Hommage à Hossein Derakhshan et Vahid Asghari

La rencontre en l’Iran et la liberté de la presse a toujours été explosive mais depuis la révolution réactionnaire théocratique de 1979 cela ne s’est pour le moins pas arrangé, de même que dans le remplacement de la sinistre « savak », la police de feu le Shah, par les assassins « gardiens de la révolution » je ne vois pas le progrès comme on dit !

Ainsi donc après avoir arrêté les défenseurs des droits de l’homme, militants et avocats tels Jinous Sobhani, une ancienne conseillère de la militante des droits de l’Homme et prix Nobel de la paix, Shirin Ebadi, il a été annoncé par le ministre de « la Culture et de la Guidance islamique », Mohammad Hosseini que les journaux iraniens recevront des subventions en fonction du degré de loyauté qu’ils témoignent vis-à-vis du régime… Rentrez dans le rang, il n’y a rien à voir et rien à dire !

A l’égard de la presse, la République Islamiste protège son paradis de la pensée unique et de l’information contrôlée : rien de plus sûr que la censure pour veiller sur son arbre de la connaissance du bien et du mal… comme l’arbre que voulut planter à la frontière israélo-libanaise Ahmadinedjad lui-même. Le Liban avait refusé si bien que le président iranien en visite à la même frontière n’avait pu s’empêcher de déclarer en des termes qui ne prêtent pas à confusion que le Liban est à sa merci.

L’Iran contre la liberté de la presse virtuelle est un fait et la rencontre est arrangée par le « Centre de surveillance des délits organisés ». On connaissait bien sûr son action, avec l’aide de Siemens (vieux relent ?) sur la circulation sur la toile mais voilà, il y a notamment deux hommes Hossein Derakhshan irano-canadien, journaliste, et Vahid Asghari de retour d’Inde qui croyaient à la possibilité de s’exprimer.

Le véritable crime de Vahid Asghari est d’avoir hébergé des sites, notamment ceux d’opposants iraniens. Maintenu pendant sept mois en isolement, il a subi mauvais traitements et tortures. Plus de deux ans après son arrestation, il reste en attente d’un verdict après une mascarade de procès.

Le cas d’Hossein Derakhshan est encore plus incroyable : journaliste irano-canadien qui s’était installé en France depuis deux ans, il retourne à Téhéran en octobre 2008 pour couvrir le 30ème anniversaire de la Révolution Iranienne et les élections présidentielles de juin 2009. Il avait rédigé un manuel d’utilisation du blog en persan qui a fait exploser la blogosphère iranienne et l’a fait surnommer Blogfather. Il avait dénoncé ce qu’il appelle la diabolisation médiatique occidentale de l’Iran, défendu le droit de son pays à acquérir l’arme atomique pour pouvoir se protéger d’une attaque, et apporté son soutien au président ultraconservateur iranien Mahmoud Ahmadinejad ! Bref, même pas un opposant. Evidemment je ne suis pas d’accord avec lui mais je crois comme Voltaire qu’il faut se battre sans cesse pour qu’il puisse s’exprimer quitte à le combattre ultérieurement sur le terrain des idées.

Victime d’un scénario monté de toutes pièces, il est accusé « d’insultes envers des responsables du régime et les textes sacrés de l’islam », son procès s’est ouvert en juin dernier (il a été arrêté en novembre 2008) à huis clos [1] et le procureur de Téhéran a requis initialement la peine de mort. Finalement il est abusivement condamné à 19 ans et demi de prison ! Pas mal pour quelqu’un qui soutenait le président iranien et est emporté par le flot de la non-liberté de la presse. Mais je pense à l’homme et ses souffrances ; je me demande ce qu’il pense aujourd’hui de la République islamique, des droits de l’homme, des droits des femmes, du sort des voleurs, des bombardements des réfugiés Kurdes iraniens en Irak et de la balkanisation du Liban.

Bien sûr, Reporters sans frontières s’inquiète vivement des graves violations des droits de l’homme perpétrés contre les journalistes et les net-citoyens dans les prisons iraniennes mais rien à voir avec la juste indignation journalistique que suscite l’enlèvement de nos compatriotes pour au moins les faire taire.

Encore un mot sur les droits de l’homme. On savait l’Iran islamique amoureux de ses femmes et actif pour les protéger à en faire des fantômes sociaux dont le symbole est devenu le voile noir de Sakiné. On doit donc en déduire que Iran des mollahs est devenu un pays constitué pour l’essentiel d’hommes lubriques en chaleur permanente et livrés à des penchants inavouables, du moins si l’on suit les raisonnements du pouvoir islamique. Souvenez vous, Sakiné est cette femme qui avait été condamné à la lapidation pour adultère des années après le décès de son mari dont le dossier avait été bidouillé en ajoutant la suspicion de meurtre après le tollé international. Le sort de Sakiné est en révision…

A ce propos l’Iran doit être très attaché au regroupement familial puisqu’il permet, après de très longues années, l’emprisonnement du fils de Sakineh auprès de sa mère… Et pour faciliter un contact longtemps perdu, il enjôle également son avocat ! Tout pour favoriser le rapprochement mère-fils.

Richard Rossin
Ecrivain, ancien Sec. Gal de MSF et co-fondateur de Médecins du Monde


[1] D’après l’article 168 de la Constitution de la République islamique d’Iran, les procès de délits politiques doivent être publics et se dérouler en présence de jurés populaires. Pourtant la plupart se déroulent à huis clos. Les accusés ne sont parfois pas même informés de la tenue de leur procès et de leur condamnation. Les avocats eux-mêmes peuvent être écartés, et n’ont, dans bien des cas, pas accès au dossier de leur client.

Un commentaire

  1. Il serait peut-être temps de légiféré sur la peine de mort pour l’instauré dans les droit de l’homme et de boycotté tout pays qui ne s’y conforme pas.J’aimerais en tant que citoyenne de la terre voir dans leur écrit sacré ou il est inscrit de lapidé quelqu’un ou de le tuer de quelque façon que se soit.En deux mille dix on ne peut pas moralement toléré de tel comportement envers un être humain car c’est immoral.Et se serais inhumain de notre part de l’ignorer.Je m’adresse ici à tout les pays du monde pour que ceux-ci agissent et prennent des décisions en priorisant la valeurs d’un être humain.Je suis sûre que la sagesse éclairera vos décision.Une citoyenne demeurant au Canada.