Ce jeudi 5 avril, le magazine féminin Elle organisait à Sciences-Po un forum où se sont succédés tout au long de la journée les candidats à la présidentielle. Tous ont fait le déplacement sauf Philippe Poutou, Jacques Cheminade et Jean-Luc Mélenchon, ainsi que Nicolas Sarkozy qui a été remplacé dans des circonstances un peu particulières par Nathalie Kosciusko-Morizet. Marine Le Pen est donc venue.
Le Front de Gauche Sciences-Po a appelé à un « rassemblement silencieux » contre la venue de la candidate du Front National avec l’UNEF et le NPA.
Si la manifestation s’est déroulée sans heurts (mais avec cris) pour Marine Le Pen, elle s’est faite plus violente au tour de Nicolas Sarkozy. Celui-ci a décidé d’annuler sa venue, et c’est Nathalie Kosciusko-Morizet qui l’a remplacé. Elle est entrée dans le bâtiment sous les cris de « Sarko facho » (a capella et au mégaphone) alors même que rien de tel ne s’était produit contre Marine Le Pen. Quand elle voulut commencer à parler, une bonne partie du public a quitté la salle. Tous les candidats, à commencer par Marine Le Pen, ont pu tranquillement exposer leurs idées à Sciences-Po, mais Nathalie Kosciusko-Morizet a été empêchée de s’exprimer convenablement par des militants.
Le but de la manifestation de jeudi dernier à Sciences-Po n’était clairement pas de faire une mobilisation républicaine et transpartisane contre le Front National, mais de mobiliser la gauche contre la droite. Des organisateurs le confirmaient d’ailleurs à demi-mot, confiant que ce rassemblement n’était pas une manifestation spécifiquement contre Marine Le Pen… En un mot : c’est également Nicolas Sarkozy et l’UMP qu’ils visent.
La lutte contre le FN n’est précisément pas une question de gauche ou de droite, mais une question de valeurs. En faisant rentrer la lutte contre Marine Le Pen dans le même cadre que celle contre Nicolas Sarkozy et ici même Nathalie Kosciusko-Morizet, ces associations et partis politiques banalisent le FN.
Fidèles à la République et à notre lutte contre les extrêmes, notre conception de la lutte contre le Front National n’est pas celle d’une lutte de clans et de bords politiques. C’est toute la République qui doit porter cette lutte. Si la lutte contre l’extrême droite devient un simple problème de positionnement politique, alors ses idées seront banalisées et c’est le piège que nous voulons éviter à tout prix.
Que penser lorsqu’on voit que dans l’institution d’enseignement des sciences politiques la plus prestigieuse du pays, on écoute religieusement Tariq Ramadan mais on refuse de prêter l’oreille à la porte parole du président de la République ?
Pour faire baisser le Front National, mobilisons contre lui tout l’arc républicain. C’est un combat pour la République et pour nos valeurs.
Campagne : Chaque jour une idée pour faire baisser le Front National
Les modalités de contribution :
Pour participer à la campagne « Chaque jour, une idée pour faire baisser le Front National », La Règle du Jeu ouvre ses colonnes à toutes les bonnes volontés. Pour ce faire, il suffit d’envoyer un texte, un dessin, une vidéo, une idée, votre idée, pour contrer le Front National à l’adresse suivante : redaction@laregledujeu.org.
Les meilleurs textes et dessins, les propositions de qualité, novatrices, ou juste drôles, seront publiés chaque jour sur laregledujeu.org
A vos claviers, à vos stylos, à vos plumes, la lutte contre le Front National commence maintenant !
Eh oui! le FN est un parti antirépublicain, qui en l’espèce n’a pas sa place dans une élection présidentielle républicaine. Qu’il assume ce qu’il est! un courant révolutionnaire, avec des précédents, des précédents fâcheux, que dis-je? des précédents fâchés, euh… non! des précédents fascistes, nous voilà! Et qu’il nous fasse comme de juste sa Révolution nationale, enfin! Que nous soyons fixés! Mais surtout, débarrassés. Assez! Assez de ce timbre de haine, de cette fiole de ciguë qui ne trouverait pas une oreille où se verser s’il n’y avait une main pour le lui faire faire.
Quant à l’antisarkozisme, il n’a pas exactement remplacé l’antifascisme. Il existe un antigaullisme de droite, mais depuis l’origine, un antigaullisme de gauche le côtoie dans le pire. Un fascisme de gauche, pourrait-on l’appeler. S’en aller réveiller de ce côté-là la vieille haine plusieurs fois mutante, et donc, méconnaissable, des fils et filles des fils et filles des fils et filles de pauvres âmes réactivées jusqu’à la moelle sur le mode de la détestation de l’homme du 18 juin par le régime vichyste, c’est dégueulasse, c’est lâche, c’est trouble, c’est foireux, c’est aussi tortueux qu’une alliance chavézienne.
Le gaullisme est un héritage sacré. Le mendésisme en est un autre. Haïr le candidat porteur de l’un ou l’autre des héritages les plus nobles de la lutte antinazie d’abord, de la décolonisation ensuite, c’est rallumer le lance-flammes et larguer le napalm sur des consciences peinant à recouvrer leur fait, des consciences amnésiées de culpabilité qu’il faudrait faire redémarrer de leur propre étincelle.
Ça fait des jours, des semaines, des mois, des années que ça pue. Ça empestait déjà la dernière fois. Et celle d’avant. Et encore celle d’avant. Avant même que ça commence… la vache! La première fois, ç’avait failli les tuer. Ça découle du gaullisme car le gaullisme découle de ça.
Basta!
J’emploie le verbe «remplacer» non pas au sens de «se substituer à» mais de «se confondre avec». Les antisarkozistes savent très bien ce qu’ils font. Leur fascification de l’antifascisme est un passe-partout, alliant les deux avantages de se débarrasser des principaux témoins de son imposture tout en arrachant de leur cou le pedigree gravé derrière un médaillon, très utile depuis l’après-guerre. Ils sont ces résistants de la dernière heure qui après treize années à ramper dans l’herbe, ont achevé leur mue. Or sous la peau morte, on retrouve encore et encore le même motif ayant fait de soi-même un animal reconnaissable entre tous. Les salauds sont toujours des Salan.