Paris-Saint-Germain a donc failli.

Malgré une saison nationale sans partage, malgré un tirage au sort favorable, l’équipe de Laurent Blanc a une nouvelle fois échoué à concrétiser ses prétentions de très grand du football européen, et autant dire mondial.

Pourquoi cet échec répété ? À qui la faute ?

Il y a, bien sûr, d’apparentes raisons.
Deux joueurs, d’abord.

Ibrahimovic d’un côté, Aurier de l’autre.

On doit à ce dernier la plupart des occasions mancuniennes, dont le penalty d’Aguero et le second but du match aller. Techniquement dépassé, fébrile, ne sachant où se situer sur le terrain, Aurier a fait peser sur ses coéquipiers le poids de la défiance.

Quant à Zlatan, brillant ces dernières semaines, il a perdu en quelques secondes (un penalty et un face à face manqués contre Joe Hart lors de la première des quatre mi-temps) l’assurance du leader dont une grande équipe ne peut faire l’économie.

Cela, déjà, suffit à expliquer qu’on ne marque pas assez et qu’on prenne des buts. Mais malgré ce déficit, Paris était encore qualifiable à quinze minutes de l’issue.

 

Des absents, ensuite.

Au premier rang desquels le talentueux Marco Verratti, encore convalescent. Et Blaise Matuidi et David Luiz, tous deux suspendus. Certes. Mais le Matuidi d’aujourd’hui n’est pas celui de la saison dernière – encore une fois, au match aller, son centre s’envole quand Cavani, seul devant le but, l’attendait à ras de terre. Et Marquinhos vaut bien David Luiz. Alors, Verratti, oui, mais enfin…

 

On ne peut, non plus, invoquer l’adversaire.

Tout respectable qu’elle soit, Manchester City n’est ni le Barça, ni le Real, ni le Bayern. Trois équipes qui dominent l’Europe et dont le PSG se voudrait l’égal.

Alors, il faut chercher ailleurs. Plus haut, plus profond.

 

Laurent Blanc, évidemment.

Être coach, et non plus entraîneur – la terminologie anglo-saxonne n’est pas innocente –, cela signifie d’abord deux choses : gérer des ressources humaines, bâtir une stratégie.

1 – Les hommes

Il ne sert à rien de briller devant Troyes ou Nice quand on est assuré du titre national pour s’effondrer ensuite dans la compétition européenne. Il faut préserver le capital humain et surtout savoir motiver les troupes quand c’est nécessaire. Un coach, c’est un meneur, un chef, un leader, appelez ça comme vous voudrez, mais ça n’est pas ce Laurent Blanc qui déverse sa frustration et sa mauvaise humeur sur les journalistes parce qu’il n’a pas le vestiaire à sa main.

Le cas Aurier est à ce titre exemplaire. De deux choses l’une. Ou on lui pardonne ses dérives verbeuses et on le maintient dans l’effectif pour qu’il reste compétitif, ou bien on l’exclut définitivement. Le compromis mou et désastreux (deux mois de CFA, retour contre City) accepté par Blanc est une des causes directes de l’élimination.

Manier alternativement la carotte et le bâton, on n’a pas trouvé mieux mais ça ne se décide pas, c’est naturel ou ça ne sera jamais.

2 – La stratégie

Mais de quelle imagination fangeuse est sortie ce 3-5-2 (qui a très vite pris la forme d’un non moins improbable 5-2-3 tant les joueurs étaient perdus) du match retour ? Aurier et Van der Wiel sur le même terrain, et Lucas sur la touche ! Alors qu’il fallait gagner pour être qualifié ! Le football de mon enfance se jouait en 3-2-5. Cinq attaquants. Ça n’est certes plus possible, mais pour gagner un match, il faut toujours marquer des buts, plus que l’adversaire. Les trois majors l’ont compris depuis longtemps. Ça n’est pourtant pas compliqué, monsieur Blanc !

 

Le recrutement, aussi.

Aucune équipe ne s’est imposée à l’échelle internationale sans au moins un joueur d’exception. Pelé, Cruyff, Platini, Zidane, Messi, Ronaldo… ont été ou sont des joueurs capables de gestes à d’autres impossibles. On ne peut plus espérer gagner la Champions League ou le Mondial sans un joueur de ce niveau. Le grand Zlatan a montré ses limites en Europe. Il est temps pour le PSG et pour Nasser Al-Khelaïfi, s’ils veulent atteindre le dernier carré, de recruter une des stars actuelles ou de trouver celle de demain.

 

L’esprit, enfin.

L’esprit de la gagne, la grinta, le fighting spirit, le sens de l’honneur, plus que du devoir. Où était-il ce mardi soir ?

Pas chez les joueurs du PSG. Tout le monde ne peut pas gagner, mais au moins peut-on se battre avec ardeur pour défendre ses chances. Et non seulement on le peut, mais on le doit. Pour mériter son salaire exorbitant, par respect pour tous ceux qui aimeraient être là, par amour-propre, par défi, pour l’espoir enfin qu’on porte aux dizaines et dizaines de millions d’amateurs.

Oui, le PSG a failli. Rien de grave, les vrais problèmes sont ailleurs.

2 Commentaires

  1. bon pour ma part , je ne serai pas aussi sévère…quoique « c’est vert » me rappelle les grandes épopées européennes de St Étienne ! et par déduction m’amène à penser que le PSG devrait bien s’en inspirer car le talent c’est une chose mais l’envie une autre et sans l’envie le talent montre ses limites alors qu’avec l’envie ,cela comble le manque de talent!

    le changement de tactique ne me trouble pas , si paris avait gagné on aurait crié au génie ! imaginez que le réal perde a Barcelone alors que zidane fait rentrer un attaquant de plus et bien le « heros » se serait fait critiquer…

    on parle de mecs professionnels qui émargent entre 300.000 et plus d’un million d’euros par mois , et ils ne s’adapteraient pas à un 3 5 2 ??? Soyons sérieux ! c’est comme un cadre dans une entreprise qui commence toujours a 10 h et qu’on dirait du jour au lendemain tu commences a 8h demain et qui n’y arriverait pas !!!!

    c’est juste que certains joueurs sont cramés (maxwel, thiago motta, ibra au niveau europeen ) et d’autres qui n’ont pas le niveau( aurier , stambouli, di maria) et les absents primordiaux (verratti , marquinos, pastore)

    c’est trop pour prétendre a plus aujourd’hui , tirer sur Blanc c’est plus facile je ne lui reproche que la gestion d’aurier et la peur de mettre motta sur le banc!

    mais si ibra marque le penalty au match aller , nous n’en discuterions pas aujourd’hui…

    bises

  2. Entièrement d’accord avec votre article. Sachant que Aurier revient d’une CFA pour jouer titulaire d’un quart de final d’une C1 (incompréhensible) !?! Aucun coach au monde ne ferait une telle erreur ! De plus, changer d’organisation tactique, quelle erreur de passer d’une formation habituée au 4-3-3 à une formation 3-5-2 sachant que cette dernière n’a été testée que 24 h avant le coup d’envoi ! Trop d’erreurs de coaching, à ça si on rajoute les absences des tôliers comme Matuidi, Luiz et Verratti ainsi que les joueurs mis sur le banc par Blanc (Pastore et Lucas qui eux sont susceptibles d’apporter de la profondeur à ce jeu stéréotypé de passes latérales) et enfin le manque de réussite de Zlatan et Di Maria, on peut dire que la défaite et l’élimination était inévitable !