Dans une interview à l’AFP, le philosophe et écrivain de 71 ans affirme que l’épidémie de coronavirus n’est pas une menace sanitaire sans précédent mais que la manière dont les sociétés réagissent est à la fois nouvelle et dangereuse.

Il a déclaré que la « grippe asiatique », de 1957 à 1958, et la « grippe de Hong Kong », de 1968 à 1969, ont toutes deux eu une ampleur similaire à la situation mondiale et meurtrière actuelle.

Mais, tandis que ces épidémies ont eu peu d’impact politique à l’époque et ont été rapidement oubliées, la crise d’aujourd’hui a touché la conscience collective de l’humanité et a été saisie par certains pour pousser leurs propres programmes et agendas nuisibles.

« Il y a deux raisons à cela. L’une est une bonne raison, l’autre est une raison malheureuse », a déclaré Lévy, qui s’adressera ce jeudi au forum en ligne REPOST!, animé par le think-tank franco-britannique Hexagon Society, afin de lever des fonds contre les virus.

« Nous avons fait des progrès civilisationnels. Nous évoluons dans un monde où la vie, devenue sacrée, passe en premier, ce qui n’était pas le cas il y a 50 ou 60 ans. Et cela est magnifique. Cette idée que la vie est sacrée est un progrès extraordinaire. »

« D’un autre côté, ce qui est moins heureux, c’est que le système d’information, tel qu’il fonctionne aujourd’hui, avec sa propre viralité, contribue à générer une hystérie dans la perception des choses et dans le débat. »

Lévy, qui s’est fait connaître en tant que philosophe dans les années 1970, a perdu des amis à cause de cette dernière manifestation du virus et souligne qu’il est important de suivre les recommandations des autorités de santé publique.

Il prévient cependant qu’une approche qui décrirait l’épidémie comme une attaque extérieure serait inappropriée et propice à être exploitée. 

Ayant scruté la presse parisienne et les archives publiques de l’époque de la dernière épidémie similaire, il a déclaré : « En 1968 et 1969, l’idée était que le virus était quelque chose d’horrible, mais qu’il faisait partie de la condition humaine. Ce n’était pas un agent extérieur, manipulé par des puissances étrangères et injecté dans une humanité en bonne santé… La métaphore de « mener une guerre » ne sous-entend-elle pas cela ? Elle prétend qu’il y a un ennemi étranger que nous devons éradiquer. »

Plusieurs dirigeants occidentaux tels que le président américain Donald Trump, qui se bat contre un « ennemi invisible », et – au début – le président français Emmanuel Macron ont comparé la bataille contre le coronavirus à une guerre.

Pour BHL, cela permet à des dirigeants comme le Premier ministre hongrois Viktor Orban d’exploiter la crise afin d’imposer un programme autoritaire – et à d’autres de détourner l’attention du public pour atteindre d’autres objectifs.

La Conspiration des « crétins » 

M. Lévy rejette les tentatives de débat entre les partisans des méthodes autoritaires de santé publique, tels que les confinements imposés et la surveillance renforcée, et des méthodes démocratiques soi-disant moins efficaces.

« Pour moi, sur ce point, il n’y a même pas de débat. Que Viktor Orban, en Hongrie, s’empare du virus pour imposer une réduction des droits civiques est tout simplement écœurant », a déclaré BHL.

« Et s’il y a une chose qui m’inquiète aujourd’hui ce sont toutes ces personnes – quel que soit leur camp politique – qui instrumentalisent ce virus. Lui donnent un soi-disant sens. Le reprennent pour faire avancer une cause. »

Dans ce groupe « détestable », il y a non seulement des dirigeants autoritaires, mais aussi ceux qui voient le virus comme une vengeance de la nature pour les dommages environnementaux ou encore comme un rejet des frontières ouvertes ou du système mondial de libre-échange.

« Mais non ! Le virus est stupide. Le virus est bête. Il n’envoie pas de message. Je crois que nous devrions résister à tout cela », a déclaré Levy.

« D’un côté, vous avez les banals théoriciens du complot, les crétins, qui pensent que le virus a été fabriqué dans un laboratoire. Mais vous avez également les marchands de complots plus sophistiqués, qui soutiennent que le virus a un plan, qu’il apporte un message. Il est capital de dire à ces gens : un virus n’est pas un message. Il n’a aucune intelligence. Il est aveugle. »

6 Commentaires

  1. Ce confinement est irresponsable, pour la raison très simple qu’on met l’économie à l’arrêt pendant deux mois et peut-être plus. A la sortie ça sera, non une récession mais une dépression économique. Et la conséquence inévitable d’une dépression, c’est le fascisme.

  2. PROPHYLAXIE ÉPIDÉMIOLOGIQUE & LIBERTÉS PUBLIQUES
    Afin d’adapter la règle à la situation sanitaire que connaît la France par le développement du Covid-19 et à ses conséquences sur l’organisation sociale du pays, le gouvernement français rédige un « état d’urgence sanitaire ».
    Présenté en conseil des ministres, cet état d’urgence sanitaire est décrété par le Premier-Ministre.

    Les libertés de circulation des personnes constituent en France un pan important des libertés publiques. Leurs restrictions reposaient sur une carence juridique et une carence médicale.

    S’agissant des bases médicales, elles restent exprimées par les spécialistes concernés qui justifient la prévention générale.

    S’agissant des bases légales, l’Exécutif français avise le public des conditions de déplacements et sollicite son adhésion. Par définition juridique, ces avis n’étaient pas impératifs. Ils ne peuvent l’être sans appliquer préalablement des dispositions prévues à la constitution. Les dispositions prises par l’Exécutif en la matière relève de sa volonté de stopper la propagation du virus en raison de l’importance des déplacements des personnes dans la propagation. Il s’appuie pour cela et jusqu’à présent non sur la Loi mais sur les avis des spécialistes médicaux et scientifiques.

    Quant aux fermetures des services et commerces ne présentant aucun caractère essentiel à la vie quotidienne des personnes, elles relèvent de décisions exécutives qui relèvent également des libertés publiques de libre entreprise individuelle et collective.

    Enfin, les dérives autoritaires constituent un danger prêt à s’engouffrer dans chaque faille laissée sans défense, y inclus en France.

    Devant le succès partiel des sollicitations de l’Exécutif sur le public concernant les réserves de déplacements et de promiscuité, il est décidé de procéder par décret, sur une base réglementaire générale comprenant des exceptions (hôpitaux, médecins, alimentation, etc)

    S’agissant des organisations internationales, la plupart de leurs recommandations sont partiellement appliquées, en France comme ailleurs.

    Le décret d’ « état sanitaire » intervient de façon à ce que les restrictions de regroupements, de déplacements & d’entreprises pour prévention restent dans le cadre constitutionnel. Rapelelons que ce décret doit à terme laisser la place à une Loi.

    En toutes hypothèses, les questions relevant du lien entre pathologies et exercice civique constituent une problématique à laquelle l’Humanité va devoir s’accoutumer.

    24 mars 2020

  3. 4- Les crises du Covid-19
    La France vit comme le Monde la crise virale, le Covid-19. Cette crise est sanitaire, humanitaire, hospitalière, juridique, politique administrative, gouvernementale & économique. L’argumentaire contradictoire de l’Exécutif est perturbant. Cette situation révèle la fragilité des systèmes institutionnels de natures différentes et tous supposés puissants. Elle indique, enfin, la difficulté des Exécutifs à dire vrai aux publics dont ils ont la charge et dont ils constituent par l’élection la volonté souveraine.

    La crise sanitaire indique les failles de préparation et de prévision à la vague virale. Elle était pourtant prévisible, ne serait-ce qu’en examinant les situations prévalant en Chine puis en Asie.

    La crise humanitaire est consécutive de la crise sanitaire. Elle se compose de la peur, de l’inquiétude, de l’angoisse de la part des publics subissant les difficultés et les drames sanitaires. Le niveau de préparation de l’autorité sanitaire n’a pas permis la diffusion d’éléments annonciateurs qui auraient pu préparer les populations aux comportements à adopter face à l’épreuve en marche.

    La crise hospitalière se manifeste par les carences en moyens généraux dénoncée depuis des années et ceux relatifs à l’épisode respiratoire du Covid-19. La crainte du milieu hospitalier de ne pouvoir affronter matériellement les soins à apporter aux personnes qui s’étouffent s’agrège à l’angoisse générale.
    La crise juridique apparaît à l’occasion de ces difficultés hospitalières. Puisque les moyens sont insuffisants, l’Exécutif annonce puis applique dans la rapidité une série de restrictions aux libertés publiques telles que les libertés de circulation, de travail, de services, de commerce, etc. Ces restrictions ne correspondent pas exactement -et c’est un euphémisme- au Droit constitutionnel. Elles ont été regroupées en une série de décrets d’ »urgence sanitaire » qui subordonnent les dispositions organiques et parlementaires aux nécessités sanitaires du moment.

    La crise politique s’est atténuée par les déclarations d’unité nationale quasi-unanimes dans le paysage politique français. Pour autant, l’opposition parlementaire et présidentielle annonce des réactions politiques aux impréparations et approximations rapprochées au gouvernement.

    La crise administrative est d’ordre d’application. Certaines personnes sont contrôlées par les forces de Police sans « attestation dérogatoire de sortie », ou avec des attestations ne correspondant pas à leurs situations immédiates. L’attribution de ces contrôles à des agents du maintien de l’Ordre repose exclusivement sur les dispositions gouvernementales prises notamment par décrets. Cette situation administrative donne un spectacle urbain qui tranche avec l’habitude civique de libertés de circulation habituelles dans l’espace public.

    Par ailleurs, les dérogations restrictives apportées par des préfets, des présidents de départements, des maires aux décrets gouvernementaux posent parfois des incapacités d’intersection. Ainsi des ports obligatoires du masque décidés localement et contrevenus par le président de la République lui-même.

    La crise gouvernementale s’est manifestée à l’orée de l’épidémie en France. Le « transfert » de la ministre de la Santé de son poste ministériel pour la candidature élective à la mairie de Paris contredisait ses déclarations antérieures refusant de quitter son poste alors que la crise sanitaire pointait. C’est néanmoins ce qu’elle a fait. Elle regrettait que ses mises en garde sanitaires à l’Exécutif n’avaient pas été suivies d’effets. Elle souhaitait reprendre sa profession médicale. Elle disparaissait de la sphère médiatique. La ministre avait démontré l’excellence de son exercice gouvernemental, d’ailleurs reconnu par presque tous. Elle démontrait aussi son inadaptation à l’appareillage politique et stratégique qui semble s’être refermé sur elle tel un piège.

    La crise économique qui s’annonce est prévue par l’arrêt brutal de l’activité productrice générale. Elle doit être envisagée à l’aulne des dispositions financières internationales méconnues mais existantes, de la dette qui reste annulable et de l’aide économique et financière prodiguée par l’Union-Européenne.

    Ce qui perturbe le plus est l’argumentaire du président de la République et du Gouvernement. Il est égrené de paragraphes contradictoires sur l’intensité du virus et les moyens publics réactifs à y opposer. L’Exécutif explique à sa décharge que les dispositions changent à la mesure des changements des avis et prévisions médicales. Chacun le comprend. Idem des recherches médicales et pharmaceutiques en œuvre qui concourent parfois -et c’est normal du point de vue de ces spécialités- sans se rejoindre.

    Mais certaines diffusions gouvernementales contredisent les avis médicaux généraux et majoritaires, telle le port du masque.

    Le premier décès du Covid 19 est intervenu en France sur la personne d’un ressortissant chinois le 25 janvier 2020. Le second décès a frappé un français le 27 février 2020. Début février, en signe de solidarité sanitaire, le gouvernement français envoyait en république populaire de Chine des masques. La France ne subissait pas encore l’épidémie. Le gouvernement émettait des réserves qu’il continue à émettre sur le risque d’infection des personnes par d’erronées manipulations des masques.

    La thèse gouvernementale de l’inutilité du masque s’est ensuite modifiée en éventualité du port du masque pour tous sur l’espace public.L’Exécutif justifiait ce changement de cap par les modifications des avis médicaux et l’évolution du Covid-19.

    Cependant, si son utilisation est appréciée différemment selon les médecins et les gouvernants, son caractère de protection n’est contesté par personne.

    Dans ces conditions, en dépit des atermoiements médicaux légitimes en matière de recherche virale sur l’Inconnu, la communication de l’Exécutif apparaît comme un artifice destiné à occulter l’absence matérielle de masques à proposer au public.

    Dans une moindre mesure, le confinement semble parfois comme frein aux carences hospitalières en lits et respirateurs. Certes, le respect partiel des décrets sanitaires par une partie du public ne relève pas de la responsabilité de l’Exécutif. Mais il ne peut s’isoler des distances entre sa communication et l’état sanitaire du pays.

    La toute puissance des régimes institutionnels est bouleversée par la pandémie du Covid-19 qui tue tous les êtres humains dont les immunités sont impuissantes à lui résister.

    Le « parler vrai » des gouvernants à leurs peuples sont plus que jamais éclairés par la pandémie. Des démocraties comme des dictatures cachent, tronquent, esquivent les réalités à leurs propres populations.

    L’après-pandémie est encore loin à l’horizon de la reprise de la vie quotidienne « normale ». Reste à savoir ce qui en sera fait. S’agissant des pouvoirs autoritaires, peu de risque de changements sinon encore plus restrictifs. S’agissant des démocraties, le retour aux principes sacrés des libertés publiques sera-t’il évident? L’autorité publique éliminera-t’elle les éléments les plus contraignants de ces libertés ou au contraire les conservera-t’elle en les améliorant?

    A la lueur des modifications juridiques opérées à l’issue des attentats djihadistes qui ont frappé le France sous le mandat de François Hollande, la question est recevable.

    Pierre Saba
    12 avril 2020

  4. Non, la liberté n’a jamais délivré à personne un permis de tuer.
    Elle n’en demeure pas moins l’ADN d’un monde que quelques-uns d’entre nous sont déterminés à ne jamais cesser de qualifier à l’aune des galons qu’il sut décrocher en un lieu qui n’eut pas d’équivalent dans l’hypersurface en ce qu’il se démarquait des axes totalitaires dont ceux qui y avaient laissé leur empreinte s’étaient montrés capables de contourner l’irrésistible et convergent vortex.
    De la même façon que nous n’aurions aucune chance de remporter la partie contre Daech en réservant à son réservoir de chair à canon notre plus beau hachoir de boucher, nous ne rouvrirons pas des léproseries un peu partout sur terre sans y échouer nous-mêmes, après nous être mis à l’abri du gang des Pestiférés que nous deviendrions tour à tour les uns pour les autres, pauvres victimes d’une Terreur résurgente engendrée par la peur de nos ombres.
    Oui, la liberté octroie aux êtres humains la responsabilité de protéger la vie de leur prochain.
    Or de cette vie, la liberté constituera toujours l’irréductible Pan.

  5. Le multilatéralisme néoprogressiste, aussi rayonnant qu’il fût, est, sera, a montré les limites inhérentes à ses vertus cautérisantes de même que le nouvel ordre néoconservateur s’était cassé les dents sur les récifs géopolitiques de la mondialisation.
    L’incapacité des Alliés à fixer les règles internationales en matière de droits sociaux et de libertés individuelles ne date pas, hélas, du fulgurant accès du coronavirus au Trône terrestre.
    Les ratés de la globalisation des marchés en termes de masques ou de tests sérologiques résultent de notre difficulté à instaurer un État de droit transnational dotable d’une gouvernance mondiale.
    Avant que nous n’ayons trouvé la seule formule, l’équation erratique au creux de laquelle se recroqueville l’horripilant arcane des États-Unis du monde, celle qui contient le bon dosage de préservation et de démolition des héritages spécifiques aux groupes et sous-groupes ethnico-culturels tissant le paysage mouvementé des mémoires en reconstruction d’une espèce dont la compulsion à civiliser la dénature pour le meilleur et pour le pire, nous continuerons de faire le quart, que dis-je, le centième, voire strictement rien de ce que nous aurions souhaité accomplir de notre vivant afin d’avoir une chance de nous approcher de ce que nous n’aurons jamais la possibilité de ne pas être.

  6. On ne se sert pas d’une pandémie mondiale comme prétexte au détricotage des institutions internationales, se seraient-elles lourdement discréditées en confiant les rênes de nos vies à des États de non-droit auxquels nos modes de fonctionnement démocratiques offraient toute latitude pour désaxer les droits de l’homme au gré des vents contraires à leurs premiers principes.
    L’aspiration à la démocratie réelle altérerait gravement l’état de santé de la Philharmonie dès lors qu’elle céderait au chantage d’une contrebasse solo qui menacerait de quitter son pupitre séance tenante si l’omnipotentesque chef d’orchestre ne lui confiait pas son bâton sur-le-champ.
    La paix mondiale est un concept impraticable dont les retombées ondulatoires dépendent de la capacité de ceux qui acceptèrent d’y naviguer en charge d’âmes, à conserver leur mission d’élite auprès des résidents de cette Humanitière qu’est le village global.
    « Un chef, c’est fait pour cheffer », disait le Déserteur.
    Trump serait bien inspiré de marcher dans les pas du premier chef d’État qui prit la peine de prendre l’avion-France, après la quadruple attaque de septembre 2001, afin de pouvoir se recueillir, au nom du peuple que le sien avait largement contribué à libérer de lui-même, sur le tombeau béant de Manhattan.
    Les fossoyeurs de l’internationalisme sont forts de la faiblesse des garants de la globalisation des droits fondamentaux.
    Reprenons le risque de mériter le pouvoir.
    Recouvrons l’extravagance de nos forces.
    Retrouvons le bonheur d’être à notre place.