Dans la course à la présidence du Front National qui l’oppose à Marine Le Pen, Bruno Gollnisch ferait presque office de challenger. Lui le penseur du mouvement, lui l’inspiration frontiste passe aujourd’hui pour celui qui n’a rien à perdre. Et même si son combat n’est pas désespéré, Gollnisch tente tout (et surtout n’importe quoi !) dans l’espoir de grappiller le maximum de voix à Marine le Pen. En ligne de mire, l’objectif suprême, le Graal politique gollnischien : la place de numéro un frontiste.
Le n’importe quoi évoqué plus haut, vous le retrouverez d’abord dans ce clip de campagne de l’ancien professeur de l’Université Lyon-3.
Sur un ton solennel et mélodramatique, à grand renfort de musique classique (ici la neuvième symphonie d’Anton Dvorak et, cette question, ce miracle, comment a t-on pu échapper à Wagner dans la bande son ?), Bruno Gollnisch nous apeure puis nous rassure. Grâce à lui tout ira bien et bientôt, très bientôt, nos ennuis d’insécurité ne seront plus qu’un lointain souvenir. A l’écran s’enchainent rapidement des images « choquantes » : un noir musulman priant agenouillé, il a, collé sur l’avant de son chapeau, un autocollant de la CGT (c’est surement cela l’enfer frontiste !). Puis des voyous tabassent des français blancs et un SDF débraillé s’étend sous la neige. Alors le candidat FN nous promet le retour aux fondamentaux. On voit maintenant défiler de solides remparts, du fromage, du pain de campagne et grand nombre d’églises et de cathédrales. Le Front National se caricature. Et dire qu’il s’agit du clip de campagne du plus intellectuel des membres du personnel F.N…
Sur le site internet « Les Jeunes avec Gollnisch », on lit au bas de la présentation de la vidéo les réactions des partisans. Beaucoup sont épatés, « ça vous prend les tripes » lit-on plusieurs fois. Les autres, ceux qui n’oublient pas les vieux réflexes, se rappellent que Dvorak a composé cette neuvième symphonie à la suite du choc consécutif à sa découverte de New-York. New-York, les États-Unis, mince, l’erreur de casting ! L’universitaire Gollnisch aurait-il trop sous-estimé ses jeunes supporters en pariant sur le fait que jamais ils ne remonteraient à la genèse de l’œuvre proposée ? Sans surprise, cette « propagande yankee » n’est pas au gout de tous ses soutiens. Bien heureusement, un commentaire vient mettre tout le monde d’accord : « Auriez-vous préféré « Cocaine » d’Eric Clapton ? ». Évidemment, non…
Masquée par les rivalités socialistes et le réveil des centristes, la guerre interne qui se joue à la Droite de la Droite ne fait donc pas la une des journaux. Au mieux, on la cantonne aux brèves des quotidiens nationaux, ces strapontins de la presse écrite, au pire elle trouve son écho dans les bas-fonds de l’Internet incontrôlé, sur tous ces sites amateurs aux designs bâclés et à la rhétorique sordide. Loin des yeux et des oreilles du grand public, une révolution silencieuse se joue pourtant dans les milieux intégristes, racistes, et nationalistes. Bientôt Jean Marie Le Pen, leader historique de l’Extrême Droite laissera son siège vacant. Toute la question sera alors de savoir si le FN pourra survivre à son créateur national-populiste, héritier de Poujade et de Tixier-Vignancourt. Je suis des plus pessimistes qui répondent par l’affirmative. Des années durant Marine le Pen et Bruno Gollnisch furent observateurs de ce géant de la politique à la longévité bluffante. Cinquante-six ans d’une carrière politique commencée sous la Quatrième République, des mandats de conseiller municipal, de conseiller régional, de député, de député européen, et une accession au second tour des présidentielles vécue comme un choc, une véritable déflagration, le 21 avril 2002. Marine et Bruno, les cadets carnassiers, furent à bonne école. Désormais lâchés en pleine nature, ils usent de toutes les armes pour emporter la présidence d’un parti persuadé qu’il peut rééditer son exploit d’avril 2002. Alors Marine le Pen et Bruno Gollnisch mouillent la chemise et multiplient apparitions médiatiques et déplacements de campagne.
Dans une discothèque du XVe arrondissement, le Back-Up, où Marine Le Pen était déjà passée en novembre, Bruno Gollnisch prononçait mardi 7 décembre un discours clé. Pour ne tromper personne sur l’importance de son allocution, Gollnisch avait choisi de s’inspirer du célèbre « I have a dream » de Martin Luther King. S’imaginant au pouvoir, il y détaillera quelques unes de ses propositions phares pour la prochaine élection présidentielle et répondra aux critiques de sa rivale à qui, dans un élan de bonté faisant étrangement écho à celui de Ségolène Royal envers DSK, il offrira le poste de Ministre de l’Intérieur. Dans une ambiance indescriptible (éclairage fatigué, radiateurs en panne, froid hivernale dans la boite de nuit où se pressaient beaucoup de personnes âgées), l’audience a eu droit a un moment mémorable de politique fiction. Morceaux choisis :
« […] puisque je suis contraint à ce genre difficile qu’est le discours, je vais vous narrer ce qui m’est arrivé cette nuit. Comme nous sommes entre nous, et que je suis sûr que France 2 ne révèlera rien de notre conversation, puisqu’ils ne m’ont pas invité sur leur antenne depuis des années, je vais vous faire une confidence : cette nuit, j’ai fait un rêve!
J’ai fait un rêve. « I had a dream ! » s’écriait Martin Luther King.
Et ce rêve le voici : j’ai rêvé que le Front National gagnait les élections. Il avait été rejoint par des conservateurs attachés aux valeurs traditionnelles, qui votaient auparavant pour Philippe de Villiers. Ce dernier m’avait enfin offert la caisse de champagne que j’avais pariée avec lui, malgré ses véhémentes dénégations, qu’il se rallierait à Nicolas Sarkozy aux présidentielles de 2007. Ayant admis son erreur, retiré de la politique, il se consacrait désormais au beau spectacle du Puy du Fou. A gauche également, Jean-Pierre Chevènement n’avait pu empêcher nombre de ses électeurs, de gauche ou souverainistes, mais en tous cas patriotes, de nous rejoindre. Il avait fini par accepter le portefeuille de la Défense que nous lui proposions. Sur ces bases, nous avions vu nous rejoindre des blocs qui se détachaient d’une UMP qui n’avait pas survécu à l’échec programmé de Nicolas Sarkozy. M. Vanneste avait donné le signal, et beaucoup d’autres avaient rejoint. Certes, Juppé, Villepin, Coppé, Bertrand, n’avaient pas suivi – et d’ailleurs nous n’y comptions pas – mais leurs électeurs, en grand nombre, les avaient quittés. Nous avions surtout été poussés par un fort mouvement populaire où l’exaspération se mêlait à l’espérance, Exaspération contre la terrible décadence de notre pays, et contre ses responsables politiques et économiques.
Dans mon rêve alors, quantité d’endroits tels que Clichy-sous-Bois, Villiers-Le-Bel, Montigny-les-Cormeilles, Fontenay-aux-Roses, Aulnay-sous-Bois, etc., et plus près de chez moi Vaulx-en-Velin, Rilleux, St-Priest, StFons …et tant d’autres villes ou de quartiers de France, étaient redevenus les pimpants villages français qu’ils étaient autrefois. Des villages français…
Dans mon rêve, beaucoup d’étrangers qui y habitaient étaient repartis. Ceux qui étaient restés, l’œil débordant de reconnaissance, respectaient nos lois, nos mœurs, nos coutumes, nos valeurs, et faisaient tous leurs efforts pour s’en montrer dignes, comme avant eux les Chmilievski de Pologne, les Luccini d’ltalie, les Garcia d’Espagne, les Coelho du Portugal…et tant d’autres. Mais, parmi les immigrés repartis, le plus grand nombre était reparti spontanément, dès l’annonce des mesures de préférence nationale dans l’emploi, les allocations de toutes sortes, le logement, les hôpitaux, les écoles, et même les prisons. Certains étaient allés voir si la vie n’était pas plus facile dans les pays qui nous font la morale en traitant les Français de racistes. Beaucoup étaient rentrés dans leur pays d’origine. Les doubles nationaux avaient été paisiblement mais fermement priés de faire un choix, selon la réglementation adoptée à l’initiative de l’Office National présidé par M. Farid Smahi.
Le budget de la coopération, qui consistait jusque-là à prendre l’argent des pauvres des pays riches pour le donner aux riches des pays pauvres, avait été affecté à cette opération de réinsertion. Par exemple, des ressortissants d’Afrique qui, pour certains, avaient travaillé honnêtement chez Peugeot-Citroën, Renault, Berliet, s’étaient vu doter de véhicules utilitaires, et avaient fondé dans leur pays des entreprises de transport, pour le bénéfice des constructeurs français, et au grand regret de Toyota qui convoitait le marché. »
Plus loin :
« L’opposition de gauche avait bien tenté de saisir le Conseil Constitutionnel, que présidait dorénavant Jean-Marie Le Pen, mais elle avait été déboutée. Elle avait osé s’indigner de ce que le Front National eût enfin une part proportionnelle à son importance dans les media nationaux, mais là encore, le Conseil Supérieur de l’audiovisuel, désormais présidé par M. Hugues Petit, titulaire de la chaire des Droits de l’Homme à l’Université de Grenoble, avait fait obstacle à ses prétentions.
Il était résulté de tout cela une amélioration considérable de la sécurité. Le nouveau Ministre de l’Intérieur et porte-parole du Gouvernement, Marine Le Pen, en avait le mérite. Dans les quartiers dont je vous parlais, de temps à autre, les agents, qui sont de braves gens, comme le dit la chanson, patrouillaient à nouveau deux par deux, courtoisement salués par la population locale. Plus de cages d’escalier taguées, d’ascenseurs ou de boîtes aux lettres saccagées, de caves transformées en dépôt d’armes ou de drogue… Les anciens revenaient en été deviser sur les bancs publics où s’embrassaient aussi les amoureux chantés par Georges Brassens. Les fêtes populaires et les bals de village ne tournaient plus à la baston. Les jeunes avaient tous accès aux boîtes de nuit s’ils le voulaient, puisqu’ils s’y conduisaient sans problème, y compris certains jeunes issus de l’immigration, qui n’avaient plus à se plaindre d’être discriminés, puisqu’ils y venaient désormais avec leurs sœurs et leurs cousines, au lieu de les cloîtrer chez elles comme par le passé ! »
« Les professeurs étaient respectés parce qu’ils étaient désormais tous respectables. Fait inouï, plusieurs d’entre eux, jusque-là fort négligés, avaient mis une chemise propre et s’étaient rasés de frais !… L’enseignement de la morale élémentaire, de l’Histoire nationale, de notre incomparable patrimoine, échappait désormais aux repentances qui sont l’arme de la guerre psychologique faite à notre peuple. Le Ministre des Combattants et de la Mémoire Nationale, plus jeune résistant de France, ancien combattant, journaliste, grand reporter à Paris-Match et au Figaro-Magazine, Roger Holeindre, y avait mis bon ordre. »
Gollnisch lui-même vous prévient dans son discours: « En entendant le récit de mon rêve, vous allez me dire : « Mais où a-t-il pu trouver tout cela ? Il fume trop, et il ne doit pas fumer que du tabac ! ». Pire que les paradis artificiels il y a l’espérance politique sourde et aveugle. Celle qui anime les extrêmes est irréelle et immatérielle mais hautement passionnée. Hautement passionnée comme on dirait hautement inflammable.
Il faut lire le FN dans le texte pour pouvoir le combattre…
À l’autre bord du même échiquier, tous ceux qui à l’instar de monsieur El Karoui, donnent en déraisonnant à la remorque de monsieur Todd, raison à la raison, comme par exemple, quand ils croient déceler dans le concept d’«idéologie française» une attaque en règle contre l’idée de France en tant que telle, feignant d’avoir compris que la France était la semence même dont avait germiné la mauvaise herbe du fascisme, là où il fallait voir une défense de la France pensante contre la France réduite à un discours franchouillard sur les idées, où le seul critère des valeurs présidant à leur sélection consista, consiste et consistera dans l’identité non seulement nationale, mais de surcroît, nationaliste, de leurs auteurs. Loin d’être une réfutation des pensées françaises, il n’est qu’un instrument de localisation des racines longues et très profondément enfouies du totalitarisme français, d’un amour de la France pensée comme totalité, d’un patriotisme de repli qui ne saurait se vivre qu’en tant que mépris de ce qui n’est pas français, le mépris engendrant le dégoût, l’aversion, et la haine.
ca me fait marrer. dire qu’il y a aussi ca en France. il reprend l’idée du militant Martin Luther King : ils aiment pas les noirs mais ils aiment leur talent. un vrai fascho.
« Masquée par les rivalités socialistes et le réveil des centristes, la guerre interne qui se joue à la Droite de la Droite ne fait donc pas la une des journaux. Au mieux, on la cantonne aux brèves des quotidiens nationaux, ces strapontins de la presse écrite, au pire elle trouve son écho dans les bas-fonds de l’Internet incontrôlé, sur tous ces sites amateurs aux designs bâclés et à la rhétorique sordide »
Tout est dit : Marine Le Pen a été adoubé par l’ensemble de la presse française, elle sert conjointement les intérêts du PS en singeant le discours de Mélenchon et de l’UMP qui s’est rendu compte qu’il allait falloir gagner la prochaine élection au centre, on ne peut pas être en même temps au centre et à l’extrême droite.
C’est assez caricatural mais on arrive à tout en politique française : Le Front National va finir par servir les intérêt des sionistes. Bien vu, mais attention à force de jouer avec le feu on finit par se brûler.
Lloyd Blankfein, actuel président de Goldman Sachs se définit comme : « un banquier faisant le travail de dieu », juste ça !!!!!!!!!!!
Cela a un nom : la simonie.
Ps : on entrevoit facilement les valeurs de Samana, le design minutieux et la rhétorique cool. Ce jeune men in black devrait lire Bourdieu, il comprendrait peut-être qu’il est un parangon de la reproduction sociale, une petite main d’un système qui le dépasse. En tout cas il est près pour aller chez Morandini.
Les Allemands ont dû éprouver la même sensation au lendemain de la Reichskristallnacht, d’un Eden germanique retrouvé dans toute sa pureté. Mais il n’y a pas, Herr Gollnisch, de novembre 38 à la potence duquel ne se balance un avril 45.