Après quinze semaines, la mobilisation contre la réforme judiciaire demeure très puissante. La société civile israélienne vient de marquer un point important pour préserver un cadre démocratique avec le report temporaire de l’adoption de lois mettant fin à l’indépendance de la Cour Suprême. Important, mais pas décisif. Sur la forme, rien ne dit qu’un compromis acceptable soit trouvé avec l’opposition. Sur le fond, endiguer la menace de cette alliance entre religieux, extrême droite et partis de droite est une affaire durable. La volonté du ministre de la Sécurité intérieure Ben Gvir, un extrémiste récusé par l’armée, d’établir une Garde Nationale sous ses ordres, est une nouvelle menace pour la cohésion de la nation. Et ce alors que les tensions sécuritaires vont grandissantes à l’extérieur et à l’intérieur du pays.
Garder une justice indépendante est indispensable, mais loin d’être suffisant. D’autres défis sont à relever.
S’attaquer à la pauvreté est un préalable pour bousculer les clivages actuels. En effet, les classes aisées votent à gauche ou au centre, tandis que les classes populaires donnent leurs suffrages aux partis religieux, ultra-nationalistes ou de droite. Les secteurs déshérités n’apparaissent pas comme une préoccupation centrale des partis démocratiques. La coalition gouvernementale qualifie de privilégiés les opposants à la réforme judiciaire. Le paradoxe est que depuis ses nombreuses années de pouvoir, Netanyahou a toujours mené une politique ultra-libérale. Ses nouveaux alliés extrémistes Smotrich et Ben Gvir ont les mêmes convictions économiques.
Selon le récent rapport de Latet, une ONG majeure dans le domaine social, près de 2.7 millions de personnes vivent dans la pauvreté. Beaucoup connaissent l’insécurité alimentaire. Les plus âgés sont particulièrement limités dans l’accès aux soins. Pour certains enfants, les frais de scolarité ne sont pas couverts par l’aide sociale. C’est parmi les juifs orthodoxes, les Arabes, les chefs de familles monoparentales, les chômeurs, les accidentés de la vie, les anciens de plus de 70 ans, que se comptent le plus de personnes nécessiteuses. Les villes périphériques et les agglomérations de peuplement concentrent ces difficultés.
La crise du logement est chronique en Israël. L’accès à l’habitat que ce soit en location ou à l’achat est hors de portée des jeunes et de beaucoup de leurs ainés. Le mouvement des tentes de 2011, qui avait couvert les centres-villes du pays de campements afin d’exiger des logements, a mobilisé des centaines de milliers de personnes. Il s’est enlisé par les manœuvres de Netanyahou, déjà, sans aucune réforme des dispositifs gouvernementaux.
La persévérance d’une figure de la promotion sociale, Elie Alalouf, né au Maroc, avait permis la création d’un comité interministériel de lutte contre la pauvreté, qui avait conduit à des propositions d’action. Il vient d’être réactivé par le Shas, parti religieux dominé par les Séfarades. Des mesures sociales sont dans les tuyaux concernant des exemptions de taxes municipales, l’encadrement des prix du gaz, de l’électricité. Même si le social ne peut pas tout en politique, et qu’il est aussi une question de principe, rappelons que les élections à la Knesset, se sont jouées à 30.000 voix entre les deux coalitions.
Les inégalités économiques flagrantes peuvent devenir un problème de sécurité nationale. Plus de la moitié des soldats isolés de Tsahal ont demandé une aide financière en raison de leur endettement.
Les populistes partout dans le monde, mettent en avant la question de l’identité. Ceux de Jérusalem, accusent leurs opposants d’être « anti-Israël ». La nuée de drapeaux qui recouvre chaque manifestation répond à cette accusation infâmante. Cette réaction spontanée des manifestants traduit bien que la défense du pays et de ses valeurs sont intimement liées. La réappropriation des couleurs et de l’hymne national par l’opposition, constituent un changement notable dans la vie politique.
Le patriotisme, l’identité, sont des terrains et des enjeux pour la reconquête des classes populaires. Il est ironique de constater que sur l’ensemble des députés progouvernementaux seul un tiers a accompli son devoir militaire. Mais il n’empêche que la désinformation inlassable sur les réseaux sociaux des ultras est prégnante. Une soldate, d’une famille de gauche, observe, estomaquée, le niveau d’ignorance de ses camarades prétendant que « Yitzhak Rabin voulait vendre le pays, c’est pourquoi il a été tué».
Les débats passionnés sur le rôle de la Cour Suprême renvoie à l’absence de Constitution. L’élaboration de celle-ci obligerait à déterminer la forme de l’État, à organiser les institutions et à préciser les règles de production des normes. Elle définirait l’identité et la souveraineté du pays.
Reste encore, selon les mots de Denis Charbit, à « concevoir un rapport moins tendu avec la tradition religieuse, sans rien céder sur le droit des femmes et des minorités sexuelles ». Le secteur ultraorthodoxe ne peut rester imperméable aux transformations de la société. L’augmentation du nombre d’étudiants issus de ce milieu dans l’enseignement supérieur, l’accès au baccalauréat de filles qui atteint 60%, l’utilisation grandissante d’internet et du smartphone vont modifier les mentalités. Les nouvelles générations ne manqueront pas de s’interroger sur leur place et leur appartenance à une même nation que les laïcs.
Rétablir la paix intérieure est un objectif, réouvrir un chemin vers la paix avec les Palestiniens en est un autre. Comprendre que, à terme, l’un ne peut aller sans l’autre, est essentiel.
Jacky Mamou, médecin, militant associatif
Jusqu’ici, nous n’avons pas de raison de dénier à la Chine son aspiration à la paix. Entendu. Mais à quelle sauce « hey peace hey » le grand chef Xi va-t-il nous déchiqueter ?
Quand Prigojine formule le vœu impie de mettre fin à la guerre, les tressautements de joie du perdreau de l’année peinent à se communiquer à la colombe de cette paix apoplectique. L’inextinguible quêteuse d’espérance n’a nul besoin qu’on lui fasse un dessin. Elle l’a vu venir à cent kilomètres, le rayeur de parquet, avec cette montée d’exaspération préméditée, ce bouillant appel à recourir à des modes opératoires plus radicaux, ce sens du timing aussi vulgaire qu’assassin, autant de traits de caractère d’un détrôneur de tyran reconnaissables entre mille.
L’empire du Milieu se rêve en pacificateur. On aurait pu en dire autant du Congrès islamique mondial. Tout djihadiste nourrit l’ambition d’instaurer mille ans de paix dans l’islam. Pour une République populaire, il n’existe pas de paix durable en dehors de la conversion planétaire spontanée ou forcée. La normalisation des relations diplomatiques entre l’hyperpuissance potente chinoise et l’épatant potentiel ukrainien doit impérativement s’interpréter à l’aune de ce principe universel. Aussi la Chine fera-t-elle tout ce qui est en son pouvoir pour réveiller les instincts pavloviens d’un peuple dont elle espère exploiter sept décades d’endoctrinement idéologique Mao-compatible qui, blague essentialiste à part, ne s’effacent pas d’un claquement de doigts.
D’aucuns diront que c’est de bonne guerre. Une guerre qui n’a jamais été aussi hybride que sous son masque pacifique. Une guerre que nous, le camp de la démocratie, le camp des droits, le camp de la liberté, de l’individualité, de l’altérité, de la pluralité, ne laisserons jamais gagner aux civilisations qui cherchent à briser la résistance internationale à la servitude volontaire.
La bataille politico-économique s’annonce rude. Elle avait commencé bien avant l’invasion pseudo-néoconservatrice de février 2014. Elle nous poursuit de ses cris inaudibles. Qu’on se le dise, avant même que l’inexorable défaite russe n’ait été actée, lorsqu’il s’agira de préserver le droit d’un peuple à choisir librement ses alliés politiques, économiques ou militaires sans pour autant s’interdire de nouer des relations interétatiques avec d’autres puissances et ce dans l’intérêt du Suprapeuple, dans ce contexte, Sir Jinping, comptez sur nous ! nous ne retiendrons pas nos coups de maître.
Cher Jacky Mamou,
Je suis très surpris par beaucoup de vos assertions, voulez-vous faire dans le politiquement correct ?
Voici quelques perles
1/ D’où sortez vous ces 30000 voix d’écart ? C’est typiquement une affirmation à l’esbrouffe
2/ L’établissement d’une garde nationale sous la tutelle du Ministre de la Sécurité Intérieure était une décision prise par le gouvernement Benett, et cette garde nationale devait être placée sous la tutelle du Ministre de l’Intérieur Bar Lev qui était gauche gauche. Est-ce que quald la tutelle est à gauche, on ne commente pas ? C’est injuste
3/ Quant à la nuée de drapeaux israeliens, je vous rappelle que lors des toutes premières manifs, les drapeaux palestiniens et LGBTQ+ dominaient dans cette horde. Suite aux recommandations venues des US ( JStreet, Soros and Co.) ils ont décidé de ne mettre que des drapeaux israeliens. Dont acte
4/ Votre affirmation que seulement 1/3 des membres de la coalition actuelle ont fait leur service militaire, c’est totalement faux, c’est ce qu’on appelle du Lachon, puisque sur les 64 députésniss ont fait, 47 ont fait l’armée. Consultez leurs pages sur le site de la Knesset.
Comme l’avait rappelé le Grand Rabbin Chlomo Amar lors d’un débat avec Lapid « Cher Monsieur quand j’étais moi sur le front, vous étiez bien au chaud à la Radio Galei Tsahal » Ce genre d’assertion est dégueulasse et typiquement populiste.
Un esprit de compétition nous rapproche autant qu’il nous éloigne les uns des autres, nous incitant parfois à nous complaire en nous voyant courir à notre perte. Après avoir relayé la propagande sovietsariste quatorze mois durant, quasiment H/24, élisant Kiev comme Élysée hypérionique d’un Occident en voie d’extinction imminente et par là même contraint d’anticiper le pire, pour ne pas dire programmer et la mort et la résurrection d’une civilisation abasourdie par la stupeur prétraumatique lui étant survenue suite à un Blitz nucléaire qui l’aurait effacée en quinze secondes des cartes géographiques d’un improbable scénar de série Z, après que l’assassin Evguéni « Gandhi » Prigojine eut commencé de pondre dans nos têtes l’embryon métempsycotique d’un Marwan « Mandela » Barghoutine face auquel nous nous surprendrions à regretter Vladimir « Hitlérovitch » Poutine, après le Déluge, dis-je, on dresse dans les décombres un Conseil national de fortune, le premier conseil de classe du Néonouveau Monde, au cours duquel on règle son compte à l’élève-chef de l’État, lequel produit nomade de la superélite mondialisée se fourrerait le doigt dans l’œil jusqu’au coude en croyant faire avaler à son peuple martyr que le second quinquennat se voit offrir une occasion rêvée de mettre les gaz afin d’ouvrir les grands chantiers de rénovation que la réforme du système de retraite a rendus non seulement indispensables, mais inévitables.
Notre impréparation aurait pu nous coûter vraiment cher si notre horrible économie mondialisée n’avait pas débloqué des fonds d’urgence et assuré une relative liberté de circulation des biens de première nécessité pour empêcher que les mécanismes de destruction cellulaire d’une arme bactériologique sénilicide ou, plus terrible encore, l’instauration épidémique du règne de la violence illégitime qu’engendrerait l’immonde Nébuleuse des damnateurs de la Terre, ne parvinssent à étancher notre inavouable soif de FIN. Confiez un système libéral à des irresponsables et vous condamnerez les meilleurs d’entre vous à risquer leur peau dans la naïve perspective de faire barrage au front irrépublicain qu’auront su ériger sans mal nos bas instincts de soi-disant survie, toutes classes confondues.
Rassembler ses énergies progressistes est un réflexe résidant au siège de l’instinct de conservation d’un être doué de raison. La liberté des uns de faire prévaloir les intérêts stratégiques souverains de leur Nation s’arrête là au commence celle des autres. Elle n’en est pas moins un principe cardinal du droit international. Aucune Ukraine ne sortirait gagnante d’une décadence précoce de cette hyperpuissance occidentale que continue de propulser, au cœur de la ténèbre, le grand mât des Lumières. Rendre à la France son rang dans le concert des nations est une priorité qui ne s’est jamais fait ressentir aussi intensément qu’au-devant des désordres infimes et colossaux que se sont résignés à déclencher les perdants de la mondialisation contre un ordre international, et partant contre eux-mêmes.
Un président pourrait envisager d’être un grand bâtisseur si le principal leader de l’opposition et la possibilité d’une véritable alternance que celui-ci ferait entrevoir à son électorat, était comme lui un gardien de l’ordre républicain et non pas le chef du gouvernement en exil intérieur d’une révolution nationale ou internationale. Certes, on ne réforme pas sans le consentement du peuple, aussi qui à l’avenir aura-t-il encore les mains libres pour accéder aux aspirations d’une majorité, même relative, sous les cieux colériques de cette démocratie fière de son hyperactivisme comme peut l’être une opposition lorsqu’elle arrache la couronne à Dieu le père de la Nation et se proclame elle-même Sa Majesté, le peuple bébé ?
Macron n’est pas la cause mais bien plutôt l’effet d’une crise tectonisée qui ne procède que pour partie de nos institutions. Que notre peuple-roi balaie devant les portes de son palais ! C’est lui qui, ne souffrant plus le pluralisme interne aux partis, fit imploser ce bipartisme républicain dont les frondeurs, à gauche comme à droite, partageaient la perception que les extrêmes avaient du centre ou droit ou gauche. C’est lui qui confirmerait sa volonté de toujours tout renverser sans surtout jamais rien ébranler, alors même qu’il choisirait de ne pas décélérer après qu’il eut réussi à opérer le dépassement du vieux clivage droite-gauche.
S’il ne sait pas ce qu’il veut, le bouillonnant et néanmoins tempérable creuset écartelé de la démocratie à la française n’ignore pas ce qu’il refuse de renouveler. Avant d’avoir dépoussiéré le pluralisme républicain, il aura à cœur d’en préserver l’héritage héroïque sous peine de basculer dans une inconnue populiste dont nos antiques éclaireurs italiens eurent la délicatesse de lui en indiquer l’impasse.
Macron n’est pas en cohabitation dès lors que les Français ne l’ont pas entravé d’une majorité alternative. Il pourrait gouverner avec la droite républicaine si la matrice de la Cinquième prenait le risque de recomposer avec les doléances du réel. Participer d’une majorité plurielle, ce n’est pas fusionner, ce n’est pas se dissoudre. Toute majorité est un être composite constitué de forces aux sensibilités marquées, bien que vouées à converger autour de valeurs communes ; sur ce point, ce ne sont pas les bébés UMP ni moins encore les réformistes irréductibles de la deuxième gauche qui me contrediront.
Le score des dernières législatives aurait pu inciter le Réélu à saboter la Constitution pour renouer avec la proportionnelle absolue. Si l’électeur déçu se sent prêt à réitérer les mêmes erreurs qui furent déjà détectées par ses parâtres fondateurs, qu’il se lève et Nous pousse dans le ravin ! Si le peuple de France n’est pas d’accord pour qu’on le prenne en otage en agitant l’épouvantail des extrêmes, qu’il appelle ses représentants à poursuivre la bonne correction qui devrait s’imposer à un système imparfait et toutefois supérieur à tout autre en tant qu’il demeure indéfiniment perfectible.
Les gouvernements de coalition requièrent une culture politique ne pouvant naître que d’un esprit de compromis rompu à la discipline civile, d’une recherche du plus grand dénominateur commun qui n’est pas forcément étrangère à notre histoire de Gaulois réfractaires. Efforçons-nous de nous rappeler (à) l’œuvre qui nous a refondus pour mieux nous refonder.
La Convention ou Les Républicains auraient tout à fait leur place au sein d’une majorité présidentielle qui, ne s’encombrant pas de la responsabilité d’assurer la réélection d’un candidat naturel, ne se laisserait pas tyranniser par la volonté pseudo-divine d’étouffer leur identité singulière. Ces forces survivantes, vitales pour une démocratie sociale et libérale, coconstruiraient des projets ambitieux sans que rien les empêche de présenter chacune, après quatre années de mise à l’épreuve continue, un candidat à la fonction suprême en fixant au pays, d’ici à 2027 : heurt de vérité s’il en est, un nouveau cap correspondant à leurs couleurs respectives aussi juxtaposables que mélangeables.