Orpheline à 11 ans, pupille de la Nation, boursière, Elisabeth Borne se réfugie dans les sciences et les mathématiques à la mort de son père. Elle trouve dans les maths « quelque chose d’assez rassurant, d’assez rationnel ».
Une manière pour elle de se reconstruire, de se construire. Suivent neuf années de travail, d’efforts, d’abnégation, de volonté. En 1981, à 20 ans, elle est reçue à Polytechnique et parallèlement major à l’Ecole normale supérieure. Elle choisit d’intégrer l’X. Sans doute en mémoire de son père résistant. Ce jour-là, sa mère accueille la réussite de sa fille en pleurant en disant que son mari aurait été « si fier ».
« Quand on a un parcours de vie difficile, expliquera Elisabeth Borne le 19 mai aux Mureaux devant les membres d’associations et du conseil municipal des jeunes de la ville, ce qui est mon cas, et qu’il vous arrive des évènements pas très agréables dans votre vie personnelle, les sciences et les choses logiques ont un côté rassurant. Cela m’a attiré. En m’accrochant, j’ai intégré une école. Cela m’a été bien utile car j’étais payée par cette école, Polytechnique, et cela m’a permis de payer mes études ». Au centre de ce premier déplacement de Première ministre, le thème de l’égalité des chances choisi par Elisabeth Borne pour donner de l’espoir aux jeunes et singulièrement aux filles n’osant pas « aller au bout de leurs rêves ». Un déplacement qui la renvoie aussi quelque part à sa jeunesse fracassée.
En 1978, BAC scientifique en poche, bien qu’acceptée en Math sup à Louis Le Grand, le lycée des élites, la voie royale pour intégrer les grandes écoles scientifiques, la jeune Elisabeth choisit Jeanson de Sailly. A l’ambiance de la jungle sans solidarité entre les élèves du premier, elle préfère celle plus humaine du second. Un choix sans doute dû au double héritage familial paternel et maternel. Des deux côtés, on a en effet toujours cherché à « faire quelque chose d’utile pour les autres ». Joseph le père d’Elisabeth rejoint ainsi la résistance à 16 ans. Il écrira alors à son père Zelig, le grand-père d’Elisabeth : « Papa, si nous ne faisons pas ce qu’on nous demande de faire, qui le fera ? ». Résistant en tant que membre de l’Organisation juive de combat ou Armée juive (une organisation de résistance créée en 1942 à Toulouse par Abraham Polonski, qui permet le passage en Espagne de centaines de Juifs, qui en fournit d’autres en faux-papiers et qui participe aux combats de la Libération), il est chargé d’avril 1943 au 20 décembre 1943 de convoyer des jeunes de Grenoble vers le maquis de Biques.
Côté maternel aussi, il s’agit de faire quelque chose d’utile pour les autres. Son grand-père maternel Marcel Lescène fut le maire et le conseiller général de la commune de Livarot (Calvados). Et c’est d’ailleurs au centre de ce pays d’Auge, berceau donc de la famille de sa mère Marguerite, qu’Elisabeth Borne décide, en ce mois de juin 2022, de se porter candidate aux législatives.
Pur produit de la méritocratie républicaine, à la sortie de l’X et de l’Ecole nationale des Ponts et chaussées, elle se met au service de la France, de sa France. Une carrière de haute fonctionnaire dans des entreprises publiques, les cabinets ministériels et la préfectorale. Jusqu’à devenir ministre puis Première ministre. La seconde femme à Matignon de la 5èmeRépublique 30 ans après Edith Cresson.
Mais derrière cette enfant de la République, se cache aussi une enfant de la Shoah. Un passé, des racines, un destin familial dont elle parle peu mais qu’elle garde en mémoire, au plus profond d’elle. A Agnès Buzyn, fille comme elle d’un rescapé de la Shoah, elle dit un jour : « tu sais mon nom c’est Bornstein ». Son père avait choisi celui de Borne, son nom de résistance à son retour d’Auschwitz. Tout simplement parce que comme beaucoup de déportés, il a peur que ça recommence. Il s’agit de préserver les siens et d’une famille qu’il entend créer. Ce jour de 2018 où Borne fait cette confidence à Buzyn, ni l’une, ni l’autre ne parlera de la Shoah. Elles savent désormais qu’elles ont les mêmes racines, le même destin familial mais, même entre elles, ces deux filles de déportés éprouvent une certaine gêne à évoquer un passé familial douloureux. « C’est une communauté qui est la mienne » confiera Elisabeth Borne le 23 juin 2021 à l’antenne de Radio J. Allusion aux origines juives de son père Joseph Bornstein (né le 02 mai 1925 à Anvers en Belgique) déporté avec son père Zelig (né à Lukow en Pologne) et ses deux frères Isaac et Albert par le convoi 66 parti de Drancy à destination d’Auschwitz le 20 janvier 1944 et arrêtés le 25 décembre 1943 suite à une dénonciation. Ils deviendront amis à Auschwitz avec Alfred Nakache, le « nageur d’Auschwitz ». Léon, le troisième frère ayant été déporté quelques mois plus tôt par le convoi 51 à destination de Sobibor où il sera pendu.
Isaac Borne, l’oncle de la nouvelle Première ministre a d’ailleurs raconté son histoire et celle de sa famille le 6 juin 2006 dans un long entretien réalisé par Catherine Bernstein pour la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et l’Ina.
Il y revient sur le parcours de ses parents depuis la Pologne qui les conduira à Anvers où son père devient diamantaire (plus précisément cliveur de diamants). Chez les Bornstein, on parle le yiddish, le français, le flamand et aussi l’hébreu. Nous sommes au début des années 20. Zelig Borne, le grand-père de la Première ministre a alors le projet de partir en Israël, de faire son « alyah ». Avec à la clé un projet professionnel : l’installation d’une usine de diamants à Netanya. Un projet qui n’ira pas à son terme. En 1940, les Bornstein quittent la Belgique pour la France d’où ils seront déportés. Seuls Joseph et Isaac rentreront de déportation. Arrivé à la gare d’Orsay fin avril 1945, les deux frères Joseph et Isaac sont accueillis par deux jeunes filles impliquées dans l’accueil des déportés. Marguerite Lescène l’une de ces deux jeunes filles deviendra la femme de Joseph Borne en 1958.
Plus les années passent, plus le père d’Elisabeth Borne est rattrapé par les fantômes d’Auschwitz, ceux de son père Zelig, de ses frères Albert et Léon exterminés par les nazis, rattrapé aussi par le traumatisme de la « Marche de la mort », de « Nuit et Brouillard » (en allemand « Nacht und Nebel »).
Joseph se couche à l’aube et vit à un rythme décalé. Il est hanté par la Shoah. Il essaye de résoudre ses problèmes par la psychanalyse. En 1969, le psychanalyste le lâche en lui demandant d’aller voir l’un de ses collègues. Trois ans plus tard, Joseph Borne se suicide. Un destin à la Primo Levi. Comme l’auteur de « Si c’est un homme », il avait tenté de renouer avec la vie après son retour de déportation. Mais en vain. Un parcours, un destin, une mémoire qu’Elisabeth garde en elle et lui sert peut-être de guide. Auprès de Libération, n’avait-elle pas expliqué avoir ressenti une certaine émotion quand, préfète, elle avait remis pour la première fois à un citoyen son décret de naturalisation. « Que moi, la fille de ce réfugié apatride, qui n’a été français qu’en 1950, j’accomplisse ce geste, cela disait quelque chose sur l’intégration ».
Frédéric Haziza, chef du service politique de Radio J, animateur du « Forum Radio J » et des « Enfants de la République »
Renseignez-vous avant d’écrire des bêtises : Elisabeth Borne se présente dans la circonscription n°6 du Calvados, celle de Vire (ancien fief d’Olivier Stirn, centriste de droite bien connu d’ailleurs pour la stabilité de ses convictions…), et non celle de Livarot. C’est là où elle le plus de chance de se faire élire, c’est tout… C’est ce qu’on appelle un parachutage en bonne et due forme, pas une option type « héritage familial »…
Face aux attaques diverses et invariables d’anti-Lumières auxquelles leur progression en algue verte confère un sentiment de toute-puissance moins redoutable qu’il n’y paraît, j’encourage mes alliés à suivre le vent de recomposition macronien en unissant tous les esprits qui ont toujours été au clair avec ces principes irréductibles qui fondent la République française.
L’heure n’est plus à l’agitation du chiffon tricolore, chers élus de nos cœurs, mais au ressaisissement, à la préservation, et à la transcendance partisane.
Aussi notre amour pour les acquis civilisationnels intransigibles conditionnant les libertés fondamentales qui restent nôtres autant que nous les sommes, est-il borné par tout ce qui, en poussant ces dernières vers des champs de rebours où l’Histoire qui appartient à tous, donc à personne, a mille fois démontré qu’elles ne pouvaient que dépérir, ne serait qu’une falsification de la France libre.
C’est pourquoi chaque fois que le gouvernement Élisabeth Borne sera dans les clous, je demande au métaparti des universalistes et de gauche et de droite, de voter les lois qu’il présentera à l’Assemblée du peuple citoyen.
Je n’en attends pas moins de la part d’un réacteur de Résistance qui réussit, en d’autres temps, à faire du monarchiste Charles de Gaulle le meilleur défenseur d’une certaine idée de la France qu’avaient lâchée nombre de hussards noirs en cours de déroute.
Pour nous aussi, Monsieur le Président, « le fil rouge, c’est celui du progrès pour notre pays et nos compatriotes, de servir notre devise, de liberté, d’égalité, de fraternité mais aussi de laïcité » or, sachant qu’il est possible de progresser vers tout et son contraire, nous veillerons Ensemble à ne pas nous échouer sur le rivage d’une Cinquième République enlisée dans les sables mouvants du jihâd tout terrain et à ce que cette glorieuse et valeureuse laïcité à la française ne soit pas détournée de son axe béni par les garants d’une liberté de culte profitant aussi bien aux citoyens éclairés qu’aux incultes adeptes d’un culte intégriste ou aux gentils petits erdoganistes jouant la carte de l’assimilation pour mener leurs préparatifs de guerre incognito.