Un illustre Britannique menaça jadis les Européens qui, pour échapper à la guerre, acceptaient le déshonneur de l’hitlérisme : vous récolterez, à l’arrivée, et le déshonneur et la guerre.
Toutes proportions gardées, peut-être revient-il aux Européens de dire à leurs partenaires britanniques d’aujourd’hui : à force de finasser, de jouer avec le feu, de mentir à vos électeurs et à vos alliés, à force de ruser avec l’Histoire et avec votre propre grandeur, vous prenez le risque d’avoir et le Brexit et Jeremy Corbyn.
Sur la catastrophe que sera (serait ?) le Brexit, tout ou presque a été dit – et c’est au Royaume-Uni qu’il appartient désormais soit de rouler à l’abîme, soit, comme disait, cette fois, un illustre Français, de «reprendre son coup».
Sur le déshonneur que serait, en revanche, dans la patrie de Disraeli et de Churchill, l’arrivée au pouvoir de Jeremy Corbyn, sur le désastre que seraient de nouvelles élections générales où il capitaliserait, comme l’indiquent les sondages, tant sur l’«usure» de son adversaire conservatrice que sur ce qui apparaîtrait, en regard, comme sa «cohérence idéologique», je ne suis pas sûr que les choses soient claires pour tout le monde.
Jeremy Corbyn, on ne le répétera jamais assez, est ce familier des chaînes de télévision iraniennes se félicitant, en 2012, de la libération de centaines de militants du Hamas palestinien qui avaient, pour nombre d’entre eux, du sang sur les mains et qu’il qualifiait de «frères».
C’est ce parlementaire qui ne perd jamais une occasion de dire la fierté qu’est, pour un militant blanchi sous le harnais d’une représentation politique qui lui paraît peut-être, à force, monotone et manquant de piment, de recevoir sous les ors de Westminster des «camarades» du Hezbollah ou d’y retrouver, autour d’une tasse de thé, un personnage dont toute la contribution à la «cause palestinienne» est d’avoir, tel Raed Saleh, dépeint les juifs comme des «bactéries», ou des «singes», ou des criminels saignant les «enfants non juifs» pour, avec leur sang, confectionner leur pain azyme.
C’est un «pèlerin de la paix» dont la presse britannique vient d’exhumer, cet été, de terribles vidéos le montrant, à Tunis, en train de se recueillir sur des tombes dont l’une au moins était celle, en 1972, de l’un des organisateurs du massacre des athlètes israéliens de Munich.
C’est ce politicien peu regardant qui a accepté de compter, parmi les gros donateurs de sa campagne, un homme, Ibrahim Hamami, qui, après avoir été chroniqueur du journal officiel du Hamas, s’est fait propagandiste de l’assassinat à l’arme blanche des juifs en Israël.
C’est ce délicat ami des arts qui, lorsque des Londoniens s’émurent, en 2012, de l’apparition, sur un mur de Hanbury Street, d’une fresque de l’artiste américain Kalen Ockerman représentant un cercle de banquiers au nez crochu autour d’une mappemonde en forme de Monopoly, elle-même posée sur des dos nus de damnés de la terre, eut pour premier réflexe de crier à la liberté d’expression menacée.
C’est cet adepte de la théorie du complot qui ne craint pas, dans des interviews à la presse iranienne encore, d’attribuer à Israël telles opérations de «déstabilisation» réalisées, «en Egypte», par des «djihadistes islamiques».
Et c’est le pur antisémite qui, en 2013, lors d’une conférence où l’on avait entendu des appels au boycott de la Journée mondiale de commémoration de la Shoah ou de fines remarques sur la possible responsabilité des juifs dans le massacre du 11 Septembre, a été capable de déclarer que les «sionistes», même quand ils ont vécu en Grande-Bretagne «très longtemps», voire «toute leur vie», ont une difficulté atavique à comprendre l’«ironie anglaise».
Ajoutez à cela son ignorance crasse des mécanismes propres à une économie moderne et le sentiment qu’il donne, quand il parle renationalisations, fiscalité, anti-austérité, système de santé, services publics, d’en être resté au temps de l’archéomarxisme des années 1950.
Ajoutez-y sa haine folle d’une Amérique accusée de tous les maux et à laquelle, selon l’un de ses lieutenants, Seumas Milne, la bonne vieille Union soviétique, du temps de sa splendeur et malgré la bagatelle de ses dizaines de millions de morts, a fait utilement «contrepoids».
Et je ne parle même pas du tropisme qui l’aligne, presque chaque fois, sur les positions russes : la Syrie bien sûr ; le refus de tenir pour crédible l’hypothèse de la main du Kremlin dans la tentative d’empoisonnement, à Salisbury, de l’ancien espion Skripal et de sa fille ; ou encore, quelques semaines avant sa prise du parti, l’affirmation selon laquelle une machine à fake news comme Russia Today était au moins aussi crédible que la vénérable BBC.
Il y a aujourd’hui, en Occident, une poignée de dirigeants illibéraux que réjouit la perspective d’un crépuscule de la démocratie et des valeurs de l’humanisme européen.
Ils s’appellent Viktor Orban en Hongrie, Matteo Salvini en Italie, Donald Trump aux Etats-Unis ou Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon en France.
Et peu importe, en vérité, qu’ils soient «de gauche» ou «de droite» puisqu’ils s’accordent sur l’idée que le temps des Lumières est passé et que Poutine est leur grand homme.
Jeremy Corbyn est l’un d’entre eux.
Et la perspective de le voir venir en renfort de cette Internationale sombre me semble aussi redoutable que celle du Brexit.
CyberCQFD : Hélas, je n’ai jamais douté que l’hypocentre du BHL-bashing éprouvât de l’aversion pour un homme qui, en pleine poussée d’urticaire méta-impérialiste, s’indignerait du fait que Jeremy Corbyn se fût défini lui-même comme FRÈRE du vivier d’assassins MUSULMAN que le héros du raid d’Entebbe, Yonathan Netanyahou, avait probablement un peu incité Israël à renvoyer vers son propre bouillon de culture dans l’espoir de sauver : une vie, beaucoup moins tendance — à l’époque (?) — que celle d’une Sakineh. Alors pardon, si je n’accorde aucune circonstance atténuante à cette Organisation de libération de la Palestine qui, au moment même où le Labour Party achevait le Quartet à coups de lattes, accueillait les bourreaux en héros sous la chaufferie cardiaque d’un Parti socialiste français, fidèle à son équidistance duplice au sujet du retour des prisonniers des deux côtés dont il se réjouissait qu’ils pussent enfin retrouver leurs familles. Oh… c’est cro magnon, tout ça!
Dire les choses comme elles sont, cela nous oblige à défendre la mémoire des victimes du Jihâd jusque-là où ça fait le plus mal, en commençant de ne plus donner satisfaction aux héritiers du Masque extraverti d’Oslo par un jeté de voile complice sur le coming out de Yasser Arafat, lequel avait jailli du 11-Septembre telle une morve de dragon. Il ne faut plus se bercer d’illusion : le FataHamas ne veut pas la paix. Or la paix procédera d’un consentement mutuel ou ne fera que miner davantage son propre processus. Est-ce une raison pour se dénaturer soi-même au contact d’un ennemi irréductible, dès lors qu’il faut admettre avec Hubert Védrine que nous ne serons jamais en situation de choisir notre Adolf tel qu’on l’imaginerait : en phase de rédemption finale : apte à nous tendre la main sans chercher à nous attirer dans un piège terminal? L’exécutif gaulois vient d’emboîter le pas au souilleur d’al-Aqsa dont il redoutait tant les réactions légitimées qu’aurait causées l’intrusion officielle de ses jewish doctors dans l’incubateur des droits de l’homme. Lorsqu’on ne parvient pas à entamer un processus de réajustement historique sur la base d’une procédure de coopération établie par des traités inter-étatiques soucieux de faire la lumière sur les zones de blocage mémoriel par une démonstration rationnelle et honnête en amont de laquelle comparaison n’a pas valeur d’équivalence, il y a un moment où l’abandon d’une solution multilatérale s’impose. Alors, on n’attend plus de la dictature algérienne qu’elle reconnaisse enfin le caractère imprescriptible des crimes suprémacistes dont ses acteurs glaçants se sont rendus coupables, et l’on regarde son propre passé en face. Tout seul.
Accorder à l’arabe le prestigieux statut dont bénéficient des langues étrangères telles que le russe ou le chinois, des langues, est-il utile de le racler, auxquelles la Constitution ne conférera pas le statut de langue officielle avant que l’une d’entre elles ne soit parvenue à engloutir la nôtre, me paraît tout compte fait, Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale, particulairement raisonnable. Il serait, par contre, fort dommageable pour le futur vraisemblablement surhumain que l’humanité, selon toute vraisemblance, sera mise en demeure de bâtir afin de se sauver d’elle-même, que son cerveau collectif ait imprimé, quelques secondes trop tard, la fourche menant, d’un côté, au multiculturalisme hypodermique et non point syncrétique — je n’ai pas dit non moins — d’une civilisation savante s’enrichissant de sa complexité et, de l’autre, à la multiplication des souverainismes sous-jacente à un communautarisme imbu de ses autosuffisances. Réduire à une sorte d’esclavage technologique chacune des composantes culturelles d’une nation métisse qui, redoutant le court-circuit fatal, amorcerait le détissage méticuleux de son manteau de valeurs et principes fondateurs, démontrerait d’une couardise bien compréhensible pour les animaux à œillères que nous aurions, de fait, admis être, au cœur d’un monde hagard qui n’aurait pas besoin d’avoir recours au déclinisme pour nous perdre.
Le seul co-auteur du siècle des Lumières qui eût jamais établi son foyer historique en Orient devra, cent fois devient coutume, essuyer un affront national de la part d’une sous-France du PIR dont les inspirateurs, avant et après-guerre, avaient donné un petit coup de main aux instigateurs des pogroms antijuifs d’Afrique du Nord. Un exercice conjoint entre l’armée française et l’armée israélienne, on met ça en avant, enfin, on en parle dans la presse israélienne, autrement dit, aux lecteurs et téléspectateurs juifs potentiellement tentés par une Alya impulsive et bruyante, surtout après l’assassinat d’une survivante de la Rafle, et l’on arrive parfois à le faire sans se pincer le nez, eh oui! des fois qu’on recouperait les causes de la montée de l’antisionisme en Occident avec la première cause mondiale de conflits armés qu’est, de fait, la guerre sainte islamique… Alors, qu’est-ce qui coince? Pourquoi l’idée d’un exercice militaire de l’OTAN, qui mettrait en commun son expérience du terrain avec celui d’une unité médicale de Tsahal, nous serait-elle brusquement devenue si insoutenable qu’il faudrait la glisser sous la dalle de béton d’une petite salle du parlement?
Vive Vladimir Poutine, Bashar al Assad et leurs alliés le reste n’est que roupie de sansonet
Il ne faudrait pas que, par souci de clarifier la question djihadique, nous finissions par en accroître l’acuité des angles mortels. Le rapport El Karoui met l’accent sur l’identité musulmane des principales cibles du salafisme. À l’entendre, il faudrait commencer par reconnaître que «l’objectif des islamistes n’est pas d’islamiser l’Europe, mais d’islamiser les musulmans». Nous ne contestons pas que les fers de lance de la coranisation aient compris bien avant nous qu’aussi longtemps que leur image de rêve ne poindra pas à l’horizon matériel, il faudra que le réalisme politique ait le primat sur la passion aveugle. N’en oublions pas pour autant que l’inflexibilité que l’on exige des visiteurs forcés de nos mosquées du crime, a pour finalité le glissement progressif et rapidement inexorable des fondements du droit libéral vers l’extase masochiste de la déloyauté envers soi. La radicalisation des musulmans préfigure, en tout état de Cause, l’islamisation des infidèles. Le pistolet vert-brun qu’un musulman libéral peut très nettement sentir qu’on le lui pointe sur la tempe est, par définition, une arme au rayonnement totalitaire dans la plus pure tradition fasciste. En la circonstance, il est de notre responsabilité collective d’enrayer la grande épidémie de peste brune à un moment fatidique qui n’est qu’une étape dans un processus lent.