Simone Gbagbo, chrétienne évangéliste, était persuadée que Dieu avait choisi son Président de mari pour diriger durablement la Côte d’Ivoire. Eh bien manque de chance pour l’ex-couple présidentiel, les urnes n’ont pas été sensibles à l’appel divin de la Première Dame ivoirienne ! Démocratiquement, les ivoiriens ont décrété au moins trois choses : 1/qu’ils n’en pouvaient plus de cette situation de statu quo permanent, 2/que Gbagbo Président avait fait son temps et enfin 3/qu’il était temps, justement, d’essayer une autre politique.

Au terme de plusieurs jours d’incertitude, nous apprenons donc la nouvelle de l’arrestation de Laurent Gbagbo par les forces d’A. Ouattara.

Quel a été le déroulement exact de l’affaire ? Personne ne le sait encore vraiment. On pensait dans un premier temps que Gbagbo bunkérisé avait été sorti de sa cachette par les forces françaises soutenues par l’Onuci. Un peu plus tard dans l’après-midi du 11 avril, nous apprenions a l’inverse « qu’aucun militaire français n’était entré dans la résidence de Laurent Gbagbo ». Si la Licorne n’a pas agi, ce sont donc les forces de Ouattara qui ont fait le travail. Il s’agit sûrement là du meilleur des scénarii possibles : prenant en main leur destin, les ivoiriens se sont d’abord libérés eux-mêmes de leur tyran (avec en arrière-plan les soutiens de la France, des Etats-Unis et de l’O.N.U ). Ainsi pas d’accusations de neo-colonialisme possibles. Pas de théorie du complot à recycler. Juste le peuple fatigué, en colère, délogeant son Président devenu dictateur. À l’annonce de la nouvelle, dans toute la Côte d’Ivoire, un étrange mélange de liesse et de confusion. Parmi cet amas de bouleversements, une certitude comme un symbole : Laurent Gbagbo, son épouse et leur fils Michel se trouvent sains et saufs à l’Hôtel du Golf, l’endroit même où le nouveau président ivoirien et ses hommes étaient retranchés à l’issue du scrutin présidentiel.

Soyons honnêtes ! Cette fin tragique pour Gbagbo et ses proches, tout le monde la pressentait. Il n’y avait que l’ex-Président, sa femme et quelques conseillers aveugles et vautours (dont parmi eux beaucoup d’anciens « cerveaux » de l’Extrême-orient français) pour ne rien voir arriver. Et pourtant les choses auraient pu être différentes et même ne pas faire de perdants. Nous le disions ici-même à la Règle du Jeu, un Gbagbo délaissant son médiocre intérêt personnel pour la grandeur de son pays aurait pu marquer l’Histoire ivoirienne si, après dix années au pouvoir, il avait su passer la main dans un climat pacifique. La Côte d’Ivoire aurait gagné en stabilité, Gbagbo, de son côté, en serait sorti grandi. Seulement la réalité a pris une tournure bien différente. Face à la mobilisation internationale qui demandait son départ, Gbagbo et ses soutiens ont organisé une riposte lamentable, usé de ficelles rhétoriques aussi grossières que celles de la théorie du complot occidental pour tenter de se maintenir, fait appel aux plus contestables des alliés occidentaux, Jacques Vergès et Roland Dumas, pour assurer leur défense… Cet aveuglement appelle plusieurs questions : pourquoi les tyrans persistent-ils donc, malgré les diverses pressions domestiques et internationales, dans une sorte de suicide politique kamikaze ? Pourquoi, froids et réalistes, n’organisent-ils pas une fuite discrète vers des contrées amies, un exil tranquille exempt de poursuite judiciaire bien avant que le pire ne se produise ? Ces questions, en Côte d’Ivoire comme ailleurs, demeurent sans réponse…

Désormais débarrassé de Gbagbo, il faut maintenant espérer que le peuple ivoirien saura se tourner uni vers son avenir. Chers ivoiriens, cher Alassane Ouattara, le monde entier vous regarde. Une nouvelle page de votre Histoire peut maintenant s’écrire.

Un commentaire

  1. Do you have any sense of Ouattara’s capacity for peacemaking and reconciliation? Does he have the personality and the will to bring the people of Cote d’Ivoire together and move forward substantive democratic reforms?

    Merci!