Ce 1er juin 2025, la guerre en Ukraine a connu un tournant dont la portée dépasse le seul terrain militaire. C’est un basculement symbolique, stratégique, presque historique. À la date anniversaire de la remise par l’Ukraine de ses derniers missiles nucléaires à la Russie il y a presque trente ans, l’histoire a répondu par une ironie d’une précision chirurgicale : la Russie a subi l’une des frappes les plus dévastatrices sur son aviation stratégique depuis le début de la guerre.

Il y a vingt-neuf ans jour pour jour, l’Ukraine, jeune État post-soviétique, respectait jusqu’au bout ses engagements internationaux, en transférant à la Russie les derniers éléments de l’arsenal nucléaire hérité de l’URSS. Ce désarmement, encadré par le Mémorandum de Budapest (1994), signé par la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni, garantissait à l’Ukraine sa souveraineté et son intégrité territoriale. En retour ? Des promesses. Des engagements oraux, sans mécanisme contraignant. Vingt ans plus tard, la Russie démontrait la faiblesse de l’Occident en annexant la Crimée. Le 24 février 2022, elle piétinait définitivement la législation internationale par une invasion de l’est de l’Ukraine et la ruée de centaines de chars sur Kyiv.

Ce 1er juin 2025, plusieurs aérodromes militaires russes ont été frappés par une attaque massive et coordonnée de drones ukrainiens. Selon les informations du Wall Street Journal et des sources militaires ouvertes, il s’agirait d’une des opérations spéciales les plus réussies du SBU (Service de sécurité d’Ukraine). L’ampleur des dégâts est en cours d’évaluation, mais les analystes évoquent déjà un coup dur porté au potentiel stratégique russe.

Les cibles ? Des bases logistiques et de commandement abritant notamment des bombardiers lourds Tu-22M3 et Tu-95MS, qui depuis des mois frappaient les infrastructures civiles ukrainiennes. Les pertes incluraient des avions de commandement, des centres de communication, ainsi que des dépôts de carburant.

L’impact est double : logistique et moral. Logistique : la Russie ne fabrique plus les modèles Tu-95MS ni Tu-22M3, toute perte est définitive. La flotte stratégique russe, déjà vieillissante, vient de subir un traumatisme irrécupérable.

Les Ukrainiens s’attendaient à des résultats plus modestes, mais ce qu’ils ont obtenu, c’est Pearl Harbor.

Cette opération spectaculaire n’arrive pas par hasard. Elle intervient à un moment diplomatique crucial : la Russie vient d’accepter, contrainte et forcée, une nouvelle séquence de négociations. D’après plusieurs sources, Moscou a envoyé une délégation en Turquie plus par crainte de nouvelles sanctions – notamment européennes – que par volonté de paix. Nous savons qu’elle n’en veut pas.

Et voilà que l’Ukraine lui offre pour marquer le début des discussions un champ de ruines en préambule. Le message est limpide : la stratégie de la terreur par les airs ne garantit plus l’impunité.

Ce n’est pas un simple succès militaire. C’est le signe d’une mutation doctrinale. Face à une puissance nucléaire, l’Ukraine utilise tous les moyens pour nuire à la Russie, et non seulement répondre à la confrontation frontale. Elle paralyse, désorganise, mine les fondations. Elle neutralise l’ennemi à coups de technologies mobiles, de ciblage chirurgical et de coopération entre le renseignement, la cyberdéfense et l’ingénierie civile.

Ce modèle repose sur trois piliers : Un renseignement finement intégré à des capacités cyber et satellitaires.

Une production nationale d’armements innovants, peu coûteuse mais à fort effet de levier.

Une alliance intelligente entre l’État, les ingénieurs civils, les mécènes privés et la société civile.

La démocratie armée de Kyiv a cassé une dent à la triade nucléaire russe. La Russie est en train de perdre le monopole stratégique d’un de ses outils les plus sacrés.

Chaque frappe bien menée impose à Moscou des mois de logistique à reconstruire, d’engloutir des milliards de roubles, de sacrifier des milliers de nouvelles recrues pour masquer l’inefficacité croissante du système militaire. La Russie ne s’effondre pas encore d’une manière visible. Elle s’érode.

Même si l’objectif ukrainien n’est pas de planter le drapeau bleu et jaune de l’Ukraine sur la place Rouge, l’assèchement progressif de l’appareil impérial devient visible de tous. L’équivalent militaire d’une guerre d’épuisement ciblée s’impose là où le Kremlin s’y attendait le moins.

Le 1er juin 1996, l’Ukraine tournait une page de l’histoire nucléaire mondiale en renonçant à sa dissuasion. Elle avait cru à la promesse d’un ordre international fondé sur le droit. Ce pari fut trahi.

L’Ukraine ne s’est pas résignée à devenir l’illustration tragique d’un échec occidental. Elle a retourné la leçon : en l’absence de garanties, seule la maîtrise de sa propre sécurité peut constituer une assurance. Ce n’est pas un appel au réarmement nucléaire. C’est un constat brut sur l’état du monde.

Ce 1er juin 2025 ne signe pas seulement une opération brillante. Il acte la fin d’une époque. Il s’agit de clôturer une fois pour toutes le cycle impérial russe ouvert il y a plus de trois siècles, un cycle dans lequel les voisins de la Russie n’étaient jamais des nations, mais des zones-tampons, des périphéries, des proies.

Aujourd’hui, ce sont les aérodromes russes qui brûlent.

Demain, ce seront les illusions stratégiques de Poutine.

Et après-demain, peut-être, viendra enfin un monde où les Mémorandums ne seront plus signés pour gagner du temps, mais respectés pour garantir la paix.

5 Commentaires

  1. Votre article reflète la propagande européenne qui pense contraindre les russes par la force. C’est méconnaître les slaves. C’est parce qu’ils sont slaves que les Ukrainiens se battent comme des lions et en face ce sont les mêmes. Tenace devant la mort ils ne plieront pas le genoux et cette guerre fraticide va se transformer en troisième guerre mondiale grâce à nos egos démesurés. Prenez en compte le patriotisme des russes c’est dans leurs ADN mêmes si une minorité conteste la gouvernance de Poutine la plus grande partie se rallieras à son chef en cas de conflits ouverts avec l’Europe alors je vous pose la question nos peuples sont-ils prêts pour ce genre de sacrifices ? Vu les derniers sondages il est clair que non , notre peuple sait que derrière les grandes phrases de nos dirigeants invoquant la démocratie bafoué il y a surtout le nickel et les terres rares, le potentiel agricole et la mane que représente la reconstruction du pays. Nous ne sommes pas dupe. Nos anciens ont defendus une terre qui était la leur, une histoire et un drapeau qui representait nos valeurs qu’en est-il aujourd’hui ?

  2. Voilà un discours exact, vrai, lucide, qui tombe
    comme un fil à plomb.

    Merci Alla pour votre refus de la compromission,
    de la tergiversation, de la demi mesure, de la fable
    imaginée par des munichois, de la traîtrise en beaux
    habits raisonneurs.

    Il faut donner plus d’argent à l’Ukraine pour qu’elle
    multiplie les armes, les offensives, les succès.

    Gloire à l’Ukraine !
    Vive la liberté, qui a toujours coûté cher.

  3. Merci mille fois Alla pour vos éclaicissements, notamment ce rappel ce rappel de date que j’avais oublié.
    Cette opération donne un immense espoir, faisant enfin cesser ces discours pathétiques de beaucoup « d’experts » sur l’invincibilité du kremlin. Le caviar se mange de moins en moins à la louche chez certains en France

    • C’est clair que vu l’appauvrissement de la population pour payer cette guerre entre deux frères ennemis fait que nous connaîtront pas le goût du caviar avant longtemps à part, bien sûr, à l’elysee qui fait le fond de vos poches et vous avez l’air d’en être bien heureux, donnez moi votre IBAN car je vous laisse volontiers ma part. Vous pouvez bomber le torse pour ces escarmouches mais Poutine sait très bien que, sans nous, l’Ukraine serait déjà à genoux et que notre bras armée est derrière ces opérations et ce ne seras pas sans conséquence pour nous. De plus vous n’êtes même pas logique avec vous même d’un côté vous clamez que les russes vont attaquer l’Europe et l’Otan et d’un autre vous vous gaussez de leurs armements archaïques et de leurs incapacités de contrecarrer l’Ukraine, chercher l’erreur ! Votre joie naïve serait à pleuré de rire si ce n’était le risque de plus en plus palpables de voir mes enfants et petits enfants bouffer, comme vous dites, des radiations et autres horreurs que peut produire une guerre à grande échelle. Si cela devait se produire ne croisez pas mon chemin.