C’est aujourd’hui, 2 août, que sera inhumé mon ami Michel Butel. Sa disparition n’a pas toujours eu le retentissement qu’elle aurait dû. C’était pourtant un écrivain rare et grand. Un poète de la politique et de la vie. Et c’était un auteur de journaux au sens où, d’habitude, on dit auteur de livres. Ensemble, il y a un peu plus de quarante ans, nous en avions fondé un qui s’appelait L’Imprévu. Ce n’était pas, tant s’en faut, le meilleur de ceux qu’il aura passé sa vie à rêver et créer. Mais c’était le premier. Et il était déjà, lui, Michel, devenu celui qu’il était et dont nous avons, bien plus tard, en 2009, dans La Règle du jeu, publié l’autoportrait magnifique. Il était génial et humble. Féroce et généreux. Il était radical, on disait alors «révolutionnaire», mais avec la douceur, la tendresse et, au fond, la bonté qui font souvent défaut à ceux qui s’autorisent aujourd’hui de lui. Il avait le sens de la grandeur et l’amour des vies minuscules.
La fascination des héros et le respect, plus vif encore, de ceux que la modestie de leur existence condamne à la prose. Et puis les mots. Il ne mettait rien au-dessus des mots. Mais c’était à en devenir fou. C’était à en suffoquer de révérence et de passion. Et je le revois, chaque soir, à l’heure du bouclage, en proie à l’une de ces crises d’asthme qui étaient déjà l’autre nom de la maladie de littérature qu’il avait contractée enfant – je le revois, sous la bulle à oxygène qu’il avait fallu installer dans son bureau, râlant les mots d’un édito qu’une secrétaire recueillait, un à un, pieusement, tels les soupirs d’un jeune agonisant. Les lecteurs du «Diable en tête» savent le personnage unique qu’il a été. Ils savent que j’ai eu, pour ma part, peu de contemporains plus capitaux. Je suis terriblement triste. Adieu, Michel.
Si quelqu’un a un pète au casque, ce n’est pas moi. Alors, haïssez-moi si c’est utile. Mais démerdez-vous pour empêcher que le président de l’État n’aille cracher au visage de David Ben Gourion en signant, en arabe (sic), une loi cruciale de l’État juif. Contrairement à la réciproque, Israël n’a rien à prouver à ses voisins en termes de respect des droits fondamentaux, au premier rang desquels les intérêts vitaux de ses agresseurs ne dépendent que très partiellement de ses choix stratégiques.