Dans le cadre de l’évènement Albert Serra – Lisandro Alonso : Cinéastes en correspondance, au Centre Pompidou, un cycle de rétrospectives, carte blanche, installations et rencontres, du 17 avril au 12 mai 2013, le réalisateur espagnol Albert Serra a choisi de rendre hommage au dramaturge, poète et réalisateur Fernando Arrabal avec la projection de son film Viva la muerte, sorti en 1971, ce soir, vendredi 3 mai, à 20h.

Le « dandy cinéphage » Albert Serra, souvent décrit comme l’héritier de Dalí, qui présentera notamment son film titanesque de plus de cent heures, Les trois petits cochons, sorti en 2012, dévoile ses affinités à travers une série de rencontres. Il explique son choix de faire figurer Fernando Arrabal parmi les artistes mis en lumière :

« Je me suis décidé pour Viva la muerte pour la simple raison qu’il est le plus espagnol de tous. Avec Buñuel et Dalí, Arrabal est le cinéaste espagnol le plus authentique, avec la mythologie espagnole la plus crue. »

Fernando Arrabal, qui tient un blog au sein de La Règle du jeu, est un écrivain et cinéaste né dans la petite ville espagnole de Melilla, sur la côte nord africaine. Le 17 juillet 1936 lors de la tentative de coup d’État militaire à l’origine de la guerre civile espagnole, le père de Fernando Arrabal demeure fidèle à la République, et est condamné à mort pour rébellion militaire. Fernando Arrabal sera, quant à lui, arrêté et emprisonné en 1967.

Transcendant satrape du Collège de ‘Pataphysique, ami d’Andy Warhol, André Breton, ou encore Milan Kundera, il est le co-fondateur du mouvement Panique, accompagné de Roland Topor et Alejandro Jodorowsky.

Auteur d’une œuvre foisonnante, de centaines de pièces de théâtre, romans et recueils de poésie, il a réalisé sept longs-métrages, dont Viva la muerte, en 1971, précédent d’un an la publication de sa célèbre Lettre au Général Franco. Le film, co-écrit avec Claudine Lagrive d’après son livre semi-autobiographique Baal Babylone, raconte comment, à la fin de la guerre civile espagnole, un jeune homme tuberculeux découvre que sa mère a dénoncé son père, arrêté depuis et déclaré suicidé. Le garçon refuse de croire à sa mort et part à sa recherche. Se heurtant bientôt à un monde sauvage, il se réfugie dans un univers de perversion et de folie.

Extrait de la critique de Viva la muerte parue sur La Règle du jeu, le 7 juillet 2012 :

« En 71, les gestations cinématographiques d’Arrabal n’ont évidemment pas plu du tout à la censure française : alors que l’Espagne est encore sous le régime Franquiste, il ira tourner son film en Tunisie ; même chose pour L’arbre de Guernica quatre ans plus tard, continuation historique essentielle de son oeuvre qu’il ne pourra filmer qu’en Italie. Au risque de se délocaliser de son berceau (et bourreau), il conserve malgré tout cette âme méditerranéenne, ces campagnes lumineuses et arides où l’on rêve et meurt. […]

Dans le rapport au corps, Viva la Muerte ne s’embarrasse d’aucune horreur, d’aucune gêne, d’aucune barrière : cette mise à nu évoluant dans un contexte à l’authenticité parfaitement dérangeante est traversée de séquences expérimentales, comme autant d’illustrations de “l’immontrable” ; à savoir des fantasmes enfantins gangrénés de pulsions de vie et mort. Dans ces scénettes saturées de couleurs baveuses, Arrabal arrose son spectateur d’images infernales, allant de la scatophilie, en passant par la torture, l’inceste, la nécrophilie, la castration, poussant le symbolisme dans ses retranchements les plus scandaleux comme son ami Roland Topor, à qui l’ont doit les dessins du générique (illustrant moult corps violés, transpercés, écartelés, ou couverts d’excréments). »

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Viva-La-Muerte-afficheViva la muerte
de Fernando Arrabal
France-Tunisie, 1971, 35 mm, 90’, nb
Avec Fernando Arrabal, Mahdi Chaouch, Núria Espert, Anouk Ferjac

Séance présentée par Albert Serra et un invité.



Cinéma 2
Centre Pompidou, Paris

19 Rue Beaubourg 75004 Paris
Le 3 Mai 2013, à 20h00
6€, 4€, LP gratuit
Renseignements au 01 44 78 47 99 ou sur la page de l’évènement.