Chère Sakineh Mohammadi Ashtiani,
Nous ne serons jamais assez nombreuses, jamais assez indignées, assez en colère.
Nous ne serons jamais assez tristes, assez honteux, assez en colère.
Nous ne serons jamais assez révoltées, assez navrées, assez en colère.
Ce ne sera jamais assez.
Nous ne dirons pas que nous ne savions pas, car nous savons.
Nous savons les coups de bâton, les coups de fouet, les jets de pierre, nous savons les crachats et les humiliations, la mort par lapidation, la mort enterrée vivante, la mort par pendaison, nous disons une fois de plus et de toutes nos forces jamais plus de ces crimes pour l’exemple, de ces crimes cyniques pour l’exemple, de cette propagande provocatrice pour l’exemple.
Cette manière ignoble de traiter les femmes pour l’exemple. Pour prouver… Prouver quoi d’ailleurs? Imposer quelle nuit?
Jamais nous n’écrirons assez de lettres officielles, et jamais nous ne ferons assez de rassemblements militants, jamais il n’y aura assez de communiqués politiques, de démarches associatives, jamais assez de pétitions de personnes célèbres, de lettres de citoyens et de citoyennes, de marches pacifiques, de manifestations violentes.
Jamais assez, jusqu’à votre libération.
Vous vivrez, vous vivrez libre.
Nous vous sauverons.
Geneviève Brisac