Alors que Barack Obama a ratifié hier une nouvelle salve de sanctions unilatérales américaines visant à perturber l’approvisionnement d’essence en Iran pour forcer la République islamique à cesser ses activités nucléaires, Mahmoud Ahmadinejad a décidé d’apporter une réponse drastique à la hauteur de l’événement…

Le président iranien a annoncé que son Parlement devait sanctionner à son tour l’activité en Iran des compagnies américaines Coca Cola et IBM.

Cette annonce suit celle d’un haut responsable iranien, qui avait déclaré le 15 juin dernier à l’agence iranienne gouvernementale FARS, qu’il était nécessaire de boycotter trois produits fabriqués actuellement en Iran qui étaient soupçonnés d’être liés à ce qu’il a appelé les « entreprises sionistes »: les bouteilles Coca-Cola, les bouteilles d’eau Nestlé, et le lait en poudre pour nourrisson de cette même marque, en plus des produits « sionistes » déjà boycottés.

L’Iran a été condamné le 9 juin dernier par une cinquième salve de sanctions par le Conseil de Sécurité de l’ONU touchant ses investissements à l’étranger sur ses activités dites sensibles, ainsi que sur la vente d’armement lourd à la République islamique. La liste des banques, personnalités et entités liées aux Corps paramilitaires des Gardiens de la Révolution, aujourd’hui dans toutes les branches du pouvoir iranien, s’agrandit. Mais grande nouveauté, cette série a été accompagnée une semaine plus tard par des sanctions unilatérales américaines et européennes touchant pour la première fois les importations d’essence en République islamique, véritable point faible de Téhéran.

En effet, l’Iran qui demeure pourtant le second pays au monde en terme de réserves prouvées en pétrole, est forcé d’importer la moitié de l’essence qu’elle consomme. La faute à la vétusté de son parc d’usines de raffinage, dû à trente ans d’embargo américain, à huit ans de guerre contre l’Irak, mais aussi à une gestion catastrophique par les peu précautionneux ministres qui se sont succédés et qui n’ont pas jugé nécessaire d’investir dans ce long et coûteux processus.

Cela fait plusieurs années que de nombreux experts internationaux insistent sur le fait que la restriction des importations d’essence en République islamique pourrait demeurer un point clé pour amener l’Iran à renoncer à ses ambitions atomiques. Une initiative que s’était jusqu’ici refusée à appliquer la communauté internationale, en raison notamment d’un très attractif marché iranien pour ses multinationales. Lundi dernier, la française Total, qui s’enrichit copieusement en République islamique depuis 1995, a néanmoins emboîté le pas, en annonçant qu’elle renonçait à ses activités et à ses ventes d’essence à l’Iran. Pourtant, malgré cette décision, le PDG de Total, Christophe de Margerie, a estimé hier que l’embargo visant les produits pétroliers à destination de l’Iran était une « erreur », parce qu’il « touchait » les populations et a regretté que l’on « politise trop de choses aujourd’hui ».

Le président iranien Ahmadinejad n’a pas manqué de réagir avec fracas aujourd’hui, jugeant « pathétiques » l’adoption de sanctions internationales, et avertissant les puissances occidentales qu’elles regretteraient leurs tentatives d’intimidation. Jeudi, il avait déjà raillé l’adoption de telles sanctions, expliquant qu’en réalité, l’Iran profiterait de ces mesures.

Il avait notamment annoncé que l’Iran est un large pays de 75 millions d’habitants qui possède d’importantes réserves de pétrole et de gaz, lui permettant d’augmenter l’approvisionnement du public en essence à condition de réduire la consommation. Selon le président iranien, l’Iran est prêt pour les sanctions, qui donneront même une « opportunité à l’économie du pays ».

Pourtant, à Damas, le porte-parole du Parlement iranien, Ali Larijani, a tenu un tout autre discours, trahissant quelque peu l’inquiétude actuelle du Régime iranien. Larijani a notamment déclaré que les États-Unis imposaient des sanctions économiques à son pays « pour aider Israël ». Il a en outre vivement conseillé les Nations islamiques à imposer leurs propres sanctions à l’Etat juif.

Même son de cloche à Téhéran, où Allaeddin Boroujerdi, à la tête du Comité de sécurité nationale du Parlement, a préféré user d’une pirouette ahmadinejadesque : « L’économie américaine est au bord de l’effondrement, comme celle de l’ancienne Union Soviétique ».