Dans un récit lumineux et décisif, « L’étrange défaite », le Capitaine Marc Bloch, le grand historien des Annales et combattant de cette bataille perdue, essaie, dès l’été 1940, de comprendre les causes de l’incroyable défaite militaire de la France de 1940.

En 2020, avec, à ce jour, près de 14.000 morts du Covid19 depuis début mars – soit une augmentation de notre mortalité sur un mois de près de 30% –, nous devons peut-être tenter de comprendre cette nouvelle « étrange défaite » de notre pays à la lumière d’une relecture de Marc Bloch.

Marc Bloch, à juste titre, a immédiatement critiqué les aveuglements et les erreurs de l’état-major :

« Jusqu’au bout, notre guerre aura été une guerre de vieilles gens ou de forts en thèmes, engoncés dans les erreurs d’une histoire comprise à rebours : une guerre toute pénétrée par l’odeur de moisi qu’exhalent l’École, le bureau d’état-major du temps de paix ou la caserne. »

On peut, hélas, en dire autant de nos plus hautes autorités sanitaires et administratives. Une compréhension tardive du risque sanitaire, une absence d’anticipation et de prévention, une prétention sans faille sur notre supériorité médicale, une inefficacité du renseignement, une absence de mise en place des mesures anticipées de protection qui ont réussi dans certains pays (Corée du Sud, Taïwan, Singapour, Israël…)

Une autre citation de Bloch est saisissante d’actualité :

« D’un bout à l’autre de la guerre, le métronome des états-majors ne cessa pas de battre plusieurs mesures en retard. »

C’est le même sentiment de sidération des Français à chaque fois que le Président, le Premier ministre et surtout le Directeur Général de la Santé s’expriment. Ils constatent alors que l’annonce est toujours en retard de plusieurs semaines. Des semaines fatidiques face à la pandémie. 

Voici une liste non exhaustive de ces « plusieurs mesures en retard » à :

– Fermer les frontières

– Commander des masques (seulement fin février)

– Commander des tests – Interdire les rassemblements

– Fermer les écoles

– Confiner (au vu de l’exemple Italien et du Grand Est)

– Reporter les élections municipales

– Intervenir dans les EHPAD

– Imposer le port du masque

– Déployer une politique de tests massifs

– Développer les outils numériques de suivi des malades et des immunisés

– Mobiliser l’armée

– …

Et dans cette étrange défaite de la 5ème puissance économique mondiale qui se retrouve sans masques de papier, sans tests médicaux, sans vision d’ensemble comme en 1940, il existe des héros du quotidien qui, malgré les coupes sombres et technocratiques des comptables de Bercy, ont permis que les hôpitaux ne soient pas submergés, comme ils le furent en Italie.

Les « guerriers » de l’hôpital, comme ceux des EHPAD, ont sauvé des vies en risquant la leur, comme les héroïques combattants de 1940 ont su résister jusqu’au bout au prix de 100.000 morts au combat en six semaines, et comme l’écrivit aussi Marc Bloch :

 « Cette guerre m’a appris beaucoup de choses. Celle-ci entre autres : qu’il y a des militaires de profession qui ne seront jamais des guerriers ; des civils, au contraire, qui, par nature, sont des guerriers. » 

Sur le front sanitaire et hospitalier en 2020, il en est apparemment de même.

Le Président Macron dans sa déclaration attendue de ce lundi 13 avril saura-t-il s’inspirer de cette réflexion de Marc Bloch sur les vertus d’un chef en temps de guerre ?

« Être un vrai chef, c’est, avant tout peut-être, savoir serrer les dents ; c’est insuffler aux autres cette confiance que nul ne peut donner s’il ne la possède lui-même ; c’est refuser, jusqu’au bout, de désespérer de son propre génie ; c’est accepter, enfin, pour ceux que l’on commande en même temps que pour soi, plutôt que l’inutile honte, le sacrifice fécond. Jadis, des hommes qui n’étaient ni des sots, ni, devant le péril personnel, des lâches, avaient eux aussi trop promptement succombé devant l’infortune. À leur mémoire, l’histoire militaire ne réserve que mépris. »

4 Commentaires

  1. Le dénominateur commun sont nos élites qui sont passées pas des classes préparatoires où ils apprennent se qu’ils savent comme parfaitement inutile à leur future carrière avec fanatisme et ce dans l’unique but d’être meilleur que les autres aux concours.
    De ce fait on sélectionne de manière rigoureuse des pervers. Des êtres intelligents mais qui n’ont utilisé leur intelligence que dans le but de briller à des tests comme des chiens savants.

    Macron est un chien de sa maitresse, le général responsable de la défaite de 40 était en plus atteint de démence à cause de la syphilis.
    En attendant les français sont abreuvés de journalistes ayant fait science po…… téléguidés pour protéger l’administration, régime communiste à la chinoise d’autant plus nuisible qu’il est en train de s’installer et à encore un secteur privé libre résiduel à piller.

  2. Le confinement n’eut jamais d’autre vocation que celle d’un essai paraclinique.
    La mise en échec éventuelle des terres louis-pastorales en matière de vaccin ou de médication, nous obligerait à régler définitivement son compte à ce malheureux XXIe siècle déjà victime d’un faux départ en chaîne, en sclérosant ses praticiens dans la théorisation d’un confinement cyclique, voire permanent.
    Le déconfinement n’est pas une option.
    L’art de se déconfiner ne limitera pas ses ambitions émancipatrices en invitant le public mondial à une ronflante promenade de santé.
    Il va nous falloir apprendre, plus vite que l’ombre du gisant virtuel auquel pourrait bien nous réduire l’ennemi n° 1 de l’humanité si nous l’autorisons à prendre sur nous plus de pouvoir qu’il n’en eut jamais, à vivre avec lui, à revivre malgré lui, à l’empêcher d’entraver notre art de nous perpétuer à travers ce que nous savons le mieux perpétrer.
    Il serait inepte que nous prenions le risque de détruire en quelques semaines tout ce qui fait que l’homme est homme dans le seul but de sauver une partie des membres qui en constituent l’espèce.
    Le sauvetage d’une partie de l’humanité n’a de valeur que s’il neutralise de manière substantielle, à défaut de pouvoir la convaincre de se résorber de la cime aux racines, la part d’inhumanité qui la met en péril.
    Nous affrontons l’efficacité redoutable d’un virus mondialisé, mais qu’on se le dise : notre génie de l’étude, de l’émulation créatrice, des fruits de la solidarité cueillis aux branches de la disputation, de l’énergie vitale que nous sommes en mesure de nous transmettre les uns aux autres par-delà une tendance des Nations à l’isolationnisme que nous sommes loin d’avoir étouffée, ne lui cédera en rien de cette audace, propre à tout asphyxieur en chef.

  3. Les enfants peuvent en effet être utilisés, dès lors que leurs anticorps les protègent contre un infanticide de masse, comme autant de vecteurs réfractaires par nature aux gestes barrières, pour une propagation contrôlée du virus nous permettant ensuite de mesurer, à une vitesse de croisière pouvant servir d’indicateur aux déconfinateurs chargés de la réouverture des parcs, jardins et autres lieux de rassemblement communaux, l’ampleur de son rayon d’action, puis notre propension à l’immunisation collective.
    Les crèches et les écoles se transformeraient ainsi en laboratoires de recherche, alors que la population la plus résistante aux nano-attaques entrerait dans la danse macabre par la porte d’une multitude de classes de petits rats savamment éduqués en vue de répondre au lancinant appel de l’Opéra fantôme.
    Non, ce qui aurait davantage le don de m’interpeller dans l’allocution présidentielle, c’est la prétendue inutilité de tester les personnes qui ne présentent aucun symptôme de la maladie, après qu’on nous eut martelé que le SARS-CoV-2 n’étant pas le genre de réplicant à discriminer ses porteurs sains au cours de l’invisible démultiplication de ses armées, une invasion souterraine qui mobilise, contre leur volonté, les hôtes dont elle détourne les frontières anatomiques, chacun de nous deviendrait, sous l’empire du Covid, l’assassin potentiel de son prochain.

  4. Le parallèle avec 39-40 nous éclaire, à condition qu’il s’arrête au témoignage du capitaine Bloch, égaré dans le no man’s land d’une idéologie française grugée par son ambivalence, à son analyse des pesanteurs systémiques d’une Troisième République, positiviste jusqu’aux errements supterfugés de la métapsychique, aux faux espoirs de rachat matériel donné aux Benéi Gobineau en les laissant réhabiliter un autre capitaine, d’une dissolution encagoulée de l’association des Croix-de-Feu, d’une élection obamesque de Léon Blum à la présidence du Conseil, j’entends par là, avant que nous ne fussions forcés d’admettre que la défaite, si elle avait procédé de l’emmurement autistique d’une élite sûre d’elle-même et dominatrice, conservatrice au point d’en devenir régressiste, incapable d’anticiper sa décollation avant que le boulet du canon traître ne lui dévisse la tête et la projette vers son propre futur, comme le lui montrera Céline à sa manière un peu rude : en la soulevant par la tignasse avant de lui coller le nez dedans, et quand je dis défaite, je pense à la déculottée que ferait subir au Postempire napoléonien le Troisième Reich hitlérien, résultait certes, pour partie, d’un jaurésien refus de se prêter une seconde fois aux fantaisies puériles et mortifères d’un pensionnat international de maréchaux gâteux mais, pour une autre part, que l’embourbement des armées françaises, totalement décalé de la réalité de leur puissance, à supposer qu’elle s’adossât à leur intelligence, procédait moins d’un manque d’action que d’un acte manqué ; nous veillerons donc à ce que la drôle de guerre contre le coronavirus ne déborde pas l’inquiétante étrangeté des lignes blochiennes car, dans le cas inverse, force serait d’admettre que ces lenteurs imputables à notre mollesse au mal masquent les ardeurs d’une gigantesque fourberie d’État, d’une sinistre langueur dont l’ordre de confinement sauterait telle une puce fallacieuse à l’oreille des travailleurs de tous les confinements, leur provoquant des démangeaisons capitulationnistes, collaborationnistes, symptomatiques de la divine surprise virale dont auraient pu tirer parti ces dictateurs contrariés que représentent déjà à leurs yeux les dirigeants malmenés des grandes démocraties, pour effacer de toutes les rues cette rue en colère.