Un an après la célèbre « ligne rouge » d’Obama, les allégations sur un massacre à l’arme chimique de grande ampleur près de Damas remettent cruellement en lumière les contradictions et hésitations des Occidentaux, coincés entre indignation et refus d’intervenir. Bernard-Henri Lévy était invité à envisager, sur BFMTV, les options de la communauté internationale, face à l’usage présumé d’armes chimiques en Syrie.
L’attaque aérienne a fait ressortir des images d’une violence extrême, « insoutenables », pour BHL, comme celles d’enfants suffoquant. L’usage présumé d’armes chimiques est née à la vue de photos de cadavres sans traces de blessures. Mais, selon l’écrivain, l’enquête ne pourra pas se faire car les experts « n’auront pas l’autorisation d’aller sur le terrain ».
« Cette histoire de veto russe et chinois, c’est une indécence »
Ce jeudi matin, Laurent Fabius, a menacé de « recourir à la force » mais s’est toutefois refusé à entrer aborder la forme que pourrait prendre une telle réaction et a exclu catégoriquement l’envoi de troupes au sol. Pour BHL, une intervention en Syrie « est évidemment possible » et ce depuis un an et demi, malgré les résistances de certains pays: « ONU ou pas ONU, cette histoire de veto russe et chinois, c’est un indécence ».
Selon BHL, si la communauté internationale n’agit pas « c’est probablement l’idée qu’il y a dans les esprits, que succèderait à Bachar al-Assad les islamistes ». Mais pour le philosophe, ce « raisonnement est obscène, compte tenues des images de ces enfants gazés ».
Quoi qu’il en soit, pour BHL, la communauté internationale « n’est pas à la hauteur » sur le dossier syrien. « Nous aurons honte dans quelques mois » d’avoir écouté la Russie et la Chine, a-t-il poursuivi. « Si nous continuons à nous laisser prendre en otages » par Poutine sur la Syrie, nous en « rougirons ».
Aller demander son avis à une nation sur la justification de son implication dans la guerre d’une autre nation démontre de l’acéphalie de son État. La stratégie militaire a besoin d’un stratège. D’un chef de guerre qui ne va pas proposer au troufion, à la femme du troufion ou au chien de la femme du troufion enterré sous la table depuis que la petite vermine de fils du généralissime troufion a foutu le feu à son pétard, de s’exprimer sur le péril que représente un régime de terreur quand ce dernier n’a plus de garde-fou. S’il est à la place qu’il occupe, on espère que ce n’est pas le fait d’un népote ou d’un pote tout court. Il considère que l’heure est venue pour son pays d’entrer en guerre? Qu’il vienne donc exposer son plan au peuple au lieu que de lui envoyer une armée de sondeurs. Pourquoi la guerre est devenue inévitable. Comment les heures prochaines vont se dérouler. Que le chef des armées nous prépare à ces heures! Nous ne sommes plus des enfants. Nous sommes en âge de calculer le différentiel de gravité selon qu’il s’applique à la cause ou à la conséquence.
Je ne suis pas un agent du Mossad. Si tel était le cas, j’en tirerais une immense fierté, mais mon histoire m’a entraîné sur un autre chemin. Je n’en perçois pas moins le nœud gordien de l’hypoguerre mondiale. Et en l’état actuel des choses, je ne vois guère qu’une manière de le trancher : trancher. Idéologiquement. Avec ce qui nous révulse, et se rendre compte de ce qu’on l’a déjà renversé. Trancher avec le nationalisme bassement baasiste du panarabisme à l’heure d’une mutation laïque des nations. Trancher avec le mondialisme fondamentalement totalitaire du panislamisme à l’heure où le chef des chrétiens n’associe plus chiennement la perfidie et la judéité. Faites-nous comprendre qu’avec vous, rien ne sera plus pareil. Faites-nous savoir que vous avez compris le sens du plus-jamais-ça. Vous, Ahmad Jarba le Laïc, espoir en qui j’espère, n’attendez pas demain pour réaliser ce qu’aucun des vôtres n’a jamais réussi à décoincé du caveau de sa conscience : la reconnaissance de l’État hébreu par une déclaration officielle. Faites bouger les lignes. Sortez de vos sentiers battus et sortez-nous des nôtres. Faites faire un rêve à Obama!
Curieusement, de cette place maudite que pas un de vos homologues n’échangerait avec vous, vous avez le pouvoir de bouleverser l’équilibre du monde. Vous pouvez, à l’instant, devenir la pièce maîtresse du futur. L’opportunité rare, dont nulle puissance occidentale ne pourrait s’offrir le luxe de la laisser filer.
Depuis le temps, je pensais que vous aviez compris que je pèse mes mots. Quand je dis «criminel contre l’humanité», je ne donne pas une note au «crime contre l’humanité». Je ne cherche pas à vous perdre, j’ose espérer que vous non plus. Le Jihâd est la menace n° 1. La présence des Frères musulmans parmi les chefs de la rébellion a tout faussé dès le départ. L’intrusion d’Al-Qaïda en rajouta une couche. Il valait sans doute mieux ne pas trop souligner ce qu’on espérait tuer dans l’œuf. Cela vaut pour hier, et sans doute, pour demain, nous sommes d’accord là-dessus. C’est pourquoi j’essaie de nuancer mon approche du problème. Si je décidais de désigner les responsables de cette situation terrible, ils ne se limiteraient pas à une petite ordure. Je ne crois pas une seule seconde que l’eau ait coulé sous les ponts entre Hassan el-Banna et Tariq Ramadan. Vous non plus, et pourtant vous le laissez entendre. C’est à s’y perdre, si on le souhaite. J’essaie juste de me rapprocher de la vérité. Question de nature. Alors, quand la réalité confine à la confusion, j’en restitue la sève. Ce n’est pas mon verbe qui en ressort confus.
Les peuples russe et chinois ont souffert le martyre du fait des forces de l’Axe. Leurs tombes leur interdisent, en ces heures où les masques tombent — où sont les masques à gaz? — d’aller sceller un pacte avec les élèves-protecteurs d’un assistant zélé d’Adolf Eichmann. Poutine craint l’accession au pouvoir de la Base? Mais la Base n’a pas davantage de chance de monter détrôner Assad en Syrie si elle se casse les dents sur un front russe allié à l’âme de la vraie Syrie qu’elle n’en avait face à la coalition franco-africaine au Mali. Fabius a raison. Ce n’est pas à la France d’atterrir à l’est de l’enfer. Ses troupes, à l’heure qu’il est, sont bien trop occupées au sud pour penser à se disperser. Que les membres du PPP (Partenariat pour la paix) assument leur idéal et songent, sans qu’on ait pour cela dû s’immiscer dans leur sommeil profond, à prendre leur part active au sale boulot.
P.-S. : Au-delà de la provocation, il va falloir songer à prendre en considération le fait qu’une quantité non négligeable de nos anciens camarades de classe qu’auront heurtés un tant soit peu les débris des Lumières ne pourront pas ne pas établir un parallèle entre une situation d’urgence et une autre, la question de la proximité géographique ne tenant pas trop debout, partant que la Syrie possède une frontière avec un pays dont l’ambition à intégrer l’Union européenne est un sujet récurrent des fins de quinquennat.