L’Italie est devenue le laboratoire du populisme en Europe avec les élections législatives de 2018.

Auparavant, en 2016, les Britanniques avaient choisi le Brexit et les Américains avaient élu Donald Trump à la présidence des États-Unis. Il s’agissait là de deux signaux venus du monde anglo-saxonoù les forgotten peoples’étaient exprimés, dans le premier cas, contre les migrants, et, dans le second, contre le Congrès et les partis traditionnels. En 2018, pour la première fois dans un pays d’Europe occidentale, les partis populistes, expression publique des forgotten people, des défavorisés, des marginaux, ont remporté les élections. Et cela s’est produit parce que la Ligue et le Mouvement 5 étoiles sont parvenus à capitaliser politiquement sur trois grandes blessures de la nation : la Ligue sur les migrants, le Mouvement 5 étoiles sur la corruption et les inégalités sociales, et la Ligue de Salvini a mené une campagne électorale centrée pour l’essentiel autour des baisses d’impôts et du refus de l’immigration. L’arrivée de migrants, en Italie, remonte à la nuit des temps ; mais depuis 2016, avec la guerre civile en Syrie, le nombre élevé de réfugiés syriens arrivés en Europe par la route des Balkans a provoqué de violentes réactions et une émotion accrue dans l’opinion publique. Cette route des Balkans passant à proximité de l’Italie du Nord, certains habitants de la Péninsule ont été frappés par les décisions de la Bosnie, la Slovénie et la Croatie de fermer leurs frontières aux migrants. Ils ont alors soutenu qu’il fallait imiter ces pays, et ce sentiment de rejet des migrants a été incarné avant tout par la Ligue.

En Italie, la corruption existe elle aussi depuis toujours. Au moment de son unification, en 1871, elle constituait l’un des plus graves problèmes hérités des États pontificaux et du royaume des Bourbons. D’une certaine manière, le nouvel État unitaire a tenté de lutter contre elle ; en vain. Pire encore, dans les régions où elle était le plus endémique, à savoir le Sud, elle n’a fait qu’augmenter. Cette situation a perduré tout au long du XXe siècle, jusqu’à la période dominée par la Démocratie chrétienne et encore bien au-delà. Pour un jeune né dans la partie méridionale de l’Italie, la corruption est une agression permanente envers sa famille, par ailleurs elle conditionne sa vie, le genre de profession qu’il peut ou ne peut pas exercer, son niveau de revenu, son pouvoir d’achat ; la corruption explique la persistance du phénomène mafieux. Allons plus loin : dans les faits, en Italie du Sud, la vie s’identifie à la corruption. Et c’est précisément là que le Mouvement 5 étoiles s’est imposé comme une force de renouveau, avec son slogan : « Nous, nous luttons contre la corruption. » Ils ont fait du porte-à-porte, ils sont entrés dans les foyers, ils sont allés voir les familles et ils leur ont dit : « Vous voulez combattre la corruption ? Eh bien, votez pour nous, nous vous aiderons. » Ce discours a valu au Mouvement 5 étoiles le soutien d’une large part de la population et l’image d’un mouvement porteur de changement, d’espoir. L’autre élément qui a beaucoup joué en leur faveur, ce sont les inégalités. Car un nombre croissant de personnes, tout comme aux États-Unis, en Grande-Bretagne et ailleurs, sont exclus du monde du travail en raison de l’impact et des conséquences des nouveautés technologiques. Pour la première fois depuis la Révolution industrielle, celles-ci ont changé de fond en comble la vie professionnelle : de plus en plus d’emplois sont détruits en raison de la délocalisation d’entreprises dans les pays du tiers-monde et des innovations technologiques introduites dans les pays occidentaux. Tout cela produit un malaise social diffus, le creusement des inégalités, l’appauvrissement de la classe moyenne et, au bout du compte, une situation où, exactement comme aux États-Unis, de nombreuses familles de la classe moyenne disposent de revenus insuffisants à la poursuite de leurs rêves.

À tous ces gens, le Mouvement 5 Étoiles a déclaré : « Nous avons une solution pour vous : le revenu de citoyenneté. » En d’autres termes : « Le simple fait d’être citoyen italien vous permettra de recevoir de l’argent de l’État. » Une sorte d’équivalent de ce que Lula avait fait au Brésil, avec le revenu garanti aux personnes nées dans les favelas. Après les élections de 2018, la Ligue et le Mouvement 5 étoiles ont exercé le pouvoir ensemble. Sous le gouvernement Conte I[1], d’une certaine façon, ils appliquent leurs programmes en parallèle : la Ligue mène une politique très agressive contre les migrants et le revenu de citoyenneté est créé. Il n’en demeure pas moins que ces mesures n’ont réglé ni la question de l’immigration, qui s’est poursuivie sous une forme illégale, ni surtout celle de la pauvreté. Et ce même si, le jour du vote de la loi instaurant le revenu de citoyenneté, le dirigeant du Mouvement 5 étoiles, Luigi Di Maio, est apparu au balcon du palais Chigi, siège de la présidence du Conseil, pour lancer une proclamation qu’il croyait d’une importance historique : « Nous avons vaincu la pauvreté ! » Tout cela s’est effondré avec la chute du gouvernement Conte I et la mise en place du gouvernement Conte II[2], dont la Ligue ne faisait plus partie, mais qui bénéficiait de l’entrée du Parti démocrate (PD). Ce nouvel exécutif a certes maintenu une politique favorable au revenu de citoyenneté et assoupli sa position sur les migrants ; toutefois, en substance, la classe moyenne a continué de souffrir des problèmes posés par les migrations, les inégalités et la corruption, et pour lesquels aucune solution efficace n’a été trouvée. De surcroît, la défiance envers les institutions de la démocratie représentative n’a fait qu’augmenter au fil du temps. Et la situation a été encore aggravée par les « ingérences malveillantes » de la Russie et la Chine, d’une fréquence accrue, dans les affaires intérieures des États membres de l’OTAN et de l’Union européenne. En Italie, la Russie s’est ainsi rapprochée de la Ligue, et la Chine du Mouvement 5 étoiles. Pour comble de malheur, le pays a été frappé, en février 2020, avant les autres pays européens, par la pandémie de Covid-19. Au vu des difficultés rencontrées par le gouvernement Conte II, le président de la République, Sergio Mattarella, a chargé l’ancien gouverneur de la Banque d’Italie, Mario Draghi, d’en former un autre[3]. Ce gouvernement de coalition nationale, qui réunissait la totalité des partis à la seule exception de Fratelli d’Italia, a donc dû d’abord et avant tout faire face à une double urgence de santé publique et d’appauvrissement de la population. Dans la lutte contre la pandémie, Draghi a fait preuve d’une extrême efficacité : il a pris des mesures drastiques et demandé d’immenses sacrifices à ses concitoyens, qui les ont acceptés ; l’Italie, naguère pays d’Europe en proie à la situation la plus difficile, est alors devenu celui qui a apporté en premier la réponse la plus énergique au Covid-19. En revanche, Draghi s’est montré bien moins sensible aux questions de l’appauvrissement de la classe moyenne et des inégalités : en dépit de ses multiples déclarations sur sa conscience aiguë du problème, il n’a, en réalité, pas adopté de remèdes efficaces. Enfin, il a employé beaucoup d’énergie à repousser les ingérences russes et chinoises au moyen d’un langage et d’actions très « euro-atlantiques » : tel est en effet le terme dont il s’est servi jusqu’à la guerre en Ukraine, où il a pris une position clairement en faveur du pays attaqué et en accord avec l’OTAN et l’Union européenne. Mais avec la chute du gouvernement Draghi et les élections de septembre 2022, tout le mécontentement populaire cristallisé autour des migrants, de la corruption et des inégalités a bénéficié au seul parti resté dans l’opposition jusque-là, c’est-à-dire Fratelli d’Italia. Les électeurs ont vu leur vie se détériorer d’un point de vue économique, le nombre d’emplois diminuer, le nombre d’inscriptions à l’Université chuter de 200 000 par an et les départs à l’étranger se multiplier d’année en année. Un pays de plus en plus pauvre, de plus en plus défavorisé, de plus en plus privé d’espoir, a dès lors trouvé dans ce parti d’opposition jusqu’au-boutiste, et d’extrême droite, la force autour de laquelle se rassembler pour continuer à exprimer sa contestation des institutions de la démocratie représentative, cette même contestation que la Ligue et le Mouvement 5 étoiles avaient incarnée en 2018.

Lors de sa campagne électorale, Giorgia Meloni a parlé ouvertement de tout cela : elle s’en est prise aux migrants, au Parlement, à la souveraineté de l’Union européenne, à l’appauvrissement des familles ; autrement dit, elle a utilisé le même langage que celui qu’avaient employé, en 2018, la Ligue et le Mouvement 5 étoiles. Or, d’un point de vue institutionnel, ce langage revendique un renforcement extrême du pouvoir exécutif, au détriment du pouvoir législatif et du pouvoir judiciaire. Il y a, en cela, une similitude manifeste entre la pensée de Mme Meloni et celle de Donald Trump. Lorsque ce dernier était à la Maison Blanche, son conseiller le plus important, Steve Bannon, est venu à deux reprises en Italie, où il a été l’invité d’honneur d’Atreju, une manifestation de la jeunesse de droite italienne organisée chaque année par Fratelli d’Italia. Car le slogan de Trump, America first, coïncide à la perfection avec celui de Giorgia Meloni, Les Italiens d’abord, en opposition aux institutions démocratiques et à l’Union européenne. De même qu’en Amérique, Donald Trump considère le Congrès et les partis traditionnels, tant républicain que démocrate, comme ses adversaires, de même, en Italie, Giorgia Meloni considère le Parlement et les partis traditionnels comme ses antagonistes.

Mais elle a introduit, dans cette dimension populiste, un nouvel élément : une droite des plus extrêmes, une droite comme l’Italie n’en avait jamais connu depuis la fondation du Mouvement social italien (MSI) de Giorgio Almirante, en 1946. Or le symbole de ce parti montrait une flamme rappelant la « flamme éternelle » visible sur le tombeau de Mussolini. De plus, le MSI a réuni tous les vétérans de la République Sociale Italienne (RSI), c’est-à-dire de la république de Salò, l’État fantoche pronazi institué en Italie du Nord après la chute du fascisme à la demande expresse de Hitler, et demeuré l’allié de l’Allemagne jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Tout le problème vient de ce que, durant l’après-guerre, les démocrates-chrétiens et les communistes se sont accordés à vouloir pacifier le pays sans procéder à sa « défascisation » ; cela a conduit à une loi d’amnistie, votée en 1950 sur initiative du ministre de la Justice de l’époque, Palmiro Togliatti, l’un des fondateurs du Parti communiste italien, qui a bloqué tous les procès intentés contre des fascistes.

Après la promulgation de cette loi, il est ainsi devenu impossible de poursuivre en justice les anciens hiérarques, les responsables de l’application des lois raciales ou encore les assassins de partisans. Ce qui signifie que dans la mémoire collective italienne, il n’y a rien eu d’analogue à la dénazification opérée par exemple en Allemagne. Dès lors, le MSI de Giorgio Almirante a pu siéger en toute tranquillité au Parlement et se voir, de facto, légitimé par les nouvelles institutions de l’Italie républicaine, même s’il ne se reconnaissait pas dans ses valeurs. Car, n’hésitons pas à le répéter, ce n’était pas une force antifasciste. Cette situation a perduré tant bien que mal jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Silvio Berlusconi, à l’issue des élections législatives de 1994. Il a alors conclu une alliance avec Gianfranco Fini et Pier Ferdinando Casini, leaders respectifs du MSI et du Centre chrétien-démocrate (CCD), héritier de la Démocratie chrétienne. Fini a ensuite amorcé un processus de transformation du MSI, rebaptisé Alliance nationale (AN) lors du congrès de Fiuggi, où ce même Fini a de plus condamné sans ambages les lois raciales et le fascisme lui-même.

Lors d’une visite officielle à Jérusalem, il déclare en outre : « Le fascisme a été le mal absolu. » Seulement, à son retour en Italie, une fraction de son propre parti se retourne contre lui et lui reproche en substance d’être un traître, d’avoir renié l’identité du MSI et de le vouer, pour l’éternité, à la défaite. Or, dans la rhétorique de l’extrême droite italienne, la trahison est la pire des infamies imaginables. À Fiuggi, Giorgia Meloni s’était prononcée en faveur de Fini et de sa nouvelle orientation. Mais lorsque, quelques années plus tard, elle fonde Fratelli d’Italia, elle rassemble autour d’elle tous les adversaires de Fini. Dès sa naissance, ce nouveau parti apparaît donc comme un groupe compact formé par tous ceux qui, à l’instar d’Ignazio La Russa, étaient viscéralement hostiles au tournant modéré voulu par Fini. Pendant plusieurs années, dans la mesure où il représente la droite la plus extrémiste, il stagne, lors des élections, aux alentours de 2 à 3 % des suffrages. Mais durant l’épidémie de Covid-19, il devient un pôle d’attraction pour tous « les antivax » ; Giorgia Meloni se fait leur porte-parole et se pose en adversaire la plus déclarée de toutes les mesures prises par Mario Draghi pour lutter contre la propagation du virus.

De tout cela, il résulte qu’en 2022, elle gagne les élections parce qu’elle a su reprendre à son compte le langage des populistes, présenter son parti comme le seul à se situer vraiment hors de l’establishment et assimiler le legs identitaire de la droite la plus nationaliste. Elle use et abuse des mots patriote et, plus encore, anti-européen. Elle ne perd pas une occasion d’insister sur l’importance, à ses yeux, de la défense de la souveraineté italienne contre la souveraineté européenne. Dans un discours prononcé à L’Aquila, elle s’exclame : « Je défends le made in Italy ! » Et elle explique que pour elle, ce label ne devrait être accordé qu’aux produits d’entreprises appartenant à des Italiens, localisées en Italie et n’employant que des Italiens. Mais aujourd’hui, dans la Péninsule, aucune entreprise ne saurait remplir ces critères. Aussitôt après sa victoire électorale, toutes ces contradictions sont devenues flagrantes. Mme Meloni a certes bien pris soin de ne pas célébrer le centenaire de la Marche sur Rome, mais elle soutient Ignazio La Russa, devenu entre-temps président de la Chambre des députés, quand il se croit autorisé à déclarer que les soldats allemands membres du SS-Polizeiregiment Bozen tués par les partisans n’étaient que de pauvres retraités réunis dans une fanfare. De manière plus générale, elle répugne à se reconnaître dans l’antifascisme. Et ce à tel point qu’à l’occasion des cérémonies du 25 avril commémorant la Libération du pays en 1945, le président de la République a voulu, pour bien marquer son désaccord avec elle, se rendre à Boves, lieu d’un des plus effroyables massacres perpétrés par les nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale, et rappeler que la Constitution italienne est née là où sont tombés les partisans antifascistes. Mais Mme Meloni ne prononce jamais le mot antifascisme.

En Italie, dans ce pays-laboratoire du populisme, on a donc assisté à la fusion de quatre éléments : la matrice la plus contemporaine de ce même populisme (les inégalités nées des conséquences néfastes de la mondialisation) ; sa matrice plus historique (la lutte contre la corruption) ; une thématique plus récente (le rejet des migrants) ; et enfin l’héritage extrémiste du fascisme pronazi.

À ce jour, le populisme italien est donc un unicum, aussi bien en Italie qu’en Europe, du point de vue de sa composition politique. Et il inclut en outre une dimension fondamentale déjà présente chez le Mouvement 5 étoiles : le populisme de gauche, celui qui consiste à préférer Rousseau à Montesquieu, à privilégier une relation directe entre le pouvoir exécutif et le peuple, au préjudice de l’équilibre entre pouvoir exécutif, pouvoir législatif et pouvoir judiciaire, qui est au contraire le trait distinctif des démocraties modernes.

Traduit de l’italien par Renaud Temperini.


[1] 1 juin 2018 – 5 septembre 2019.

[2] 5 septembre 2019 – 13 février 2021.

[3] Giuseppe Conte espérait former un troisième gouvernement. Le choix du président de la République Sergio Mattarella de confier à Mario Draghi la charge de former un gouvernement explique en partie le rejet ultérieur de Draghi par le Mouvement 5 étoiles.

Un commentaire

  1. Merci pour la publication de cet article et merci à son auteur pour son précieux éclairage.
    Que la démocratie puisse être détruite lorsqu’elle n’est pas défendue, c’est la leçon que nous devrions avoir retenue de la défaite du nazisme. Le prix que l’humanité a payé pour cette négligence va au-delà du concevable, du commensurable.
    Pourtant, les dérives populistes sous la pression de l’irrationnel refont surface ici et là en Europe, aux États-Unis, au Brésil et ailleurs, apportant autant de dégradations des valeurs fondamentales qu’on pensait, en somnambules, acquises pour toujours et solidement gardées dans notre mémoire collective, dans nos Constitutions démocratiques.
    Nous sommes devenus des spectateurs de ce « théâtre macabre qui se joue de nos jours sur notre planète », reprenant un commentaire de Milan Kundera à l’œuvre de Hermann Broch.
    Le populisme, ce mot fourre-tout, en est le cadre. Il vient du fascisme, il vit à gauche, à droite et il revient à ses racines fascistes une fois terminée sa mission : abîmer irrémédiablement la démocratie, la liberté, ses institutions.
    Les populistes ne détruisent pas la démocratie comme l’ont fait les fascistes, ils en minimisent la dimension, ils diminuent ses valeurs, son cadre légal, n’hésitant pas à changer la Constitution pour préserver le pouvoir, comme c’est le cas de Victor Orban en Hongrie ou comme l’a annoncé Meloni en Italie.
    D’une façon ou d’une autre, ils finissent par partager les objectifs politiques proprement fascistes qu’ils retrouvent dans leur sphère d’action : autoritarisme, nationalisme, racisme, xénophobie contre les minorités, protectionnisme économique, personnification de la volonté du peuple, réduction des libertés d’expression et de critique, limitation de la presse indépendante.
    Un leader, un peuple, une nation, c’est le modèle fusionnel de gouvernement bien connu, qui remplace la démocratie représentative par sa relation directe avec la vox populi.
    On y trouve ici Trump, Poutine, Bolsonaro, Orban, Le Pen, Meloni. Cette dernière a ouvertement soutenu le projet anti-européen de Steve Bannon et ses plans éversifs, ce qui n’a pas empêché qu’elle déclare son allégeance à l’Europe une fois élue.
    La perversion de la démocratie s’accompagne d’un double langage, double discours, la manipulation et la tromperie guidées par l’opportunisme politique et économique.
    Un exemple ce sont les déclarations de Giorgia Meloni en Israël.
    Le fascisme, dit-elle, les lois anti-juives qu’il a menées, font partie de l’Histoire. Pourrait-il en être différemment ? Elle se garde bien en revanche d’aborder la réflexion sur les responsabilités et les bourreaux dont son parti, Fratelli d’Italia, peut en énumérer un bon nombre, des références de premier plan, entre d’adhérents passés et présents, tous nostalgiques de Mussolini et d’Hitler et jamais condamnés.
    Son vice-ministre ne s’est-il pas fait photographier avec une croix gammée sur le bras ?
    Son parti n’a-t-il pas franchi l’antisémitisme par concurrence des victimes en voulant assimiler la Shoah aux « foïbes » par la loi.
    S’adressant à George Soros, l’antisémitisme de Meloni et de ses colistiers éclate au grand jour, le traitant de Juif usurier, une fierté, assène-t-elle, pour les Fratelli d’Italie de ne pas avoir l’argent des usuriers, « notre force, c’est le peuple italien ».
    Des faux amis, Israël en a beaucoup et Giorgia Meloni en est une.
    Dans le passé n’a-t-elle pas fait l’éloge des ennemis jurés d’Israël : l’Iran des ayatollahs, les terroristes du Hezbollah, de Bashar Assad ?
    N’avait-elle également critiqué Israël pour un « massacre d’enfants à Gaza » en 2014 ?
    D’où vient donc pour Meloni tout son intérêt pour Israël ?
    Elle a déclaré à un quotidien israélien qu’elle prévoyait de retourner prochainement dans le pays, espérant se concentrer sur des collaborations bilatérales, à commencer par celles pour l’approvisionnement en gaz naturel à travers la Méditerranée orientale.
    Je reviens au début de mon commentaire, à la vulnérabilité de la démocratie et à sa dérive fasciste lorsqu’elle n’est pas défendue. Deux grands témoins de notre temps nous donnent la voie à suivre : l’Ukraine et Israël.
    Tous les deux combattent pour sauver leur pays et leur démocratie contre les attaques du fascisme