Apres vous avoir lu, je voulais vous dire que je suis de gauche depuis que j’ai appris à marcher mais je n’en suis pas pour autant votre ami.
Si la règle du jeu est sans contestation un excellent site littéraire, ses prises de position politique partisanes sont en revanche plus que douteuses.
Atlantiste jusqu’au bout de vos différentes plumes, solidaire des politiques d’austérité les plus impopulaires, la ligne politique de la règle du jeu participe à cette confusion entretenue ou finalement gauche et droite ne sont pas si différents que cela et pourraient marcher main dans la main vers des objectifs communs.
La frequentabilité de la droite classique ne semble pas vous poser de problème et même ESTROSI trouve grâce à vos yeux. Avec un peu de bonne volonté et surtout en rangeant définitivement au placard des idéaux de justice sociale qui, les medias l’affirment, ne sont plus à la mode aujourd’hui, on devine dans vos propos la formation d’une espèce de bouillie républicaine informe qui perpétuerait à jamais une gestion capitaliste de notre société, une pseudo démocratie à l’Américaine ou gauche et droite ne marquerait leur différence que sur des sujets sociétaux mineures en préservant l’intégrité du système économique et les injustices criantes qui l’accompagne.
Ce mode de raisonnement est contre productif et contribue à tuer la gauche !
La rupture avec le système actuelle ne peut se faire qu’avec une gauche authentique et non diluée dans des alliances contre nature. Pas de compromission, pas de magouille d’état major politique que les Français ne supportent plus. Arrêtons de cacher la poussière sur le tapis, assumons la situation pitoyable dans laquelle la lâcheté politique et la compromission idéologique nous ont conduits et reconstruisons une vraie gauche en s’appuyant sur un programme qui fera le consensus entre toutes ses composantes.
Ne demandez pas aux électeurs de choisir entre la version soft et humaine du diable (Estrosi /X.Bertand) et la version hard (le FN).
Quand au sophisme que vous qualifiez d’absurde, un peu de respect s’il vous plait car au cas où vous l’auriez oublié, c’est Jacques DUCLOS qui l’avait prononcé dans le contexte de l’affrontement en 1969 pour les présidentielles de deux candidats de droite Georges POMPIDOU et Alain POHER. Jacques DUCLOS, je le rappelle, était un grand résistant et un véritable dirigeant de gauche qui a consacré sa vie entière à défendre des valeurs que la ligne politique de la Règle du Jeu semble avoir bien oublié.
Entre ESTROSI et Jacques DUCLOS mon choix est vite fait mais pour vous aussi semble-t-il.
Mais comme dirait l’autre à chacun ses héros !
Sachez M ROSSI que ceux pour qui la flamme révolutionnaire ne s’est jamais éteinte et brille encore au plus profond de leur cœur, pour les anti-impérialistes qui ont toujours défendus l’émancipation des peuples, les humanistes pour qui la défense des droits de l’homme est universelle et ne s’applique pas qu’aux ennemis de l’Otan, ceux qui croient encore que l’organisation économique mise en place par les hommes n’est pas fatal e et pourrait être radicalement différentes, les purs, les authentiques, les courageux . . Bref la gauche, la vraie, ces gens ne se prêteront jamais à cette mascarade de démocratie.
Et puis, je vous en prie un peu de modestie, . . . les citoyens sont capables de très bien réfléchir sans vous.
Salutations