Plusieurs pays arabes se sont joints aux critiques internationales. Ainsi l’Arabie saoudite, le Koweït et le Barheïn ont rappelé dimanche et lundi leur ambassadeur à Damas pour protester contre la répression des manifestants en Syrie.
Samedi, les monarchies du Golfe exhortait le régime de Bachar al-Assad à mettre fin à l’effusion de sang et à entreprendre de “sérieuses réformes”. Dimanche, c’est la Ligue arabe qui appelait le pouvoir syrien à cesser “immédiatement” les violences. Dans un même mouvement, le roi Abdallah d’Arabie saoudite a demandé au régime syrien d’ “arrêter la machine de mort et l’effusion de sang, et de faire valoir la raison avant qu’il ne soit trop tard.” “Le royaume saoudien ne peut aucunement accepter ce qui se passe en Syrie. L’évènement ne se prête à aucune justification”, a-t-il expliqué. “La Syrie n’a que deux choix pour son avenir : opter volontairement pour la sagesse ou s’enliser dans le chaos et la violence”, a-t-il estimé dans un communiqué.
De son côté, le chef de la diplomatie koweïtienne, cheikh Mohammed Al-Sabah, a annoncé le lendemain que son pays prenait la même décision. “Personne ne peut accepter l’effusion de sang en Syrie […]. L’option militaire doit cesser”, a poursuivi le ministre, en rendant hommage à la décision similaire de l’Arabie saoudite annoncée dimanche. “Il y aura une réunion des ministres des affaires étrangères du CCG (Conseil de coopération du Golfe) pour discuter des questions relatives à la Syrie”, a-t-il également annoncé.
Lundi dans l’après-midi, c’était l’Etat du Bahreïn qui suivait le mouvement en rappelant lui aussi son ambassadeur à Damas : “Bahreïn a décidé de rappeler son ambassadeur à Damas pour consultation et appelle à la sagesse de la Syrie”.
Selon l’institution sunnite Al-Azhar, la plus prestigieuse de l’islam sunnite, dont l’université du Caire attire des étudiants du monde entier, “la situation a dépassé les limites”. “Al-Azhar a longtemps patienté et évité de parler de la situation en Syrie en raison de sa sensibilité”, a déclaré l’imam d’Al-Azhar Ahmed Al-Tayyeb. Mais “la situation a dépassé les limites et il n’y a pas d’autre solution que de mettre fin à cette tragédie arabe et islamique”, a-t-il ajouté.
Al-Azhar “demande aux dirigeants syriens d’oeuvrer immédiatement à mettre fin à l’effusion de sang et à répondre favorablement aux revendications légitimes des foules syriennes”. “La vaste répression, l’usage des degrés les plus extrêmes de violence, les arrestations et l’intimidation auxquels fait face le peuple syrien représentent une tragédie humaine inacceptable”, a poursuivi l’imam sur un ton inhabituellement dur.
Du côté européens, certains Etats, comme l’Allemagne, ont lancé l’idée de sanctions économiques supplémentaires qui pourraient inclure un embargo sur le pétrole et le gaz. D’autres, comme le Royaume-Uni, ont estimé que c’était une option à “considérer”. Une “idée” donc, qui est loin de faire l’unanimité au sein des 27.
Lundi, la France s’est prononcée pour la mise en œuvre d’une “transition démocratique” en Syrie, jugeant qu’en raison de la “poursuite des atteintes massives aux droits de l’homme”, “le temps de l’impunité est révolu pour les autorités syriennes”.
Face à cette pluie de critique, Bachar al-Assad continue de défendre l’action militaire, affirmant que l’Etat avait “l’obligation” d’agir “face aux hors-la loi”, qu’il accuse de “terroriser la population”. Selon un décompte d’Abdel Karim Rihaoui, chef de la Ligue arabe des droits de l’homme, au moins 54 personnes ont été tuées dans les villes de Deir ez-Zor et Houlé, dans la province de Homs. Lundi, sept nouveaux civils ont été tués, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Rappelons que depuis le 15 mars, ce sont au moins 2000 personnes qui ont trouvé la mort en Syrie.