Ailleurs ou en d’autres temps, j’aurais pu être Sakineh, subir les pires atrocités pour ma condition de femme, vivre sous la menace permanente, latente, grandir avec les descriptions parfois effrayantes du sort qui pourrait m’attendre.

Ce régime iranien, son Président illégitime Ahmadinedjad terrorisent les iraniens et me font peur, jusqu’ici. Car la menace de ce régime fou est lourde. Elle pèse sur les femmes, les Juifs, les homosexuels, et tous les démocrates. Comment ne pas se sentir en danger?

Pourtant, aujourd’hui, de là où je suis, Présidente de l’UEJF, je peux  décider, agir, et m’exprimer ainsi librement devant vous.

Je voudrais mettre cette parole au service de Sakineh, symbole tragique des trop nombreuses souffrances des femmes dans le monde, symbole des infinies tortures que subit le peuple iranien.

Pendant plusieurs mois je suis intervenue dans différentes manifestations pour soutenir la révolution verte, l’espoir était à l’honneur, plus que l’inquiétude et l’angoisse que génère aujourd’hui le sort incertain de Sakineh.

Beaucoup d’entre nous étaient présents, pour soutenir le combat que mènent les Iraniens et les Iraniennes, emmenés par les étudiants, pour une démocratie en Iran. Pour que le régime qui gouverne les Iraniens soit à la hauteur de l’émancipation de cette société, de son niveau d’éducation, de l’histoire de son peuple. Et que finisse ce décalage ignoble entre une société ambitieuse qui aspire à la démocratie et cherche à s’affranchir de cette violence, et ses dirigeants totalitaires.

Ces jours-ci, une fois de plus, c’est contre la barbarie du régime des Mollahs et de la justice. Ide l’illegitime Ahmadinedjad que nous sommes appelés à nous élever. Nous l’avons fait il y a peu de temps encore, quand dans une forme de complaisance, les instances internationales lui offraient une tribune. Mais un régime totalitaire s’en prend d’abord et avant tout à son propre peuple.

Aujourd’hui en Iran, les femmes, mais aussi les homosexuels, les étudiants révoltés, et tous les démocrates sont toujours oprimés, souvent torturés, parfois pendus, lapidés. Hier l’UEJF dénonçait la tribune qui était offerte au Président iranien, et la mascarade qu’il mettait en scène, aujourd’hui, nous dénonçons le spectacle macabre qu’il joue. Nous ne devons pas le laisser se dèrouler sous nos yeux…

Je suis issue d’une culture où comme ailleurs, l’égalité entre les hommes et les femmes a été un combat, est un acquis: l’Histoire française et la loi juive.

Nous savons, étudiants juifs de France, qu’il existe plusieurs marqueurs de l’évolution et de l’humanité d’un pays. La condition des Juifs est un indicateur, et nous en avons fait les frais au cours de notre Histoire. La condition des femmes est un indicateur, comme ceux et celles qui viennent rappeler la différence et interpellent la possibilité de tolérer l’autre.

Défendre Sakineh et ces milliers de femmes en Iran, défendre les Iraniens, c’est défendre les Droits de l’Homme. Nous en sommes garants, nous, individus libres de penser et d’agir, envers une société qui cherche à s’émanciper de cette violence, un peuple maltraité par ses dirigeants. Pour eux, et pour nous!

Il existe des pays, nombreux, où la femme est encore asservie, où elle ne peut s’assoir seule à une terrasse, où elle doit se couvrir d’une manière ou d’une autre, où parfois on ne lui laisse pas même pas la possibilité de naître.

Que la liberté et l’égalité reprennent leurs droits, prennent le pas sur la barbarie et l’enfermement d’une minorité et d’un peuple. C’est le combat qui nous réunit  aujourd’hui, il se décline de mille manières dans le monde,  et tant que nous en serons là, il n’y en aura pas d’autre.

Pour Sakineh nous élevons la voix. Vous nous interpellez du fond de votre prison. La mobilisation est immense pour vous éviter le pire, nous éviter le pire. Votre combat est aussi le nôtre et nous sommes à vos côtés par la pensée, les mots, les actes.

Arielle Schwab