Le gymnaste Artem Dolgopyat a apporté une médaille d’Or historique à Israël. Il a d’ailleurs été accueilli le 3 août comme le héros qu’il est à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv en provenance de Tokyo. Mais voilà, de père juif et de mère non juive, et bien qu’ayant bénéficié à ce titre de la loi du Retour, les autorités rabbiniques refusent de lui accorder la possibilité de se marier avec celle qu’il aime et avec laquelle il partage la vie depuis 3 ans. 

Israël est traversé depuis des années par des débats et des polémiques autour du principe du mariage civil. Les rabbins et les partis religieux n’en veulent pas. Benjamin Netanyahu s’est refusé à le mettre en place par crainte de faire tomber sa coalition avec les partis ultra-orthodoxes. 

Le cas du champion olympique Dolgopyat est emblématique d’une société israélienne au sein de laquelle les partis ultra-orthodoxes verrouillent tout depuis des années. Des partis et des autorités rabbiniques qui imposent leurs choix aussi bien sur la définition de la judéité, sur la loi du retour ou sur la cacherout. 

Le refus de permettre aux magasins s’ouvrir le Shabath c’est eux. Le refus de permettre aux transports publics de circuler le Shabath c’est eux. La fermeture des aéroports israéliens le Shabath c’est eux. Et donc le refus du mariage civil c’est encore eux. 

Leur objectif : bloquer la separation entre la synaguogue et l’Etat au nom de la Torah et autour d’un diktat qu’ils imposent aux autres formations politiques. C’est ainsi qu’un courant religieux a pu devenir une force politique en se plaçant délibérément au dessus des lois du pays. Un exemple ? Dans certaines unités militaires, pour les élèves des écoles orthodoxes, on se pose la question : qui écouter en premier? l’officier ou le maître rabbin ? 

Dans ce contexte d’emprise des partis religieux sur la société israélienne, et même si Artem Dolgopyat n’avait pas fièrement représenté Israël aux JO de Tokyo, la situation imposée par les rabbins au médaillé d’Or olympique de Tokyo est intolérable et scandaleuse. Car elle renvoie à la situation de nombreux Israéliens qui, de confession juive mais nés à l’étranger, notamment en Russie ou dans les pays de l’ex-empire soviétique, se voient refuser l’accès au mariage par les autorités rabbiniques. 

On chiffre en Israël à 460.000 le nombre de citoyens concernés par ces oukases rabbiniques ; presque un tiers du million deux cent mille citoyens de l’ex-empire soviétique ayant choisi de faire leur alya pour, le plus souvent, fuir l’antisémitisme ! Près de 5.000 d’entre eux choisissent, chaque année, de se marier civilement à Chypre, pays à moins d’une heure d’avion d’Israël pour éviter le contrôle du grand rabbinat d’Israël. Avec le côté rocambolesque de la chose : le mariage civil chypriote est ensuite reconnu par les autorités israéliennes.

A la suite de la controverse autour du cas du médaillé d’or olympique de gymnastique Artem Dolgopyat, un sondage a été réalisé par Rafi Smith Institute et rendu public dimanche dans la presse israélienne. Il indique que 65 % des israéliens soutiennent l’introduction du mariage civil dans l’État juif. Une enquête qui montre aussi que le soutien au mariage civil varie considérablement selon l’orientation politique, avec 100 % des électeurs des partis ultra-orthodoxes s’y opposant et 98 à 100 % des sympathisants des partis laïcs Meretz et Yesh Atid, le parti du Premier ministre d’alternance et ministre des Affaires étrangères Yaïr Lapid, le soutenant. Les partis dont les électeurs sont le plus divisés sont le Likoud (58% pour le mariage civil, 42% contre) et Yamina, le parti du Premier ministre Naftali Bennet (62% pour, 38% contre).

Le numéro 2 du gouvernement israélien Yaïr Lapid et son collègue des Finances Avigdor Lieberman souhaitent mettre fin à la mainmise des partis religieux sur la société israélienne. Ils ont raison. 

Un commentaire

  1. Mais oui Yaïr Lapid et Avigdor Lieberman ont raison ! Il est grand temps de mettre fin à la dictature des religieux orthodoxes en Israël !