J’ai vu ces nouveaux croisés de la vertu s’imaginant peut-être défendre toute l’humanité. Mais, qui dans un silence assourdissant taisent souvent les crimes commis en Syrie, en Libye, au Yémen et dans la plupart des pays arabo-musulmans ou en Ukraine et/ou ailleurs. Point d’occupation des facultés américaines et de Sciences Po, pour les autres déshérités du monde ? Les affamés ? Les blessés ? Les opprimés ou les morts ? Apparemment, ils ne valent pas le millième de milliardième de votre indignation sélective.

J’ai vu Greta Grunberg, l’activiste professionnelle, biberonnée par ses parents pour attirer (également) l’attention… sur elle. J’ai vu ces indignés du week-end lancer l’offensive, la charge et notamment la salve bouillonnante contre une jeune et talentueuse artiste israélienne, aussi jeune que belle, du haut de ses petits vingt-ans. 

Elle, qui de ses frêles épaules, a dû supporter les sifflets, les battements du tambour, les hurlements, la haine antisémite, les assauts des islamistes, les torrents de boue.

Juste parce qu’elle est israélienne et alors que, comme tous les autres artistes qui compétitaient, elle représentait un pays, en l’occurrence, le sien.
Dîtes-moi, vous autres, les chers parangons de la vertu… Quel autre artiste a dû supporter de tels assauts ? Devait-on/doit-on reprocher aux autres candidats qui étaient à Malmö, d’être les responsables des politiques qui ont été menées maintenant ou avant ? Des guerres coloniales passées ? Des ignobles guerres présentes et/ou futures ? Des crimes, des malversations, des folies de quelques-uns de vos/nos dirigeants et de la sacro-sainte raison d’État ? 

Devait-elle pour abreuver votre indignation, renier sa nationalité ?
Devait-elle calmer vos ardeurs en se flagellant et en rampant par terre ?
Devait-elle pour s’épargner de votre haine, s’attacher à un poteau, avant qu’on ne la fusille ?
Était-elle, par ailleurs, la représentante du gouvernement de Benjamin Netanyahu et de quelques millénaristes fous ? Non, absolument pas.

Eden Golan chantait une chanson, dont la première version a été censurée par l’Eurovision. Elle y faisait allusion aux massacres commis par les terroristes du Hamas, un certain 7 octobre. Lorsque les terroristes du Hamas – que LFI, en France, refuse toujours de qualifier de mouvement terroriste – sont venus massacrer bébés, femmes, enfants, vieillards, au nom d’un D. qui doit se détourner de leur folie.

Pouvait-elle seulement oublier les larmes de son peuple ? Devait-elle ignorer que dans une rêve party, 330 jeunes de son âge ont été ainsi massacrés ?
Mais, elle est venue à Malmö, non pour appeler à la destruction du peuple palestinien, qui souffre. Et, cette souffrance des Palestiniens nous fait pleurer. Oui, cette souffrance, nous l’entendons, nous la voyons, elle nous submerge.

Mais, elle est venue, non, pour encourager Tsahal, non pour marcher sur les platebandes de deux ministres d’extrême-droite. Mais, pour chanter… la paix et l’amour, pour faire de la musique, car « la musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée » (Platon).

Elle est venue, car elle est une artiste. Une ARTISTE. Mettez-vous cela dans votre tête, aussi profondément que possible. Elle est venue, car la musique, l’art, la culture comme le sport doivent dépasser les clivages. Car la musique comme le sport et la culture sont des traits d’union puissants entre les peuples, car la musique et le sport offrent de légers intermèdes et sont la grâce infinie, dans ce monde bouillant et chaotique. 

Mais, surtout. Devant vos cris, vos sifflets et vos huées, malgré son très jeune âge, malgré la pression incroyable qui devait la tétaniser du dedans, elle, qui ne pouvait marcher dans les rues. Malgré l’hostilité impitoyable, elle a rassemblé sous son nom, toutes les voix du public, dans autant de pays. N’en déplaise à Mathilde Panot, Rima Hassan et Jean-Luc Mélenchon, qui s’époumonent du matin au soir, à cracher leur venin contre le seul Israël.

Enfin, à contrario, des voix des professionnels, qui d’un trait, d’un seul, ont voulu écarter l’artiste… Le public, lui, ne s’y est pas trompé, en votant si massivement pour elle et en déchirant d’un trait, d’un seul, la fureur brutale de Malmö, aux allures antisémites.

Je n’ai jamais aimé l’Eurovision. J’aime Dizzy Gillespie, Chet Baker, Piaf, Michel Legrand, Sergio Mendes, Mouloudji… Mais, aujourd’hui, j’ajoute à mon répertoire cette jeune chanteuse, Eden Golan. Parce qu’elle me rappelle que nous vivrons. Parce qu’elle me rappelle que nous survivrons, malgré vos huées. Parce qu’enfin, elle a su résister à vos assauts répétés.

Une dernière chose. J’émets le vœu que sa voix majestueuse, veloutée et douce, continue de retentir dans les rues de Malmö. Et, à celles et ceux qui voulaient interdire au fond une salle de spectacle à… une juive, dîtes-vous bien que le temps où l’on voulait interdire aux Juifs de se produire et même de vivre est révolu.
Ne vous en déplaise.

8 Commentaires

  1. La Russie a bel et bien interdite de concourir alors pourquoi ce ne fut pas le cas d’Israël? Deux poids deux mesures? Je vois déjà les accusations ignobles et infondées d’antisémitisme de la part de certains mais continuez après tout des gens comme Alain Soral, Hervé Ryessen, les parlementaires du Rn et les gens de Reconquete à l’extrême droite vous remercieront grandement en plus de stigmatiser militant.e.s de gauche radicale.

  2. claude UZAN

    monsieur Kobel
    bien d accord pour la sape di sunisme

    par ailleurs j ai habité l Ariana, rue guttenberg
    si cela vous rappelle « ma mère cette juive arabe », vous avez mon mail

  3. Aimer l’autre en passant par Dieu ou, si vous préférez, Dieu en passant par l’autre. C’est là, comme disait le Berger des années quatre-vingt, « la seule façon d’aimer ». Sauf qu’à cette fin, il faut impérativement que je rumine l’inscription de Delphes jusqu’à parvenir à renaître en aimant l’autre comme Dieu l’aime, incorporant le même d’abord parce qu’il ne saurait en être autrement, mais aussi dans l’optique d’un renforcement de l’ordre des causes ayant pour effet d’accroître l’importance d’autrui pour soi-même et de soi pour autrui via la capacité qu’ils auraient l’un et l’autre de ne pas exister au mépris de (tout ce qu’englobe) Dieu.
    Admettons que j’y sois. Dès l’instant que j’ai réussi à m’hominiser à un tel degré d’humanité, qui est donc désormais en droit de prétendre à ce titre ? est-ce encore, toujours et ir(réductiblement) moi, ou bien déjà cet autre qui s’échappe à lui-même ?
    Peu importe, me direz-vous. Tant que la transsubstantiation salutaire s’est accomplie d’un bout à l’autre, nous devrions avoir atteint le stade d’humanisation recherché par nos sages, celui auquel se sont hissés nos saints, — nous inclurons, si vous le voulez bien, ceux qui avaient un grain.
    D’accord avec ça. Mais on ne peut pas se borner à faire résonner en soi le cœur et la raison d’être d’autrui et se persuader que l’on possède, eu égard à cet état final car primordial, un champ d’incarnation assez potent ou étendu pour pouvoir se passer d’une participation de tout autre à l’élan rédempteur qui nous im(mobilise) à chaque instant.
    Aimons-nous assez pour être sûrs que l’amour de l’Être duquel nous participons, celui qu’Il requiert de nous, est à l’œuvre au moment où, sous la pression internationale, nous libérons, en échange d’un otage dont la vie nous importe par-dessus tout, le petit soldat d’un crime de masse en constante gestation ?
    Je consens à être autre jusqu’à l’autre extrême.
    L’éternité du Moi jusqu’au nazi, jusqu’au barbare, jusqu’au terroriste, jusqu’à l’islamiste.
    Je ne peux pas prétendre ni davantage tendre à l’Être suprême avant d’avoir régurgité le ténébreux humus en démoniaque dans le texte.
    Je — un autre comme un autre — suis ici-bas pour coréaliser un plan qui me dépasse : exorciser les cinq continents habités, j’allais dire possédés par l’esprit du bouc émissaire au Sabbat des sorcières.
    « Aime ton ennemi », comme disait le Grand Je. « Invite-le au festival Nova et, tu verras, vous vous tomberez réciproquement dans les bras. Commence par reconnaître l’État terroriste de Palestine, et tu auras une chance de paralyser le battement d’ailes du papillon pogromiste. »
    Pardon de nous interrompre, mais j’ai comme l’impression que nous nous éloignons avec inconséquence du sujet qui nous occupe. Attention à ne point confondre extase et orgasme, a fortiori en s’orientant suivant un axe de fixation sadique. Nous souhaitons Tous et depuis fort longtemps, jusqu’à courir le risque de Nous affirmer à travers ce mirage tel un prophète autoréalisé, que l’islam soit compatible avec l’État de droit. Je crains pourtant que nous ne soyons contraints de retrousser nos manches, quitte à prendre un bâton de pèlerin sans demander la perMission. Nous irons de ce pas prêcher l’amour et le respect des Dix Paroles et de la Bonne Nouvelle aux coranisateurs et autres coranisés qui ne conçoivent pas qu’il y ait d’autre salut que dans l’autodafé des Saintes Écritures juives et chrétiennes aux sources desquelles leurs aïeux, ou eux-mêmes, ont lamentablement échoué à s’extirper des ères païennes. Le temps, ô, presse. Ne nous y perdons pas.

  4. Bon, ce n’est plus d’actualité puisque c’est le non-genré qui a gagné. Je retourne à ma lecture de la Genèse et à ses interprétations talmudiques : « homme et femme, il les créa ». Pauvre Eurovision, pauvre Europe.

  5. Ce fut une véritable performance, et pas
    seulement au sens anglo-saxon du mot.
    Quel courage pour affronter cette hostilité,
    ce tintamarre dans la salle, camouflé à la télé
    par la technique, et ne pas craquer.
    En tant qu’artiste, Eden était neutre, mais pas
    ce public digne des jeunesses hitlériennes.
    Elle ne venait pas faire la promotion de la
    politique soit disant extrémiste de certains
    membres du gouvernement de son pays, non.
    Personnellement j’aborrhe les extrêmes droite
    et gauche confondus, mais depuis qu’ils y sont,
    je n’arrive pas à comprendre en quoi les
    B.Gvir et Smotriez seraient coupables ; à quels
    actes insensés ils se seraient fourvoyé.

  6. Monsieur Knobel,

    j’adore habituellement vous lire, mais il y a un truc chez vous comme chez d’autres que je ne peux plus supporter : la détestation, la diabolisation, la haine de Netanyahou et de « ses ministres d’extreme droite ». Haine gratuite, jamais argumentée, haine tellement évidente qu’il n’est juste besoin que de dire « Netanyaou »…. Certains adore faire ça à Alain Finkelkraut, rien que son nom est une symbole de ralliement pour le détester. Chez les haineux d’Israel et des juifs, je peux l’entendre. Mais chez vous, au Crif, comme chez de nombreux intellectuels juifs, c’est insupportable. Cette détestation ressemble à un gage de bien pensance pour pouvoir être autorisés vous exprimer sur les autres sujets. Arrêtez cette lâcheté !
    Personne ou presque ne comprend la politique intérieur israélienne, le rôle de Netanyaou et ce n’est pas notre problème, ni le votre, ni celui des commentateurs. Nous n’avons pas, en France, et surtout en tant que juifs, à prendre position sur Netanyaou, particulièrement dans le contexte actuel. Les israéliens sauront, eux, régler leurs pbmes de politique intérieur et personne n’à à s’en mêler. Les israeliens se mêlent-t-ils des affaires de la France, de savoir qui est de droite, ou d’extreme droite, ou d’ultra droite, ou que sais-je ?
    L’ordure antisémite Melenchon et sa clique, ainsi que les Roussel et consort au PS sont en train de préparer un nouvel anéantissement des juifs. C’est un peu de ça dont il faut s’occuper ! Plutôt que de bacher Netanyaou, et regarder faire un F.X.Bellamy qui défend les juifs bec et ongles, et même une Marine Lepen qui défend publiquement le droit d’Israel à se défendre !

  7. Tout à fait d’accord ! Mais alors ne faudrait-il pas réintégrer la Russie dans l’Eurovision pour ne pas prêter le flanc au fameux « deux poids, deux mesures » ?