C’est l’usage du mot “garçons” dans son livre La mauvaise vie qui a été manipulé contre l’honneur de Frédéric Mitterrand et à travers lui celui de tous les homosexuels en France et dans le monde, pour faire gonfler avec une brutalité brusque une bulle spéculative hystérisée qui va crever en ne laissant que le souvenir de son odeur nauséabonde. Pour que tout se dissipe, il suffit de rétablir ce mot dans son sens véritable que tout l’ouvrage ne cesse de confirmer, et avec lui la vie de l’auteur : “garçons” ne signifie pas là “petits garçons”, ce n’est qu’un synonyme de “prostitués”. De même que l’on dit depuis toujours “une fille” pour une prostituée, et cela ne signifie pas une “petite fille”, mais aussi bien une femme de cinquante ans, ou de vingt cinq. “Homosexuel” n’est pas équivalent de pédophile. Pas plus que ne l’est “hétérosexuel”, alors même que, statistiquement, la pédophilie est massivement beaucoup plus hétéro (filles mineures) qu’homo (garçons mineurs). Pédé n’est pas pédo. Frédéric Mitterrand est tout bêtement normal. Le pathologique est au contraire dans le forcing – désespéré, réactionnaire, réactif – contre cette évidence. Contre sa force tranquille. Voilà pourquoi c’est sans parler du tout de Frédéric M. que tout ce qui suit sera ma contribution à la prise de conscience, à la résolution de résistance, à l’insurrection raisonnable, à la révolte logique qui doivent résulter pour le bien public général de la tentative passagère de destruction de son nom.

Ce n’est qu’une réplique sismique de Bayrou à la télé le 4 juin 2009

En 1998-99, Bayrou avait été un des leaders de la guéguerre civile des boutons-Boutin contre le PaCS. Dix ans après, le 4 juin 2009, en direct à la télé, le voici tout à coup qui se déguise en Boutin ! Mais ça le fait pas du tout : en travelo, il n’est pas crédible. Déjà qu’en homme politique il ne l’est plus guère… N’empêche : de ce clash télévisé lourdement “téléphoné” contre Cohn-Bendit, de ce reproche alambiqué et allusif sur du sexuel, il est inévitable qu’aura été retenu par le grand public une mise en cause et une compromission de l’homosexualité comme répréhensible et soupçonnable en soi, par définition. Que ces quelques minutes aient pu fonctionner comme le sommet, le clou de toute une campagne électorale – pour des élections européennes ! –, et comme un élément moteur du choix dans les isoloirs, est d’une démesure qui confine à la monstruosité. Le scandale est là, pas dans une bisbille dont tous les deux savaient qu’elle n’avait pas de motifs réels. Cet épisode malsain n’a pas été examiné sur son contenu, alors même que chacun lui a reconnu un effet disproportionné, et direct, automatique, sur le résultat électoral. Avec Bayrou contre Cohn-Bendit, en 2009, on régressait soudain de dix ans, aux pires moments des délires sur le PaCS, on retombait à Boutin/Villiers en 1999. L’agresseur était Bayrou. Mais il faut reconnaître que l’agressé avait sans conteste publié en 1975 le texte qui lui était reproché. Traitons cette question au fond. Entreprenons cet “affreux curetage”, comme disent Deleuze et Guattari dans l’Anti-OEdipe.

Daniel Cohn-Bendit n’est pas pédophile. Alors pourquoi avoir publié les lignes incriminées en 2009 par Bayrou ? Cela dans un livre que son auteur a intitulé Le Grand bazar sans avoir l’air de se rendre compte de ce que signifie en argot « sortir son bazar » … Effet d’inconscient ? « Bazar », je veux bien ; mais « grand »… Il se vante ? Pourquoi avoir tenu, en 1975, à se présenter au public avec ces sottises inadmissibles et irréelles, absurdes et pas crédibles ? Un homme qui représentait l’esprit de liberté de 1968, français et allemand, toute une « génération » européenne ? Tout de suite, en 1975, j’ai jugé qu’il ne s’agissait pas de sexualité ; mais de phallocratisme, comme on disait alors. De compétition (un mot qui commence mal) : il lui est arrivé, comme à « presque » tous les hommes politiques (ce « presque » est presque de trop), de se laisser envahir et posséder par le désir de chefferie qui est au moins autant celui du collectif autour du « mâle alpha » que de lui-même individu. La poussée du groupe appelle la pulsion du leader. L’exige, la réclame. Il se retrouve condamné à dominer, ses emportements sont pris dans la mécanique sociale. C’est plus de l’opportunisme que du narcissisme : celui-ci ne cessant pas de sortir de soi-même, de se réinvestir dans celui-là. Au service des autres et de la cause pour la bande, la meute. Quelle était la situation, de ce point de vue, en 1975 ? Pourquoi cet accroc qui continue de coûter trop cher, un très court passage dans un livre qui parlait de tout autre chose, et où cela tombait comme un cheveu dans la soupe ? Pour une enchère : cette surenchère sur la pédophilie visait à prendre le dessus dans le mouvement de libération sexuel généralisé qui avait fini par toucher tous les âges et toutes les classes des sociétés dans toute l’Europe. Et du coup on perçoit nettement que l’auteur, que l’on connaît par le reste du bouquin comme malin, ramenard et attrapetout, a voulu en rajouter, exagérer, forcer le trait, à partir de l’idée fausse – et c’est là sa seule faute réelle – que la pédophilie serait le cœur du cœur, le comble du comble, le top du top, de l’homosexualité. C’est faux. C’est ce que Gide avait matraqué contre Proust. C’est ce que la ligne du doctrinaire fanatique de la pédophilie René Schérer et de son disciple Guy Hocquenghem, avait réussi à réinstaller en y compromettant le nom du Fhar grâce aux médias, et d’abord au Nouvel Obs ankylosé par la fascination de Jean Daniel pour le gidisme (Dieu et ses anges de Sodome nous préservent du patronising de ces hétéros qui prétendent en savoir plus que nous sur nous-mêmes !). Au détriment de la ligne de l’entre-adultes, « proustienne » mais populaire, démocratique : celle de Daniel Guérin et de moi-même. André Gide fut un promoteur du tourisme sexuel pédophile : pourquoi tant d’évitement devant cette évidence ? Pendant que Claudel traitait Proust de «Juif sodomite », Gide posait au Grec collectionneur d’enfants dans le Maghreb, tout en reprochant à Proust de donner une « mauvaise image » de l’homosexualité, parce que… entre adultes ! Même étrange indulgence dans les années 1970-1985 devant les écrits pédophiles de René Schérer et Guy Hocquenghem (qui flirtait avec la Nouvelle Droite d’Alain de Benoist). Il est dommage pour Cohn-Bendit, et du coup pour tout le monde, que tout cela lui soit passé au-dessus de la tête. S’il avait pris la peine de se renseigner, de consulter, d’entendre, de réfléchir, nous n’en serions pas là.

De 1975 à 2009, le vrai problème de longue durée n’a rien à voir avec Cohn-Bendit, mais tout avec la persistance de l’emprise que Gide était parvenu à imposer par son pouvoir éditorial, par sa propagande de pédophilie et de tourisme sexuel – alors qu’il recourut contre Proust à la censure, puis au dénigrement. Bayrou pratique l’histoire de la littérature, il devrait saisir ces enjeux, ces rapports de force ; au lieu de les réintroduire et de les empirer, comme il l’a fait ce soir-là à la télé, devant quelqu’un qui s’obstine à n’y comprendre goutte. Le jeune Cohn-Bendit ne fut dans son livre que suiviste du gidisme et de Schérer/Hocquenghem, les acceptant par ouï-dire sans examen comme un corps de doctrine établi, incontesté. Ce supposé révolté perpétuel pour une fois se montrait obéissant, soumis : parce que ce domaine ne l’intéressait pas ; c’est son droit. D’où l’absence de conviction manifeste dans ces lignes écrites qui ne reflétaient pas sa véritable personnalité. On n’y sent pas la vibration d’une tension intime. Il apparait irresponsable : il ne sait même pas de quoi il parle.

Alors pourquoi ce choix de l’inauthentique ? Cette pose, cette posture ? Par calcul. En faire trop : pour compenser un manque. Il s’agissait de rattraper « l’erreur » de Mai 68 : le refoulement des homos par les gauchistes. C’est par conformisme de l’anticonformisme, par course contre le peloton pour se placer en Grand Timonier d’une avant-garde supposée, que Dany Cohn-Bendit risquait ce délire : oser prétendre que des mineurs l’auraient quasi violé (n’importe quoi… !). J’avais aussitôt qualifié de « dangereuse frivolité » une provocation aussi peu crédible : ce Dany-là n’était pas pédophile, il était débile. Pourquoi avoir rédigé, maintenu, publié de telles insanités ? Pour rattraper par une frénésie d’hégémonisme démagogique le mouvement de citoyenneté homosexuelle qui avait été réprimé par les leaders gauchistes en Mai 68, et qui venait depuis quatre ans, coordonné avec le féminisme, de réussir son échappée. Dans son orgueil de porter toujours le maillot jaune, Dany se mettait en danseuse pour appuyer sur les pédales. Dopé par son ivresse de patron, à l’insu de son plein gré, il se lançait dans une OPA sur le trésor symbolique du signifiant homosexuel, de son attractivité pour les Bobos. Cela restait une spéculation de trader, pas une pulsion personnelle : un coup de Bourse et non de bourses. Mais il ne se rendait pas compte qu’il opérait au détriment des homosexuels le dérapage désastreux, destructeur, forcément homophobe, à éviter à tout prix, droit sur ce récif naufrageur, cette grenade dégoupillée qu’il faut toujours surveiller (je n’ose pas dire ce « noeud », ça ferait « bazar ») : la confusion entre homosexualité et pédophilie.

Entre « pédé » et « pédo ».

Il aurait suffi, et depuis longtemps, que Dany accepte de reconnaître ce schéma pour s’en débarrasser. Pour le vider de toute nocivité. On n’en aurait plus entendu parler, en tout cas pas le grand public. Des experts historiens de cette période l’auraient évoqué entre eux comme un épisode microscopique ne relevant de rien de sérieux ni de réel (« irrelevant », en allemand). Une foucade, une cabriole. Hélas, mille fois hélas, chaque fois que cette affaire a été manipulée contre lui, Cohn-Bendit paraissait renâcler à se fournir les bons moyens de la liquider : du coup elle replongeait, puis ressortait. Après Bayrou à la télé, la voici à nouveau engloutie ; elle peut réapparaître. J’avais fait dès 1975, et je refais ici, ce que je peux pour y parer… Comme dirait Monsieur Prud’homme, ce serpent de mer est une épée de Damoclès. Donc il faudrait en finir en curant l’écurie une fois pour toutes. Traiter la pathologie en inactivant le virus, en le privant de sa virulence.

Comme ce travail n’a pas été fait, voici qu’en juin 2009 le monstre du Loch Ness est réapparu à la télé, le serpent de Damoclès a soudain ressorti sa tête en prenant celle de Bayrou, et en pleine unique émission de débat politique à la télé pour les européennes, en présence de tous les représentants des formations en piste, voici que balayant le chômage et les quotas laitiers, la mondialisation, l’angoisse, la crise, Mme Merkel, Al Quaïda et Obama…, rien de tout cela mais rebelote : zizis, quéquettes et compagnie ! Grands et petits « bazars » ! Bayrou se mettait à mentir en citant le livre comme Cohn-Bendit avait menti dans le livre. 2009 se crashait en 1975. La triche était grossière. Ces deux-là se connaissent parfaitement comme hétéros, ils se croisent depuis des dizaines d’années, ils n’ont aucun doute l’un sur l’autre dans leurs connivences réciproques de pères de famille, tout ce qu’il y a de plus « réglos », engagés pour l’école publique, la protection de l’enfance, cultivant lourdement exprès des airs de beaufs : militants du football et de l’élevage des chevaux, toujours plutôt Homais qu’homos. Et ces deux-là nous font ce cirque ! Pas ça ! Pas eux !

« Mon » Cohn-Bendit n’est pas celui-là : mais celui que je voudrais président du Parlement européen. Son erreur ne m’intéresse que pour l’empêcher de nuire à son utilité générale. Tel fut le réflexe d’une portion conséquente de l’électorat français devant l’agression de voyou qu’il avait subie ce soir-là à la télévision : il fallait sauver le soldat Cohn-Bendit.

En Chine, on dit que « l’œil du paysan voit juste ». En 2009 en France, c’est l’œil de l’Alain Minc qui aura vu juste. Au début de l’année, il qualifiait Bayrou de « Le Pen light » : le clash du 4 juin à la télé, artificiel, téléphoné, grotesque et imbécile, est venu confirmer cette étiquette. A un tel point qu’on avait l’impression d’halluciner, et d’entendre faire pschitt certains commentaires sur ce jugement de Minc. Du coup on reprenait son propos dans tous ses enveloppements : « Il veut jouer à Péguy, c’est-à-dire le catholicisme de progrès ; je trouve que parfois il se rapproche de Barrès, c’est-à-dire le catholicisme réactionnaire ; et je me demande s’il n’y a pas un soupçon d’ombre de Charles Maurras, c’est-à-dire un catholicisme hyperxénophobe, qui parfois affleure ». Exactement les thèmes de mes interventions dans les numéros 39 et 40 de La Règle du jeu ; les bons esprits se rencontrent. J’ajouterai que cela revenait de la part de Bayrou à une agression contre la mémoire d’André Labarrère : ce grand Béarnais, maire de Pau, un des sages de la libération homosexuelle politique. Homme d’honneur entre tous, il m’avait fait celui de soutenir ma proposition : tout pour le renforcement du PaCS, rien pour le « mariage gay ». En salissant l’image de l’homosexualité, en la faisant à nouveau régresser devant des millions de téléspectateurs forcément paniqués par le spectre de la confusion avec la pédophilie, il a bafoué le bon combat d’André Labarrère. En tentant de rallumer les incendies d’une « guerre de religion sexuelle », en invoquant une sorte de « révocation de l’édit de Nantes » cathodique-médiatique en matière de tolérance sur les moeurs, il s’est trahi comme indigne radicalement de se réclamer d’Henri IV. Qu’il se représente, après cela, dans des élections à Pau… !

La « rupture » sarkozyste de 2009 avec l’homophobie

 

Jusque-là le vote des homosexuels était gelé, vitrifié, bloqué comme les comptes en banque des mineurs ou des incapables sous curatelle. Les candidats de gauche se contentaient de passer « relever les compteurs » à chaque scrutin. Les hommes et femmes homos, soit 10 % en gros de l’électorat, plus leurs ami(e)s, leur influence – excusez du peu –, étaient catalogués comme un « public captif ». C’est bien rue Saint-Guillaume, à Sciences-Po, qu’il faudrait par l’étude de cette bizarre bulle spéculative à la

bourse des investissements électoraux la montrer, la démontrer, la démonter. Il n’est écrit sur les tables de pierre d’aucune loi que les homosexuels auraient une quelconque dette éternelle envers quelque parti que ce soit. Je sais de quoi je parle. Comme cofondateur en 1971 du Front homosexuel d’action révolutionnaire. Gentil fatras de mots de l’époque, de l’esprit du temps, pour troubler les gauchistes, qui ne s’étaient pas du tout interdits de nous interdire trois ans auparavant. Deuxième formulation que j’ai donnée ensuite à l’acronyme Fhar : « Fabrique hétérodoxe d’analyses réalistes ».

Dans la France de Nicolas Sarkozy ministre de l’Intérieur, puis patron de l’UMP, puis président de la République, on vivait jusqu’en juin 2009 sous une chape de crainte que ne vienne à s’instaurer le régime d’une sorte d’« homophobie d’État », sur le même modèle – certes en moins grave et en plus supportable – que l’idéologie de « l’antisémitisme d’État » de Maurras, dont la pression fut subie par les Juifs de France pendant un demi-siècle comme un stress d’insécurité permanente, de l’affaire Dreyfus à la Shoah. Toutes proportions gardées (j’insiste sur cette disproportion), les homos de France ressentaient eux aussi une menace diffuse, mais constante, de se voir traités en citoyens de seconde zone, en parias, en sous-hommes (Unter-Männer, sinon Untermenschen). Quelques personnalités politiques de la majorité présidentielle chiraquienne puis sarkozyste, emmenées par la triplette Vanneste-Boutin-Longuet, affichaient jusqu’à une arrogance assez inquiétante leur certitude de transposer, bientôt, cette homophobie d’État implicite en une législation explicite. Le geste politique anti-homophobie lors du remaniement ministériel du 23 juin 2009 les a contredits. Il renforçait la république, relançait la démocratie, revigorait la citoyenneté.

Qu’un bon mouvement s’avère un bon calcul : perd-il sa qualité ? Il y aura sans doute des retombées électorales à la libération qu’est le départ de la Boutin, à la bénédiction qu’est l’arrivée de Frédéric Mitterrand. Et alors ? Je suis incapable de résister à une statistique, et le taux de suicides de jeunes homos en France, j’en suis certain, a commencé de baisser dans la minute même où ont été apprises ces deux décisions aussi jouissives que bien coordonnées. Je suis lamentablement matérialiste : toutes catégories confondues, les suicides font en France plus de victimes que les accidents de la route ; ils constituent l’une des premières causes de mortalité chez les jeunes de quinze à trente-quatre ans ; or les jeunes homos connaissent un risque en moyenne cinq fois supérieur à celui des autres jeunes de faire une tentative. Donc : merci.

Le sérieux politique de deux « femmes intelligentes »

 

Sur la rupture sarkozyste avec l’homophobie, les commentateurs de profession, loin de se précipiter comme si souvent, commente-hâteurs, s’empressèrent de… se taire ! Des co-menteurs par omission… L’hebdomadaire Le Point titra en grand « Les amis de Carla » sur sa couverture, illustrée en pleine page par le visage radieux de Frédéric Mitterrand, le tout nouveau ministre de la Culture dont la désignation suffisait à proclamer de façon éclatante cette décision présidentielle stratégique. J’ai aussitôt surimposé un autre titre : « Les homos de Carla ». Homo…phonique, avec la variation de deux sons, mais plus révélateur de l’actu et de l’info réelles sur lesquelles il y avait vraiment demande de commentaires – à en juger par les 70 % de popularité immédiats adressés au nouveau ministre, et qui saluaient en même temps le décideur de sa nomination.

La Boutin dehors ! Déboutinée ! Au débotté ! Et Frédéric dedans ! Ministre ! À la Culture ! Les deux ! En même temps ! C’était simple, juste. Euclidien, cartésien, impératif, catégorique. La politique, c’est des signaux clairs et distincts. L’évidence de la décision, de sa propulsion dans l’avenir, en s’installant à la vitesse d’un logiciel, se changeait en étonnement : comment celle-là avait pu se placer si haut et se taper si longtemps l’incruste à nos dépens, rien qu’en parasitant en négatif notre énergie sociale positive, grosse jalouse mimétique ; à quel point celui-ci, d’emblée, faisait corps avec sa fonction, dans une fusion homo…thétique et allant de soi.

Merci qui ? Merci deux femmes. « Carla », il n’en est qu’une sur la planète ; et « Roselyne » : « Mme Bachelot-Narquin » (de son père Jean Narquin, le résistant gaulliste). Avec elles, plus que jamais, « Aimer les femmes intelligentes est un plaisir de pédéraste », la formule de Baudelaire qui se voulait méchante, à la fois misogyne et homophobe : un mâle normal se reconnaîtrait à ce qu’il ne s’intéresserait qu’à la femelle. Le judoka David Douillet répétait ce lieu commun dans un livre sur lui : « Bien sûr que je suis misogyne : comme tous les hommes, sauf les tapettes ! » (qui ne sont pas des hommes, comme chacun sait). En faisant la part de la plaisanterie de vestiaire, je lui sais gré d’avoir traduit en français courant le premier sens, empoisonné, de la flèche de Baudelaire : parce que depuis une quarantaine d’années les « révolutions » féministe et homosexuelle la citent à satiété, mais en la retournant contre elle-même, affectant exprès d’entendre cette fleur des mâles baudelairienne comme un éloge des femmes intelligentes et des homos qui les aiment. Une devise, un blason, à la fois de la capacité féminine et du discernement des homosexuels : leur alliance constructive dans la guerre du goût pour subvertir l’homophobie et la misogynie. Cette inversion prend à revers le Baudelaire réactionnaire et réactif, elle culbute ses postures passagères de ressentiment, d’ailleurs assez comiques.

« Cosi fan tutte », « c’est ainsi que les femmes procèdent » : un des titres d’opéras inventés pour Mozart par son librettiste Lorenzo da Ponte, génial lui aussi dans sa partie, un des plus sympathiques artistes homosexuels de l’histoire de la musique et des spectacles (il était “aussi” juif ; et francmaçon ! Quel trépied de stabilité ! Triple haine des nazis pour sa mémoire. Auteur aussi des Noces et de Don Giovanni). En allant s’installer à New York, de 1805 à 1838, tout le dernier tiers de sa longue vie, il aura agi en pionnier des relations culturelles transatlantiques ; du généreux enrichissement des États-Unis par l’Europe. Devant le rôle discret mais volontaire que deux femmes ont joué dans le coup de théâtre de juin 2009, on peut s’exclamer : « Sarkozy fan tutte ! »

Persévérance lucide de Roselyne Bachelot

 

Et cela au pluriel. J’ajouterai en effet, au titre « Les homos de Carla » : « … et de Roselyne ». Cela pour rappeler la profondeur de champ historique, sur une dizaine d’années, qui a conduit à l’événement refondateur de 2009, le rendant nécessaire et possible, en l’expliquant d’avance, en l’appelant, en le faisant mûrir : ma thèse est que le tournant opéré par le président, et par lui seul en dernier ressort, a été préparé de longue durée par la « guerre » de pacification contre l’homophobie dans les rangs mêmes de la droite de gouvernement, menée à ses débuts de façon tout à fait solitaire, gaulliste grand genre (celui de l’Appel du 18 juin), par la ministre de la Santé d’aujourd’hui, Roselyne Bachelot. Bien connue comme une hétérosexuelle aussi flamboyante que sa garde-robe flashy, c’est pour convaincre son propre camp politique qu’elle tenu bon jusqu’au succès collectif et présidentiel de 2009, sans rien à voir avec le communautarisme, et tout avec la nécessité républicaine de la baisse des tensions : quant à l’homophobie, à l’assistance maximale aux malades du sida, à l’instauration d’un nouveau statut juridique de la conjugalité sous le nom de Pacte civil de solidarité , ou PaCS. En témoigne toujours avec la même fraîcheur directe, dix ans après, son livre Le Pacs entre haine et amour(chez Plon), publié dans « l’année terrible » du vote de la loi sur le PaCS, 1999, pour faire sortir des joutes parlementaires ce qu’elle qualifiait de « dernier grand débat politique et sociétal du XXe siècle ».

 

« Mes interlocuteurs », y écrivait Roselyne Bachelot des citoyens très remués qui par milliers s’étaient adressés à elle pour protester ou approuver, en tout cas s’expliquer, « sont fascinés par les rapports homosexuels. Au risque de faire de la psychanalyse de cuisine, et j’en demande à l’avance pardon à Sigmund Freud et même à Gérard Miller, il y a là certainement une des clés majeures qui permettent de décoder la haine homophobe maladive. » Et devant le ressassement d’une confusion entre les rapports entre adultes et les agressions contre les enfants, elle tenait ferme et faisait front, rompant en visière avec la démagogie populiste vicieuse et dangereuse, en législatrice qui s’appuie sur les faits : « La pédophilie doit être sévèrement réprimée. Mais elle ne saurait en aucun cas être confondue avec l’homosexualité. La très grande majorité des crimes pédophiles sont commis dans le cadre hétérosexuel, et les pères incestueux le sont avec leurs filles. »

Au fait : à quand une femme premier Ministre, et cette fois… « pour de bon » ? Qui fasse honneur aux femmes et à la fonction, c’est-à-dire, de ces deux points de vue, qui cicatrise le ratage complet de l’essai tenté par l’autre Mitterrand, piètre et piteux souvenir… Sur quoi Édith Cresson s’était-elle aussitôt auto-détruite, à peine nommée en 1991 ? Dans une interview qui fit scandale, elle vitupérait des accusations homophobes venimeuses contre nos alliés britanniques : tous pédés, c’était bien connu (devrais-je suspecter l’affection de Churchill pour mon grand-oncle l’amiral Guépratte, héros des Dardanelles ?). Elle ajoutait un sarcasme raciste révoltant contre les Japonais : des… « fourmis » (au secours, Bernard Werber !). J’avais répliqué à cette brutalité par de la franchise pédagogique au nom de la fierté du « gay and proud », dans Le Nouvel Observateur. C’était la fin de la croyance aveugle dans le féminisme primaire, et dans le charisme des hiérarques socialistes.

Bachelot et Madelin pacsés avec les libertés

 

En 1998, le gouvernement Jospin faisait face à un bloc d’opposition de droite composé du RPR (chiraquien, mais secrétaire général Sarkozy), de l’UDF (Bayrou) et de Démocratie libérale (Madelin). Sur la question du PaCS, deux dissidents : la gaulliste Roselyne Bachelot et le libéral Alain Madelin. Elle pensait « rassemblement », lui « libertés ». Elle sera la seule députée de droite à voter pour le PaCS. Lui s’abstiendra alors même que son propre parti s’agitationne avec les autres. Il fallait un courage politique certain pour ces deux attitudes. C’était avoir raison avec dix ans d’avance, vient de trancher en 2009 le chef de leur camp : le président actuel qui, à l’époque, n’était pas du tout sur leurs positions.

Le 9 octobre 1998, à l’Assemblée nationale, les députés de toute la droite sont présents pour retarder le vote du projet de société « phare » du gouvernement : la loi sur le PaCS. Et là, stupeur pour eux : il n’y a presque personne sur les bancs de la « gauche plurielle » ! Ébahissement ravi quand ils comprennent : chacun de ces chers collègues courageusement absents a choisi de se défiler sans le dire aux autres. Cela revenait à voter contre… « avec leurs pieds » ! Mais du coup le gouvernement n’avait plus de majorité ce jour-là dans l’hémicycle, parce qu’une… majorité de cette majorité, comme un seul « homme » entre guillemets – c’est-à-dire un seul lâcheur, lâche, pleutre, veule, faux jeton, etc. – avait eu ce réflexe qui en disait long, prenait valeur de sondage et indigna les militants de base du PaCS, et en général des libertés. On n’avait jamais vu cela dans l’histoire de cette République. Les députés de gauche s’étaient crus pris entre le marteau de leur politically correct à Paris et l’enclume de l’homophobie ordinaire dans leurs circonscriptions, et ils avaient tenté de finasser, de sauver leur peau chacun de son côté en touillant sa petite soupe dans son petit pot pour sa réélection. Quinze mille maires avaient signé cette année-là une pétition contre le PaCS. La droite se fit plaisir en votant l’« irrecevabilité » : la loi sur le PaCS ne serait même pas discutée parce qu’a priori contraire à la Constitution. Jean-Louis Debré : « Depuis ce matin, la majorité a montré à l’évidence son absence, son irresponsabilité et son désarroi. L’opposition est devenue majoritaire, et la majorité minoritaire ! » Renaud Dutreil : « Ce débat sur le PaCS est clos. Ce n’est pas un accident si tant de députés socialistes sont absents. C’est qu’ils refusent ce texte, qu’ils l’ont rejeté, comme dans leurs circonscriptions les citoyens l’ont rejeté. Aujourd’hui, ce n’est pas l’opposition qui remporte une victoire, c’est le peuple ! » Cette séance inouïe dans les annales (sic) connut son premier anniversaire un an après avec l’adoption de la loi le 13 octobre 1999 (améliorée en 2006 et 2007).

Dix ans après la perte de temps et d’énergies que fut « l’année du PaCS », par laquelle la France se trouva terminer son XXe siècle – quel honneur pour l’homosexualité, ou ruse de la raison dans l’histoire –, je dirai que le sens de l’abstention d’Alain Madelin, à l’époque, son refus de s’arc-bouter avec la droite contre le PaCS, apparaissent et se comprennent mieux. Le geste de juin 2009 associe en effet, à la logique gaulliste du rassemblement, la logique libérale de déblocage, de levée des barrières, d’abolition des privilèges, corporations et monopoles. On avait accordé trop d’importance à Boutin, pas assez à Madelin ; il est temps de renverser la perspective. Libéral est aussi un synonyme de généreux. La « rupture » constructive de 2009, se rebranchant sur la poussée du PaCS comme sur un booster, n’a rien d’une conversion, et encore moins d’un reniement ; c’est un re-branchement sur la meilleure Révolution française, à sa source résurgente : l’esprit de libéralisme de 1789. Celui de Mme de Staël et de Benjamin Constant. Je témoigne qu’il était celui de François Mitterrand et de Gaston Defferre lorsqu’ils « négociaient » avec nous pour 1981 (ce fut converser avec des lucides doués, attentifs au respect : voir et vouloir). L’élection s’est jouée à peu de voix : donc forcément les nôtres… Additionnées à celles des femmes dont le vote pour la première fois se débloqua ; ce n’est pas la gauche qui a été élue avec Mitterrand ; c’est ce candidat précis parce qu’il avait su être celui des femmes et des homos – ce qui fait plus de la moitié de la population, « quoi que l’on dît »… C’est quand elle est refoulée, reniée, que l’homosexualité prend beaucoup trop d’importance sociale, donc politique. Et qu’elle est manipulée. C’est lorsqu’elle est reconnue qu’elle reste à sa place, qui doit rester limitée, comme celle de toute autre instance, pas plus, pas moins. À force de me faire traiter d’un nom de Grec, je le suis devenu : j’aime la mesure. « Rien de trop ». L’honneur : aucun excès, mais pas d’indignité. Et comme Français, Européen, je voudrais tout faire pour que cet État et cette Union se portent en pointe devant la planète sur deux vecteurs : la lutte mondiale contre l’homophobie ; l’offre mondiale de la solution qui fut d’abord française, le PaCS.

Même si ensuite j’y suis allé, ce n’est pas à partir de l’économie ni de la politique que je me suis approché de la réflexion sur les libertés : mais de la psychanalyse. Parce que si une institution et un corps de pensée ont été consubstantiels avec le libéralisme, c’est bien ceux projetés par Freud. Libéralisme de la psychanalyse serait un volet par lequel poursuivre le colloque dirigé en 2006 par Christian Stoffaes : Psychanalyse de l’antilibéralisme (Éd. Saint-Simon : avec le dernier texte publié de Jean-François Revel) : le libéral est celui qui offre les voies où chacun peut se donner des libertés ; le libéral d’État est celui qui contraint la machine à offrir et ouvrir des libertés publiques ; qui brise pour cela les résistances et réticences de son administration, de ses propres partisans : mais la plupart l’aiment assez pour le suivre de confiance, puis en conscience, et la majorité des fonctionnaires s’adaptent sans peine, ils sont aussi des citoyens, c’est-à-dire des amis des libertés. De là, en associant, aux libertés, les libéralités, on se rend grand en créant de la grandeur : ce profit réciproque s’entend dans l’étymologie du mot « magnifique », qu’il faudrait à nouveau comprendre comme synonyme de l’investissement libéral, de sa visée d’avenir dynamisante. Soit Laurent « le Magnifique » : l’autre Prince de Machiavel, sans machiavélisme. Le libéralisme, c’est l’État et les lois qui protègent le maximum de libertés en maintenant les violences à un minimum. Comme l’ambiance de diffamation subie par une sexualité constitue une violence permanente, dissoudre cette pression prouve le libéralisme républicain. Cela fait partie de la civilisation à la française.

Aujourd’hui les Bobos : un vote bloqué pour les socialistes et les Verts, qui en seraient comme propriétaires… Une soumission indéfinie au monopole hégémoniste, à un patronising… En est-on si sûr ? Je ne sors plus sans mon « bobomètre » : l’appareil à mesurer la dose de gogo chez un Bobo. Je ne serais pas étonné qu’à la façon de leurs homologues allemands les Bobos français se mettent sans bruit à se reconnaître comme libéraux au sens libertaire sage : celui qui ne va avec aucun « ultra- ».

Après la mort Boutin-Villiers, la renaissance

 

L’extrême droite ne peut pas se dire libérale : parce qu’elle est homophobe. Le scénario de La Cage aux folles, né de la révolte homo des années 1970 à la fois contre les gauchistes et contre les droitistes, s’est avéré d’une puissance de prescience politique étonnante lorsqu’en pleine campagne présidentielle française de 2007 un candidat d’extrême droite qui avait misé sur l’homophobie comme centrale dans son discours de Matamore se retrouva exactement dans la situation du personnage de Galabru dans la pièce et le film : subverti de l’intérieur par un scandale familial (d’ailleurs pénible). Deux ans après, en juin 2009, la défaite électorale de sa ligne politique épuisée, exsangue, était confirmée, et le remaniement ministériel envoyait le signal d’en finir avec la crasse homophobe antilibérale. Avec cette entrave à la santé et au développement du pays.

Boutin et Villiers ont fait courir à la France le risque de l’abaisser, quant à l’abjection homophobe, au niveau de la Pologne et de l’Égypte, en frisant la compromission objective avec les crimes iraniens : certes sans les passages à l’acte, mais en répandant le même type d’anathèmes et de fantasmes. Le remaniement de juin 2009 en finissait avec cette hypothèque ; j’ai constaté sa confirmation le 27 juin 2009, à la Gay Pride de Paris, en assistant une apparition auprès de laquelle la grotte de Lourdes prit soudain un coup de vieux… Une sorte de capsule spatiale, un OVNI impensable il y a dix ans et dont la seule idée vous aurait expédié à l’asile, une chose extra-terrestre, élyséenne, carlabrunique : le char très chic, tout en longueur, moderne, couvert de militants et de militantes, pas que des tantes, de… l’UMP. Juste au dixième anniversaire de ce qui fut « l’année du PaCS », je n’ai pu avoir qu’un mot : « hénaurme » (Flaubert).

Sur le passage du défilé, je tenais à la main l’autoroman de François Baudot, L’Art d’être pauvre, une bonne Gay Pride de mots gourmande et savoureuse, tout en douceurs et vigoureuse, où l’on se promène beaucoup dans toutes sortes de milieux et dans les rues de Paris (comme il en parle bien !), des banlieues, de New York. Par un incroyable « hasard objectif », comme disaient les Surréalistes, Carla est présente à la page combien ? 68 ! Il aurait voulu le faire exprès que ç’aurait été trop difficile. Page 68, dernière ligne, juste au-dessus du numéro de page : « Je songe à Carla… », etc. Comme une Nadja en amour fou d’André Breton. En 2009, la Gay Pride de Paris était presque calme, elle avait pris l’aisance aimable de sa vitesse de croisière dans le statut qui la guettait depuis quelque temps déjà : celui de résurrection du carnaval. On voit encore plus de familles avec des enfants dans des poussettes, ou plus grands, qui de toute évidence seraient très étonnées d’apprendre ce que la Boutin leur promettait il y a dix ans : stérilité et décadence, déréliction, Enfer et damnation, feux du Ciel sur Sodome (et je te dis pas sur Gomorrhe), archanges vengeurs, vols de vampires, retour des brontosaures, etc.

Le douteux et le malsain dans la manip Princesse de Clèves

 

Puis je suis rentré pour rédiger ma réponse à ceux qui me demandaient de participer à une de ces lectures publiques de La Princesse de Clèves qui étaient devenues une sorte de « must », entre les pique-niques sur le pont des Arts et les défilés en rollers. Pour saluer la défaite de Villiers aux européennes, la chute de la maison Boutin, l’aurore du « ministère Mitterrand » (cette expression qui fleurait bon sa Quatrième), je leur ai envoyé cette… contre-expertise :

« Bon, cette princesse de Clèves, d’accord, ça se laisse lire, mais assez vite on n’en peut plus, on se dit : mais qu’ils se mettent, qu’on en finisse… ! Et elle, Bon Dieu, quelle emmerdeuse, pitié ! Sarko a voulu épargner ça aux courageuses qui passent des concours… Il était bien intentionné ! C’est pour leur bien ! Tu parles d’une obligation… Parce que celle qui est contrainte de

se taper ce texte pour son diplôme, elle se dit, forcément, que pour être reçue, elle va devoir l’imiter, cette névrosée du XVIe (siècle)… Jouer aussi les refuseuses sans trop savoir pourquoi… Les péteuses, les tireuses de gueule … Il a pensé à leurs hommes… Donc à la paix des ménages, qui leur permette de se présenter en forme devant l’examinateur… On ne va pas lui reprocher d’être bon camarade. »

« Et puis dans ces lectures publiques, dans l’insistance sur cette affaire, il y a pour moi comme une odeur… Parce que cette princesse tellement française… Ce texte écrit dans un si beau français… On ne me le fera pas, le coup de la protection de l’intégrité, de la pureté, de la noblesse françaises… Menacées par un type au nom étranger élevé par un grand-père originaire d’une certaine communauté de Salonique… Bref, un métèque… Autant lire à haute voix du Heidegger, au lieu de la Princesse de Clèves… Ce serait plus franc… Quoique cette notion de vraie Française royale : dans la campagne présidentielle, en 2007, vous aviez celle qui se prenait visiblement pour une princesse… Une sorte de mot d’ordre en sa faveur courait chez des dames lepénistes : “Au moins, elle, elle est Française !” D’ailleurs, tout pour leur plaire, elle se prenait pour Jeanne d’Arc… Donc, pour les unes, elle était Jeanne d’Arc, pour les autres, princesse de Clèves, et pour elle-même, elle était les deux. »

« Or voici que pour la première fois dans son histoire la France se donna un chef de l’Etat ouvertement d’ascendance juive. Certes un Juif catholique, façon Marcel Proust-Weil : mais dont la mère reste la mère, et le grand-père le grand-père. Une rupture positive en France après Maurras et l’affaire Dreyfus comme Obama l’est aux États-Unis après le Ku Klux Klan… C’est alors que notre princesse de Clèves et Jeanne d’Arc réunies se mit à balancer dans les médias une sentence étrange qu’elle répétait comme une formule

définitive… Bizarre salmigondis de paroles ésotériques, elliptiques, que je reniflai aussitôt comme suspect : le nom de Judas y était synonyme de “traître”… Et cela en connexion avec “le”, sic, Messie… Sur les centaines de journalistes mobilisés pour cette ultime journée de la campagne, pas un ne sut comprendre cette phrase… Incapables d’entendre, comme de bien entendu… Déjà, la reconnaître et la dater : elle sortait tout droit de plusieurs siècles avant Vatican II, du temps où l’on se brûlait des fournées de Juifs avant de partir pour les croisades… Avec eux des sorcières, des sodomites, et des Talmuds… L’abracadabra de la princesse : « Ce n’est pas parce qu’on a Judas à sa table qu’on doit se prendre pour le Messie »… Premier niveau de lecture : le vrai Messie était trahi par un “Judas”, un traître (Éric Besson), donc celui que ce Judas rejoignait ne pouvait être qu’un faux Messie. Deuxième niveau, sous l’anecdote politicienne : cette façon de dire “le” Messie, en France, au XXIe siècle, c’était Savonarole le retour, la Boutin enfoncée. Et ce rictus d’extase… ! Très contente d’elle ! De sa formule magique ! Propitiatoire ! Se dépêcher de faire des signes, conjurer une réalité à repousser… Celle-ci, insupportable : l’élection de ce… De ce… Je veux dire ce… Et le mot étant barré, c’est le nom Judas qui vient le représenter… Opposé à ce “Messie” qui est le même pour tous, n’est-ce pas, qui est “le”, et que ce Judas avec les siens ont mis à mort… Évoquer ce jour-là le “déicide”… ! Personne pour répondre ? Pour faire entendre ce qu’elle venait

de dire ? Pour l’expliquer à la télé ? Ah, ils étaient beaux, les sémiologues d’Université… ! L’univers cité de loin, oui ! Les unis vers s’y taire ! Là, devant eux, en grandeur réelle, une relanceuse du signifiant “royalisme” leur crachait au nom de Jeanne d’Arc le crapaud le plus pustuleux depuis Drumont, de quoi faire moult colloques substantifiques et séminaires sorbonnicoles… ˗ et pas un mot ? Plus personne ? Ils ne veulent pas se faire évaluer, c’est la vie qui les évalue. Tant d’évolutions pour éviter d’évoluer…

Une solution française mondialisable : le PaCS

 

L’homosexualité est une question géopolitique. La seule dont Alexandre Adler se prive, allez savoir pourquoi : ce refoulement, qui est lui-même une partie du problème, revient à n’admettre l’homosexe que sur le ton de la gaudriole ou des potins ; des petites histoires, pas de l’histoire. Ou à se la jouer psychologue, en se livrant aux curiosités affriolées d’un exotisme qui se défend de l’érotisme. Mais tout cela, c’est la vieille école. This is the old school.

Aujourd’hui il s’agit de politique. Électorale dans chaque pays, et qui les concerne tous : le niveau d’égalité des homosexuels est un marqueur de la santé des libertés. La France possède depuis dix ans dans ce domaine international un atout, un plus : le PaCS. Alors que les États-Unis sont paralysés par un blocage : le « mariage gay ». Le PaCS est la solution laïque à la française, offerte au monde. Il permet de sortir des impasses du « mariage gay ».

L’homophobie est dans bien trop de pays une arme de destruction, toujours psychique et sociale, souvent physique, parfois massive. Quelles sont les zones d’affrontement et d’apaisement sur la planète ? Les pays musulmans sont une immense tache noire ; souvent atroce. La Chine est en progrès rapide. La Russie se donne un stalinisme de popes (des espèces de Boutin à barbes). La ville de Tel-Aviv fête les cent ans de sa fondation, quarante ans avant celle de l’État d’Israël, et tient bon contre ses intégristes sur sa Gay Pride tranquille, couvée par la police et par Tsahal. L’Afrique est sinistrée ; à l’exception notoire de l’Afrique du Sud, seul État sur le continent qui de ce point de vue soit libéral : elle s’est donné en 2006 une loi autorisant les unions de même sexe. Le Nigeria au contraire les persécute, et c’est le pays le plus peuplé d’Afrique ; la charia s’applique dans les États du nord de sa fédération : peine de mort par lapidation.

Le discours officiel du Vatican ne concerne plus désormais la majorité des catholiques dans le monde : il existe un tiercé Buenos Aires-Madrid-Mexico (dans cet ordre) pour le nombre d’habitants homosexuels ; l’Espagne a légalisé les unions entre personnes du même sexe et fixé l’âge de la majorité sexuelle à 13 ans (mais renforcé avec succès sa répression de la pédophilie) ; l’Argentine s’apprête à la suivre ; la plus grande communauté homo d’Amérique du Sud se trouve au Brésil, et le parquet général y a demandé le 3 juillet 2009 à la Cour suprême d’étendre à toute la Fédération ce type d’union, déjà légales dans certains États (3 millions de personnes à la Gay Pride de São Paulo le 14 juin). À peine élu en 2008, le président des évêques catholiques d’Allemagne, Mgr Zollitsch (Fribourg-en-Brisgau), a déclaré l’Église ouverte à l’homosexualité, « réalité sociale », et reconnu à l’État le droit de légiférer pour des « communautés de vie » – dès lors que le mot mariage ne serait pas employé. Restent l’Italie, l’Irlande et la Pologne. Prions pour leur libération.

La polémique sur le « mariage gay », déclenchée comme par hasard dans les derniers mois de la campagne présidentielle américaine de 2004, se mit à envahir l’espace médiatique et, suscitant une onde de crispation, fit perdre l’élection à John Kerry, et réélire George W. Bush. C’est-à-dire Rumsfeld, Cheney, les « néos-cons ». Merci pour eux et bonjour les dégâts. Le résultat s’est joué à si peu de voix que sans la question homosexuelle bêtement hystérisée, réduite à cette affaire de « mariage », le monde n’aurait pas subi quatre ans de plus d’une présidence catastrophique. Il avait suffi qu’en se déplaçant vers Bush des paquets de voix fassent basculer quelques États décisifs, spécialement allergiques à la cohabitation des mots « gay » et « mariage ». Cela ne s’est pas reproduit avec Obama parce que les Noirs et les Hispanos, plutôt anti-« mariage gay », ont quand même fait prévaloir leur plaisir à faire élire ce candidat, qui était pourtant « pro-gay ». Reste qu’en Californie, à la même date, ils votaient contre la légalisation du « mariage gay ». Que de conséquences incalculables en 2004 à l’enferrement de deux camps hostiles dans leur passion commune de possession pour le même mot, « mariage » ! Ras le bol de cette importance démesurée. On peut tout à fait imaginer que, sans cette simili-guerre civile, cette guerre de religion réduite

à une sexologie de « bazar » (comme dirait Cohn-Bendit), c’est la guerre d’Irak qui aurait pu être interrompue. Le protocole de Kyoto signé, le système de santé amélioré, etc. Que l’on vienne dire, après cela, que l’homosexe n’est pas d’abord, et en dernier ressort, de la politique dans chaque pays, et internationale… !

La France peut proposer son aide à ses alliés américains pour les désembourber, à partir de son expérience de la pacification par la laïcité : de sa législation pour le PaCS. Avec les étonnements de dix ans de mise en pratique : aujourd’hui 93 % des couples pacsés sont… hétérosexuels ! Les homosexuels étaient 50 % la première année, et cette proportion n’a cessé de décroître parce que le chiffre global a augmenté énormément par un afflux de couples homme-femme, alors que la majorité des homos préfèrent rester célibataires. C’est le libre jeu des volontés qui a décidé ; la société. En 1999, pour le socialiste Jean-Marc Ayrault, le projet de PaCS devait « régler un problème social qui touche près de cinq millions de personnes ». Dix ans après : 22 276 PaCS en 2000, 102 148 en 2007… Le réel est parfois impitoyable.

Comme elle apparaît également dérisoire, dix ans après, en restant odieuse, la diatribe enflammée de cinq heures infligée par Mme Boutin dans l’hémicycle, et de là terrorisant l’Hexagone, pour prédire la destruction de la société si la loi passait : elle est inexcusable non pas tant parce qu’elle s’est trompée, radicalement, dans ses prévisions, mais parce qu’exprès elle a trahi le consensus, déchiré le pacte, semé la zizanie, en provoquant le choc des deux sacrés, le religieux et le républicain. C’est la Bible qu’elle a offensée d’abord en glapissant ainsi son nom dans l’enceinte de la neutralité laïque, sans être habilitée à parler en ce nom, dans l’endroit qui demande de ne pas le dire, sans pour autant qu’il l’interdise : il suffit de l’inter-dire, c’est une question de tact, de politesse, de tolérance (choses inconnues en Boutinie). Avec ses prédictions grotesques, ses vaticinations, elle a compromis l’aura du Livre au profit d’un carriérisme et au risque du ridicule pour la sainteté ; contrevenant avec impudence au deuxième commandement : « Tu n’invoqueras pas en vain le nom de Dieu. » Elle serait bien avisée, dans les loisirs que lui laisse sa chute de juin 2009, de lire dans la Bible, et dans la pièce que Racine en a tirée, l’histoire de cette reine qu’un roi sut écouter pour sauver d’une persécution une partie de la population — le Rouleau d’Esther

Celle qui se comportait moins comme une Française que comme un preacher intégriste de la Bible Belt ou comme un mollah khomeinyste, s’attira par là le surnom de « la maréchale Boutin », de « la collabo de l’homophobie et du sida ». Elle animait des défilés anti-PaCS ramenant les temps de la Sainte Ligue au XVIe siècle ; des pancartes brandies y envoyaient « les pédés au four ». Elle a fait sa pelote avec cette haine. Son éviction en juin 2009 ferme le ban sur ce côté-là. Mais sur l’autre côté, je persévère dans mon refus de fétichiser le mot « mariage », et n’ai pas attendu le mot « gay » pour être homo d’Europe avec Socrate et avec Michel-Ange. J’ai récusé le trucage éhonté de Mamère, ni marié, ni gay, avec sa mascarade publicitaire du « mariage gay » de Bègles, tourné en eau de Boutin. Je ne me battrai pas pour du lexique ; c’est parce que je suis aux mots que je ne dépends pas d’eux, et ne les force pas à s’accoupler : je peux me passer de l’union forcée de « mariage » et de « gay » ; je ne l’impose pas comme pléonasme à qui la ressent comme oxymore. Il y a dans la captation du mot « mariage » une volonté d’atteinte au religieux, à la liberté des croyant(e)s, et en même temps une prétention au statut de religion. J’ai pris position en 2004 contre le « mariage gay » à la fois dans Libération (« Vite, divorcer de Mamère ! » 16 juin 2004, p. 39) et dans Le Figaro (« Noël Mamère, l’incendiaire incendié », 5 juillet 2004, p. 11). Aujourd’hui, aidons Obama et Schwarzenegger à sortir de leur pétrin de gayguerre de religion grotesque et épuisante entre pro – et anti – « mariage gay », grâce à la solide solution libérale française pour un problème mondial de libertés : le PaCS.

Début juillet 2009, dans un arrêt historique, la Haute Cour de Delhi, la juridiction ultime de l’Inde, pays destiné à devenir le plus peuplé de la planète, décidait d’abolir l’article 377 du code pénal qui depuis 1860

pénalisait les relations homosexuelles entre adultes consentants (fortes amendes et dix années d’emprisonnement) : au lieu de créer une loi, abroger celle qui instituait la faute. L’argument fut alors d’une élégance rare dans l’ironie : loin de toute psychophysiologie, ou victimisation, levant le drapeau de la patrie Mother India, les juges suprêmes se présentèrent comme parachevant le travail… de libération de l’occupation britannique. L’homophobie comme invention colonialiste ! Contraire à l’esprit national ! Offrons à l’Inde, en hommage à l’humanité et à l’humour de sa Haute Cour, le « partenariat stratégique » d’une législation française tout à fait adaptée à l’exportation : le PaCS.

L’homophobie est un racisme qui tue. La persécution des homos, à l’échelle planétaire, est un phénomène de masse. Aucun pays musulman n’est « modéré » dans la persécution des homosexuels : de l’Iran au Sénégal, de l’Égypte à l’Arabie Saoudite. Pourquoi si peu d’insistance là-dessus en Europe, aux États-Unis ? Il faut croire que le long massacre des homosexuels dans les pays cancérisés par l’islamisme – d’État et de toute façon de pression sociale –, est l’exemple d’un crime parfait, puisque depuis des dizaines d’années, il n’émeut pas dans les pays de libertés. On s’en fiche complètement. On n’en parle jamais. Silence de mort. Pourquoi ? Qu’est-ce qui retient les défenseurs des droits de l’homme, les institutions ? C’est le mutisme étrange de ceux qui jusqu’à présent ont exercé un monopole politique de fait sur la question homosexuelle : il y a une veulerie Bobo dès qu’il s’agit de l’islamisme et de la liberté sexuelle. Si les représentants supposés de la laïcité et de l’homosexualité se laissaient, en France même, accoutumer à se taire, l’homophobie comme coutume acceptable l’emportant au fur et à mesure sur la loi, alors la voix de la solution française ne serait plus crédible dans le monde. Elle se serait laissée instrumentaliser en complice objectif d’une dhimmitude molle. Les Parisiens en Pharisiens ? Ce n’est pas irréversible.

Être homo n’est pas une excuse : le cas Bernard Faÿ

 

Sous l’Occupation, Bernard Faÿ s’était spécialisé dans l’antimaçonnisme viscéral associé à l’antisémitisme. Nommé directeur de la Bibliothèque nationale à la place de Julien Cain, qu’il fit déporter pour cela à Buchenwald comme Juif, il avait ses entrées à l’Hôtel du Parc à Vichy, où résidait Pétain, qu’il distrayait par son érudition. Pendant quatre ans, s’installant au siège du Grand Orient, il allait s’investir avec une violence maniaque dans un rôle d’inquisiteur contre les maçons, dont beaucoup lui « doivent » l’exclusion de leur emploi, la saisie de leurs bibliothèques pour les expédier en Allemagne, leur déportation, leur exécution. Il se vantait de contourner l’ambassadeur de Hitler à Paris, Otto Abetz, pour « travailler » directement avec les SS, plus « expéditifs ». Publiant dans La Gerbe des textes qui font gerber, expert en publication de listes de maçons qu’il dénonçait aussi comme Juifs, il exerçait au passage des vengeances personnelles et perquisitionnait dans les loges, assisté de son élève, chauffeur et compagnon sexuel, Gueydan de Roussel, traducteur de Carl Schmitt, assidu des locaux de la Gestapo avenue Foch, cofondateur du “Cercle aryen” en 1943 avec Henri Coston. A la Libération, Gueydan réussit à fuir en Argentine et à investir dans une vaste hacienda les bénéfices de ses saisies. Son patron Bernard Faÿ, arrêté, est condamné à mort ; sa peine commuée en perpétuité est graciée dans une fournée imposée au président Coty en 1959. En 2009, au cinquantenaire de ce geste au moins contestable, voici qu’un courant se manifeste pour la « réhabilitation » du criminel définitif Bernard Faÿ : le présentant avec une étrange ferveur apologétique comme un moderne, un proustien, un Américain, et bien sûr… un homosexuel – comme si tout cela changeait quoi que ce soit à ses crimes. Devant une telle exaltation, il faut témoigner d’une détresse, d’une mise en danger de l’antinazisme, et par là de la morale de la République. Donc de son moral.

De Gaulle ne fut pas d’avis que Brasillach aurait été moins coupable parce qu’homosexuel : ce pronazi français avait insisté pour que les enfants juifs fussent envoyés avec leurs parents à la mort dans les camps et les chambres à gaz. Il n’avait cessé de harceler les lecteurs de sa feuille collaborationniste Je suis partout avec son exigence de voir exécuter Georges Mandel : après que celui-ci ait été assassiné par des sbires de la Milice se sentant dûment autorisés et mandatés, rien d’étonnant à ce que le Général ait tenu Brasillach pour responsable. En mars 2009, le centenaire de sa naissance en mars 1909 n’a même pas été remarqué. Son compagnon sexuel et beau-frère de façade, le nazi français Bardèche, était parvenu après 1945 à passer entre les mailles du filet de la justice, comme le nazi français Bernard Faÿ. Et aussitôt il avait entrepris de mettre au point le déni de la destruction des Juifs d’Europe : il a été le premier promoteur du négationnisme, puis son animateur obstiné, acharné. Cela est-il excusé par le fait qu’en parallèle il publiait des livres sur Balzac, Stendhal, Flaubert, Proust ? Et rééditait une Histoire du cinéma

cosignée avec Brasillach ? Bien sûr que non.

Au contraire. Il s’agit d’une technique révisionniste : l’acceptabilisation. La mise en place d’un système de blanchiment d’idéologie sale. L’homosexualité sert ici de lessiveuse, à cause d’un préjugé “favorable”, d’indulgence amusée, dont elle bénéficie, et qui est en réalité du mépris. Déculpabiliser Faÿ équivaut à une attaque frontale, violente et vicieuse contre l’antinazisme. Et contre l’homosexualité, puisqu’elle est compromise, manipulée dans l’opération, présentée comme si elle le parait, aux deux sens du terme : le décorait (prestige, esthétique, dandysme), et le protégeait (cuirasse, immunité, excuse).

À quoi bon Guy Môquet, si Bernard Faÿ l’égale ? Réhabiliter Faÿ, c’est habiliter Bardèche, donc le négationnisme. C’est franchir la ligne jaune de la complicité avec le crime contre l’humanité ; jaune, c’est le cas de le dire : comme l’étoile de même couleur. Ce n’est pas parce qu’ils étaient homos que Faÿ et Bardèche ont été nazis : puisque des homos étaient en face, tel le bras droit de Jean Moulin à la tête de l’Armée secrète, Daniel Cordier alias « Caracalla », qui répète en 2009 à la parution de ses Mémoires qu’il a toujours été homosexuel. Mais à l’inverse, ce n’est pas non plus parce qu’ils étaient homos que Faÿ et Bardèche auraient été « moins » nazis pour autant.

Il faut choisir le genre Cordier contre le genre Faÿ : voilà le vrai gender.

4 Commentaires

  1. Un peu touffu mais réjouissant.Un seul bémol concernant le mariage: je ne crois pas que le pacs soit la solution française idéale.C’est sans doute pour cela qu’il est si peu usité par les gays,n’ayant pas la force du mariage républicain,qui est,par nature,civile et non religieux. Tout comme la notion de patrie ne doit pas être laissée aux séides de la droite extrême, le mariage républicain ne doit pas être confondu avec le religieux,ce serait faire la part trop belle aux intégrismes de tout poil.
    Un pacs équivalent au mariage n’aurait pas de sens,parce que seul l’ouverture du mariage républicain aux personnes de même sexe amène l’égalité de droit, la reconnaissance de couple gay au plus haut niveau de la société,confirme la France dans sa laïcité, et pourra peut être donner aux jeunes générations la possibilité de rêver à un avenir a deux sans se sentir étranger dans un monde trop hétéro-normatif.
    Et enfin,pour ceux qui n’ont pas envie ni de se pacser,ni de se marier, dont je fais parti,d’avoir enfin le droit de ne pas le faire.

  2. Ce sont exactement les bons mots Monsieur Pôle en Ski .
    F. Mitterand , se sent intouchable . Et avec un petit air suffisant et fuyant , se fout tout simplement de la gueule du monde .
    Il est nullement inquiété par un éventuel procès , ou une éventuelle plainte . Après on se plaint que le reste du monde deteste les français et leur légendaire justice ubuesque . Mais il y a matière…

  3. J’avoue que je trouve le lien maladroit entre « garcon » (utilisé par F.Mitterand) et l’historique de l’homophobie.

    Votre historique et les périodes que vous détachez sont par essence subjective et je ne maîtrise pas assez le sujet pour avoir une opinion plus tranchée sur son éventuelle pertinence.

    En revanche, en ce qui concerne les « garcons », il se trouve que je connais la Thaïlande. Vous n’êtes pas sans savoir je l’espère que ce pays est une plateforme du tourisme sexuel mondial.

    Les clubs sont de notoriété et de visibilité publiques… Et oui M. Dipot, nous pouvons voir dans la rue les « garcons » que M. Mitterand affectionne tant…

    Nier leur minorité légale grâce à des arguments de rhétoriques est une nouvelle insulte aux jeunes victimes de cet horrible trafic humain. Je crains que vous ne soyez convaincu de vos propos… Alors allez vous-même en Thaïlande, allez dans un club et regarder…

    Et vous observerez M. Dispot que les « garcons », ceux qui ne sont que de la chair avec un n° sur le corps… ont tous les âges… tous… dont certains ne doivent pas dépasser 10 ans.

    Comment le nier ? Comment le cacher ? Cela me donne envie de pleurer et de vomir… je suis stupéfait de l’ignominie des hommes.

    Alors seulement vous comprendrez la haine de l’occident qui se développe de plus en plus dans les pays qui ne vivent que grâce à nos perversions… Un jour ou l’autre nous paierons très chers nos excès

  4. C’est du grand Dispot ! j’aime quand tu te lâches, que tu vises juste et que tu fais rigoler…bravo Laurent ! OB