Le moins qu’on puisse dire est qu’Ankara ne voit pas d’un très bon oeil la proposition de loi qui a été être votée ce jeudi à l’Assemblée nationale visant à pénaliser la négation des génocides, et par conséquent du génocide arménien. A l’annonce de ce vote, les menaces diplomatiques et économiques en direction de la France ont immédiatement fusé. La presse turque elle-même ne s’est pas privée, accusant Nicolas Sarkozy d’instrumentaliser le génocide arménien à des fins purement politiciennes avant le scrutin présidentiel de 2012.
Face à cette montée au créneau des autorités turques, on est tout de même en droit de s’interroger : pourquoi une telle crispation côté turc à la seule évocation d’un génocide qu’à peu près tout le monde reconnaît et dont, par ailleurs, la responsabilité ne saurait être imputée à la société turque actuelle, à savoir le génocide arménien ? Génocide qui a coûté la vie entre 1915 et 1917 à 1,5 millions personnes (côté turc on admet du bout des lèvres que 500 000 personnes auraient été victimes des “aléas” de la Première Guerre mondiale…). Par ailleurs, il est peu probable qu’Ankara donne suite à ces menaces. Son entrée dans l’UE serait de facto compromise. Et que dire des implications économiques quand on sait que la Turquie dépend pour 80% des investissements européens…
Il est à noter, avec tristesse, que certains intellectuels français ne voient pas non plus d’un très bon oeil ce projet de loi. D’aucuns arguant que la politique n’a pas à dicter la vérité historique, ni à se poser en Police de la pensée. D’autres que la real politik doit prévaloir sur ce fâcheux retour du refoulé turc… Ne sont-ce pas, pourtant, les premiers, ces intellectuels, à fustiger le cynisme de nos politiques ? Ne sont-ce pas les garants et les gardiens, ces intellectuels, des vérités factuelles ?
Fort heureusement, la majorité d’entre-eux reste favorable à cette pénalisation.
Pour rappel, ce vote à l’Assemblée ne signifie pas que le texte soit adopté. Il doit ensuite être ratifié par le Sénat ce qui pourrait prendre encore plusieurs mois.
Il n’empêche. Plusieurs milliers de manifestants (4000 selon les policiers) s’étaient donnés rendez-vous devant l’Assemblée nationale pour protester contre cette proposition de loi qui prévoit un an d’emprisonnement et 45000€ d’amende pour toute négation publique d’un génocide reconnu par loi (en France : celui des Juifs durant la seconde Guerre mondiale et celui des Arméniens).
La proposition a été approuvée à la majorité tant par les députés de droite que de gauche (ce qui invalide l’hypothèse d’une manipulation de l’UMP). Seuls les députés écologistes se sont abstenus. Quant aux sénateurs radicaux de gauche, ils ont d’emblée prévenu qu’ils ne voteraient pas ce texte à la Haute Assemblée.
Réactions assez prévisibles du gouvernement turc : le premier ministre Erdogan a rappelé l’ambassadeur de Turquie en France, suspendu les exercices militaires coordonnés avec la France. Désormais, la Turquie examinera au cas par cas toute demande militaire française d’utiliser son espace aérien. Ankara a également mis fin à toute consultation politique et géostratégique avec la France. Ce qui pourrait avoir de graves conséquences sur le dossier syrien.
Et le génocide vendéen, à quand une loi ?
Et si l’on se mêle des génocides hors de nos frontières, quid du génocide rwandais ?
Le multipartisme s’arrête où il se décime. Des élections démocratiques dignes de ce nom n’offrent pas à des candidats totalitaires la possibilité d’ensorceler les masses. Les Turcs possèdent un inestimable trésor, le suffrage universel. Qu’ils se choisissent des alliés en cohérence avec la vraie nature de leur régime! Alors, la prochaine fois peut-être, ils voterons pour leur bien.
Mais il y a bien un parallèle que l’on peut concéder au faux président de la fausse république Erdogan, et c’est notre incapacité française à empêcher quelques partis antirépublicains droitiers ou gauchers d’entrer en lice au tournoi de Dame Marianne. À Montoire, notre P. national-révolutionnaire n’a pas agrippé une main de l’H. sous la caution des urnes, mais à en juger la passion populaire que son geste causa, il y a peu à parier sur le score dont l’aurait bardé une élection en bonne et due forme. À la lumière de notre passé proche, on est en droit de s’interroger sur la légèreté des républiques encore vivaces concernant ces courants qui en cas de submersion, dévasteraient le peu d’espace respectueux de nos existences individuées que nous cède pour l’instant l’État du moindre mal. La démocratie ne doit pas muter en décimocratie. Nous ne devons pas la laisser faire. Nous ne devons pas NOUS laisser faire. Se donner le pouvoir à soi-même quand on est un monstre à plusieurs millions de têtes, ne va pas sans limitation. Il est légitime qu’un tel monstre soit conscient de ses limites, ou pour mieux dire, de son absence de limites. La religion est un idéal de perfection. Or le monstre à cent trente millions de pieds marcherait sur les têtes s’il oubliait qu’il n’est que perfectible. Les cultes sont des organes de la culture qui doivent rester hors-sol. On ne doit pas même tolérer qu’ils s’immiscent dans l’acronyme d’un parti politique aussi démocrate qu’il s’affiche. Une schizophrène atteinte d’hallucinations auditives ne devrait pas non plus servir d’emblème à la néo-anti-anglo-saxo-invasiophobie d’un État dont le souverainisme n’aurait besoin de personne pour menacer sa souveraineté. Si la France n’a pas besoin de partenaires totalitaires, ses voisins se passeront d’une France qui cherche à rayonner toute seule. Un chef de l’État moderne en est un autre par définition. Il ne monte pas à la tribune mondiale comme un enfant sur la table du salon. Soit cela n’est plus de son âge, soit c’est aussi de l’âge de ceux qui sont restés, assis ou debout, à ses pieds. Nous allons devoir apprendre à jouer ensemble, ce qui implique de savoir partager nos jouets. Cela nous oblige à nous laisser nous familiariser avec le monde du petit baigneur ou du sabre laser, quelque soit notre sexe. Je répète : quel que soit notre sexe. Mais pas de panique! nous avons la protoéternité devant nous pour nous arriver…
Et puis, il serait inexact d’affirmer que la France n’a jamais commis de génocide. Car s’il n’y en eut aucun entre 1945 et 1962, il y en a bel et bien eu un entre 1940 et 1945. Plus tard, Monique Olivier ne sera qu’une fournisseuse pour Fourniret, elle sélectionnera ses proies, elle leur tendra des traquenards, elle les lui apportera sur un plateau après les lui avoir préparées aux petits oignons, et si certains essaieront de nous la faire passer pour une victime parmi ses propres victimes, la justice tranchera.
Honte aux écologistes! Ils me déçoivent une fois de plus! Comment prétendre faire de la politique si l’on ne s’engage pas contre les génocides?