L’Afrique du Sud vient de se déshonorer. Son gouvernement, avec à sa tête le président Jacob Zuma – qui ne cesse de trahir l’héritage de son ancien compagnon d’armes Nelson Mandela – a laissé le président soudanais Omar el-Béchir rentrer paisiblement chez lui. Le sanguinaire dictateur militaro-islamiste, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide commis au Darfour, participait dimanche 14 juin à un sommet de l’Union africaine réuni à Johannesburg. L’Afrique du Sud, en tant que signataire du traité de Rome ayant institué la CPI, avait l’obligation de l’arrêter. Mais l’Union africaine, véritable association d’entraide des autocrates corrompus régnant sur la plupart des pays du continent noir, est, comme on peut s’en douter, hostile à toute ingérence de la justice internationale dans ses (bonnes) affaires. Comme il se doit, les chefs d’Etat et de gouvernement africains contestent l’autorité de la CPI au nom de l’anti-impérialisme.
Une ONG sud-africaine de défense des droits de l’homme avait pourtant presque obtenu des tribunaux qu’Omar el-Béchir soit interpellé. En effet, l’association Southern Africa Litigation Center (SALC) avait saisi la justice afin de faire appliquer le mandat d’arrêt de la CPI. Suite à quoi un tribunal de Pretoria avait interdit au président soudanais de quitter l’Afrique du Sud en attendant qu’une décision finale soit rendue. La police était même censée devoir l’empêcher de quitter le territoire sud-africain. Mais dès le lendemain matin, lundi 15, il prenait tranquillement l’avion pour repartir chez lui à Khartoum.
Cette fuite programmée et protégée appelle plusieurs constats.
Il s’agit là en premier lieu d’une tragédie pour les peuples de l’Afrique tout entière. Car en se rendant complices de l’impunité dont jouit le responsable de massacres qui ont coûté la vie d’au minimum 300 000 personnes (chiffre de l’ONU, notoirement sous-estimé selon les experts), les autorités sud-africaines donnent un encouragement à tous les despotes du continent. Elles envoient un signe de solidarité à l’égard de ces gangsters qui maltraitent leur peuple, pillent les richesses nationales, assassinent les opposants, tuent les civils.
Par ailleurs, en se drapant des oripeaux d’un anti-impérialisme de pacotille, les dirigeants africains tentent en fait de discréditer les valeurs universelles de la démocratie et des droits de l’homme. Le retour tranquille d’Omar el-Béchir, couvert par l’Union africaine et plus particulièrement par l’Afrique du Sud, est applaudi par tout ce que la planète compte d’ennemis des démocraties occidentales. Il suffit de faire un tour sur les sites pro-Poutine ou pro-Iran (généralement c’est la même chose), sur les pages Facebook des conspirationnistes, de l’extrême droite, des négationnistes et des hystériques de l’«anti-sionisme» (là encore, c’est du pareil au même) pour s’en convaincre. La jonction qui s’est opérée entre dictateurs africains, régimes autoritaires d’Amérique latine ou est-européens et extrême droite mondialisée se cimente un peu plus chaque fois que la justice internationale subit une défaite.
Le prestige du maître sanglant de Khartoum sort renforcé du pied de nez qu’il vient de faire à la CPI. Or l’homme, lié au régime des mollahs chiites iraniens tout en soutenant discrètement certains groupes islamistes armés sunnites, participe de la déstabilisation régionale dont profitent les jihadistes comme ceux de Boko Haram. Porté au pouvoir par un coup d’Etat fomenté par les Frères musulmans en 1989, il possède un pouvoir de nuisance dangereux. Faisant semblant de condamner les terroristes du jihad, il se montre en fait d’une très grande compréhension à leur égard, affirmant sans vergogne lors d’une récente interview à une chaîne européenne qu’ils sont en fait des marionnettes de la CIA et, évidemment, du Mossad. Air connu…
Il faut enfin souligner que ce n’est pas en permettant le retour de ce sinistre individu aux postes de commande de son pays qu’on fera baisser l’afflux de migrants soudanais en Europe. On ne doit pas s’étonner que des dizaines de milliers de gens constamment menacés par l’aviation et les milices du régime, des dizaines de milliers de civils qui ont déjà perdu des membres de leur famille et dont les villages ont été brûlés, cherchent refuge sous nos latitudes. Tout comme Bachar al-Assad en Syrie, Omar el-Béchir est la cause de l’exil de malheureux qui espèrent trouver ici la possibilité d’une vie en sécurité. N’ayant pas été capables jusqu’à présent d’arrêter la main des bourreaux et de les mettre hors d’état de nuire, les grandes puissances démocratiques ne peuvent pas faire moins qu’accueillir leurs victimes.
Vous dites que Jacob Zuma « trahit l’héritage » de Nelson Mandela. Je me permets de ne pas totalement souscrire à cette idée. An nom du fameux combat anti-impérialiste, Mandela l’icône-internationale-dont-il-ne faut-dire-que-du-bien, s’est aussi illustré par son silence assourdissant envers les dictateurs africains, tel Robert Mugabe. De même au nom toujours de ce fameux anti-impérialisme, il a présidé plusieurs rencontres, dont une que j’ai personnellement trouvé honteuse, où Israel a été cloué au pilori et dénoncé comme état raciste, créant un apartheid envers les Palestiniens, etc., etc. Au nom là aussi du soutien indéfectible à Yasser Arafat, grand démocrate comme chacun sait (ses ennemis, s’il en a eu, ne sont plus là pour témoigner, ayant tous été éliminés…).
Non, je vois plutôt une continuation de la politique de Mandela, c’est bien connu seuls les Blancs sont racistes, et quiconque dit du mal d’un dirigeant africain n’est qu’un ignoble néo-colonialiste…
Le franc-jeu des sept erreurs
1. Les Zoulous du Proche-Orient ont attendu presque vingt siècles avant de recouvrer leur souveraineté, et ce malgré l’immanence de leur existence, de cette présence on ne peut plus humaine, trop humaine sans doute alors qu’une hallucination auditive lui permettait d’entendre sa propre voix murmurant à l’oreille du bourrin antisémite jusque dans les canons de l’Église.
2. Au nom, entre autres inepties, de la solidarité avec les victimes de l’apartheid israélien, Zuma n’accorde pas de crédit à une Cour pénale internationale qui s’est pourtant sérieusement désaxée vers lui avec l’intégration d’un 123e membre, lequel nouveau venu n’a jamais cessé de garder dans son angle de tir le Lambdéen d’origine juive qui, je le rappelle, n’a jamais connu de rêve plus récurrent que celui de reconstruire la paix.
3. Le mur défigurant l’État de droit universel entre un Israël multiethnique et ces purificateurs panarabes qui dansaient dans les cendres des Tours jumelles tandis qu’ils poursuivaient leur seconde Intifada, est un rappel de honte aux nations.
4. L’Assad soudanais avait déjà profité d’une petite promenade en Libye quelque temps après l’émission à son encontre du mandat d’arrêt international pour génocide.
5. L’Europe en guerre contre le terrorisme choisit de renvoyer chez elles les victimes des tyrans que Daech récupère dans un état de désespoir inespéré, lui permettant de faire l’économie de plusieurs semaines d’endoctrinement avant de les lancer contre le Grand Satan.
6. Contrairement à un État juste génocidaire, l’État islamique d’Irak et du Levant se verra administrer une riposte militaire d’envergure internationale, parce qu’il le vaut bien.
7. La réquisition de locaux destinés à une colonie de vacances (non humanitaires) pour y loger quelques dizaines de réfugiés africains suscite l’effroi de la France profonde en des temps de fracture socioculturelle où l’on songe à rendre le service civique obligatoire.