L’adaptation de La Confession d’un enfant du siècle plaira davantage au fan-club de Peter Doherty qu’à un club de cinéphiles. Le film semble long, l’intrigue est plate, les décors pauvres. Il ne reste plus que la chair des personnages, dont celle un peu flasque et graisseuse du héros. Et celui-ci qui, en plus d’être repoussant, fut, il y a quelques années, vénéré par quantités de midinettes, est maintenant en phase d’être démodé.

Mais décrier le film de Sylvie Verheyde n’est-il pas oublier que l’œuvre originale faisait elle-même figure de livre pop avant l’heure ?

S’il est de bon ton aujourd’hui de mettre l’ex-chanteur des Libertines hors-jeu, c’est, à raison, pour signifier qu’il se vautre dans la boue de notre époque. À ceci près que personne ne l’a remplacé, l’aurions-nous jeté aux ordures, comme tous ces produits périmés que nous accumulons. Nous ne savons faire autre chose de notre siècle. Il nous faut des passe-temps. Face à cela, l’adaptation du classique de Musset est un mot d’ordre lancé à la jeunesse actuelle : élevez-vous absolument ! Ce manifeste, le personnage d’Octave le proclame. Pete Doherty se relève.

C’est le récit d’un jeune dandy trahi par sa promise, qui sombre dans la débauche et le libertinage. Malgré cela, sa pensée reste éprise des paradoxes moraux qui hantent toujours son esprit brillant. Cette torture s’achève lorsqu’il rencontre une femme plus âgée dont il tombe amoureux. Mais sa passion l’accable de plus belle lorsqu’il tente d’aimer absolument cette femme dont les désirs ne se conforment pas aux siens.

Cette exigence envers soi et cette soif d’absolu du jeune homme romantique irriguent de part en part ce dialogue entre deux acteurs géniaux, au sein d’un film qui n’est pas à leur hauteur. Charlotte Gainsbourg ne faiblit pas une seconde, donne à merveille la réplique à l’Enfant du siècle. L’intensité de son regard ne baisse jamais. Ce couple semble chercher un ailleurs, hors du décor et du film mêmes, dans lesquels ils flottent sans pouvoir se réaliser pleinement. Certaines scènes sont pourtant à la mesure des visions des amants, les plus simples, là où le cinéma laisse place à autre chose, qui est de l’ordre de la tension entre deux êtres, que l’on sent réelle.

Cette jeunesse que le film invoque, est celle qui a été abreuvée de nihilisme et de vanités en tous genres, et qui se trouve face à une contradiction essentielle : lequel, entre qui refuse son temps et qui l’accepte, fait preuve de vanité ?
Ces Enfants du Siècle semblent aspirer à autre chose que ce qui est montré d’eux et du monde, et qui y siège pourtant, intact.