Les Iraniens fêtent ce soir la fête populaire du Chaharshambeh suri ou mercredi de feu. Cette tradition zoroastrienne (première religion monothéiste au monde) de plus de 4000 ans, datant de l’Empire perse, célèbre la veille du dernier mercredi de l’année avant le Nouvel an iranien (21 mars prochain). À cette occasion, de nombreuses familles allument des feux de joie et sautent par dessus en musique en criant, chacun son tour, Donne-moi ton rayonnement du printemps et reprends ton teint hivernal jaunâtre” pour mettre un terme aux souffrances de l’hiver et débuter dans la paix et la nature du printemps la nouvelle année.

Or cette fête, si elle se révèle bon enfant chez les aînés, revêt un tout autre sens chez la jeunesse iranienne, qui forme plus de 70% de la population, surtout depuis que les autorités islamiques ont tenté ces dernières années de la faire disparaître. Eux qui n’ont pas beaucoup de loisirs, profitent généralement de cette soirée pour évacuer la frustration d’une année entière, à coups de feux d’artifice, de grenades artisanales, et de déhanché oriental! Ainsi, il n’est pas rare, en s’enfonçant dans les ruelles du pays, de tomber nez à nez avec de véritables boîtes de nuit en plein air autour d’un énorme brasier.

Cette fête pré-islamique coïncide aujourd’hui avec un nouvel appel à manifester lancé par l’opposition pour réclamer la libération de Mir Hossein Moussavi, Mehdi Karoubi, et de leurs femmes, coupés du monde car en résidence surveillée depuis plus de trois semaines.

Les autorités iraniennes ont d’ailleurs mis en garde les jeunes contre toute tentative d’utilisation par la “contre-révolution” de la fête du feu. “La contre-révolution tente de s’infiltrer parmi les jeunes qui n’ont pas de motivation contre-révolutionnaire et veulent seulement mener des actions sensationnelles”, a ainsi déclaré hier le chef de la justice de Téhéran, Ali-Reza Avaei.

Voici les premières vidéos exclusives de Chaharshambeh Suri. Et vous allez vous en rendre compte, les Iraniens vont vraiment jouer avec le feu…

« Mubarak, Ben Ali, au tour de Seyed Ali », scandent les manifestants sur la rue Navab de Téhéran. Seyed Ali est le prénom du Guide suprême. Ce n’est donc plus Ahmadinejad, mais le Guide suprême, l’ayatollah Seyed-Ali Khamenei, et à travers lui l’ensemble du Régime iranien qui est visé par les manifestants qui réclament son départ.

Les habitants de Téhéran se laissent aller à quelques déhanchés orientaux en pleine rue pour évacuer la frustration d’une année difficile et entamer dans la joie et la paix le Norouz (nouvel an), le 21 mars prochain.

Téhéran, quartier de Tehran Pars. Des pétards sont lancés en pleine rue, au beau milieu du trafic.

Téhéran. Sur un pont survolant l’autoroute Modaress est collée une affiche représentant un portrait du Guide suprême sur lequel il est inscrit : « Dictateur salue ta fin ».

Téhéran. Nouveaux déhanchés orientaux autour d’un vaste brasier. La musique iranienne est assurée par les postes radios CD des voitures garées autour de la « scène » improvisée.

Pétards et brasiers du « Chaharshambeh Suri » dans la ville pourtant religieuse de Qom (sud de Téhéran).

« Mercredi de feu » dans la ville kurde de Kermanshah (ouest du pays). Les jeunes déversent leur énergie en criant de joie.

Jeune téhéranais en caméra embarquée. Visiblement, ce ne sont pas les pétards du 14 juillet…

À Shiraz ce soir: « Ni Gaza, ni Liban, je me sacrifierai pour l’Iran », scandent des Shirazis en lançant des pétards. Est pointé du doigt le soutien du Régime iranien au Hamas palestinien ainsi qu’au Hezbollah libanais.