En pleine promotion de son ouvrage La France n’a pas dit son dernier mot, qui sort en septembre 2021, Eric Zemmour a évoqué ses sujets de prédilection, face à Laurent Ruquier et Léa Salamé, sur France 2, (12 septembre 2021). Mais, lors de l’émission, Léa Salamé a notamment lu un passage du nouvel ouvrage de son invité, évoquant l’attentat antisémite de l’école Ozar Hatorah de Toulouse en 2012 et l’enterrement du terroriste et des victimes. Ce passage lu à l’antenne se trouve en page 151 et 152 de son prochain ouvrage. Nous proposons ici d’analyser son propos.

Dans un texte intitulé « La terre et les morts », daté du 22 mars 2012, qu’il reproduit dans cet ouvrage, le polémiste Eric Zemmour explique : « ce n’est pas le massacre des innocents qui me donne le plus à réfléchir ; ni la balle dans la tête d’un enfant tirée à bout portant parce que juive ; ni les meurtres de musulmans « apostats » parce que sous l’uniforme français ; ni même le choix de la date d’anniversaire des accords d’Evian pour son errance criminelle. Mohammed Merah a soigné la symbolique comme le parfait metteur en scène d’un film qui s’intitulerait La Revanche de l’islam. »

Ce premier passage mérite d’être commenté. Commençons donc par le titre même de l’article.

Le polémiste ne l’a pas choisi au hasard, loin s’en faut. Il empreinte carrément au célèbre discours de la figure de proue du nationalisme français, Maurice Barrès, le 10 mars 1899, à la Ligue de la patrie française (fondée en réaction à la création de la Ligue des droits de l’Homme). Dans ce discours intitulé La Terre et les Morts, Maurice Barrès revient sur la nécessité de « restituer à la France une unité morale, de créer ce qui nous manque depuis la révolution : une conscience nationale ». Maurice Barrès exalte là l’attachement aux racines, à la famille, à l’armée et à la terre natale. Dans une certaine mesure et comme Barrès, Eric Zemmour déploie des trésors d’ingéniosité pour dénoncer le démembrement de notre pays, son délitement, l’abandon de la Nation ou du peuple français et les motifs d’une défense de l’identité nationale. Là, Zemmour ne fait pas qu’emprunter un titre, il rappelle son référentiel de base. Mais, dans cet extrait, il mélange habilement des faits complexes (meurtre d’une enfant parce que juive, meurtre de musulmans ayant pu servir dans l’armée française, les accords d’Evian…), par ailleurs bien éloignés dans le temps, pour choisir de mettre l’accent sur le seul Mohammed Merah.  

Dans les lignes qui suivent, Eric Zemmour – qui décidément aime comparer des situations qui ne peuvent être comparées – évoque pêlemêle les massacres de septembre 1792 en faisant référence au volume 4 de l’Histoire de la révolution française de Michelet ; les exécutions de masse dans l’armée allemande sur le front de l’Est et les citoyens Romains qui ne veulent plus se battre dans l’armée de l’Empire. Mais, s’il évoque les citoyens Romains qui ne veulent donc plus se battre, il ajoute aussitôt qu’ils seront remplacés par les Barbares, qui finiront pas les « spolier » et les « égorger ». C’est là une particularité que d’expliquer directement ou indirectement que le déclin éventuel de notre pays, toutes reculades, débandades, doutes et/ou renoncements se paieraient par l’envahissement (par des étrangers), la déchéance, le délitement. Et de conclure : « Nous sommes les Romains de la décadence ou les aristocrates de la Révolution, et Mohammed Merah et ses pareils sont les Barbares et les sans-culottes de notre temps. »

Ce paragraphe lui permet d’enchaîner aussitôt. Je le cite : « La famille de Mohammed Merah, a demandé à l’enterrer sur la terre de ses ancêtres en Algérie. On a su aussi que les enfants juifs assassinés devant leur école confessionnelle de Toulouse, seraient, eux, enterrés en Israël. Les anthropologues nous ont enseigné qu’on était du pays où on est enterré. » Et, pour illustrer son propos et poursuivre dans sa démonstration, Eric Zemmour ne trouve rien de moins que de citer une tirade tirée d’un film de Georges Lautner, avec Lino Ventura, Bernard Blier, Jean Lefebvre et Francis Blanche (1963), « Les tontons flingueurs ».

Que dit-il à ce sujet ? « Je me souviens de la tirade hilarante du chef mafieux dans les Tontons flingueurs : « L’Amérique, c’est bien pour y faire de la garbure ou à la rigueur pour y vivre, mais pour ce que c’est de laisser ses os, il n’y a que la France. » Et d’enchaîner aussitôt en une phrase assez longue qui lui permet de préciser sa pensée et de marteler son message habituel : « Assassins ou innocents, bourreaux ou victimes, ennemis ou amis, ils voulaient bien vivre en France, « faire de la garbure » ou autre chose, mais pour ce qui est de laisser leurs os, ils ne choisissaient surtout pas la France. Étrangers avant tout et voulant le rester par-delà la mort. » 

Par l’utilisation de raccourcis faciles, d’un simplisme à l’excès et en instrumentalisant une réplique fameuse d’un film, il veut souligner que les étrangers profiteraient exploiteront dans ce pays tout ce qu’ils y trouveront, mais qu’ils n’en resteront pas moins des étrangers. Car, les étrangers choisissent de se faire enterrer dans leur pays. Voilà la pierre angulaire de cet article.

Mais, ce qu’il y a de plus insupportable dans cette incroyable bouillie, c’est la comparaison ignominieuse qu’il fait entre l’enterrement de Mohammed Merah (le terroriste) d’une part et l’enterrement de ses propres victimes, les mettant in fine sur le même plan. Si dans son texte, il fait référence à cette enfant assassinée par une balle dans la tête, parce que juive, il en revient très vite à ses vieux démons. Parce qu’il exploite l’enterrement qui a eu lieu dans des pays étrangers, comme étant la preuve de leur propre déracinement. Ces enfants ont été enterrés à l’étranger, telle est sa cruelle conclusion. Mais, elle est lourde de conséquences. Son lectorat saura s’y retrouver. Il en aura pour son argent.

C’est là une particularité chez Zemmour, jeter en pâture, comparer l’incomparable, exploiter et instrumentaliser l’histoire aux seules fins de ses passions chauvines et nationalistes. Il oublie ce faisant qu’il faut respecter les volontés qui ont été faites par les familles des victimes qui ont été endeuillées, meurtries, anéanties. Elles n’ont pas à se justifier et je ne le ferai pas à leur place. Ce serait tellement indécent. Se justifier ? Ne serait-ce pas faire le jeu de son ignominie ?

Permettez-moi juste de nommer (ce que ne fait pas Eric Zemmour dans son texte) les victimes de cet horrible attentat. Le rabbin Jonathan Sandler est mort avec ses deux fils Arieh, 5 ans, et Gabriel, 4 ans. La jeune Myriam Monsonego, 7 ans, était la fille du directeur d’Ozar-Hatorah. Elle a été assassinée également. Toute autre considération dans le texte d’Éric Zemmour s’apparente à de la basse propagande.

Un commentaire

  1. « Mais, ce qu’il y a de plus insupportable dans cette incroyable bouillie, c’est la comparaison ignominieuse qu’il fait entre l’enterrement de Mohammed Merah (le terroriste) d’une part et l’enterrement de ses propres victimes, les mettant in fine sur le même plan. »
    Oui et il a cent fois raison. La France n’est pas un hall de gare, un hôtel de passe et encore moins une auberge espagnole dans laquelle chacun des occupants portent sa propre culture dans son sac à dos. Ce n’est pas une vache à lait que l’on vient traitre jusqu’à plus soif (car tous ces étrangers qui viennent en France ne seraient pas là si elle était un pays sous-développé. C’est le pognon qu’ils viennent chercher pas son Histoire). Ce qui est insupportable ce sont les collabos de votre espèce qui, comme en 1940, préféraient un « bon Allemand » à un mauvais Français. C’est le même mécanisme intellectuel qui traverse les siècles, il y a ceux qui préfèrent les autres en sacrifiant les siens. Car quand même, après des siècles de présence en France, les descendants de ces étrangers ne se sentent pas Français ? Mais qui sont-ils ces bombes à retardement ? Qui sont ces gens qui profitent de sa générosité sans faille et qui finissent par lui cracher à la gueule ? Décidément tout le monde ne mérite pas d’être Français et certains traitres mériteraient d’être jugés et condamnés pour incitation à la haine Nationale car ils ont péchés par pensée, par action et par omission. Votre sentimentalisme mièvre et dégoulinant vous aveugle au point de pas comprendre le message qu’Eric Zemmour nous donne : Nous sommes en train de nous liquéfier par une hémorragie interne provoquée par ces pseudos intellectuelles qui nous souillent et nous pourrissent de l’intérieur. Ces monstrueux déchets idéologiques et sociétaux engendrés par ce modernisme décadent et dégénéré ne méritent qu’une chose : Le retour à l’ordre et à la hiérarchie Traditionnelle.
    Nettoyons la France. Vite !