Suite au scandale des prothèses PIP, La Règle du Jeu a contacté le médecin urgentiste français Patrick Pelloux.

L’affaire des prothèses PIP a connu un rebondissement avec le décès d’Edwige Ligorech le 21 novembre dernier. Pourquoi ces prothèses sont-elles dangereuses pour la santé ?

Patrick Pelloux : Tout dispositif mis à l’intérieur d’un être humain est potentiellement dangereux. Jean-Claude Mas est un homme cupide qui se fout des malades. Il a d’ailleurs expliqué aux gendarmes comment il déjouait les expertises en cachant sa mélasse – car c’est comme cela qu’il faut l’appeler – dans des cuves. On a récemment trouvé des hydrocarbures dans les composants. Demandez à n’importe quel médecin : les hydrocarbures sont cancérigènes. Je n’ai pas de preuve pour l’instant, mais j’ai honte de ce qu’il s’est passé, honte que cet homme soit toujours en liberté. Quand vous commettez une effraction, la justice intervient. Je ne comprends pas pourquoi cet homme n’a toujours pas eu de sanctions.

Le ministère de la Santé a déclaré que 20 cas de cancer ont été signalés chez des porteuses de PIP. Combien de femmes en France pourraient être concernées ?

Patrick Pelloux : Je ne sais pas. La justice est très lente. Cette semaine, le juge d’instruction s’est enfin déplacé mercredi dans l’ancienne industrie de la société. Je pense que beaucoup de personnes devraient démissionner.

Des procès ont été intentés à des chirurgiens pour manque à leur devoir d’information. Ces derniers pouvaient-ils être au courant des risques de ces prothèses ?

Patrick Pelloux : Les médecins plasticiens sont bien entendu responsables. Vous savez, ce sont ceux qui gagnent le plus d’argent en France. Certains déclarent qu’ils n’étaient pas au courant. Se défausser de cette sorte est assez curieux. Je pense que les patients ont raison de porter plainte. Le monde médical est régi par des sociétés savantes qui sont elles-mêmes payées par ces industries. J’aimerais savoir combien de médecins plasticiens ont reçu des cadeaux.

Quel est votre avis sur cette affaire ?

Patrick Pelloux : Je suis catégorique sur le cas des prothèses PIP. Il s’agit d’une mise en danger délibérée d’autrui.

 

Propos recueillis par Sophie Dubec.

3 Commentaires

  1. Ces prothèses sont un scandale.
    Ce que l’on inflige aux femmes comme pression, ce n’est pas humain.
    Le plus triste c’est que ce scandale n’aurait pas raison de l’appât du gain de certains médecins mercantiles, ni des femmes obligées de plaire à une société de plus en plus exigeante et schizophrène…

  2. ma fille est porteuse de ces protheses
    apres consultation son chirurgien dit qu il n y a pas d urgence dans son cas
    elle vient de trouver un travail donc il prevoit de faire l operation en juillet
    peut elle attendre jusque là
    je ne trouve pas de site pour deposer plainte a sa demande car souvent on me parle d argent

  3. Merci d’oser nommer les choses.
    Je ne comprends pas la frilosité des médias à l’égard de cette affaire.
    On ne nomme que la grande crapule à l’origine de tout.
    Mais rien serait arrivé si nous n’avions pas de faux organes de supervision. Rien serait arrivé si les chirurgiens n’étaient pas si avides d’argent.