La voix de Bernard-Henri Lévy est une des plus distinctes que l’on puisse entendre : il vit dans le présent immédiat, et il s’y confronte. Dans la lignée des rabbins du Talmud, il parle à la face de tous ceux qui cherchent et ont cherché, en même temps qu’il existe à cet instant : pas hier, pas demain, ni après-demain, mais aujourd’hui, là, maintenant, face au monde tel qu’il est, tel qu’il va. Il est sur la ligne de front, et il se retire dans la bibliothèque ; à moins que ce ne soit l’inverse. C’est pourquoi sa parole est toujours informée, par le monde dans lequel nous vivons aussi bien que par l’histoire qui nous précède. Même dans les camps de réfugiés et dans les combats, il choisit toujours une vue de plus loin, et propose des éléments au débat que personne n’avait ainsi vus par le passé. Sa voix n’est pas « distincte » simplement au sens, métaphorique, de ses « idées » : c’est aussi l’expérience auditive d’entendre sa voix en mouvement dans le rythme de son souffle. Elle vient de l’intérieur, va vers l’extérieur, comme une vague vers ses environs pour transmettre un contenu à la fois intérieur et extérieur, personnel, voire intime, et communément humain : il est les deux sans séparation, comme ses idées le sont du ton de sa voix. En une phrase : on doit toujours revenir à la perspective humaine.
Bernard-Henri Lévy participe fréquemment à Purple, par des entretiens qu’il donne, des textes qu’il écrit, des conseils qu’il prodigue : il y incarne le mandat ambitieux de l’intellectuel français. Pour la première fois, spécialement pour le Purple Diary, il lit le début de son prochain ouvrage, Ce Virus qui rend fou. Il propose des perspectives nouvelles sur l’expérience que nous avons vécue, tout autour du monde, sur ses implications politiques, médiatiques, philosophiques, humaines – avec et au-delà du COVID-19 lui-même. L’événement ne vient jamais seul : il est préparé, préludé, attendu peut-être. Il compte autant, pour la pensée, par ce qui l’entoure que par ce qu’il est.