« The fall (bababadalgharaghtakamminarronnkonnbronntonner-
ronntuonnthunntrovarrhounawnskawntoohoohoordenenthur-nuk!)
of a once wallstrait oldparr is retaled early in bed and later on life down through all christian minstrelsy »
Finnegans Wake de J.Joyce
Pour suivre la coupe du monde, un seul conseil, éteignez votre télé et allumez la radio, vous y verrez plus clair. D’abord, on entend moins les vouvouzellas et du coup, sans l’image, les commentateurs font un effort.
Enfin, surtout lui, Eugène et son orchestre à lui-seul.
Tout le monde a déjà entendu sa voix, qui est plus que son visage. N’ayez pas peur, comme dirait Jean-Paul II, je vais tout vous dire, je dirai sa voix, toute sa voix, rien que sa voix.
Ce mec est étonnant, en 59 il écrit un livre sur les bandits de Marseille qui sera adapté au cinéma en 1970 et ça s’appellera Borsalino, rien que ça, avec Delon, Bébel, Bouquet, etc.
Le film finit sur cette phrase : « La chance n’existe pas. »
Pourtant, nous, on en a de la chance de l’avoir, lui, le seul commentateur de football en France.
On me dit aussi qu’il aime Giono et Céline. J’en ai entendu, dans ma vie, des gens me dire qu’ils aimaient Céline.
Sauf que lui, il le prouve à chaque match, dans la moindre de ces volutes… ce qu’il fait subir à la langue, oralement, n’est pas loin d’être aussi maltraitant, jubilatoire et enrichissant que Céline.
Mon père, immigré italien, comme le sien, n’était pas bandit à Marseille mais à Montreuil, en plus d’être un magnifique joueur de foot. Il ne lisait pas Céline, mon père, mais il écoutait Eugène. Moi, j’ai écouté Eugène avec lui et puis j’ai lu Céline.
Maintenant que j’y pense, ce n’est pas un hasard si je suis entré comme chez moi dans la rumination rizhomique de Céline, c’est grâce à Eugène Saccomano et sa voix, et un peu à mon Père.
Ce n’est pas un hasard, c’est pire, c’est un coup de chance.
C’est donc de pire en père que j’ai découvert, en voiture ou sur le canapé paternel, le visage de sa voix avec toutes ses expressions et ses traits singuliers.
Combien de fois me suis-je endormi dans cette langue distendue, distordue, dans l’inconfort de sa voix, loin de la langue et des langes maternels.
Car c’est cela qu’il maltraite, Eugène et son Orchestre, c’est sa langue maternelle. Il faut dire que dans son cas, comme dans le mien, notre langue maternelle n’est pas celle de nos pères, ça facilite un peu les choses. L’accent, les modulations et les couleurs d’une langue, ca nous connaît.
Mais quelle langue parle-t-il, ce grand hystérique de Saccomano ? C’est une sorte de dialecte universel parlé par lui-seul à la frontière entre la France et le Foot.
Ce chanteur de chair à voix travaille la langue française sur ces trois dimensions comme si c’était de l’hébreu : chaque lettre est un mot, chaque mot plusieurs phrases et le son de l’image en mouvement.
Voir la musique, écouter les images, propose Bob Wilson, le metteur en scène. Ca s’adapte assez bien à Eugène Saccomano : voir le son, écouter les images. C’est ça, la radio, quand c’est lui qui s’y colle.
La moindre phrase, avec lui, devient un plan séquence en 3D façon Avatar mais projeté directement sur ton cortex.
Prenons ça : «…et c’est le tir, de David Villa. Ça a l’air de rien.Chez lui, ça devient : « Et c’est’le tiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiir de David’Villa. » En musique : « Blanche (Et), noire pointée (c’est), noir (le), ronde (tiiir) triple croches liée (de David Villa.).»
Le rythme, c’est le nombre d’images par seconde, les allers-retours entre grave et aigu donnent de l’épaisseur temporelle au signifié (grave plus lent que l’aigu) et l’étirement ou contraction des mots place et déplace spatialement les signifiés.
Dans l’étirement (passant du plus grave au plus aigu) du mot TIIIIIIR, nous voyons le ballon fendre l’air et se déformer comme dans un manga japonais.
A part Eugène, personne ne sait faire ça avec sa simple voix.
Le mots sont tantôt, tôt ou tard, des scooters qui démarrent, de trompettes mal bouchées, des violons stridents, des cordes qui cassent et des accordéons qui expirent, comme dirait l’autre; et tantôt ils sont des accélérateurs de ridicule, des exagérateurs de mandibules et des groupes électrogéniaux!
Tout ça grâce à Eugène Saccomano, sa voix samplée d’un autre monde et sa langue de lui-seul qui nous en raconte beaucoup sur nous-mêmes.
Assermourt,
Heureusement que vous êtes là pour animer les « comments », même si parfois, j’ai du mal à vous suivre, mais j’adore les digressions, donc ca va, je vous suis quand même.
Ce qui va nous séparer est aillleurs.
Personne ne parle comme Céline écrit.
L’émotionnel, ca annule l’Histoire avant de l’expliquer en partie.
Céline, je le prends en entier, avec « D’un château l’autre » ET les pamphlets.
Il s’est expliqué cent fois la dessus, il a fait de la prison par ailleurs, sur les terres d’Hamlet, il l’a payé de son vivant, en toute logique, par une haine qu’il exagérait, mais qui était bien présente.
Saccomano aussi, je le prends comme il est.
La morale me dégoute.
Je m’amuse en tout cas.
Et vous aussi, je crois, à tout commenter, pour dire que l’on a toujours oublié de préciser que nous en savons moins que vous et toujours incapable de vous donner à lire ce que vous êtes le seul à penser.
Ainsi, vous aurez toujours une longueur d’avance.
Continuons, donc.
Quant à DRAMANE, on entend le DRAME, non, je ne suis pas payé.
Je suis juste amateur d’art baroque.
Saccomano étant un chanteur baroque.
beast regards,
Nunzio d’Annibale
tu rigoles ou quoi?
IL T’A PAYE POUR DIRE CES GENRES DE SOTTISE??
CE MEC EST NUL A CHIER
En balayant le bandeau, je visualisai quelque chose trottant de gauche à droite sur le bout de ma langue. Saccomano… Ce ne serait pas l’auteur de Goncourt 32, dont çà et là dans les canards, bien français, bien décomplexés, on étale comme du bon beurre «son inspiration dopée à la lecture de Louis-Ferdinand Céline. Admirateur zélé du romancier, il eut même l’élégance d’inviter sa veuve Lucette Destouches dans la tribune de presse du Parc des Princes lors d’une finale de la Coupe de France»? Ou alors, c’est le Saccomano qui avec Marc-Édouard Nabe, tels des Roger Nimier aston martinisés filant glorioleusement vers la villa Louis-Philippe de la Route des Gardes comme on partait pour Vichy à la grande époque, ont refait le pèlerinage à Meudon, où le docteur Destouches, l’auteur de L’école des cadavres, _ «Les juifs, racialement, sont des monstres, des hybrides, des loupés tiraillés qui doivent disparaître», _ auteur maudit maintenant mais pas toujours tant maudit que ça, s’était installé avec Lucette Almanzor en septembre 1951, après s’être purgé lui-même d’une peine de sept ans de bannissement… Ah non, j’y suis! C’est le Saccomano qui rappelait hier soir, sur la chaîne parlementaire, à la gauche de la gauche d’un monsieur Hollande sans petite phrase, qu’un certain Bernard-Henri Lévy avait retourné dans son hémisphère gauche le cerveau d’un ancien attaquant stéphanois d’une équipe giscardienne qui refusait de boycotter le Mondial 78, lequel fit sortir du bocal après tout juste quarante ans et un goût de SS faisandé, la gloire de Videla. En revanche, merci pour votre longue description d’une scène de masturbation où l’organe semble passer du plus grave au plus aigü… La bestiole dans ma bouche s’en expulsa d’elle-même.
PS : À propos du style célinien, écrire comme on parle ne fait pas le génie, car autant je continue de faire comme mal me semble, ne parle pas d’or qui veut.
PS du PS : Au cas où vous en conclueriez de ma part une auto-proclamation de génie, je m’arrête tout de suite avec vous, et profite de cette mésinterprétation courante pour vous expliquer un peu mieux ma pensée. C’est justement de telles ruades dans les brancards de la langue que je me défie. Avant de parler, disaient nos Anciens, il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche. Avant d’écrire, sept cents fois, disait le Maïmonide. Avant de s’assurer de ce que ce qui a été écrit a été lu de la même manière, qu’en dites-vous… Encore sept cents?