Selon le Guardian, la France aurait dépêché à Athènes une équipe de ses meilleurs technocrates pour aider à la confection des propositions que le gouvernement Tsipras doit présenter aujourd’hui à l’appui de sa demande de renflouement. Un participant à l’opération confie : « On reprend tout, mesure par mesure. L’aide des Français est inestimable. » Dans le même temps, Yiannis Mouzakis, un observateur bien informé, estime que, la situation s’étant détériorée depuis le référendum, les mesures d’austérité devraient atteindre 12 milliards d’euros, contre 8 ou 9 il y a une semaine.
Si ces informations sont exactes, la vérité de l’opération Tsipras serait la suivante :
– premier temps : il offre aux Grecs de dire Oui ou Non à l’austérité.
– second temps : il obtient d’eux un Non assourdissant, dont le fracas les rassure sur eux-mêmes et exalte leur narcissisme collectif (quel courage ! quelle dignité ! l’admiration du monde ! etc.) en même temps qu’il fait du Premier ministre l’homme du destin.
– troisième temps : cet homme du destin verse au peuple ragaillardi la potion amère que celui-ci avale vaillamment.
On le sait dans la psychanalyse : il arrive que dire Oui de but en blanc soit impossible. On commence par refuser. Une fois qu’on a vérifié son pouvoir de refuser, on accepte.
Si tel est bien le programme, Syriza perdra son aile gauche, emmenée par le ministre de l’Energie, Panagiotis Lafazanis. Entretemps, Tsipras s’est assuré du soutien des partis promoteurs du Oui. Un renversement des alliances pointe. Aujourd’hui encensé à travers le monde par la gauche de la gauche et la droite de la droite, sera-t-il demain honni comme social-traître ?