Je maintiens que ce fameux « perp walk », cette sortie du commissariat de Harlem sous les flashes des photographes rameutés par la police, fut une humiliation délibérée et qui ne servait en rien l’établissement de la vérité.

Je maintiens qu’arguer d’une épreuve qui serait « la même pour tous » est une fumisterie doublée d’une hypocrisie car il n’y a pas, pour tous, à la sortie de tous les commissariats américains, les mêmes haies de chasseurs d’images envoyant, dans le monde entier, les clichés de leur homme menotté, déjà déconsidéré – cette égalité de traitement est une illusion d’égalité, qui dissimule une iniquité.

Je maintiens qu’en donnant de Dominique Strauss-Kahn cette image avilie, puis en insistant lourdement sur son enfermement dans le quartier de la prison de Rikers Island réservé aux détenus porteurs de maladies transmissibles et en assortissant sa remise en liberté, enfin, de conditions dignes d’un chef de la mafia et, là encore, inutilement blessantes, on a fait comme s’il était déjà coupable et on a donc porté atteinte au principe, pilier de toute justice, de la présomption d’innocence.

Je maintiens que les tabloïds qui, dès la première minute et avant que l’on sache rien de sa version des faits ni même des faits tout court, ont traité Strauss-Kahn de « pervers » (Une du Daily News), se sont indignés de sa remise en liberté (New York Post : « le crapaud s’en est tiré ») et se sont fait l’écho de rumeurs invérifiées, toujours à charge et qui changeaient toutes les deux heures (départ précipité… billet acheté à la sauvette… air stressé…) se sont érigés en juges à la place des juges – ce qui est une infraction, de nouveau, aux plus élémentaires règles de droit.

Je maintiens que l’on a vu se mettre en place, autour du présumé innocent Strauss-Kahn, un tribunal de l’Opinion qui, contrairement à l’autre, ne s’embarrasse ni d’indices, ni de preuves, ni de témoignages contradictoires – et je maintiens qu’il est trop bruyant, ce tribunal, trop spectaculaire, trop puissant, pour ne pas exercer, le moment venu, une terrible influence sur l’autre, le vrai, celui qui s’attachera à établir les faits, rien que les faits : les Etats-Unis redoutent et sanctionnent, à juste titre, les pressions sur les témoins ; que dire de cette autre pression, non moins délictueuse, qu’exercent, sur les juges, les procureurs autoproclamés de la presse à scandale et, hélas, dans la foulée, de la presse en général ?

Je maintiens que participent de la même logique de pression sur la justice les mots qui sont employés et qui font dire, par exemple, « la victime » au lieu de « la présumée victime » quand on parle d’une jeune femme dont on ne sait rien puisque la police – c’est déjà ça ! – préserve son anonymat et dont tout le travail des avocats, puis du tribunal, sera de valider ou non l’accusation : si vraiment cette jeune femme est déjà « la » victime, alors Strauss-Kahn est déjà « le » coupable, et cela signifie que la messe est dite, qu’il n’y plus besoin de grand jury – ou plutôt si, mais pour la forme, comme chambre d’enregistrement de ce que la meute aura décidé.

Je précise au passage, à l’intention de celles et ceux qui semblent croire que la lutte contre la banalisation du viol passe par la pulvérisation des droits de la défense, que je tiens le viol, et la tentative de viol, pour des crimes ; que la présumée victime aura droit, si le crime est avéré, non seulement à cette « compassion » qu’invoquent, soudain, en boucle, les démagogues espérant se mettre en règle avec la toute puissante Opinion, mais à une réparation doublée, pour le coupable, d’un châtiment ; mais je maintiens : primo que, pour le moment, tant que la justice n’a pas fini son travail de reconstitution, confrontation, vérification des points de vue, « la » victime n’est qu’une présumée victime – et, secundo, que, dans l’hypothèse où le supposé coupable apparaîtrait finalement innocent, il serait, lui, pour le coup, et sans réparation possible, la victime de toute l’affaire.

Je maintiens que ceux qui s’étonnent que l’on ne prenne pas, par principe, le parti de la « femme pauvre et immigrée » contre l’« homme blanc, riche et arrogant » censé l’avoir violée, sont en train de réinventer une justice de classe à l’envers – non plus, comme autrefois : « salauds de pauvres, les riches ont toujours raison » mais : « salauds de riches, c’est la parole des pauvres qui est sacrée ». Ce préjugé-ci est aussi révoltant, ni plus ni moins, que le précédent ; ce renversement rappelle, en France au moins, la tristement célèbre affaire de Bruay-en-Artois où l’on vit, au début des années 1970, un notaire décrété coupable, parce que bourgeois, d’un crime dont on s’avisa ensuite, une fois le vent d’hystérie tombé et sa vie ruinée, qu’il ne l’avait, en réalité, pas commis ; et il fait, ce rappel, froid dans le dos.

Je maintiens qu’il n’y a, dès lors, et plus que jamais, qu’une urgence face à ce drame : faire taire les braillards ; protéger l’inculpé avec le même scrupule – mais comme on en est loin ! – que la présumée victime ; dénoncer cette curée, cet hallali, qui sont comme une peine anticipée et dont on découvre, tous les jours, comme dans une mauvaise téléréalité, une nouvelle péripétie (il y a quelques heures encore, cet hôtel, puis ce campus d’université, refusant d’accueillir Strauss-Kahn le paria et Sinclair la pestiférée) ; et laisser donc la justice faire, sereinement, son travail de vérité.

Dominique Strauss-Kahn est mon ami. Mais ce n’est pas l’ami que je défends : c’est un principe.

Bernard-Henri Lévy

45 Commentaires

  1. Les Americains ont montre a tous les peuples leur intelligence et leur sagesse comme elisant leur president Obama de couleur. Ne sous-estimez pas leur capacite a trouver la verite quant a cette enigme. Indignez-vous plutot contre les affaires comme le Mediator ou l’Oreal qui sont enterrees a jamais. Revoltez-vous contre les faux-pauvres defendant les faux-riches. Les journaux a scandales ne sont la que pour etre vendus mais ils ne sont pas lus par la majorite des gens. Les USA ont toujours eu tendance a faire du cinema. Et ceci pour montrer au monde que les riches comme les pauvres, blancs ou noirs ne sont pas menages. La verite c’est qu’en ne mettant pas en images ont peut plus facilement enterrer certaines affaires, et ces lois de presume innocence ne sont votees par des elus eux-meme que pour les proteger. Imaginez un instant madame Bettencourt les menottes aux poings, cela plairait un peu a certains et on n’enterrerait pas l’affaire aussi facilement.

  2. Moi je maintiens que la façon dont les Américains ont traité cette affaire est odieuse.

    Un libertin, un amoureux des femmes n’est pas un violeur. Un violeur est avant tout un malade qui a des problèmes sexuels qui s’apparentent à l’impotence. J’en sais quelque chose. C’est horrible. Nous ne sommes pas dans ce cas avec DSK.

    Je maintiens que les Américains ont fait une mise en scène ignoble avec Dominique Strauss-Kahn. Ils l’ont humilié, « assassiné » en direct devant le monde entier.Ce sont des fumiers.

    Je maintiens aussi que ce n’est pas parce que la femme de chambre est noire et pauvre qu’elle est forcément plus vertueuse que le monsieur puissant et riche. Tout cela est du pipeau.

  3. Bonjour, je viens juste indiquer mon approbation à cet article limpide. Il me semble que les « braillards » sont souvent des Fouquier-Tinville qui s’ignorent et qui ont l’impudence de se croire en phase avec une sorte de morale et de justice immanentes. A s’en décrocher la mâchoire tant ils sont nombreux les loups sortis de l’ombre. Surtout que certains d’entre eux sont d’habitude plus raisonnés et plus pertinents (en tout cas, en apparence). A y perdre ses repères. Tant de journaux et de reportages à charge, sans ambages et sans l’expression du moindre doute. Parfois, un petit rappel de fin de commentaire indique « on rappelle qu’il y a présomption d’innocence »… rappel le plus souvent en totale contradiction avec les affirmations faites par l’animateur du débat ou du journal. Quand les médias jouent aux médiums, il y a de quoi s’inquiéter. Ca interroge sur le contenu de ce qui nous est rapporté en temps normal. Journalistes ou romanciers? Certains politiciens, le plus souvent à droite jouent aussi à ce jeu dangereux, d’abord pour DSK, mais aussi pour leur propre crédibilité. Pour finir, je comprends parfaitement que votre article vise d’abord à défendre un principe fondamental. Mais je trouve normal que l’on puisse aussi douter de la culpabilité d’un ami, tant que les preuves ne sont pas faites. Tous ces contempteurs qui accusent ceux qui soutiennent DSK, ou ceux qui rappellent qu’il doit continuer de bénéficier de la présomption d’innocence, sont soit de piètres amis, soit
    malhonnêtes moralement (je suppose qu’ils détestaient DSK et qu’ils trouvent qu’une accusation de viol lui va bien) ou malhonnêtes intellectuellement (ils réfléchissent à charge au nom de préjugés ou de principes qu’ils appliquent aveuglement). En tout cas, ce n’est pas moi qui vous demanderai de vous flageller du fait de croire encore en votre ami, tant que tout la lumière n’est pas faite. Comme vous l’avez rappelé: la victime recevra cette « compassion » qui empêchent tous ces procureurs médiatiques de dormir comme s’ils avaient été témoins des faits. La différence c’est que ce sentiment d’empathie avec la victime sera forcément sincère (les doutes étant évacués), le cas échéant. Non seulement j’espère que DSK est innocent, qu’il sera blanchi, qu’il saura remonter la pente que les impitoyables lui ont énergiquement savonnée, et que certains devront se repentir en place publique pour tout ce flot de haine gratuite. L’histoire jugera.

  4. Monsieur Lévy,
    Je vous remercie pour ce cri du cœur qui a le mérite d’en appeler à la sagesse collective. J’ai été comme vous profondément choqué par la déferlante d’images de cet homme alors que la justice avait à peine commencé à faire son travail. Internet, mais également les journaux gratuits distribués sur la voie publique, ont d’ailleurs largement contribué à cette ambiance nauséabonde où on a pu imaginer ou carrément voir le public se délecter des épisodes à rebondissements de cette affaire ; il faut bien dire, sordide, quelle qu’en soit l’issue. Peut-être avons-nous là atteint une limite sur laquelle il conviendrait de s’interroger – celle de ce matraquage médiatique permanent, ininterrompu, presque maladif, et terrifiant par ses effets pervers. Pour preuve, la récente polémique autour des propos mal compris de Lars Von Trier, et que disqualifie totalement l’article de fond mis en ligne sur son blog par Cécile Desbrun – pour ceux, bien évidemment, qui se sont donné la peine de le lire entièrement mais, pour ce faire, fallait-il encore oublier Youtube et son cortège de manipulations ; sordides, elles aussi, quand on songe au mal qu’elles font à un grand artiste qui a passé une bonne partie de sa vie à scruter l’âme humaine dans toute sa complexité et à se mobiliser contre le « nationalisme rampant » dans son propre pays. Elles font mal, ces polémiques moyenâgeuses, et qu’on aime ou pas l’homme ou ses films, cela ne change rien au fond, de la même façon qu’il importe peu, dans le cas de Dominique Strauss-Kahn, qu’on soit proche ou pas de ses convictions politiques. Je n’aurais pas forcément voté pour lui en 2012 mais cela ne m’empêche pas d’attacher la plus grande importance à la Question de Principe que vous défendez avec force. Votre cri est vital. Il en appelle non seulement à la sagesse collective mais à l’espoir qu’un jour puisse cesser la barbarie humaine, qu’il s’agisse de celle bien réelle perpétrée par les hommes sur d’autres hommes ou de celle que je déplore, beaucoup plus insidieuse, mais finalement tout aussi nocive, d’une barbarie intellectuelle, entretenue par les médias, cette dernière toujours propice à devenir le terreau de la précédente.

  5. Ouais ouais ouais… Ces riches et influents personnages se levant comme un seul homme pour défendre l’un des leurs et minimiser le crime supposé (« Il n’y a pas mort d’homme »…), il y en a tout simplement trop, ça pue.
    Les mêmes souvent, défendaient naguère le violeur pédophile Roman Polanski (dont le crime était incontesté).
    Que par ailleurs la justice US soit injuste, trop violente (un taux de prisonniers 10 fois plus grand qu’en France !), c’est certain. Mais n’oubliez pas que justement, s’il est coupable, DSK a plus de chances d’être blanchi rapidement aux USA que si la même chose s’était passée en France : il aura une brochette des meilleurs avocats opposés à un seul avocat commis d’office, il lui suffira de payer – certes beaucoup beaucoup, mais visiblement ça va aller…
    Souvenez-vous de Mickaël Jackson ou O.J Simpson, qui étaient évidemment coupables, mais riches.
    Et DSK est-il un justiciable comme un autre ? Oui, mille fois oui, et ce qui serait injuste dans le système US ne l’est pas plus que la veille.

    Quant à l’autre accusation portée par BHL, « J’en veux à tous ceux qui accueillent avec complaisance le témoignage de cette autre jeune femme, française celle-là, qui prétend avoir été victime d’une tentative de viol du même genre ; qui s’est tue pendant huit ans ; mais qui, sentant l’aubaine, ressort son vieux dossier et vient le vendre sur les plateaux télé. », je la trouve tout simplement lamentable : on sait que seuls 3 pour cents des viols sont dénoncés tant c’est très difficile pour la victime.

  6. Que c’est bien envoyé! et on aimerait s’arrêter là;mais ….s’il s’agissait de faire taire une armée de ‘braillards’ ce serait faisable;les braillards dont vous parlez ont des dents si pointues,si dures , si bien rangées dans des machoires si longues qu’il faudra une habileté,un courage ou des opportunités exceptionnelles pour les anéantir;et puis,vous dites qu’il faut laisser la justice faire SEREINEMENT son travail…….il faut espérer que les avocats de DSK soient des artistes si fins,si légers,si habiles,si perspicaces qu’ils sauront se glisser dans ttes les anfractuosités du dossier.Par ailleurs,il est insoutenable d’entendre parler du ‘multimilliardaire`;’ d’argent pourri`’ ;est-il utile d’expliquer ce qu’était un galériste au début du 20°s et qui était le grd’père d’Anne Sinclair….peine perdue;mais s’il faut défendre un principe,il faut aussi défendre,avec la même vigueur l’homme.

  7. Je maintiens que la notoriété entraîne ce genre de médiatisation ,je maintiens que cet homme devrait être un exemple ,je maintiens que vous faites preuve d’amitié donc que vous n’êtes pas objectif !!!! et que la parole des femmes doit être entendue !!!!

    • Avant de faire de DSK un exemple, attendez donc le jugement. Vous faîtes comme tous les tabloïds, vous piétinez quelqu’un à terre. Arrêtez de faire du féminisme mal compris, vous aurez tout l’heure d’en faire s’il est jugé coupable.

  8. je maintiens que la célébrité amène ce genre de comportement et que cet homme doit assumer et je maintiens que la parole des femmes doit être écouté !!! et je maintiens que vos propos sont amicaux donc de parti pris !!

  9. Monsieur,

    Je n’ai pas grand chose à ajouter à votre article qui couvre parfaitement le problème. La justice américaine est du show business où la recherche de la vérité ne semble pas jouer pas un grand rôle. Il est évident que la « présumée » victime et le « présumé » coupable doivent être protégés. Jusquà présent, seule la présumée victime l’a été. De plus quand on lit la presse internationale, on trouve tellement d’inconsistances dans les faits rapportés qu’il ne nous reste qu’à espérer que la justice fera son travail correctement, mais ma confiance est très limitée.

  10. « Dominique Strauss-Kahn est mon ami. Mais ce n’est pas l’ami que je défends : c’est un principe. »

    Tellement dommage que vous n’eussiez pas défendu avec la même vigueur lors du procès Zehah.. C’eût donner une réelle crédibilité à vos propos.. alors que la, bien naïf est celui qui vous croit…

  11. Bonjour,
    Je ne signerai pas la pétition des féministes , parce qu »elle est une atteinte à la présomption d’innocence de DSK. Mais surtout parce que le féminisme a été un combat que j’ai toujours soutenu quand il s’agissait de lutter pour l’égalité de l’homme et de la femme, des Hommes en général. Il serait temps aussi de dénoncer les abus de pouvoir de certaines femmes, chefs, qui sont hélas aussi scandaleux que ceux de certains hommes. Il serait temps aussi de dénoncer les situations horribles que subissent certains pères lors des divorces et séparations. Personnellement mon ex-conjointe m’a refusé le droit de visite de mes enfants, et La juge me l’a accordé ainsi que l’autorité parentale conjointe après des années de procédure. Et quand j’ai obtenu ces droits, mon ex conjointe a deménagé à l’autre bout de la France pour suivre son nouveau conjoint. Je ne voyais mes enfants qu’une fois par an. Le viol est un crime épouvantable. Séparer un père ou une mère de ses enfants aussi. Défendez donc les droits de tous les êtres humains.
    Cordialement

  12. L’Onfray a encore frappé. L’on n’a pas le droit de se montrer incrédule pour la mauvaise raison que le portrait qu’on nous fait d’un ami ne lui ressemble pas, car il suffit de pénétrer dans l’enceinte d’une prison pour s’apercevoir qu’un violeur n’a pas une tête de violeur. Sauf que, en l’occurrence, il ne s’est jamais agi de la tête de Strauss-Kahn. C’est la parole que les amis entendent, et la parole parle pour la tête qui sans elle resterait aussi muette d’une tête coupée : «Je ne l’ai pas fait». Moi qui ne suis pas l’ami de Dominique Strauss-Kahn, j’ai un repère depuis de commencement de cette affaire. Comme tous les autres Français, je connais Anne Sinclair à travers ce qu’il y a de plus intime chez un être, ce cœur d’elle-même qu’elle a livré sans méfiance, pleine de la plus splendide confiance, à ses compatriotes, durant de nombreuses années où nul de ceux qui ont reçu ce bien n’a pu l’oublier, son regard. Ces yeux, leur beauté quasi légendaire ils la tiraient sans doute de tout sauf de la qualité qu’on leur attribuait, car la même couleur avec des intentions opposées lui aurait conféré un effet angoissant et glaçant. Je me souviens d’une tendresse, d’une gentillesse qui n’était pas un traquenard, d’une qualité humaine dégagée par tout le visage qui donnait à celui ou celle qui se confiait à elle le sentiment d’être compris. Une femme comme ça ne se fie pas à la bonne tête de son interlocuteur. Une femme comme ça écoute Delors lui dire «Non» à la présidentielle. Une femme comme ça est capable de déceler le mensonge chez son homme quand celui-ci lui cache une liaison. Elle est capable aussi de surmonter le fait qu’une autre femme fût aimée par lui, mais je doute que cette femme-là passe l’éponge sur le fait qu’une femme ait été violée. Il y a «aimée», et puis il y a «violée». Deux choses pratiquement en tout point contraires.

  13. Monsieur Lévy,

    Comme vous et plusieurs milliers de français, je suis choquée par la « perp walk » car la justice n’ayant pas encore été rendue, il est purement et naturellement inadmissible que de telles images aussi destructices soient ainsi diffusées dans le monde entier.

    Il est encore plus dommageable que des « débats » sur la vie sexuelle de Monsieur Strauss Kahn soient organisés sur nos chaînes de télévision au nom de la liberté d’expression et soi-disant par les têtes bien faites et bien pensantes de notre pays.

    Je regrette que ces soi-disant intellectuels s’expriment aussi facilement et ouvertement sur un sujet aussi privé que celui-ci au lieu de débattre dans une neutralité qui devait s’imposer car il n’y a effectivement encore aucun coupable désigné.

    Je comprends que vous puissiez défendre le principe d’égalité et j’y adhère complètement. Il est vrai qu’il ne suffit pas d’être pauvre pour être honnête. Il y a aussi des pauvres qui deviennent riches en étant malhonnêtes c’est vrai et puis il y a des riches qui se soutiennent ou pas et il y a aussi des pauvres, travailleurs et honnêtes, qui resteront pauvres. Enfin, tout ceci est bien compliqué.

    J’admire le travail réalisé par Monsieur Strauss Kahn non pas, parce qu’il est riche mais je pense qu’il a réellement transformé le FMI pour en faire un outil équitable capable de jouer un rôle de régulation et que c’est un grand économiste dont la France avait bien besoin.

    Je respecte Monsieur Strauss Kahn car il est un homme tout simplement et je suis désolée que l’on ait pu porter ainsi atteinte à son intégrité, à sa dignité ainsi qu’à celle de sa famille.

  14. Toutes ces indignations lyriques émeuvent mais ne sauraient apporter une réponse à la question de fond: Comment les médias peuvent ils exercer leur devoir d’information ? Sujet éternel et qui trouvera des réponses diamétralement opposées selon l’angle d’étude… Un fait est sûr, DSK est arrêté par la police pour des accusations de viol portées contre lui. Doit on le dire, doit on le montrer ? Toute démocratie implique une presse libre et l’usage de cette liberté est entre les mains des seuls journalistes ( hormis quelques rares garde fou) qui n’hésitent pas à en mésuser quand le sujet est « vendeur » hélas. Les premiers coupables sont donc les journalistes prompts à renier leur déontologie si le jeu en vaut la chandelle ( voir l’éditorial du monde fustigeant la vision de DSK menotté , avec sa photo en une!!!) « la règle du jeu » a sa propre vision du devoir d’informer et fait absolument fi de tous les faits objectifs concernant la mise en cause de DSK et participe en réalité à cette désinformation permanente car elle n’essaie plus de se contenter des faits, encore des faits, toujours des faits.

  15. On nous force à mettre une image sur chacune des accusations. Et l’on sort tout nu de la salle de bain lorsque l’on tombe nez à nez avec une femme, une grande femme habillée, ainsi qu’elle doit l’être en ce genre de situation. Ça me rend tout petit garçon, quand il me fallait une mère pour sécher mon anatomie ruisselante à la sortie du bain, qu’elle avait fait couler pour moi. Impossible de ne pas se sentir percé d’une pique viscérale. Et la petite douleur déclenche une vision. Peut-être bien même que toutes les visions se valent, que de la profondeur de l’une, la propulsion mène aussi haut que depuis l’autre. Mais en état de choc, chacun fatalement, à condition qu’il ait un cœur auprès de la raison, passera par un premier stade de déni. Déni de la possibilité que la réalité pourrait correspondre avec le tableau qu’on lui en a fait. Et c’est cette corne de brume qui se renversera dès l’instant où les yeux se relèveront. Vers l’inconnue identifiée pour ce qu’elle nous est. Cela en aucun cas n’anéantira le lieu de l’intuition vers lequel deux récepteurs auront été propulsés depuis leur point d’impact. Mais au-delà du trouble, chacun des deux camps acceptera l’idée que la réalité décrite par l’autre se défend tout autant que la sienne. Et sans rien lâcher, sans lâcher quiconque, la neutralité n’étant que l’autre nom de l’inhumanité, les partisans adverses entameront ce deuxième stade raisonnablement dialectique du combat honorable.

  16. Pour le moment la décence c’est « wait & see ». On peut cependant regretter que la presse française ait présenté DSK menotté (même si on ne voyait pas les menottes).

  17. Le tribunal de l’opinion publique ne s’embarasse ni d’indices ni de preuves…pas sur.
    Pour le moment, on ne sait pas ce qui s’est passe. Par contre on sait que ses avocats sont en train de mettre en place une histoire du genre : C’etait pas une relation forcee, et en plus il etait meme pas la vu qu’il dejeunait avec sa fille.
    Le tribunal de l’opinion publique est effectivement impitoyable, et ce a juste titre, des lors que l’on commence a se foutre de sa gueule.

  18. Tout mon soutien à Dominique Strauss Kahn, inadmissible que tout ce résume
    à ce qu’un riche, blanc, juif soit coupable et qu’une pauvre, noire, musulmane,ne peut être qu’innocente.

    Il y a des ordures partout.
    Nous l’avons lu dans les romans de Victor Hugo, Emile Zola

    Insupportables les images, les articles, les ragots, les commentaires, les conditions démesurées de sa « liberté » ,
    tout le monde accuse, mais ou sont toutes les autres victimes de ce « pervers », je n’ai pas
    vu beaucoup de mains se lever, ce que je sais, c’est qu’il soit ministre ou patron
    du FMI, tous ces collaborateurs (trices) ont été fascinés et fiers de travailler avec lui.

    Tout le monde connait quelqu’un qui connait ou qui a vu DSK dans des histoires croustillantes.
    Ce lynchage est digne d’une « affaire » peu glorieuse de notre Histoire.
    Apparemment, personne n’a retenu la leçon.

    Tous les français ont oublié aussi, plus près de nous : Pierre Beregovoy.
    Marre, marre de cette intoxication avec toutes ces informations plus que bancales.

    Je souhaite, deux choses à cet homme : Innocence et Honneur.
    Et qu’il sache que jamais je n’oublierai son regard.
    Bien à lui et aux siens.

  19. « l’anti-américanisme est une sorte de virus planétaire qui fait d’ailleurs que les uns et les autres se défaussent souvent de leurs propres responsabilités dans les problèmes qu’ils ont »

    Qui a écrit ça déjà?

  20. Le sperme venait d’ou ?? vous vous poser trop de question au point ou vous n’y repondais plus…philosopher ce n’est pas dire nimporte quoi dans une superbe rethorique,dialectique etc etc
    les choses sont simple ..il sort de la salle de bain ,il voit une femme ,il saute dessus car etant president du FMI il se croit tout permis c’est tout.
    Sait tu qui je suis ??
    La fin du monde que vous etes en train de defendre arrive

  21. c’est beau les principes par les temps qui courent
    je suis ému
    je dis comme les autres BRAVO

  22. Merci pour l’article et surtout pour les mots suivantes:

    Je maintiens que ceux qui s’étonnent que l’on ne prenne pas, par principe, le parti de la « femme pauvre et immigrée » contre l’« homme blanc, riche et arrogant » censé l’avoir violée, sont en train de réinventer une justice de classe à l’envers – non plus, comme autrefois : « salauds de pauvres, les riches ont toujours raison » mais : « salauds de riches, c’est la parole des pauvres qui est sacrée ». Ce préjugé-ci est aussi révoltant, ni plus ni moins, que le précédent…

    Je suis brésilienne et au fil des années mon pays est devenu un petit bout de jardin des États-Unis, copie conforme dans sa façon dégueulasse de penser (?). Donc ces nouveaus « préjugés » me font avoir mal au coeur, me donnent des nausées. Au Brésil bien réussir dans sa vie, avoir faire des études, être riche est devenue honteux, presqu’un crime car cela signifie dans la tête de certains malades que tu as volé les autres, que ta richesse est fruit de la corruption tellement elle est dans les moeurs de ce pays…au Brésil être riche et cultivé c’est la honte…pour moi la honte c’est d’être pauvre car ce que je souhaite aux hommes ce n’est pas le RMI ou le SMIC mais du Perignon sur toutes les tables…

    Je ne suis pas amie de DSK ni d’Anne Sinclair et c’est bien dommage parce que je les aime bien et il s’en sortira…bien à vous…

  23. Nous aurions accepté la marche de la honte si à l’instar des Yankees, nous, Frogs, étions capables de tendre notre main amphibienne à celui dont on projette la bouche ouverte dans la baignoire, après qu’il eut parlé. Le stade judéo-chrétien du châtiment précède le stade de la rédemption. Pas de rédemption possible où l’on maintient la bouche de Dieu dans la vase sur laquelle elle souffla. D’autant moins possible quand une fille de président défunt venait il y a quelques années nous expliquer que le mal qui ronge nos sociétés, c’est le sentiment de culpabilité alors que c’est tout justement l’inverse qui en ligote le pied sous la nacelle de leur fière montgolfière. Et si c’est de ce Ça que nous nous contentons, pourquoi les vrais coupables jouiraient-ils du principe de mise en balance de leurs bonnes et mauvaises actions, et les présumés innocents, seraient-ils jetés aux chiens? Enfin, il faut bien reconnaître qu’il n’y a pas que les seuls principes que certains d’entre nous cherchent à préserver. Pour aborder ce thème, essayons de faire sortir de sa planque le gros mot en danger de mort sûre. Et même si ceci est trop vrai pour ne pas provoquer un déni du déni. Vous savez ce que disent les «…», lorsqu’un événement survient, bon ou mauvais, concernant l’un des leurs : «Est-ce que c’est bon pour nous?» Combien, depuis quelques mois, en ai-je vu s’inquiéter à l’idée d’un DSK Président dont chaque décision contestée aurait attiré les foudres des antisémites sur eux. Il y a aussi l’idée de «peuple élu» faisant de chaque Ben Israël un homme de Dieu, du peuple juif un peuple de prêtres. Et voyez comment à chaque affaire de curé pédophile on conclut de la perversité de l’Église tout entière. Le tabou ne va pas sans totem. Le principe d’inclusion découle du principe d’exclusion. Trois ans après l’acquittement des faux-coupables d’Outreau, des supporters du PSG déroulent une banderole : «Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les Ch’tis». On n’entend déjà la vieille droite parler de strauss-kahnite à propos du parti socialiste. Alors, SI rien ne nous force à croire ce que nous ne voulons pas imaginer, «Nobody is perfect». Que notre parano plus que justifiable ne fasse pas porter la totalité de nos âmes à un seul homme, quand même nous le voyions déjà assis en bout de table au grand repas de famille de 2012. Enfin, le plus important, les Américains doivent comprendre qu’en choisissant de porter à leur tête un compatriote d’origine juive, les Français avaient depuis quelques mois décidé de tourner l’une des pages les plus noires de leur Histoire, de la manière la plus magistrale qui soit. Je ne pense pas divaguer en disant que ce visage qu’ils montrèrent d’eux-mêmes a procuré dans chaque foyer juif une immense consolation, qui ne s’éteindra pas.

  24. Et moi, je maintiens que vous ne vous scandalisez pas que des journalistes évoquent la possible séropositivité de Nafissatou Diallo au mépris du secret médical le plus élémentaire…
    Dommage, car si vous vous en étiez scandalisé autant que de l’hallali sur DSK, j’aurais pu croire à la sincérité de vos arguments sur les préjugés de classe.

  25. Monsieur,
    Ceux qui vous détestent régulièrement et avec violence, et ce, quelque soient la qualité de vos analyses, sont soit aveugles du bien fondé de vos actions – ce qui est attristant autant qu’inquiétant, soit au contraire – comme je le pense, sont guidés par la détestation irrémédiable qu’ils ont de votre personne, rejoignant ainsi le troupeau des haineux et aigris de tous bords. Etre logique, exige paradoxalement aujourd’hui, d’avoir du courage et de l’énergie ; vous en payez le prix, mais c’est sans votre « révolte », les paresseux de l’esprit gagneraient du terrain, au profit d’une justice de la rue dont on ne peut ignorer les risques.

    • Ah bon maintenant en plus ce pauvre Monsieur en prison surveillée ou plutôt en liberté cachée fait pleurer dans les chaumières…

  26. DSK doit être fier et réconforté de vous avoir pour ami…. Enfin une voix claire, limpide et criante de véracité!
    Merci de camper sur vos positions, tant retournent leurs vestes en ces temps ci… Continuez d’assener ces vérités afin qu’elles soient enfin entendues du plus grand nombre et fassent taire féministes, démagogues, imbéciles et méchants…. Je suis femme et avocat et les deux vous remercient!

  27. « Mais ce n’est pas l’ami que je défends : c’est un principe. »

    Tu parles.

  28. Et moi, je maintiens que jusquà preuve du contraire; la « présumée » victime dans cette histoire est d’abord la femme de chambre!!!

    • marie,..il y a peu de femmes pour entendre et lire votre message..je vous remercie pour que les taiseux du pouvoir acceptent que la femme de chambre si ses dires sont des vérités ouvrent les yeux et que le courage puisse enfin les aveugler…ce qui n’est pas le cas

  29. DSK n’est pas mon ami et je partage votre principe!!

  30. Je partage évidemment tout ce que vous dites. J’ai peur néanmoins que nous soyons bien peu à croire à ce principe, j’entends à y croire vraiment, et que nous soyons donc bien seuls à le défendre et à stigmatiser la sauvagerie de la justice américaine, tout au moins à ce stade de la procédure, et dont, soit dit en passant, ceux qui habituellement portent si haut les couleurs de l’anti-américanisme ne font pas grand cas.

  31. Comment être crédible quand vous défendez ici l’exercice serein de la justice, sans la pollution des médias, de l’opinion, bref de ce que vous appelez « la meute », en utilisant les mêmes arguments qui vous faisait exiger que Polanski soit ne soit pas extradé, et donc de facto soustrait à cette même justice ?
    Vous défendez vos amis contre quiconque, la meute ou la justice – mais certainement pas la Justice. C’est cela votre principe. Il est plutôt honorable tant qu’on n’essaie pas de le draper dans une pseudo supériorité morale opposable à tous.

  32. il faut stopper les fantasmes du complot en ce qui concerne Mr. D. Strauss-Kahn, il est connu et reconnu que ce Monsieur a la fâcheuse tendance depuis plus de 20 ans, de coucher sur les boudoirs les femmes qu’ils souhaitaient baiser ou trousser comme une femme de ménage…et pourtant le métier de femme de ménage est aussi noble qu celui d’un type..excusez-moi l’expression,..homme intelligent, banquier remarquable..hélas malade d’addicitons sexuelles qui bafouent les femmes. les gauloiseries ne font rire que les philosophe comme Monsieur Lévy…par contre l’homme moderne ne peut plus se permettre de considérer les femmes comme des proies que l’on saute et que l’on jette une fois violentée…non Messieurs les bien-pensants, comme Monsieur Badinter,.. vous avez loupé le train de la libération de la femme de tous les pays du monde

    • Calmez-vous, le problème n’est pas là. Il s’agit tout simplement de ne pas s’acharner sur une personne tant qu’elle n’a pas été jugée. Elle reste innocente tant qu’ elle n’a pas été reconnue coupable. La justice est la même pour tous.

  33. Quel plaidoyer ! Puisse-t’il être diffusé aussi dans la presse américaine et en bonne place. Comment en effet rester muet ou immobile quand un être humain est « jeté aux chiens ». Au Moyen-Age, DSK aurait déjà été lapidé. Pourquoi est-ce encore ainsi aujourd’hui ?

    • « Au Moyen-Age, DSK aurait déjà été lapidé. Pourquoi est-ce encore ainsi aujourd’hui ? »
      Ah, bon? il a été lapidé?
      MER… on me dit rien à moi…
      Je croyais qu’il était dans un 600 m² à 35 K€ par mois; peut être s’est il effondré? (le 600 m², pas DSK)

  34. « Je maintiens » « Je maintiens » « Je maintiens »
    à part l’anaphore, vous n’en avez pas d’autres ?