Les dépêches du jour : Des bombes sur la Ghouta orientale. Les titres du jour : Des enfants meurent.

Aux Nations Unies, à guichet fermé, palabres brumeux au Conseil de Sécurité. L’envers de l’urgence. L’humanité sans élévation qui se perd dans les méandres de l’inaction. Droit de véto contre devoir de protéger.

La presse du jour : Dans la Ghouta orientale des hôpitaux ciblés. Des bombes. L’enfer sur terre.

Ni notre sang. Ni notre chair. Le silence à haute voix. Bavardage engourdi, impotent, furtif. Absolue liberté pour les détenteurs de la puissance implacable de violence à perdre haleine et malheur aux vaincus. C’est l’époque. La realpolitik, ce barbarisme moral communément appelé pragmatisme, est de retour en force dans notre jardin quotidien : Le monde tel qu’il est ! Les pieds bien plantés dans notre sol, éviter de désobéir à la réalité du monde. Que l’émotion ne nous colonise plus ! Rapports de force et intérêt national ! Les valeurs, les principes ? On verra.

Rupture avec le moralisme ambiant. La lanterne de la raison et finie la fausse conscience, finies les considérations abstraites ! Rationalité ou cécité morale érigée en lucidité de circonstance ? Cynisme sans bornes, sans humanité ? La politique affranchie de l’éthique ? La politique, le cœur sec, sans préceptes, le décompte froid fluctuant bien au-dessus de toute illusion humanitaire? L’homme répondant de l’éthique n’aurait aucun sens du réel et la politique ne saurait être brimée par la morale ?

Le réel ? Sur les réseaux sociaux, un enfant syrien accuse : «Nous mourons de votre silence.» Un enfant syrien interroge : «Pourquoi notre sang est-il si insignifiant ?» Un enfant syrien dénonce : «Bachar-al-Assad, Poutine et Khamenei ont assassiné notre enfance.»

Demain notre parole s’ouvrira. Nous parlerons avec force sans incidences. Nous parlerons, le discours de pacotille, sans être vrais au fond de nous-mêmes. Nous parlerons, professant l’humanité sans la protéger. Contradictions entre le dire et le faire ? Commandement du réel ? Politique du possible ou farce répétitive ?

Déjà, il y eut Alep et pourtant nous avions menacé : que la ligne rouge soit franchie, et on allait voir ce qu’on allait voir ! L’humanisme frelaté, soldé, nous sommes devenus des hommes – fantômes sans mémoire, incapables de tenir parole. Cendre sur cendre, déjà, il y eut Alep et notre sale silence. Et sous les yeux de nos consciences aujourd’hui les Kurdes compagnons de guerre contre Daech à Kobané et ailleurs, abandonnés au détour du premier sentier. Abandonnés sans remords, trahis en rase-motte ! Laissés à leur débarras.

Or encore dans la Ghouta orientale la nuit qui se répète : des décombres, des ruines. La valeur de la vie en cendres jouée en images continues. Le nettoyage. Aux portes de notre humanité, une autre banalité… Jusqu’où ? Jusqu’à quand ?

A flirter ainsi avec l’indifférence à l’heure du désastre, à mourir à nous-mêmes, à ne plus être ce que nous disons que nous sommes, que nous vaudra demain ? Que vaut en définitive l’humanisme dont la mesure, la portée et la vertu en actes n’est plus, le cœur battant, secours de l’homme pour l’homme ? Nous sommes sur la mauvaise voie.

3 Commentaires

  1. Assad, Poutine, Khamenei, Erdogan, expressions du fascisme dans toutes ses ébauches dont le nazisme en est la forme la plus achevée, unis solidairement par le crime de masse et contre l’humanité.
    Le massacre des civils dans l’enclave Ghouta sous les bombes du boucher Assad est perpétré avec l’appui stratégique et militaire du régime kleptocratique russe, avec la complicité de la théocratie intégriste iranienne qui prolifère au Moyen Orient.
    Poutine n’oublie pas ses amis.
    Kadhafi hier, à qui il aurait permis un dernier crime, celui de massacrer la population libyenne dans des rivières de sang s’il n’y avait pas eu un miracle et l’intervention des bombardiers pour l’empêcher.
    Assad aujourd’hui, le symbole de notre absence, à qui il a promis un soutien total de la Russie et félicité dans des déclarations toutes récentes le succès de son nettoyage, au gaz serin compris.
    C’est nous, les occidentaux, on ne le répétera jamais assez, qu’avons oublié d’intervenir au bon moment pour empêcher les atrocités d’Alep, la Sarajevo syrienne, et l’usage des armes chimiques du régime.
    Quand on dit soutien total de Poutine à son ami Assad, il faut l’entendre complet et partout, en Syrie comme à l’ONU.
    La Commission de l’ONU pour les crimes de guerre, qui a déjà permis à la Cour pénale internationale de juger les criminels du génocide du Rwanda et les assassinats de masse en Yougoslavie, n’a pas abouti à former un tribunal spécial pour la Syrie à cause du veto de la Russie.
    Empêcher un criminel de l’humanité d’être traduit devant un tribunal pour répondre de ses crime, c’est d’en être le complice et de répondre autant devant l’humanité.

    Voici donc ce qui veut dire Ghouta aujourd’hui, et les responsabilités qui sont les nôtres.
    Peut-on encore serrer la main des assassins, d’un Poutine, d’un Khamenei, d’un Erdogan, en oubliant les morts d’Alep, de Ghouta, d’Afrin ?

    L’urgence est d’intervenir pour sauver Ghuta. Inutile la seule condamnation de façade des Nations Unies et du monde, elle ne féra pas cesser le déchaînement des forces d’Assad, d’une violence encore jamais vue en tant de massacres de ces presque sept années de guerre en Syrie.
    350 mille civils sont pris au piège dans l’enclave et exposés à la mort dans leurs maisons sous la pluie des bombes larguées par Assad.
    Nous sommes plus forts qu’Assad et nous pouvons arrêter le massacre de Ghuta.

    • Une mesure que peut prendre tout de suite l’Europe pour condamner les agissements sanguinaires du couple Poutine-Assad dans l’enclave de Ghouta comme partout ailleurs est d’annuler la participation des Etats membres à la Coupe du monde cette année en Russie

  2. La piraterie islamisante n’a jamais eu besoin de quiconque pour financer les crimes de son commanditaire, n’exigeant pas d’autre salaire qu’un droit de razzia sur les rivages et dans les eaux dont elle avait pour principale mission de s’assurer qu’elles demeureraient impraticables à tous ces fats adorateurs de l’Homme qui avaient refusé de verser un impôt colossal au spoliateur des mers. Vous ne voulez rien dire ni faire qui provoquerait une dissémination du chaos entre l’Orient et l’Occident. Mais un État de droit ne se distingue-t-il pas par son aptitude à garder ses nerfs face aux accusations diffamantes portées contre lui par un État retors? Ne me dites pas que vous craignez une réaction bipolaire de la part d’un membre éminent de votre association multipolaire? Oui, pardon, allez-y. D’accord. Vous ne ferez rien qui risquerait de contrarier les fauteurs d’instabilité mondiale. Vous voyez, ça je peux le comprendre. Je peux comprendre que vous campiez comme moi sur vos positions car, après tout, ce n’est pas si désagréable de jouer le dindon du machin. Et puis, les résultats sont là, non? Incontestables, visez-moi ça. Plus de sécession en tyrannie. Plus de néocolonialisme en démocratie. Depuis que nous avons dégluti la victoire du despote contre le truculent ennemi de conte de fée que l’empereur de l’Union eurasienne nous avait condensé, nous n’avons eu à déplorer l’usage d’aucune arme chimique contre un peuple dont nous savons pertinemment qu’il s’écrasera devant le califat sunnite au moment même où la tête de Bachar roulera entre ses propres pieds. Quoi? Moi mentir? Prenez garde à vos mots, Monsieur! Et puis, n’oubliez pas qu’il y a quelques minutes, avant que vous ne fassiez volte-face, vous ne m’avez pas vraiment laissé le choix des armes. Allez, c’est bon. Je me rends. Je plaisantais, vous dis-je. Je vous donne raison et, par là même, je me donne tort. Hé oh! entre nous soit dit… je n’ai pas proféré que des mensonges, pas vrai? C’est bien de libération qu’il est question de l’autre côté du rideau de fer fantôme? Comment imaginons-nous pouvoir exporter les droits sociaux et libertés individuelles aux quatre coins du monde alors même que nous échouons à briser nos propres chaînes sans nous trancher les poings et les pieds? L’ère coloniale sera révolue quand nous aurons achevé d’évacuer nos relents de culpabilité postcoloniaux. Les démocrates des terres fascistes n’ont aucune chance de parvenir à s’implanter durablement chez eux sans l’aide politique et inévitablement militaire d’une gouvernance d’obédience universaliste et non plus internationaliste de façade. On ne neutralise pas les intimidations du Jihâd sur les bancs de l’université. Les étudiants en section démocratique doivent être libres d’étudier sans craindre qu’une confraternité d’assassins ne monte anéantir leur rêve de conquête intérieure. Un rêve qui, bien sûr, est le nôtre. Un rêve dont nous allons nous donner les moyens de poursuivre le déploiement durable.