Il y a quelques semaines, avant la Coupe du Monde précisément, je signais un texte sur les retours ponctuels de la Guerre Froide, ces répètes inquiétantes au cours desquelles la dictature nord-coréenne joue avec les nerfs de l’Amérique et de ses alliés.
Si nous considérons aujourd’hui en France la Guerre Froide comme un sujet d’Histoire, pour des millions d’âmes dans d’autres pays et sur quelques archipels, il s’agit toujours d’une réalité… Alors que la Chine s’ouvre frénétiquement au capitalisme et que Cuba commence tout juste à modérer les affres du castrisme, la Corée du Nord reste elle droit dans ses bottes, les bottes de la dictature… Selon l’indice de démocratie mis en place par l’hebdomadaire britannique The Economist, la Corée du Nord serait ainsi le pays le moins démocratique du monde[1]. Il faut dire que Pyongyang vit en complète autarcie. Son seul véritable allié, la Chine s’efforce de maintenir le pays sous perfusion.
Au nord du 38ème parallèle, on reste persuadé que le voisin du Sud et son partenaire américain incarnent le mal absolu. Alors, plutôt que de nourrir son peuple qui meurt de faim au rythme des famines, Kim Jong-il préfère travailler à son ultime dessein : l’obtention de l’arme nucléaire[2].
S’appuyant sur les résultats d’une enquête internationale, la Corée du Sud et les Etats-Unis accusent Pyongyang d’avoir coulé un navire de guerre sud-coréen, le Cheonan, le 26 mars en mer Jaune. Quarante-six marins sud-coréens avaient alors péri. Un nouvel épisode des relations conflictuelles entre Pyongyang et le reste du monde s’ouvre alors. La semaine passée, Washington et Seoul ont commencé des manœuvres militaires conjointes en Mer du Japon destinées « à adresser un message clair à la Corée du Nord l’informant que son comportement agressif doit cesser ». En tout, ce sont près de 8000 hommes, 200 avions et quelques 20 bâtiments de guerre qui sont concernés par l’exercice. Sans surprise, Pyongyang a très vite répliqué : le régime nord-coréen a menacé de riposter par une « puissante dissuasion nucléaire ».
Voilà pour le volet diplomatique et ses rebondissements quasi hebdomadaires relayés par les medias du monde entier. Plus confidentiel et largement passé sous silence, le destin de la sélection nord-coréenne à l’issue du Mondial de football. Dans une dépêche surréaliste[3], Radio Free Asia nous renseigne sur le retour au pays des joueurs et autres membres du staff nord-coréens. Loin d’avoir été ridicules mais trois fois battus, les joueurs ont été convoqués dès leur retour à Pyongyang pour recevoir un blâme officiel. Selon des sources chinoises, la scène se déroulait dans le grand auditorium du Palais de la Culture où avait lieu un «grand débat». Debout sur une estrade, affrontant les regards réprobateurs de 400 personnes, l’équipe dû faire face aux critiques des officiels, commentateurs et autres étudiants présents dans la salle. Finalement, après six heures de réprimande étatique, leur conclusion fut implacable : ils ont échoué dans la lutte «idéologique ». Mais en Corée du Nord, après la honte nationale vient l’heure de la sanction. Pour avoir trahi l’honneur de la nation et de ses dirigeants, on annonce que la sécurité de l’entraineur est aujourd’hui en danger. S’il a d’ores et déjà été expulsé du Parti des travailleurs, Radio Free Asia fait état de rumeurs envoyant Kim Jung Hun aux travaux forcés, à effectuer un chantier de construction de bâtiments résidentiels à Pyongyang.
Quant aux joueurs ayant pris part au Mondial sud-africain, on ne sait toujours rien de leurs sorts…
Laurent D
[1] Indice de démocratie par The Economist : http://a330.g.akamai.net/7/330/25828/20081021185552/graphics.eiu.com/PDF/Democracy%20Index%202008.pdf
[2] La Corée du Nord entre nucléaire et famine : http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/coreedunord
[3] World Cup Team shamed, reprimanded http://www.rfa.org/english/news/korea/worldcup-07282010173446.html?searchterm=None
On fait avaler n’importe quoi au monde, et le monde l’avale.
Quels sont les sources de cette radio ? Le pays vit en complète autarcie, et cette radio a l’air d’avoir pignon sur Pyongyang?
C’est un complet programme de propagande capitaliste, comme on en a déjà connu des tonnes.
Ceux qui dénigrent les progrès socialistes, comme Reporters sans Frontières qui reçoit ses fonds par une société paravent de la CIA, basé à Hongkong et RSF soutient donc la cause des pays de « l’axe du bien » contre la Chine ou Cua.
il serait très intéressant de connaître les membres directeurs de cette radio…
«Quand j’étais petite, je détestais les groupes et les organisations», confie Hyon Sun à Daniel. Il lui pose une question sur l’entraînement, «trop dur, sourit-elle, mais je me réjouis du jour où le spectacle sera montré au général.»
Park Hyon Sun et Kim Song Yon, 13 ans et 11 ans, ne laisseront pas une seule fois le globe synthétique heurter le globe d’argile le jour se rapprochant de jour en jour, du spectacle de gymnastique de masse de Pyongyang, dédié au Cher Dirigeant.
Mis à part quarante ans d’écart, je me retrouve dans l’appartement de l’immeuble d’en face, chez ma copine Hyon Sun qui m’a invité pour le goûter dans les meubles des parents modestes de ses parents modestes. Sauf que là, on peut sentir d’à travers les murs une modestie de règle, conçue comme naturelle à la nation selon comme l’a voulue le système Kim. N’empêche, je ne m’y sens pas hors humanité, ni même hors parenté. Moi aussi je me suis vu en plein concours de violoncelle mettant une note à côté lorsqu’en répétition, je passais haut la main le trait qui tue de Phoibos Apollon. Ce que je n’ai jamais eu, c’est le professeur d’éducation révolutionnaire qui ouvre son cours avec : «Où les impérialistes mènent actuellement une agression?» Et moi de m’exclamer en chœur avec ma classe de camarades : «Au Vietnam!» Encore que ç’eût été moins inapproprié là, vingt ans après l’Indo, qu’ici, de hurler «En Irak!» pour un nain nucléaire se choisissant une passion soudaine pour l’Ayatollah Saddam, pharaon des talibans.
Daniel Gordon a trouvé son titre. A State of Mind. J’aurais dit «Deux…» L’état d’esprit de Park Hyon Sun et Kim Song Yon. L’esprit d’État de Kim Jong-il et Kim Jong Hun, dont nul ne doute qu’au gravissement des thuriféraires qui atteignirent le haut plateau des entraîneurs en lice d’une équipe nationale de football qu’il ferait sélectionner pour le Saint Graal en trompe-l’œil de l’an 10 avant qu’il ne dégringoulague de cap en pied au motif de desideratum prolongé dans la lutte idéologique, il fallut qu’il fût prêt à marcher sur la tête d’un mauvais camarade jusqu’à ce que sa semelle parvînt à retoucher le sol. Or il semble que l’esprit d’État nord-coréen soit subordonné à l’état d’esprit des actionnistes de la marionnette Kim. Il suffira d’une pression de bouton, et cet esprit scindé en deux déclenchera l’extinction de sa branche schizoïde, me forçant à légitimer la désintégration de Hyon Sun. Ma copine Hyon Sun.
Cela est absolument inacceptable. Il ne s’agit que de sport.
De plus, Kim Jong Hun a réussi à former l’une des plus intéressantes équipes que la Corée du Nord n’ait jamais eu!