Qui sont les Gilets Jaunes (GJ) et que veulent-ils ? Épineuses questions car, justement, les premiers concernés n’en savent rien et ne cherchent d’ailleurs pas à répondre ! Coincés entre un Burger King, un Kiabi et un centre Leclerc, tenant les ronds-points de la «France Moche» en se rêvant Sans Culottes, tout juste se perdent-ils, lorsqu’on les interroge, dans le gloubi-boulga incohérent de leurs doléances. Pêle-mêle : la réduction des taxes sur le diesel, l’abandon de la limitation de vitesse sur les routes secondaires à 80 km/h, la reconduction dans leur pays d’origine des déboutés du droit d’asile, le rétablissement de l’ISF, un salaire maximum fixé à 15 000 euros, «que les gros (Mcdo, Google, Amazon, Carrefour) payent gros et que les petits (artisans, TPE, PME) payent petit», la fin du prélèvement à la source, le retour du septennat, la révocation des élus… En somme, «un magma de revendications hétéroclite» comme l’écrit Libération, un fatras incohérent et parfois contradictoire de mesures pour tout changer, sans jamais réfléchir à un quelconque financement. On ne va tout de même pas trop s’embêter avec le réel… En dépit des beaux discours de campagne d’Emmanuel Macron, la politique telle que pratiquée en démocratie est et demeure l’art des évolutions lentes. Les Gilets Jaunes – qui confessent pour la plupart n’avoir jamais manifesté de leur vie mais se décident à bloquer tout le pays sitôt que le diesel augmente… – ont un point commun avec notre Président : ils ne supportent pas ce temps long en politique. Ils veulent tout, tout de suite et ne transigent jamais (sinon sous la contrainte). S’installe un dialogue de sourds entre un pouvoir payant son inexpérience et une foule inapte à formuler un véritable rêve de Grand Soir (nous y reviendrons). Et que dire des élucubrations de porte-paroles «GJ» qui, tels Christophe Chalençon, appellent à «une démission du gouvernement» pour installer rien de moins qu’un militaire au pouvoir. «Moi, déclare Chalençon dans son délire diffusé à heure de grande écoute, je verrais bien un Général de Villiers à la tête du gouvernement. Voilà : un homme de poigne !» En face de lui, Nikos Aliagas, présentateur de la matinale d’Europe 1 reste bouche-bée. «Un militaire ?» demande-t-il comme pour être certain de ne pas avoir rêvé. Réponse affirmative de son interlocuteur qui ne semble même pas voir le problème que pose sa «solution» de génie : une junte au pouvoir… Voilà bien le problème des Gilets Jaunes. A de rares exceptions, ces hommes et ces femmes expriment une colère sourde et dépolitisée, qui ressemble finalement à une véritable aubaine pour politiciens en quête de second souffle (Mélenchon, Dupont-Aignan, Wauquiez) et déstabilisateurs de tous bords (Soral, Dieudonné, Manif Pour Tous, Veilleurs ou Black Block). Voilà comment on souffle sur les braises d’une colère profonde, entretenue par un inquiétant recours à la fake news plutôt qu’aux voies traditionnelles d’information. Une colère qui naît, rappelons-le, de la hausse de quelques centimes du prix du gasoil. On sait combien ce poste pèse lourd dans le budget des foyers français. Reste que demander l’annulation des taxes sur le diesel n’y fera rien, ou trop peu. A terme, on le sait, le prix de l’essence ne cessera d’augmenter pour atteindre finalement un coût prohibitif. Les jacqueries pas plus que les mesurettes ne pourront quelque chose contre ce mouvement inexorable. Et quand bien même Emmanuel Macron serait décidé à agir, il pourrait mettre tous les efforts possibles dans cette entreprise, le combat serait tout de même perdu d’avance : l’ère du pétrole est révolue. Nous finirons par rouler à l’électrique. Ainsi, la révolte jaune repose sur une impossibilité. Ses fondations sont fragiles. Ses soutiens trop hétéroclites pour la faire sérieusement perdurer. Inopérante colère jaune. Passer le réveillon de Noël sur un rond-point de Montceau-les-Mines ne changera donc rien. Et c’est d’ailleurs regrettable : il y aurait tant à faire sur le front de luttes connexes telles que le sort des migrants, la lutte acharnée contre la fermeture des services publics, des maternités, écoles et autres bureaux de poste dans les petites communes, la sanctuarisation de l’hôpital public, la revalorisation du salaire des enseignants, la conduite d’une véritable politique de transition écologique…

Si l’adage «on a les dirigeants que l’on mérite» vaut vraiment quelque chose, alors l’observation des porte-voix et soutiens des Gilets Jaunes laisse pantois : le rappeur illettré Jul, la star de la télé-réalité Afida Turner, l’amuseur populiste Patrick Sébastien (qui, tous les cinq ans tente vainement de se construire une légitimité politique) et son fils spirituel Cyril Hanouna (rêvant, lui, d’un destin à la Beppe Grillo). A cela, ajoutons le duo Dieudonné et Soral qui prend, sans surprise, un malin plaisir à se greffer à cette curieuse euphorie destructrice et gueularde. Il faudrait excuser tout cela, regarder ailleurs, car «les gens souffrent». Et c’est en effet palpable, indéniable. Les fins de mois sont difficiles. Les écarts entre riches et pauvres se creusent. On réalise ainsi mal le désarroi de la France périphérique et des villes moyennes de province sinon en les parcourant, de tous ces citoyens loin du Centre qui se sentent dépossédés. Reste que les pousser dans les bras d’agitateurs qui leurs promettent un nouveau 1789, une prise de la Bastille paraît cruel. Ne rien faire, ne rien dire serait même le pire service à leur rendre. Car qui sont vraiment les leaders Gilets Jaunes hormis des populistes qui refusent catégoriquement de s’organiser et permettent, de fait, aux excités de tous bords (gudards, indigènes, royalistes, Œuvre française, Manif pour Tous, pro-russes) d’intégrer leur mouvement ? C’est d’ailleurs sur ce point que bon nombre de nos amis se trompent. L’expression d’une colère populaire n’a rien à voir avec l’irruption de fièvre populiste d’une foule minoritaire (150 000 personnes, tout au plus). En cela, l’agenda «GJ» n’a rien à voir avec l’objectif progressiste. Les premiers sont des terriens enracinés jusqu’à l’absurde, abreuvés de fake news et enclins à l’emploi de solutions radicales. Les seconds sont des promoteurs patients de changement. Les solutions progressistes paraissent molles ? Jusqu’à preuve du contraire, elles fonctionnent mieux que l’escalade discursive jamais suivie d’effet d’un Trump, d’un Salvini, d’un Bolsonaro ou d’un Orban…

Ce qui se joue dans cette lutte n’est rien de moins que l’affrontement de deux modèles de société diamétralement opposés. Il suffit de lire la détestation de Mai-68 dans les rangs jaunâtres pour s’en assurer. Et peut-être lire comment la révolte actuelle sert les idées les plus réactionnaires. Voici donc Alexandre Delvecchio, en charge du Figaro Vox : «Sidéré de voir d’anciens soixante-huitards, comme @danycohnbendit, Romain Goupil et Serge July faire la leçon aux #GiletsJaunes, écrit-il dans un tweet. Eux, se battent pour leur survie pas pour aller s’amuser dans le dortoir des filles. Il faut vraiment en finir avec cette génération indécente.» Il est vrai que l’amour libre et l’imagination au pouvoir ne s’inscrit pas véritablement dans le plan d’action des Gilets Jaunes… Sur l’antenne de France Inter ce matin, Daniel Cohn-Bendit s’avérait clairvoyant sur les objectifs du mouvement : «Si vous comparez avec 68, eh bien en 68, on se battait contre un général au pouvoir. Les Gilets Jaunes demandent, eux, un général au pouvoir… […] Ce n’est pas un cas isolé. Sur plusieurs plateaux télé, tout à coup, on a découvert que l’idéal politique des représentants Gilets Jaunes coïncide avec une envie de main forte». Et Cohn-Bendit de conclure : «On n’est pas dans une période révolutionnaire, on est dans une période de tentation autoritaire !»

Un mot pour finir. Il serait coupable de passer sous silence l’homophobie récurrente, sinon systématique, à l’œuvre au sein des Gilets Jaunes. Pas un reportage, par une manifestation de Gilets Jaunes où l’on ne voit fleurir les slogans et propos antigay. Des propos souvent tenus le plus tranquillement du monde, face caméra, sans même se cacher. Une profusion de pancartes et mots d’ordres dégueulasses parmi lesquels l’omniprésent «Macron PD» ou bien encore l’élégant «Macron on veut ton cul», taggé non loin du mot d’ordre «Les Gilets Jaunes vaincront» samedi dernier sur l’Arc de Triomphe… Et autour du tag, des gens hilares. Plus que la simple incarnation d’une beaufitude désolante, la diffusion de messages homophobes paraît devenir une signature. On sait par ailleurs pertinemment que de l’expression au passage à l’acte, il n’y a qu’un pas. Un pas allègrement franchi, le 17 novembre dernier, lorsque Raphaël Duré (conseiller municipal de Bourg-en-Bresse) et son compagnon arrivent à un barrage de «gilets jaunes». Libération raconte :«Ils veulent passer mais les manifestants retiennent leur véhicule. «J’ai entendu certains manifestants dire, “je le reconnais, c’est un pédé”. À partir de là, ils nous ont menacés», explique Raphaël Duré à l’hebdomadaire régional La Voix de l’Ain. Les manifestants s’en prennent alors à leur véhicule, une Twingo, et brisent notamment leur pare-brise arrière, avant que deux policiers présents sur place n’interviennent, rapporte le journal».

Bienvenue dans la France «White Trash»…

 

 

 

 

27 Commentaires

  1. Quel mépris les gilets jaunes NE LÂCHER RIEN JUSQUE À LA DÉMISSION DU GOUVERNEMENT MACRON

  2. Quelle superficialité et quelle arrogance dans votre publication. C’est vrai que lorsque l’on montre du doigt un bel horizon à un idiot, il regarde le doigt
    Vous vous attachez à quelques apparences des Gilets Jaunes sans en voir l’essence.
    Ce mouvement pourtant nous montre la fracture territoriale entre les métropoles et la France périphérique, la fracture sociale entre les élites et le peuple ou entre les riches toujours plus riches et une classe moyenne en voie de disparition par paupérisation, les limites de la démocratie représentative avec ses partis ou syndicats aux élus bénéficiaires de prébendes qui ne représentent qu’eux mêmes et un appel à plus de démocratie directe, les limites du mondialisme multiculturaliste qui accroît les inégalités enlève bien des pouvoirs aux gouvernants et entrave la souveraineté des Etats, les limites de l’Etatisme français qui atteint un record mondial du taux de dépenses publiques par rapport au PIB et du taux de prélèvement publics sans que les contreparties en termes de services mal réparties et pas toujours plus qualitatives qu’ailleurs;
    Bien sûr que dans leurs détails les revendications peuvent être contradictoires et peu réalistes mais dans leur essence elles touchent des points essentiels : mieux vivre des revenus de son travail ou de ses pensions (acquises par ses années de travail!) pour les classes moyennes et populaires, moins d’inégalités salariales sociales fiscales ou d’accès aux services publics, plus de démocratie directe ou semi-directe moins de démocratie représentative (qui ne le représente pas), une transition écologique mieux partagée et moins punitive!

  3. Bonjour l’auteur,

    Je trouve ton article bien triste, enclavé dans un prisme d’analyse qu’en plus tu prétends décrier…

    C’est « GJ » comme tu les décries, ne sont que le fruit de 4 semaines de sur-médiatisation durant lesquelles leurs efforts pour se plier aux exercices et des politiques et des médias, et de la démocratie, ont étés colossaux.

    Tu te permets des jugements de valeur et des affirmations sans d’autres sources que celles pondues par des interviews de la société du spectacle, dont tu me sembles un fervent consommateur.

    N’oublions pas une chose. Ces White-Trash, ont avant tout exprimé un souffrance. Ils n’ont PAS dit qu’ils avaient les solutions. Ils ont simplement dit que ne pouvais plus suivre, et ils ont fait appel à la société et à la démocratie pour trouver des solutions.

    Aussi, peut-être qu’au lieu de galvaniser ton égo et de le faire se complaire des différences que tu dénonces ici, si tu te posais la question de savoir où est ta responsabilité dans cette histoire ? Si au lieu de les observer avec défiance, mépris et ironie, tu avais pris le temps d’observer ce qu’ils dénoncent ? Et que peut-être tu dénonces ?

    Le jeune bobo que j’ai lu, ne me semble pas dénué de sens, pourtant sa démarche n’est qu’individualiste.

    Va vers l’autre, et éveille-le, ne le descends pas si tu te penses au-dessus de lui, essaies de l’élever… Tu grandiras avec lui.

    Tu verras, je t’assure que nous irons plus loin dans ce sens.

    Bien à l’homme,

  4. Tel un physionomiste bloqué devant une boîte de nuits.
    Criant à tue-tête !!!
    Restez à vos places sale pauvre.

    Une idéologie de la bien-pensance, bloqué entre RMC et la pensée unique de France Inter.
    Un relent du parti pris nauséabond.
    c’est gentil de votre part de vouloir faire passer les gilet jaune pour des nazis.
    Un manque d’instruction c’est certain.
    Mais c’est pourtant vous qui les gavez d’ignorance.

    Bref, les règles du jeu doivent changer.

  5. Parfait, ça c’est une synthèse comme dirait l’autre, plus condescendant et humiliant pour le peuple d’en bas, tu meurs.
    Au fait, pour les sous, il n’y a aucune incohérence: annulation de la dette, création monétaire par l’état interdiction des réserves fractionnaires et nationalisation des banques (comme de Gaulle l’avait fait en 45). il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir, des solutions il y en a plein mais c’est sûr que c’est pas bon pour vous, chiens de garde du pouvoir profond.

  6. Curieux article , Demain n’est pas du tout incertain , èmanuelle met de l’huile sur le feu et met un million de gj suplèmentaires dans la rue , c’est très clair ; il veut la rèvolution pour intaurer son N.O.M , nous voulons l’èvolution pour èpanouir une civilisation harmonieuse.

  7. Donc selon vous, les 150 000 GL sont trop minoritaires pour représenter la voix populaire, mais les 5 000 individus (illuminés ?) qui ont pris La Bastille, en étaient, par leur nombre, représentatifs ?

  8. les grandes journalopes dans toute leur splendeurs..
    ces prostituées aux ordres viennent a nouveau cracher sur le peuple eux qui sont en grande partie responsable de cette sous culture de l’information non contradictoire et corrompue jusqu’a l’os. trembler car votre heure arrive à grand pas et votre brassard de traitre-presse ne vous sauvera pas, messieurs les menteurs manipulateurs.

  9. Ce serait bien que tu viennes faire un petit tour sur un rond-point pour nous saluer…

  10. Il y a ici quelques vérités, mais tu penses et rédiges selon tes propres convictions, ouvertement gauchistes. Ce n’est donc pas un travail objectif.
    Tu manques cruellement d’expérience du monde dans ton approche des populistes, tu tisses des causes à effets qui n’existent que pour toi, tu parles avec crainte d’une misère que tu n’as probablement jamais connue toi-même, bref, tu n’es pas un vrai journaliste. Au mieux, l’un de ces agitateurs que tu décries toi-même. Résigné, voir complaisant, tu vises sans doute la table des riches, de laquelle on te jette déjà peut-être quelques miettes ?
    Tu as un cerveau, mais tu n’as que ça et tu ne sais pas t’en servir.
    Pour toi, le réveil n’en sera que plus douloureux.
    Bonne chance !

  11. pfoflalalaa mais quelle propagande ça ! Faut descendre un peu de vos librairies et trouver un vrai travail, vous aveu beaucoup trop de temps libre.

  12. Bravo pour cette démonstration d’empathie !

    Cela vous honore !

    Au plaisir de ne pas vous croiser ou, à défaut, de vous voir courir.

    BAV

    Michel

  13. La marque de fabrique de votre bien-pensance, ne pas publier un commentaire ne correspondant pas à vos idées ….

  14. Article qui montre ceux qui se considèrent comme l’Elite, ou qui sont auto-proclamés Elite ne comprennent rien à rien. D’ailleurs le peuple n’en a cure des explications fumantes et baveuses de pseudos philosophes. Finalement c’est l’auteur de ce ramis de phrases qui est dans le « white trash »

  15. Quel mépris. Les gens n’ont plus d’argent parce qu’il va dans la poche d’une minorité. Vous semblez trouver ça normal (feriez-vous partie de cette minorité ? Non évidemment, je n’ose l’imaginer…). Et je me réjouis qu’enfin la majorité (les pauvres, de toutes les couleurs) se révoltent contre des gens comme vous.

  16. Point coutumier de faire ainsi de l’herméneutique, je m’ose toutefois à l’écriture de ce commentaire.
    Car, « comment taire » l’infâme ? J’y vois là un impératif, somme toute, moral…
    Rien de plus légitime dans un domaine qui se baptise « La Règle du Jeu ».
    S’agit-il du « Jeu de l’Oie » ? Auquel cas, qui fixe la Loi ou la Règle ici-bas ?

    Ce petit avant-propos hermétique me semble adéquat, aussi pour rappeler que nous sommes tous des Hommes, et tous sommes soumis aux mêmes Lois de la Nature. Peu importe que nous soyons ou non spinozistes, engageons-nous tout de même sur le terrain de la philosophie, et posons-nous cette question : qu’est-ce que la Raison ou le Logos des anciens Grecs ? En d’autres termes, que signifie « raisonner » ?
    Raisonner est l’art de produire un discours non-contradictoire, cohérent. Cela nécessite le respect du principe de non-contradiction, qui est la condition sine qua non de toute forme de logique. Et cela appelle, bien sûr, une démonstration, la plus connue étant le modus ponens. Quiconque se targuerait d’être érudit, connaît tout cela, car cela remonte aux penseurs de l’Antiquité (en l’occurrence, Parménide et Aristote). Le cas échéant, au regard de l’Histoire, cela indiquerait un retard intellectuel de près de 2500 ans. C’est beaucoup.

    Je suis un plouc, un « white trash », et pourtant, je connais Arthur Shopenhauer. Ce dernier fut un travail assez exhaustif dans « l’Art d’avoir toujours raison », en faisant la liste et l’analyse de nombreux sophismes, ces formes de rhétorique qui ne se soucient guère du principe de non-contradiction (et par extension, du principe de causalité). Par conséquent, je suis étonné que l’auteur de cet article, qui se pose en observateur d’un mouvement social, n’ait pas eu cette exigence intellectuelle dans la production de son discours. Il faut comprendre ce que cela signifie : un discours contradictoire ou incohérent, implique une pensée elle-même contradictoire ou incohérente. Autrement dit, notre représentation du réel est erronée. Bien sûr, une telle affirmation ne se décrète pas, et c’est pourquoi je vais vous en faire la démonstration.

    Qui sont les « Gilets Jaunes » ? Nous commençons d’ors et déjà avec un sophisme de généralisation hâtive. Il aurait été plus judicieux de parler du « mouvement des Gilets Jaunes ». Pour cause, ce mouvement n’affiche aucune étiquette politique ou syndicale, il s’étend non seulement dans tout le territoire français, mais aussi à l’étranger (Belgique, Allemagne, Pays-Bas). Face à un ensemble d’individus aussi hétéroclites, partir de cas particuliers pour définir la totalité, c’est faire une induction parfaitement illégitime. C’est prendre la partie pour le tout. Par conséquent, le discours devient irrationnel.

    L’incohérence, si incohérence il y a, elle se démontre sur le terrain de la raison, elle ne se décrète pas. Par exemple, le fait qu’il y ait des revendications hétéroclites dans les doléances des Gilets Jaunes, n’implique pas que celles-ci soient incohérentes. La pluralité n’implique pas l’irrationalité. Cela nécessite au contraire de la subtilité. Une vision du monde et des rapports humains qui se voudrait égalitariste, ne peut se borner à un seul domaine. Et si cela nous apparaît contradictoire, alors qu’il n’en est rien avec un minimum de réflexion, cela signifie sans doute que nous n’avons nous-mêmes pas compris. Ou peut-être que cette vision du monde s’oppose à la nôtre, et que c’est là où réside in fine la seule contradiction.

    En effet, si nous pensons juste que des hommes soient économiquement assujettis à des puissants, qu’il soit juste qu’une majorité d’individus ne puisse pas jouir de leur existence ici-bas, alors fait est que leurs revendications égalitaristes nous apparaîtraient contradictoires, incohérentes, obscures. Mais l’honnêteté intellectuelle consisterait alors à admettre que nous avons là deux systèmes philosophiques ou politiques qui s’affrontent. Le simple fait de recourir à un discours sophistique, pour disqualifier ce qui semble s’opposer à nos intérêts personnels, démontre que nous ne sommes pas du côté du juste et de la raison. Nous sommes dans la manipulation, la propagande, l’idéologie.

    Et l’idéologue ne s’embête pas trop avec le réel… Il est affirmé que la politique en démocratie est l’art des évolutions lentes. Cela est contredit par les faits, puisque la casse du code de travail avec la Loi El Khomri est passée sous ordonnances, les augmentations de taxes ont été appliquées très rapidement, etc. Si nous nous étonnons de la colère populaire, cela signifie que nous avons de grosses lacunes sur ce qu’est la liberté en politique. La liberté politique englobe nos droits et nos devoirs. Nos devoirs sont les règles qui fixent la vie en communauté, mais cela englobe également les taxes, puisque ce sont elles qui font vivre nos institutions. Quant à nos droits, ils désignent l’ensemble de ce à quoi nous sommes autorisés à faire ou à dire, mais cela englobe également nos acquis sociaux (sécurité sociale, le droit d’être syndiqué, les pensions, etc.).

    Si nous nous retrouvons avec plus de devoirs (taxes), que de droits (salaires et pensions convenables), alors cela n’est pas un bon signe pour notre liberté politique. Mais s’il s’avère que nos taxes ne suffisent plus à garantir le financement de nos institutions ou de nos acquis sociaux, alors nous basculons inéluctablement dans une forme de tyrannie. Par conséquent, la colère du peuple est légitime et rationnelle. Cela s’appelle le principe de causalité ! Pour comprendre un tel mouvement, il faut revenir aux principes, s’intéresser à la politique (politikos), adopter un regard sociologique le plus large possible, puis aller sur le terrain de la philosophie et de la raison. C’est-à-dire faire l’exact inverse de ce qui est fait dans cet article. Pour avoir un regard éclairé, il ne suffit pas de prendre une poignée de cas particuliers et de s’engouffrer dans l’attaque ad hominem (« excités », « populistes », etc.). Cela est assez coutumier chez certains partisans d’extrême droite qui ne voient que par le site fdesouche, mais pour eux comme pour cet article, nous ne pouvons bâtir une réflexion politique sérieuse en se basant sur des faits divers.

    Enfin, si le progressisme est la volonté d’instaurer ou d’imposer un progrès social, alors – par définition-, le mouvement des Gilets Jaunes est intrinsèquement progressiste. En quoi se battre pour ses droits, des acquis sociaux, une politique égalitariste qui épargnerait au plus grand nombre de vivre dans la précarité, serait contre le progrès social ? C’est tout bonnement insensé. Cette manipulation rhétorique qui vise à donner un autre sens aux concepts que l’on emploie n’est pas très sérieuse…

    Je m’arrête ici car mon message est déjà long, et il y aurait tant encore à écrire…
    Un tel article me désole. Il n’y a que le retour à la raison qui peut stopper ce genre d’infamies.

    Tout auteur se devrait d’ouvrir un minimum de livres avant de prendre sa plume.

    Bien à vous.

  17. Pauvres de vous comme vous êtes loin de toutes réflexions de fond, vous mentez sur TOUT, généralisez des cas ultra-minoritaires, pire encore que BFM… mais c’est pas comme si on avait pas l’habitude avec votre bande de chiens de garde.

  18. Votre article fleure le mépris, suinte la haine, dégouline de boboitude. Oui, les gilets jaunes sont la France profonde, à l’opposé des bobos hyper privilégiés. Oui, elle ne s’était pas jusque là manifestée, mais elle n’en peut plus de votre logorrhée condescendante…

  19. Bonjour,
    Eh oui, le peuple c’est sale. Bien confortables dans nos fauteuils d’intellos de gauche nous avons depuis 20 ans méprisé ce peuple qui regarde TF1 et M6, qui vote FN, on lui a chier dessus.
    Et là tout d’un coup on joue les vierges effarouchées…

    Eh oui le peuple ne vous ressemble pas, et ça vous déçoit, on dirait que vous le rencontrez pour la première fois !