Bachar Al-Assad a annoncé hier une nouvelle amnistie « pour les crimes commis pendant les événements ». Cette déclaration, relayée par l’agence officielle Sana, fait un tollé général sur la scène internationale. En effet, si son intention était de se moquer du monde, il ne pouvait guère imaginer mieux.
Les fausses déclarations de Bachar Al-Assad agacent plus qu’elles ne calment les esprits. Il est vrai que le dictateur prononçait hier sa 3ème amnistie – après celle du 31 mai et celle du 21 juin – depuis le début des révoltes syriennes en mars 2011. Cette dernière mesure, en faveur des prisonniers liés au soulèvement national, concerne les infractions aux lois sur le port d’armes, la désertion de l’armée et les manifestations pacifiques. On ne voit pourtant pas pourquoi elle serait plus respectée que les précédentes.
Les réactions suscitées par cette nouvelle amnistie témoignent d’un ras-le-bol général. De nombreuses critiques se sont notamment faites entendre au sein du monde arabe. Les Frères musulmans ont jugé que cette annonce n’était « ni crédible, ni sérieuse », et ont indiqué : « le régime
tente de rendre crédible son projet illusoire de réconciliation et de dialogue national, et c’est dans ce contexte qu’il fait des annonces à des fins de propagande ». L’ancien leader de la Ligue arabe et candidat à la présidentielle égyptienne, Amr Moussa, a durci ses positions, disant partager l’idée qatarienne « d’un envoi de troupes arabes en Syrie pour mettre fin au massacre des populations ». Le président tunisien Moncef Marzouki a condamné cette proposition dans le quotidien El-Khabar, estimant « qu’elle conduirait à une explosion dans tout le Moyen-Orient ».
Ces déclarations sont peut-être le signe d’un espoir de la fin du règne de Bachar Al-Assad. Hier, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon demandait au dictateur syrien « d’arrêter de tuer » : « M. Assad, mettez fin à la violence, arrêtez de tuer vos concitoyens, la répression mène à l’impasse ». Alain Juppé, alors en visite en Birmanie, dénonçait l’inaction de l’ONU : « Le massacre continue, le silence du Conseil de sécurité aussi. Cette situation devient intolérable ». Il appelait également la Ligue arabe à transmettre un « constat aussi objectif que possible » au Conseil de sécurité.
La délégation de la Ligue arabe, dont la mission débutée de 26 décembre s’achèvera le 19 janvier devait surveiller l’arrêt des violences envers la population, prévue par Bachar Al-Assad dans un plan de sorti de crise. Or, selon un responsable de l’ONU, ce sont pas moins de 400 personnes qui auraient été tuées durant les deux premières semaines de leur inspection.