Lettre ouverte au Président des Etats-Unis
à l’occasion de la journée mondiale contre la peine de mort

Paris, le 10 octobre 2010

Monsieur le Président des Etats-Unis,
Il est trop tard pour vous demander la grâce de Teresa Lewis. Du reste, vous n’aviez aucune qualité pour l’accorder et moi pas davantage, pour la réclamer.
Mais il n’est que temps de vous supplier de bannir cette mesure, la peine de mort, qui relève d’un âge qui n’est pas notre et d’un pays qui ne peut être le votre.

Je n’ai aucun titre dont je puis me prévaloir et je ne suis pas même citoyen des Etats-Unis pour vous présenter cette supplique. Seulement, il est des questions universelles dont aucun homme et aucune femme de bonne volonté ne peut se détourner. Ces deux raisons me font respectueusement vous écrire à la suite de l’effroyable mise à mort de Madame Lewis.
Celle-ci, 41 ans, a été exécutée le 23 septembre dernier à Jaratt dans l’Etat de Virginie. Cette exécution par injection létale est insupportable parce qu’elle est absurde et absurde parce qu’elle est insupportable.

Les faits sont bien connus et d’ailleurs ils ne sont pas contestés. Teresa Lewis a laissé ouvert la porte de sa caravane permettant l’assassinat par balle au mois d’octobre 2002 de son mari et du fils aîné de celui-ci, un militaire âgé de 25 ans, par deux comparses dans le but de partager le maigre butin constitué des quelques biens du défunt et de son assurance-vie.
Tout laisse à croire que Teresa Lewis, doté d’un Q.I proche de la débilité mentale et qui n’avait aucun antécédent judiciaire s’est laissée entrainer par ses deux comparses dont l’un au moins voulait faire carrière comme tueur à gage.

Cette femme qui a reconnu son crime et a recherché sans cesse le pardon de la famille des victimes a pourtant été la seule à écoper de la peine capitale alors qu’elle n’a pas en tant que tel participé au meurtre. Ses complices, eux, se sont vus infliger une peine de prison à la perpétuité.

Le scandale est si grand d’avoir jugé plus sévèrement cette femme simple d’esprit que ses complices délinquants aguerris, qu’il a laissé sans voix jusqu’à certains partisans de la peine de mort dans votre pays.

Néanmoins, ne nous trompons pas de débat.
Je ne souhaite pas ici attirer votre attention sur la disproportion de la peine mais sur sa rémanence et sur l’étonnement pour ne pas dire l’indignation que cette situation provoque chez tous ceux qui chérissent les Etats-Unis d’Amérique parce qu’ils chérissent la liberté.

Il est trop tard pour Madame Lewis, mais pas pour Troy Davis et 3.000 autres qui attendent fébrilement leur heure dans les couloirs de la mort de votre pays.
Il est donc permis d’espérer que cette exécution de trop mette en évidence le caractère inassimilable de la peine de mort dans un Etat de droit.

Comment en effet accepter que la justice de la première démocratie du monde se fasse meurtrière, même pour juger des meurtriers ?

Monsieur le Président, votre pays proclame comme sa devise, la foi en Dieu et il a connu treize longues années avant la France, une révolution. Ces considérations commandent que soient ici rappelés les propos tenus par Jean Jaurès, fondateur du socialisme français, à propos de la peine capitale: « Je crois pouvoir dire qu’elle est contraire à ce que l’humanité, depuis deux mille ans, a pensé de plus haut et a rêvé de plus noble. Elle est contraire à la fois à l’esprit du christianisme et à l’esprit de la Révolution ».

Comme vous le savez peut-être, il y a 29 ans Robert Badinter, devenu le Garde des sceaux du Président Mitterrand a aboli la peine de mort en France. Au-delà de justes motifs humanistes et philosophiques, sa démonstration était fondée sur un double et implacable constat: il n’y a aucun homme dont la culpabilité soit totale ; il n’y a aucune justice qui ne soit infaillible.
Cette sentence définitive condamne aujourd’hui comme hier, aux Etats-Unis comme ailleurs, la peine de mort.

En tant que jeune français vous rappelant les hautes personnalités de mon pays qui se sont élevées contre la peine de mort, je réalise combien je suis injuste et pour tout dire, incomplet. Ce serait oublier l’essentiel, tous ces grands américains – de Norman Mailer à Martin Luther King jr et de Elie Wiesel à la représentante du Nouveau Mexique, Gail Chasey – qui ont fait et font de l’abolition une histoire américaine.

D’ailleurs, c’est sur le territoire des Etats-Unis qu’a été établie la norme juridique la plus avancée visant à interdire la peine capitale – le Pacte international relatif aux droits civils et politiques visant à abolir la peine de mort – qui a été adoptée à New-York le 15 décembre 1989 par l’Assemblée générale des Nations-Unies.

Surtout, comment nier que la peine de mort soit intimement liée à la question raciale alors que 35% des condamnations à la peine capitale en Amérique et 42 % des personnes détenues dans les couloirs de la mort sont de couleur noire ? Doit-on préciser que la population noire des Etats-Unis ne représente que 12% du total alors qu’à l’inverse 98% des juges ou jurés qui prononcent la peine de mort sont blancs. Cela veut-il dire que les noirs américains ont une propension au crime plus avancée que leurs compatriotes blancs – toute réserve étant faite sur cette étrange classification de l’espèce humaine – ou au contraire, que l’on condamne, encore de nos jours, plus facilement une personne de couleur dans les Etats-Unis du 21ème siècle ? Vous comprendrez aisément, Monsieur le Président vers où penche ma conviction personnelle.

Je sais le moment forcément mal choisi pour vous entretenir de ce sujet. Je sais surtout que cette question ne relève pas de la compétence fédérale et que de ce fait, elle ne dépend pas directement de votre magistère.
J’ai cependant la faiblesse de croire, qu’un seul mot de votre part suffirait à condamner la peine de mort moralement si ce n’est juridiquement et à lui ôter le peu de crédit dont elle jouit encore en Amérique et au-delà, dans toutes les contrées où elle trouve application. Ce mot que nous appelons de nos vœux, vous l’avez compris, c’est « l’abolition ». Si vous consentiez à l’endosser, il s’agirait à n’en pas douter, d’une étape décisive dans la longue quête du droit sur la force et de la justice sur la vengeance. Quelle nation civilisée osera après vous, en temps de paix tout du moins, donner la mort au nom du droit ?

En vertu de ce qui précède, j’ai l’honneur de vous demander, Monsieur le Président, de libérer votre pays d’un fardeau et de mettre un point final à l’histoire sinistre de l’application de la peine de mort aux Etats-Unis.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’expression de ma très respectueuse considération.

Patrick KLUGMAN
Avocat au barreau de Paris

12 Commentaires

  1. A QUAND LA JOURNEE MONDIALE CONTRE LA PRETENTION FRANCAISE ?

    Suite de mes interventions écrites légèrement nocturnes.
    Je ne pourrais pas faire la chronique le matin sur France Inter.
    Et puis si c’est pour écrire un truc et me faire virer !

    Allo Nicolas ? Tu me laisserais faire la chronique ?
    Il me faudrait juste un appart pas trop loin de Radio-France.

    Avec votre lettre il y a maintenant deux portraits. Deux images. Rassurez vous, je vais mieux. Il y a tout de même fallu que j’aille chez un toubib.
    Méga rhinopharyngite angineuse fulgurante.
    On a faillit me couper la tête.
    C’était du costaud.
    Quoi que des fois, une bonne saignée… Une sensation de fraicheur.
    Et comme le disait si bien l’autre soir Jean d’Ormesson  » dieu, je sais pas « .

    Il a raison.

    Et comment s’appelle-t-il déjà, celui qui a démontré dernièrement que l’univers n’avait pas eu besoin de dieu pour être créé. Ah oui, Stephen Hawking. Le génie.

    Dans votre prochain texte, appelez moi pour la photo, comme ça y aura un nègre !
    Comme ne le disent pas tous les sondages, mon cher Bernard, je suis le dernier des intellectuels français.
    Il finiront bien par me trouver !
    Je n’ai pas encore regardé si vous avez validé mes autres textes.
    Surtout gardez les. C’est de l’or en barre.
    Et puis surtout, supprimez cette formule de littérateur  » écrire un commentaire « .
    Préférez –  » vos réactions « . C’est beaucoup plus stimulant pour l’esprit.
     » Vos réactions  » dans le pays le plus dangereux de la terre, ça c’est de la formule.
     » Ecrire un commentaire « , c’est terriblement statique.
     » Vos réactions « , c’est dynamique, ça donne envie.

    Y en a marre du dictat du commentaire.

    Bon, je ne sais plus trop où j’en suis. Ah oui, il parait que les français veulent une grève durable. C’était écrit sur la une de je ne sais trop quel journal de gare.
    Et comme le disait le grand poète Gérard Lenormand
     » Si j’étais Président de la République…  »
    Je me dirais, putain, une grève durable – Qu’est ce qu’y s on pas encore inventer.
    Avec des tracts en papier recyclé ? Des flics en peaux de moutons ?
    Des lycéennes en culottes petit bateau soufflant dans des mirlitons
    et les garçons en train d’effeuiller la marguerite
     » je t’aime, un peu beaucoup, passionnément…  »

    La grève du râble… On bat des records.

    Tout ça pour dire, qu’en Amérique on ne mange pas les lapins.
    Par contre, il y encore la peine de mort, c’est étonnant.

    Mon cher Barak, dans un pays où on ne mange pas les lapins,
    les choses devraient avancer.
    Mais peut être êtes vous encore prisonnier des Textes ?

    Tous ces putains de Textes.

    Tout ça pour dire que l’autre jour j’avais proposé que la place de la Concorde
    à Paris soit nommé désormais Place Robert Badinter pendant qu’il était encore vivant,
    et bien il m’a répondu que c’était trop d’honneur… et patati et patata.
    Faudrait savoir ?
    Comme quoi la culture de la mort c’est lourd et ça traine.

    En attendant, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais depuis qu’on a fait le jardin
    Serges Gainsbourg, il c’est passé quelque chose d’assez étonnant.

    Vos réactions

  2. Une justice parfaite ou tout du moins optimisée, n’infligerai la mort comme sanction qu’a celui qui l’a infligée ou faite infligée délibérément, sans avoir subi aucun préjudice de la victime et uniquement lorsque les faits sont avérés à 100%.
    Voila qui réduirait grandement le nombre de condamnés et qui dédommagerai à coup sur le perte inestimable occasionnée, une vie, un nombre inestimable de potentialités pour le défunt et pour le monde.

    Et bien qu’aucune vie n’en vaille une autre, parce que toutes sont uniques, la seule manière de compenser l’impossibilité pour la victime d’accéder au futur est d’empêcher également à l’agresseur d’y accéder.
    Puisque la vie, nous le savons tous, ça n’a pas de prix; elle ne peux se chiffrer ni en deniers, ni en années (de prison).

    Aujourd’hui aucun pays ne pratique la peine de mort tel que décrite ici et les erreurs avérées sont encore trop nombreuses. Si le système appliqué n’est pas étanche à toute forme de doute (sur la juridiction ou les faits), il ne faut pas le maintenir. En revanche tout tribunal qui peut rétablir la justice de façon certaine doit le faire… parfois au prix d’une vie.

  3. oui fanny totalement avc toi g des enfts non moi je les ferais souffrir jusq a leur mort ou mieux ils en auraient envie de se tuer mais enlever la vie non et bien sur hors de question qu aucun ne ressorte JAMAIS quelque soit le pays !!!!!!!…

  4. pardon mais au risque de me faire jeter des pierres parfois certains méritent cette peine de mort
    je m’explique un mec viole et u un gosse il fait 10 ou 15 ans et a sa sortie il recommence si la première fois il avait été exécute il n’aurai…

  5. Decret Le problème si on accepte la peine de mort c est qu il peux y avoir des dérives comme pour Sakineh si la peine de mort es interdite il n y a plus de polémique alors tuer un innocent pour dix coupable c est déjà trop je suis totalement CONTRE LA PEINE DE MORT

  6. CONTRA LA PENA DE MUERTE SIEMPRE Y BAJO CUALQUIER CIRCUNSTANCIA !!n No defendimos a esta mujer, lamentablemente

  7. Well !

    You got me kiddo. You’re so right !
    I am going to fuck down hard the death penalty.

    thanks for kind words,

    BO,
    1st black prez of the US

  8. Deux tortionnaires, Fanny et Dominique sorties tout droit du moyen âge. Tout d’abord avez vous dans votre vie, vécu la violence dont vous parlez? Si c’est non, fermez là! Vous n’avez pas honte de parlez comme vous le faites! Il s’agit de la vie. Si c’était votre frère votre fils a qui on allait enlever la vie – ce que j’ai lu, vous ne l’aurez sans doute pas écris.

  9. Les USA, sont une confédération d’états qui pour ce qui est de la peine de mort, sont libres de choisir cette abolition ou non.
    Certains états la pratique déjà.