Il y a tout juste une semaine, Javid Houtan Kian, l’avocat de Sakineh Mohammadi Ashtiani, nous avait révélé que sa cliente était sortie du « quartier spécial » de la prison de Tabriz à deux reprises le mardi 7 septembre pour être interrogée et filmée dans le tribunal de la ville.
« D’après mes informations, avait révélé Javid Houtan Kian, ils auraient demandé à Sakineh qui est à l’origine des interviews données à la presse internationale. Si c’était elle ou son avocat, c’est à dire moi, qui avait décidé de s’en prendre à la République islamique. (…) Si jamais elle effectue d’autres confessions, explique l’avocat, je les nierai à 100%, étant donné que je n’étais pas à ses côtés au moment de l’interrogatoire. Nous attendons désormais de voir si cet interrogatoire va être diffusé à la télévision d’État ».
Les autorités iraniennes auront donc attendu une semaine pour passer à l’acte. Tout juste un mois après avoir diffusé à la télévision d’État une première interview télévisée de Sakineh « confessant » qu’elle avait bien entretenu une relation adultère et avait été complice du meurtre de son mari, des affirmations qui, selon son avocat Javid Houtan Kian, ont été obtenues après deux jours de torture, la télévision d’État iranienne a de nouveau diffusé ce soir une nouvelle interview exclusive de l’Iranienne en langue azérie (turc) sous-titrée en persan.
« Je n’ai pas du tout été torturée. Ces mots sont les miens. Personne ne m’a forcé à apparaître devant une caméra et tout ce que j’annonce sont mes propres mots », a annoncé une femme en tchador noir et au visage flouté, présentée comme Sakineh Mohammadi Ashtiani, 43 ans, condamnée en 2006 à la lapidation pour adultère. La femme a ensuite qualifié de « mensonges et de rumeurs » les affirmations selon lesquelles elle avait été fouettée en raison d’une photographie d’elle publiée dans le Times de Londres.
Pourtant, le samedi 4 septembre dernier, Sajjad Ghaderzadeh, fils de l’Iranienne nous avait affirmé que sa mère avait été condamnée à 99 coups de fouet supplémentaires pour avoir propagé la « corruption et l’indécence » en raison de la publication d’une photo d’elle sans foulard dans le Times de Londres du 28 août dernier. Une information que l’avocat Javid Houtan Kian avait lui aussi confirmé, en se basant sur les témoignages de codétenues ainsi que sur les propos du « juge indépendant de la prison de Tabriz ».
Ici à la Règle du jeu, nous condamnons fermement ce nouveau recours par les autorités iraniennes à des méthodes d’une autre époque pour tenter une nouvelle fois de discréditer Sakineh ainsi que de semer le trouble et la discorde dans la mobilisation internationale unie et unanime en faveur de l’Iranienne et vous annonçons qu’une très prochaine publication va encore davantage la renforcer.