Tous les jours des hommes et des femmes sont menacés de mort sur les réseaux sociaux pour avoir exprimé une opinion, sans que cela émeuve grand monde. Les auteurs de ces menaces se dissimulent sous des pseudos qui leur assurent anonymat et impunité et les victimes feignent l’indifférence pour ne pas en rajouter et protéger leurs proches. Et, de fait, beaucoup pensent que répondre à ces menaces, c’est exciter la bête, remettre une pièce dans la machine à haine et démultiplier le risque qu’un jour se produise l’irréparable.

Un exemple, tiré de l’actualité récente.

Il y a quelques jours, Bernard-Henri Lévy, comme d’autres, a fait connaître son avis sur l’action militaire conjointe menée par la France, les États-Unis et la Grande Bretagne contre les arsenaux d’armes chimiques de Bachar El Assad.

Il a aussitôt fait l’objet, en quelques heures et au cours de la seule journée du 15 avril dernier, d’un déferlement de haine sur tweeter, d’une violence telle, qu’il me paraît nécessaire d’en publier ici le florilège.

On peut juger ces «messages» insignifiants.

Et j’espère, de tout mon cœur, qu’ils le sont.

Mais une longue expérience m’a appris que les mots précèdent souvent les actes.

Ils peuvent, disait un grand poète français, avoir le poids d’une bombe.

Aussi est t’il temps de rompre avec la « stratégie de l’autruche » qui a trop longtemps prévalu et dont on voit bien qu’elle n’a pas fonctionné.

Faudra-t-il un passage à l’acte pour que les hébergeurs prennent la mesure de la gravité du phénomène et que le législateur légifère?

Faudra-t-il qu’une de ces incitations à là violence soit prise à la lettre pour qu’on réalise que ce qui semble si difficile à mettre en œuvre aujourd’hui peut l’être demain, pour peu qu’on le veuille vraiment ?

La solution est simple : fermer les comptes des utilisateurs qui profèrent des menaces physiques ou incitent à en commettre.

Pour l’heure, la loi ne prévoit pas cette obligation à la charge des hébergeurs. Ils pourraient le faire sans y être contraints, mais ils ne le veulent pas et ne font rien.

Quant aux politiques, ils réfléchissent, déposent des propositions de loi, font des déclarations et des discours…

Jusqu’à quand ?

Si, ce qu’à Dieu ne plaise, un drame devait survenir, les grandes manifestations qui ne manqueraient pas d’être organisées en même temps que le non moins grand débat qui aurait lieu à l’Assemblée Nationale en préambule à l’adoption de la loi à l’unanimité, ne masqueraient pas les responsabilités de celles et ceux qui auraient pu prévenir ce drame et qui ne l’auront pas fait.

Que chacun prenne ses responsabilités. Avant qu’il ne soit trop tard.

4 Commentaires

  1. Définitivement : une prise en charge de ces problèmes par twitter s’impose.

  2. Je suis souvent en accord avec BHL sur ses positions politiques. Cette attaque des 3 puissances contre des installations chimiques biologiques et autres sont les bienvenues. Le conflit syrien est vraiment compliqué et plein d’embuches. Je ne vois pas d’autre solution que de permettre à Assad de continuer à diriger ce pays ravagé par la guerre avec l’aide mesurée de la Russie mais surtout pas de l’Iran.

  3. Je ne vis pas en France et trouve BHL et d’autres intellectuels courageux. Je peux ne pas être d’accord avec lui sur plusieurs sujets, il n’en reste pas moins qu’il vit sa vie à fond, qu’il amène des idées aux questions d’actualité. Ce que j’apprecie le plus chez lui, et je l’ai remarqué à plusieurs reprises ces dernières années, c’est qu’il n’hésite pas à prendre la défense d’un homme ou d’une femme sans se soucier de l’opinion générale qui a tendance à tirer sur une ambulance.

  4. Je suis en désaccord avec la position de BHL sur l’intervention militaire de la France en Syrie et je condamne fermement les propos appelant à la haine et au meurtre à son encontre sur Twitter. Ces salopards anonymes devraient avoir leur compte supprimé comme il se doit. J’ai beau avoir certains désaccords profonds avec BHL, les propos antisémites et/ou appelant à la haine ou au meurtre à son encontre, sont inadmissibles et doivent être sanctionnés par la justice si possible.