A l’époque hellénistique et romaine, on faisait de loin le voyage jusqu’à Cnide, en Turquie actuelle, pour contempler l’Aphrodite sculptée par Praxitèle. L’Athénien avait immortalisé dans les contours du marbre ceux de sa maîtresse, Phryné, sortant de l’eau nue. Beaucoup s’en inspirèrent et nos musées sont pleins de ces copies ou copies de copies, vestiges de vestiges plutôt qui, tous, portent l’étincelle de cette première et sacrée impudeur.
Quoique l’Occident ait aussi persécuté, torturé, voilé ses femmes, quoiqu’il y eût chez nous des bûchers et des couvents, des bordels et des hospices pour « hystériques », des prisons pour avorteuses et des maisons bourgeoises où l’on trompait son épouse en troussant sa domestique, il est deux choses qui nous distinguent : le corps de la femme est au cœur de notre art et de notre littérature ; et les femmes ont chez nous, sinon un rôle politique de toute éternité, du moins des vies dignes d’être racontées, une biographie. Bernard Lewis souligne que les sultanes ottomanes n’avaient, elles, ni nom ni souvenir : la plupart n’étaient-elles pas des esclaves ?
Où veux-je en venir ? En un mot : le burkini et la réaction qu’il suscite chez nous ne relèvent pas des lois mais des mœurs. Et j’ajoute que notre refus, esthétique sinon légal, de ce vêtement s’inscrit dans une longue histoire, et que de cette histoire nous devons être fiers.
Si je ne suis pas favorable à son interdiction, ce n’est donc pas que j’y voie l’expression de la liberté féminine ou d’un multiculturalisme qui serait, comme on dit parfois, « une chance pour la France », ou, comme le pense l’aimable Trudeau, une chance tout court. D’abord, pour ce qui concerne la France, je trouve qu’elle est vraiment très bien comme elle est, et ensuite je sais trop que le multiculturalisme est souvent l’autre nom de l’oppression tribale ou du consentement qu’y donne l’élite blanche et complexée : un imam danois ne revendiquait-il pas récemment l’exception culturelle pour justifier le mariage – et donc le viol – des fillettes ?
Mais il est de certains problèmes que la loi ne saurait résoudre, de par leur nature qui s’y refuse, de par celle de la loi elle-même, car elle s’épuiserait, disparaîtrait en se dispersant, Rousseau nous l’a appris en son Contrat social, dans le maelstrom des cas particuliers.
On ne saurait passer loi contre toutes les inégalités, notamment sexuelles, ou alors il faudra d’abord demander des comptes à tous les maris qui préfèrent regarder le foot que d’aider leurs femmes à la cuisine, et peut-être les envoyer en prison. En outre, il est bon de préciser qu’un tel machisme, pour odieux qu’il soit, ne relève pas des lois de 1905, comme on l’entend un peu trop souvent : si tel était le cas, nombre de ces Corses qui défendent aujourd’hui, et à juste titre, la liberté de se baigner seins nus sur leur île, ne seraient pas « laïques » non plus… Cela étant dit, il doit aussi nous apparaître comme évident que le burkini n’exprime pas le même machisme que celui du « beauf », corse ou continental, et que, la question de l’interdiction mise de côté, reste, ma foi, l’essentiel.
Car si d’un point de vue strictement légal, se baigner en burkini n’aurait pas davantage à être prohibé que se baigner tout habillé ou déguisé en Casimir, la question qui demeure, autrement plus redoutable que ces approximations juridiques, est la suivante : pourquoi une religion, ou les rigoristes qui s’en réclament, force-t-elle ses fidèles de sexe féminin à arborer sur les plages une tenue à peu près aussi ridicule, laide et voyante que le serait un déguisement du fameux monstre gentil ? Pourquoi, en d’autres termes, les cuisses, les seins, les fesses et le sexe des femmes intéressent tant les pieux, et notamment les pieux de l’islam ?
Surtout, devrais-je dire, pourquoi s’y intéressent-ils de cette façon, crachant au visage de leurs épouses, de leurs filles, de leurs sœurs et mères le dégoût qu’inspire à leurs âmes desséchées ce corps qui les a pourtant mis au monde ? Ceux qui nous rétorquent qu’il y a des problèmes plus graves que le burkini ne voient-ils pas que les obsédés ne sont pas parmi les « anti » mais bien parmi ceux qui prônent ce grotesque accoutrement ? A croire, vraiment, que l’ordre du cosmos, la loi de Dieu, la spiritualité en un mot, se résument pour eux à quelques centimètres de tissu et à quelques histoires d’épiderme et de fluides échangés.
L’étatisme traditionnel de notre pays nous empêche de voir que le problème du burkini, car c’en est un, ne sera pas résolu légalement mais moralement. On est tombé dans le piège islamiste en voulant interdire cette tenue. Il eût été pourtant si simple de dire qu’il y a des choses qu’on ne fait pas chez nous : n’en est-il pas ainsi au Maroc ou en Algérie, sans d’ailleurs qu’une loi les interdise forcément ?
En ce qui nous concerne, me rétorquerez-vous ô désessentialisateurs, il n’en a peut-être pourtant pas toujours été ainsi. Certes, répondrai-je, les baigneurs de la Belle Epoque, hommes et femmes, portaient des tenues en un sens plus proches du burkini que de nos modernes maillots de bain. Mais d’abord vous m’accorderez que les baigneuses de Renoir, de Courbet ou de Boucher étaient, elles, nettement moins habillées, pour ne rien dire de Phryné, que j’ai déjà mentionnée. Ensuite, oui, les mœurs évoluent, pas forcément en ligne droite d’ailleurs, mais elles évoluent, tout comme les lois, et en invoquant celles de la Belle Epoque, vous admettez implicitement l’archaïsme de ces islamistes modérés que vous défendez.
Car aujourd’hui, ne vous en déplaise, nos mœurs, comme nos lois, sont ce qu’elles sont. Au temps de l’Ecole des Femmes Arnolphe avait le droit d’épouser une enfant et de la tenir enfermée chez lui « pour son bien » : me direz-vous que parce qu’il en fut naguère ainsi chez nous, on devrait être plus indulgent avec cet imam danois que j’évoquais plus haut ? Remarquez, je me souviens d’une prétendue féministe nous expliquant que le mari très romantique qui en 2008 répudia sa femme après s’être rendu compte qu’elle n’était pas vierge, ne faisait qu’agir comme l’eût fait Hamlet (encore un Danois !) qui louait la virginité de son Ophélie… Je ne suis pas sûr qu’Hamlet eût agi de la sorte et, étrangement, je ne suis pas d’ailleurs certain non plus que le mari de Lille se soit jamais posé les questions existentielles du prince orphelin, ni qu’il ait aimé sa malheureuse épouse comme l’autre aimait la fille de Polonius. Mais de toutes les manières, il n’est pas besoin d’être très érudit pour savoir que Shakespeare vécut au XVIe siècle, et Hamlet au Moyen Age : c’était avouer, ma pauvre amie, j’y insiste, que cet homme dont le comportement n’avait rien à voir avec l’islam, toujours padamalgam s’il vous plaît, s’était trompé d’époque – et non pas d’un mais de plusieurs siècles.
Car en effet, pourquoi ? Pourquoi existe-t-il, dans la France de 2016, des hommes qui se baignent comme il se doit à moitié nus, libres évidemment de lorgner sur leurs voisines en bi ou monokini, mais exigeant de celles qui les accompagnent qu’elles ne laissent, elles, rien apercevoir de leur nudité ? Pourquoi, pourquoi diable ce machisme revendiqué sinon institutionnalisé, hissé au rang d’identité ? Et pourquoi, comment des femmes, des filles de France en l’espèce, élevées sur notre sol et dans nos écoles, acceptent-elles d’être ainsi arborées comme étendard moral et sexuel – car il ne s’agit de rien d’autre que ça –, de leur communauté religieuse ?
La pudeur islamiste (et intégriste plus généralement : l’ultra-orthodoxie juive en fait aussi des tonnes à cet égard), cette pudeur immodeste ne se contente pas de nous donner des leçons de bonne conduite : la mantille d’une conseillère du président en visite au Vatican, qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, vient après tout de la même moraline et de la même misogynie, la Première Epître aux Corinthiens ou l’Epître à Timothée n’ayant rien à envier à cet égard au Coran.
Sauf que si l’on s’arrête là, on commet une demi-habileté car savez-vous quoi ? Le Vatican n’est pas une plage. Tandis que cette prétendue pudeur islamique, notamment quand elle s’affiche ainsi sur le bord de l’océan, parmi les vacanciers, est plus qu’une moraline : elle est une pornographie inversée, avec son propre système de signes, son trajet scénaristique obligé, ses clichés et ses gros plans. Elle désigne ce qu’elle cache, elle l’imprime en grosses lettres dans les esprits de ses sectateurs. Et ce faisant, elle utilise le corps des femmes, comme toute pornographie à l’ère industrielle.
La solution, je le répète, n’est pas l’interdiction du burkini. Outre qu’elle ne serait ni possible ni souhaitable, elle ne détruirait pas le mal à la racine. Il s’agit en revanche de savoir qui l’on est et qui l’on veut être. De transformer notre éducation en machine de guerre contre ceux qui voudraient abattre notre ipséité. L’Occident cultive le dialogue des désirs. L’homme aussi se dénude à la plage, c’est ainsi : ce dialogue fait partie de notre société. Mais au-delà, comprenons bien que cette histoire, autant que d’un substrat très ancien, est aussi faite de tensions, de combats. Si Phryné était nue et n’en avait pas honte, on n’en a pas moins brûlé les « sorcières » dans nos contrées – certes plus tard et sous un autre culte mais le fait est que jusqu’à Daech ce fut le seul féminicide de l’histoire. C’est donc aussi ça qu’il faut apprendre aux enfants, mais non pour qu’ils se haïssent : pour qu’ils comprennent plutôt d’où ils viennent, et comment la culture à laquelle ils appartiennent est allée de siècle en siècle vers l’universel.
Passer loi, non. Défendre nos mœurs, oui. Et surtout, confondre l’hypocrisie. Car on peut en effet poser quelques questions à ceux qui s’échinent à défendre cette nouvelle claustration qu’est le burkini. On peut leur demander par exemple pourquoi on les entend si peu défendre les femmes qui se battent, elles, pour ne pas le porter dans les pays où il est carrément imposé. On peut leur demander pourquoi leurs voix ne s’élèvent pas pour dénoncer l’intolérance et le mépris frappant celles, musulmanes ou non, qui choisissent un autre chemin que celui de la pudibonderie tribale. On peut demander à ce cagot de Marwan Muhammad qui n’a de cesse d’insulter la France, ses mœurs et ses lois dans les médias internationaux, à quand remonte sa dernière intervention en faveur des femmes saoudiennes privées de tout droit ou pourquoi son éloge des combattantes kurdes dévoilées a été si peu relayé. Peut-être est-ce que la liberté n’intéresse ces gens que lorsqu’elle ne nuit pas à leur grand récit « anticolonial » ? Que lorsqu’elle ne s’interpose pas entre l’homme et le despotisme d’Allah ? Pourquoi, si notre façon d’être lui pèse tant, et pèse tant à tous ceux qui voudraient interdire la musique ou les institutrices lesbiennes, pourquoi alors ne pas écouter l’appel si honnête et franc d’Ahmed Aboutaleb, le courageux Amazigh aujourd’hui maire de Rotterdam ?
Je ne sais à vrai dire comment nous sortirons de ce pétrin. Mais ce que je sais, c’est que nous y sommes, et que les trahisons de la « gauche culturelle », en France mais aussi ailleurs en Europe, au Canada ou aux Etats-Unis, y ont hélas aidé. L’histoire jugera les Plenel, lesquels persistent et signent, triomphent même : la liberté de se voiler l’emporte à leurs yeux sur celle d’être femme.
Et lorsque Clinton, en réponse à l’odieux racisme de Trump, revendique si fièrement qu’une Américaine en hidjab remporte une médaille olympique, loin de faire honneur au progrès ou à l’esprit sportif, elle méconnaît les souffrances de celles auxquelles cet affreux bout de tissu est littéralement cloué sur le crâne, ou qui ne peuvent l’ôter sous peine de mort. Que cette réponse soit la seule apportée à l’ignoble histrion que s’est choisi le Parti républicain comme candidat, est absolument désespérant. Car l’idée de progrès est nôtre, occidentaux, et nous devons la défendre, au nom même de l’universel. L’idée, en l’espèce, que notre corps est beau et mérite d’être aimé – et regardé. Comme l’écrivait si justement Michael Walzer, l’une des dernières grandes consciences de la gauche américaine, le libéralisme politique est une invention occidentale, intrinsèquement liée au rejet des dogmes religieux, et que l’on finirait par enterrer par « culpabilité » coloniale.
Or je crois que, quitte à s’ouvrir à l’autre comme on dit, il est des points sur lesquels nous pouvons nous entendre avec le monde arabo-musulman, où dialogueraient notre commun amour de la vie, de la chair, de l’amour même. Quelqu’un disait que l’on devrait parler de Proust et de la splendeur estivale plutôt que du djihad et du burkini. C’est juste en un sens, mais qui a commencé ? Amusez-vous à parler de Proust à un homme qui exige de sa femme qu’elle se baigne en burkini. Et pourtant, je suis, moi, tout prêt à ne parler que de Schéhérazade, la Persane dévoilée dont les contes infinis inspirèrent au mémorialiste de Balbec, de Venise et de Combray sa Recherche du temps perdu.
Bonjour, à la piscine municipale près de chez moi on autorise le burkini , mais on interdit le caleçon, seul le maillot slip est autorisé pour les hommes. Ma religion personnelle m’impose le short bermuda. Que dois-je faire?
Une Gauloise au visage oriental, tête baissée sur son corps dénudé, déjà honteuse au moment même où elle comprend qu’un objectif la retient dans son cadre auprès d’une Dark-vadorette droite comme un i, déjà triomphante avant même qu’ait été rendue la décision du Conseil d’État de mettre fin à la controverse dans laquelle il enfonce de plus belle le palais de l’Enlisé. L’Itélien met la photographiée à la question : « La France se replie-t-elle sur elle-même? » Au-delà du paroxysme d’obscénité que représente le retournement de la peau principielle, je me demande ce qui a bien pu pousser le ministre des Affaires étrangères du groupe Canal + à voter Sarkozy?
Votre article me semble alambiqué. Il s’agit de savoir ce qu’il en ressort d’essentiel. Ce qui me gène, c’est l’expression » de chez nous ». Le « de chez nous » ne signifie grand chose ». Je me souviens dans les années 50-60 une jeune fille de bonne famille ne sortait pas sans sa mère, les écoles n’étaient pas mixtes, les filles au lycée portaient des blouses, rose ou bleu, n’avaient pas le droit de porter des pantalons, sauf… si elles avaient au-dessus une jupe. La comble de l’élégance. Le moindre bout de sein dans un film lui valait la censure. Une femme divorcée était montrée du doigt et une mère célibataire subissait l’opprobre général. Certaines accouchaient dans les toilettes, d’autres plus aisées allaient avorter en Suisse ou en Angleterre. Il y eu des débats épiques sur le travail des femmes, le droit à la contraception, et ensuite à l’avortement. Et il faudra attendre un peu pour qu’il soit remboursé par la sécu. Au Maroc, le droit à la contraception et à l’avortement a fait beaucoup moins de tapage et de polémique. De nombreuses femmes font des études supérieures et accèdent à des postes à responsabilité. On y a vu depuis de nombreuses années apparaître les hijabs après la révolution iranienne.
La réalité est tellement complexe qu’on ne peut la résumer en un seul article. Je connais des femmes marocaines qui portent la voile et qui pourtant sont à la pointe des revendications féministes. Rien n’est simple. Enfin en passant, les hommes ne font pas que « lorgner » sur le corps de femmes, certains l’admirent et en sont émus. Je ne pense pas qu’on libère les femmes par l’interdit mais plutôt par l’éducation et l’émancipation économique. De plus sans être multiculturaliste, la vie serait bien triste sans la diversité des moeurs et des vêtements. Je suis très attristé d’avoir vu apparaître des Mac Do à Casablanca et à Marrakech. J’ai été désolé par les casquettes américaines partout dans le monde, par les tee-shirts affreux, par l’invasion du plastique dans les souks. Tout me monde trouvait typique et exotique, les femmes couvertes de la tête au pieds à Essaouira. On veut uniformiser le monde. Je ne crois que c’est un bien. Et enfin, j’ai de sérieux doute sur la volonté de certains de libérer les femmes à coups d’interdits, de sanctions, de stigmatisation. Ne serait-ce pas aux femmes de lutter pour leur liberté? Sanctionner n’est-ce pas les renfermer par un réflexe dans leur idées fixes? Quant à la nudité, qui peut-être esthétique et l’érotisme source de création artistique, les poètes musulmans en ont été les émules, la pornographie occidentale n’offre pas des chefs-d’œuvre picturaux et cinématographiques qui valorisent le corps féminin, mais le dégrade, l’humilie. Enfin je serais terriblement humilié, révolté, et en colère si mes amies et parentes musulmanes étaient traitées comme on le voit en ce moment sur les plages françaises. Tout cela parce que des politicards chassent les voix du Fhaine en excitant la haine envers les musulmans à chaque élection.
En tout état de cause, il est une loi de la nature humaine à laquelle un esprit, quelle que soit sa nature, ne peut pas échapper.
Entre deux absolus, il faut choisir son camp.
L’universalité des droits de l’homme est un absolu.
Et il se pourrait bien qu’un panchaya ait, l’an dernier, sous l’emprise d’un arbre démonique incontestable puisqu’incontesté, prononcé une sentence de viol collectif à l’encontre de deux sœurs, liées par le sang à un Roméo intouchable, lequel n’avait pas réussi à s’interdire de transgresser la sacro-sainte abomination des castes.
Si ce conseil des attardés sera heureusement rabaissé par la Cour suprême de l’Inde au rang, probablement dérangeant pour certains, de tribunal de pacotille, les femelles que ce dernier avait cru bon de condamner n’en auront pas moins été forcées de fuir un village dont l’archaïsme se maintient, semble-t-il, en toute illégalité, jusqu’à pourrir la vie des femmes et des hommes qui ne les oppriment pas avec autant d’efficacité que purent en montrer les fatwateurs de Michel Houellebecq dans un pays où le CFCM ne trouvera rien de mieux à faire, le 15 janvier 2015, que de rendre les survivants de Charlie Hebdo coupables d’avoir humilié deux milliards de personnes.
Les vieux Jats cherchent ignoblement à dissuader les membres de leur propre caste de suivre l’exemple d’un homme dont les passions suprêmes feraient essuyer de terribles revers à sa communauté si celle-ci ne se montrait pas intraitable à l’endroit de l’envers.
Oui mais.
En République française, l’abolition des privilèges présuppose l’abolition des castes.
Dès lors, si le crime de lèse-majesté ne contredit pas l’esprit universaliste sur lequel se fonde l’État de droit, son auteur fait le droit.
N’en déplaise aux nostalgiques des crues de Dieu!
Aux hystérophobes : Si les arrêtés anti-burkini sont un cheval de Troie pour l’interdiction du voile, de quoi les recours pro-burkini sont-ils le stratagème?
Vous avez comparé l’islamisme radical a l’orthodoxie juive des ultra religieux « qui en font aussi des tonnes » sur la question de la pudeur.
Oui, c’est LE cheval de bataille de TOUTES les religions que l’on pousse à l’extrême (le christianisme qui fait de ceux ou celles qui renoncent au mariage « des saints » n’a rien à envier à l’islam qui ne refuse à personne la possibilité d’avoir des relations sexuelles).
Je voudrais quand même faire une précision qui change UN PEU la donne : les Juifs orthodoxes interdisent AUSSI aux hommes la baignade sur la plage… Et ce quelle que soit leur tenue, puisqu’il leur est interdit de regarder une femme qui se découvre.
Nuance qui me semble changer assez fondamentalement l’esprit que l’on peut mettre à cette comparaison avec les musulmans.
Par les temps qui courent, évitons les amalgames supplémentaires, inutiles, voire dangereux.
Merci !
Dans la foulée il faudrait moralement refuser la circoncision en dehors d’un milieu médical. L’interdire si elle n’est pas pratiqué par un médecin. Punir de prison l’assemblée d’une circoncision pratiqué à un mineur et devant un publique, au même titre qu’un viol collectif. Toute cette barbarie tribale ne fait pas partie de notre culture.
A chaque reculade le monstre avance d’un grand pas. Et, un jour bien proche, le monstre finira par avaler toute l’Europe avec ses bikinis. Ce jour-là, tout le monde dira « Ah si on savait ça ».
Je crois aussi qu’il y a deux autres choses dans le port du burkini qui sont oublié ici : la femme est libre depuis peu de temps en Occident et plus particulièrement en France. Cette liberté est encore fragile et surtout, l’égalité homme-femme est encore très loin d’être complète. Notamment, cette inégalité s’exprime dans le fait de se montrer ou pas, d’être vue ou pas. Encore aujourd’hui, les femmes ne peuvent pas tout montrer librement en France. Encore aujourd’hui, les femmes qui mettent une mini jupe doivent supporter les regards masculins appuyés, doivent supporter de porter une sorte de faute, d’être une provocation. Encore aujourd’hui, une femme qui est dérangée par un regard masculin ose rarement se retourner contre son mateur, le lui signifier, voire vertement. Elle l’ose d’autant moins que ‘elle est en mini-jupe car c’est qu’elle l’a bein cherché, n’est-ce pas ? Voilà, il y a ça encore aujourd’hui en France et cette inégalité, parmi d’autres, qui existe et qui fait que les femmes n’osent pas se défendre et prendre la parole publiquement quand elles sont sifflées ou autre font que certaines pensent au voile comme à une libération. Enfin la possibilité de se balader peinard en présence d’autres hommes ! En France, il y a encore du chemin avant que les femmes se sentent parfaitement libre et à l’aise avec leurs corps, qu’elles acceptent le regard de l’homme sans aucune honte ni aucune culpabilité et qu’elles se permettent de remettre à leur place ceux qui en font trop.
L’autre aspect est celui de la façon dont les populations musulmanes ont été traitées par la France et celui, oui, ça rejoint le débat sur le colonialisme etc. La façon dont les populations musulmanes ont été traitées par la France font que quelques femmes, par provocation, par rébellion contre ce pays, mettent le voile. Et c’est par rapport à ces quelques femmes, probablement minoritaires, que les intellectuelles aujourd’hui pensent qu’elles doivent être libres de porter le voile.
Je suis d’accord avec vous sinon ; je suis contre ce principe qu’il faut cacher la femme, qu’elle serait un corps honteux etc. La femme doit pouvoir montrer librement son corps, tout comme l’homme. dans le respect des moeurs et sans être stigmatisée. Je suis également d’accord aussi avec le fait qu’il ne faut pas interdire ce genre de comportement ; oui, c’est jouer le jeu de Daesh. La loi n’a pas à intervenir là-dedans.
Merci pour votre article.