Ce soir, à Cannes, la Palme d’or fut remise au grand cinéaste iranien Jafar Panahi. Une Palme non seulement pour un film admirable, mais une Palme pour une œuvre et pour un homme debout dans la nuit d’un régime qui voulait le faire taire.
Jafar Panahi, nous n’avons cessé de l’écrire ici, est un cinéaste d’exception. Depuis ses débuts, il filme l’Iran comme on marche sur un fil tendu entre beauté et désespoir. Il a su montrer la fragilité des êtres, l’absurdité des normes, la violence voilée du quotidien.
Son nom ne quitte pas nos colonnes. Dès sa condamnation en 2010 à six ans de prison et vingt ans d’interdiction de tourner, nous avons publié ses lettres sorties de prison, des tribunes multiples en sa faveur ainsi qu’organisé une projection de soutien. Bernard-Henri Lévy, le directeur de La Règle du jeu, a lancé un appel international, et a dit et redit, sur nos pages comme dans les pages de Libération, du Point, etc. que Panahi devait être défendu.
En 2011, lors de la diffusion clandestine de Ceci n’est pas un film, nous avons publié un dossier spécial, analysant le geste inédit d’un cinéaste filmant sa propre assignation à résidence comme on grave un testament de vie. Quand Taxi Téhéran a reçu l’Ours d’or à Berlin, nous avons salué « une victoire volée à l’enfermement ».
En 2022, alors qu’il a été de nouveau emprisonné, nous avons été de ceux qui ont exigé sa libération et nous avons organisé une projection de son film à Paris.
Aujourd’hui nous saluons cette si méritée Palme d’or. Parce que soutenir Panahi, c’est soutenir l’idée que le cinéma peut être un acte de vérité.
