Triste destin que celui d’une nation qui exulte lorsqu’un de ses philosophes commet une erreur. L’engouement médiatique autour du détail Botul, aussi médiocre qu’inutile, pourrait bien être la dernière matérialisation en date de cette abjecte « idéologie française » décrite en 1981 par un Bernard-Henri Lévy au début de son parcours de philosophe…

Botul : l’Emile Ajar version 2010, quelques lignes dans le dernier livre de BHL, un philosophe imaginaire mais une réflexion bien concrète. Voilà ce qu’est Botul. Et tout de suite, la tempête médiatique. Qu’il est pratique ce Botul ! Pour une bonne partie de l’opinion publique, c’est l’occasion rêvée de « se faire » Bernard-Henri Lévy à moindres frais, sans risquer de se compromettre dans un débat d’idées désormais rare dans la France frileuse de 2010.

Que se passe t-il dans cette France où l’on extirpe aujourd’hui toute pensée profonde des concepts que l’on agite? Voyez plutôt! L’Extrême-Gauche de Besancenot, fille du marxisme, promeut au mépris de ce qui constitue son essence même une femme voilée dans ses rangs. Marx, auteur de la « Question Juive », ce juif profondément antijudaïque, considérant la religion comme de l’obscurantisme, doit se retourner dans sa tombe ! L’exemple n’est pas anodin. Loin de constituer un cas isolé, ces renversements conceptuels sont nombreux… C’est ainsi qu’à Durban, lors d’une conférence internationale autour de la lutte antiraciste on en vient à crier « un juif, une balle » et qu’au nom des thèses féministes, des mouvements en viennent aujourd’hui à soutenir le port du voile et de la burqa… A ne plus rien y comprendre !

A l’étroit dans une société qui s’oriente toujours plus vers le consumérisme écervelé, les philosophes n’arrivent plus à jouer leur rôle pourtant essentiel de vigie citoyenne. On ne les sollicite plus. Pour les remplacer, on a fait le choix du spectaculaire : des commentateurs dogmatiques accompagnés de boucs émissaires faciles et de concepts fourre-tout, sorte de couteaux suisses de la pensée fainéante. Un coup la faute est imputée aux arabes, aux noirs, aux immigrés, la fois d’après aux chinois, puis à Israël ou aux Etats-Unis… Piochez selon les situations, faîtes même des combinaisons. Vous serez souvent le gagnant médiatique du grand jeu de l’opinion. Une opinion sur tout et un avis sur chacun. Ce sont donc eux, les commentateurs, qui jugent et orientent la France vers ce qu’elle doit lire, dire et penser. Et voilà ceux que nous sommes devenus, devant nos écrans télé, nos postes radio et nos ordinateurs : d’infâmes dictateurs de la pensée !

Le tout Paris qui avance aujourd’hui la langue pendante et les yeux écarquillés, attiré par l’odeur du sang, s’intéresse donc plus au détail Botul qu’à la réflexion livrée par Bernard-Henri Lévy dans « De la Guerre en Philosophie ». Triste défaite de la pensée ! Cette France-là est la digne héritière de « l’idéologie française », dégueulasse et fasciste, qui hait l’intelligence, dénigre les penseurs pour finalement détruire par coups de béliers successifs l’esprit des Lumières. Ces gens-là commentent mais ne réfléchissent jamais. Sinon ils sauraient que la philosophie « est fille du tumulte et de la guerre », qu’elle est un « Art voyou », qui se doit de tâtonner, d’essayer et de se TROMPER pour arriver à maturation. C’est pour cela que beaucoup préféraient avoir tort avec Sartre que raison avec Aron. C’est toute cette philosophie de l’engagement que l’intellectualisme français désormais bourgeois et institutionnalisé réfute, refuse. Et c’est pour cette même raison que la France s’enfonce dans un destin de pays-musée, hier à la pointe, demain à la traine. Voilà le destin d’une nation qui exulte lorsqu’un de ses philosophes commet une erreur. Voilà le destin d’une nation ou des vermines se régalent d’un détail et perdent de vue l’essentiel.
A mon tour, je préfère parfois me tromper en pensant avec BHL qu’avoir raison aux côtés de ceux qui hurlent avec les loups, tranquillement installés dans leurs médiocres inactivités!

8 Commentaires

  1. Même Christophe Barbier n’ose pas être aussi bête et puis relisez Marx apparement vous n’avez pas compris un peu aurélie phillipetti mais bon comme les néocons sont capables de tout même de se mettre a défendre le marxisme à partir du moment où ils tapent sur l’éxtrême gauche et les musulmans.

  2. mr Samama, vous qui reprenez l’expression du titre du livre de Nabe écrit il y a 25 ans, « Au régal des vermines », mettez-vous à la page, lisez son dernier bouquin, « L’Homme qui arrêta d’écrire ».
    Lisez la page 280, elle semble être écrite pour vous, je vous ai reconnu!

  3. Les faits, rien que les faits, Mr Samama.

    Et les faits sont têtus, comme le démontre l’ excellent site d’ analyse des médias acrimed : http://www.acrimed.org/article3319.html
    Si meute il y a, c’ est celle des complaisants, des réseaux d’ amis qu’ il faut dénoncer et pas celle, minuscule et sans support autre qu’ internet, de ceux qui se permettent de mettre en questionnement le sérieux de vore mentor. Quand on se donne en spectacle, quand un personnage fabriqué de toute pièce joue son propre rôle, n’ est il pas juste qu’ en retour on affronte sereinement la critique ?

    Je ne comprends pas la violence de certaines critiques à l’ endroit de BHL, comme je ne comprends pas les louanges que certains lui chantent comme vous.

    BHL est un produit qui, comme tout produit, se consomme en masse puis disparait sans laisser de traces.

    (Accessoirement, si vous pouviez écrire ne serait ce qu’ un article sans les mots « juif » « meute » et « chasse à l’ homme », ça nous changerait, et vous étofferiez votre vocabulaire.)

  4. Quant à l’affaire « Botul : l’Emile Ajar version 2010, quelques lignes dans le dernier livre de BHL, un philosophe imaginaire mais une réflexion bien concrète. »

    Il n’y avait vraiment pas lieu d’attaquer BHL. Après tout, l’ouvrage existe bien. BHL l’a lu sinon parcouru. L’auteur de cet ouvrage avait souhaité l’éditer sous un pseudo.

    C’était un mauvais procès : injuste et méchant.

  5. Personne dans le monde de la philosophie ne prend BHL au sérieux ; même pas un vulgarisateur tel que… Comte-Sponville.

    Cela devrait vous alerter.

    Et pourtant non.

    Diable ! Que faut-il faire et dire pour que vous le compreniez ?!

    BHL n’est pas un de « nos plus grands philosophes » mais « un de nos plus médiatiques auteurs-discoureurs ».

    Vous écrivez : « Que se passe t-il dans cette France où l’on extirpe aujourd’hui toute pensée profonde des concepts que l’on agite? »

    A cela, on doit vous répondre : « Que se passe-t-il dans cette France où une poignée d’individus tentent désespérément depuis trente ans de nous faire croire que BHL, c’est important et ce, avec la complicité des journalistes de tous les journaux (ou presque) et des animateurs de toutes les télés et de toutes les radios.

    Vraiment ! Renoncez et cessez donc de souffrir !

    Bien compassionnellement (sans ironie).

    Serge ULESKI

  6. Bernard Henry Lévy est l’un de nos plus grands intellectuels français, connu dans le monde entier.
    Dans le département de philosophie de l’université ou j’enseigne, il y a trois étudiants qui prépare des thèses sur son oeuvre philosophique.
    Il est très certainement (les comparaisons sont difficiles à établir) avec Derrida, John Rawls et quelques autres, un des penseurs qui aura marqué le plus notre époque.
    Nous comptons d’ailleurs l’inviter prochainement pour une conférence sur sa vision du Mal.
    Je ne tolère pas qu’il soit aussi injustement attaqué, bien que comme tous les grands hommes, c’est normal qu’il génère un certain « clivage ».

  7. Bravo, vous avez raison, cette chasse à l’homme est immonde.
    BHL fait partie des quelques courageux à avoir dénoncer l’aveuglement communiste d’une grande partie de l’intelligentsia universitaire dans les années 70, il s’est attaqué à des vaches sacrées cela lui a valu de solides inimitiés, dont certaines aux relents nauséabonds.
    D’une manière générale, il vaudrait mieux lire les livres et éventuellement les critiquer plutôt que de s’attaquer à l’homme qui par ailleurs a eu assez de panache pour aller sur un certain nombre de pays en guerre pendant que tous ses contempteurs restaient ici bien au chaud.