Décidemment, la couleur verte hante les nuits d’Ahmadinejad et de ses semblables. Hanter, car elle a envahi depuis juin dernier les rues du pays tout entier: sur les banderoles, écharpes, T-Shirts, et brassards des manifestants. Mais aussi sur les murs, où de nombreux slogans anti-gouvernementaux sont taggués à l’aide de bombes graffitis vertes.

Cette couleur, à l’origine celle de la campagne du candidat réformateur MirHossein Moussavi, car couleur de l’Islam et du changement, est peu à peu devenue symbole du mouvement démocratique iranien dans son ensemble, notamment après la féroce répression à laquelle il s’est heurté. Aujourd’hui, les opposants iraniens à la réélection du président ultraconservateur Ahmadinejad, qui n’ont pas le droit de manifester, usent de tous les stratagèmes possibles et imaginables, pour qu’elle ne palisse pas. Et dieu que les Iraniens sont doués dans ce domaine…

La désobéissance civile est devenue le maître mot. Ainsi, dans les universités, les classeurs et pochettes des étudiants sont évidemment de couleur verte. Il est très courant également de voir inscrit en vert sur les billets de banques verts à l’effigie de l’Ayatollah Khomeiny, le fondateur de la République islamique, des slogans hostiles au Régime iranien. Si bien qu’il ne reste plus aucun stylo de couleur verte dans les papeteries de la capitale !

Ainsi, la crainte du gouvernement est telle que lors du 31ème anniversaire de la Révolution islamique, à l’occasion duquel le Régime iranien avait rassemblé ses propres « partisans », à l’aide notamment de dizaines de bus réquisitionnés, et de distribution gratuite de repas, glace et jus d’orange, tout manifestant qui arborait la maudite couleur était arrêté sur le champ.

Mais ce n’est pas tout. Les mollahs sont allés beaucoup plus loin. Lors d’une récente rencontre entre le président Ahmadinejad et ses ambassadeurs, la couleur verte du drapeau iranien, pourtant censée représenter l’Islam et la croissance, a été rognée et envahie par une indescriptible tâche noire…

Voyez plutôt.

Ce n’est pas la première fois que ce genre « d’incidents » se produit.

Déjà, en février dernier, à l’occasion de la Cérémonie de présentation du nouveau directeur général de l’agence de presse nationale iranienne (IRNA), en présence de Mahmoud Ahmadinejad, les dirigeants de la République islamique avait déjà montré qu’ils avaient une peur bleue du vert…

Dans un acte sans précédent en trente et un ans de République islamique, la bande verte du drapeau national avait été remplacée par… du bleu !

Malheureusement pour nos dirigeants iraniens, l’arrivée le 21 mars prochain du Nouvel iranien, une tradition perse de plus de 5 000 ans d’âge, en harmonie avec celle du Printemps et son lot de verdure, risque de sonner comme un cauchemar.