Lors d’une interview sur France 3, Jean-Luc Mélenchon s’est vivement emporté contre le journaliste Francis Letellier, qui lui demandait si l’affiche représentant Cyril Hanouna était une erreur ou non. Mélenchon a refusé de reconnaître une erreur de communication et a qualifié les accusations d’orchestration de l’extrême droite. Il a accusé les médias de relayer la propagande des réseaux d’extrême droite, affirmant qu’ils se réjouissent de voir LFI mis en cause.

Mélenchon a ironisé en disant : « Il va falloir vérifier tout le temps la religion des gens qu’on caricature », jugeant que les commentaires sur « le nez trop long, les cheveux trop courts » n’ont aucun sens. Il a martelé : « Nous ne sommes pas antisémites » et « nous n’avons rien à voir avec le racisme », tout en accusant les médias de « relayer la propagande des réseaux d’extrême droite » qui, selon lui, « pavoisent parce qu’ils obtiennent qu’une fois de plus nous soyons mis en cause.

Le 19 mars, lors d’un meeting à Brest, Jean-Luc Mélenchon a repris cette polémique pour servir son propos. Il a argué que certaines personnes possèdent chez elles des affiches d’extrême droite laissées par leurs grands-parents. En singeant sur scène, il a dit : « Ah, celle-là, je la connais », en référence à l’affiche controversée. Puis, au nom des Insoumis, il a ajouté : « Pas de bol, nous, on n’a pas ces affiches, on n’est pas au courant, on sait pas, d’accord ? »

Devant la gravité de ces propos, il est crucial de s’arrêter et de commenter. Les références aux affiches d’extrême droite des années 30, 40 sont particulièrement choquantes. Ce retournement accusatoire pour se défausser et attaquer des adversaires politiques est ignominieux. En réalité, peu de gens en France collectionnent les affiches de Vichy ou les exposent dans leurs foyers. Quant aux Français de confession juive, les seules choses qu’ils conservent éventuellement sont des photographies de leurs proches défunts et des déportés, quelques lettres rares et l’étoile jaune portée par certains.

Le propos de Mélenchon est révoltant. Mais ce qui est encore plus inquiétant, c’est la réaction du public. Les applaudissements nourris et enthousiastes qui ont suivi ses paroles à Brest sont particulièrement troublants. Ils révèlent une adhésion tacite à des discours qui, sous couvert de dénoncer l’extrême droite, utilisent des méthodes et des références odieuses. C’est cette complicité silencieuse, cette approbation collective, qui est peut-être le plus écœurant dans cette séquence. Elle montre que certains discours, même les plus violents ou les plus choquants, peuvent être cautionnés par un public qui semble ignorer ou minimiser leur portée et la portée de l’antisémitisme.


Marc Knobel est historien, chercheur associé à l’institut Jonathas de Bruxelles.

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